jeudi 5 mai 2016

Septième arrondissement



SEPTIEME ARRONDISSEMENT



Ancienne abbaye de Pentemont (104 Rue de Grenelle, 7e)

Etablies à cet emplacement depuis 1672, les Bernardines de Pentemont confièrent la reconstruction de leur abbaye à Contant d’Ivry en 1745. Outre la communauté des religieuses, le couvent devait accueillir vingt-cinq jeunes pensionnaires issues de l’aristocratie, ainsi que des dames de qualité, désireuses de se retirer du monde. Joséphine de Beauharnais y séjourna quelque temps en 1782. Transformés en caserne au XIXe siècle, les bâtiments sont aujourd’hui affectés au ministère des Anciens combattants. En 1844, Victor Baltard isole des autres bâtiments la chapelle affectée au culte réformé, et l’ancien chœur des religieuses devient la nef du temple.


Champ de Mars (Place Joffre, face à l’angle sud du corps central de l’Ecole militaire, 7e)

Dessiné en 1765 pour Gabriel pour relier l’Ecole militaire à la Seine, initialement terrain de manœuvres, le Champ de Mars a toujours servi de cadre à de vastes démonstrations telles les expériences aérostatiques de 1783. Rebaptisé Champ de la  Fédération après la fête du 14 juillet 1790, où officia Talleyrand, il devint le théâtre de nombreuses manifestations révolutionnaires puis de cérémonies militaires au cours du XIXe siècle. Parfois champ de courses, jusqu’à la création de l’hippodrome de Longchamp, il est aussi le site privilégié des Expositions universelles à partir de 1867. Une opération immobilière entreprise en 1907réduit ses dimensions, mais favorise une restauration qui le transforme en jardin public.


Gustave Doré (3 Rue Saint-Dominique, 7e)

Né à Strasbourg le 6 janvier 1832, Gustave Doré s’intéresse à la musique et au dessin dès son plus jeune âge : en 1841, il a déjà illustré la Divine Comédie ! Pensionnaire au lycée Charlemagne, son premier contrat est signé par son père : à seize ans, il fournit au « Journal pour rire » un dessin par semaine, en exclusivité pour trois ans. Dès 1849, sa mère devenue veuve vient s’installer avec ses trois fils dans cet hôtel de Tavannes, dont le jardin s’étend jusqu’à la rue de Bellechasse. S’il loue parfois des ateliers ailleurs, pour peindre et sculpter, et voyage souvent à l’étranger, Doré habite, dessine et reçoit ici le vaste cercle de ses amis ; parmi eux figurent Théophile Gautier, Alexandre Dumas, Nadar ou Sarah Bernhardt. Un article de « la Vie parisienne », daté de 1869, décrit ainsi son installation : « Rien de plus étrange que ce salon-atelier, aux voûtes peintes comme celles d’une chapelle. Aux murs, sur des chevalets, partout, des paysages de la Forêt noire, des burgs ruinés, des lacs déserts, des colonnades de sapins frêles, gigantesques, qui trouent les murailles et font croire à des fenêtres ouvertes sur les bords du Rhin. » Deux ans après sa mère, il meurt dans cette maison de famille, le 23 janvier 1883.


Hôtel de Beauharnais (78 rue de Lille 7e)

En 1713, l’architecte Germain Boffrand édifia cet hôtel pour le vendre à J.B. Colbert de Torcy, neveu du grand Colbert. Eugène de Beauharnais le racheta en 1803 aux héritiers du duc de Villeroy, et confia sa remise en état à Nicolas Bataille. Nommé vice-roi d’Italie, il participa à toutes les guerres napoléoniennes, sans pouvoir l’habiter plus de quelques semaines. En 1818, le roi de Prusse l’acquit et, après plusieurs séjours, y fit installer sa légation diplomatique. Après la création mouvementée de « Tannhaüser » à l’Opéra de Paris en 1861, Richard Wagner résida ici quelque temps. Devenu entre-temps le siège de l’ambassade allemande, l’immeuble a fait l’objet d’une restauration de très grande qualité, effectuée de 1965 à 1967.  


Hôtel de Bourbon-Condé (12 rue Monsieur, 7e)

En 1778, l’architecte Brongniart obtint l’autorisation d’ouvrir la rue Monsieur sur un terrain dont il était propriétaire, délimité par le boulevard des invalides, la rue de Babylone et la rue Plumet (Oudinot). Il entreprit aussitôt de le lotir, et d’y édifier plusieurs hôtels dont celui-ci, en 1782, pour la princesse Louise-Adélaïde de Bourbon-Condé, fille du Prince de Condé. Mademoiselle de Condé demeura rue Monsieur jusqu’en 1789, menant une vie assez retirée. A son retour d’émigration, elle fonda le couvent des Bénédictines de l’Adoration Perpétuelle, au Temple. L’hôtel de Bourbon-Condé, occupé par différents propriétaires au XIXe siècle, est le siège d’un établissement d’enseignement depuis 1930. Certains des bas-reliefs sculptés par Clodion, qui ornaient les ailes latérales de la cour, sont au musée du Louvre.  


Hôtel de Brienne (14 Rue Saint-Dominique, 7e)

Entrepreneur très actif au faubourg Saint-Germain, le président Duret fit élever cet hôtel sur les plans de Debias-Aubry en 1724. Longtemps propriété de la princesse douairière de Conti, il passa ensuite au comte de Brienne, guillotiné en 1794, puis à Lucien Bonaparte, alors membre du Conseil des Cinq-Cents. Madame Mère y vécut de 1805 à la chute de l’Empire. L’Etat en fit l’acquisition en 1817, pour y installer le ministère de la Guerre qui occupe également l’ancien couvent de la Providence, connu pour avoir abrité la retraite de Mme de Montespan après sa disgrâce, ainsi que le salon de Mme du Deffand. Le 25 août 1944, le général de Gaulle le choisit pour y faire siéger le gouvernement provisoire de la République.


Hôtel de Castries (72 Rue de Varenne, 7e)

Construit pour Jean Dufour de Nogent vers 1696, il appartint aux marquis puis aux ducs de Castries entre 1708 et 1886. Le plus célèbre d’entre eux, le maréchal de Castries, fut ministre de la Marine sous Louis XVI. Un duel entre son fils et le député Charles de Lameth, rallié aux idées nouvelles, fut à l’origine du saccage de l’hôtel par la foule révolutionnaire le 13 novembre 1790. L’épée qui avait blessé Lameth aurait été empoisonnée. Ministère de la Guerre pendant l’émigration de ses propriétaires, l’hôtel de Castries appartient à l’Etat depuis 1946. La façade sur cour et la décoration intérieure ont été entièrement remaniées au milieu du XIXe siècle par J.-A. Froelicher et C. Parent. 


Hôtel de Choiseul-Praslin (56 Rue de Sèvres, 7e)

L’hôtel, édifié en 1732 par l’architecte Gaubier, est légué en 1746 par la comtesse de Choiseul à son neveu César Gabriel ; ambassadeur, puis ministre, le comte de Choiseul va faire une brillante carrière : en 1762 il est titré Duc de Praslin. Il attache son nom à sa demeure agrandie, embellie et occupée de 1745 à 1765. En 1768, l’hôtel est vendu au père du comte de Saint-Simon, fondateur du Saint-Simonisme. Loué en 1800 au savant Adamson, il passe en plusieurs mains avant d’échoir en 1876 à une propriétaire qui réalise jusqu’à sa mort des travaux particulièrement malheureux. En 1886, l’hôtel est adjugé à l’Etat qui établit dans ses dépendances la Caisse nationale d’Epargne. Malgré ses mésaventures, l’édifice demeure un témoin attrayant de l’architecture du XVIIIe siècle.


Hôtel de Clermont (69 Rue de Varenne, 7e)

En 1708, avant de partir au service du tsar Pierre le Grand, l’architecte Leblond édifia l’hôtel de la marquise de Seissac, veuve du comte Clermont-Lodève. Ses héritiers le cédèrent au comte Grimont d’Orsay en 1768. Après l’émigration de ce grand collectionneur, ses œuvres d’art furent saisies et dispersées ; certaines se trouvent au musée du Louvre. Sous le Directoire, une société de jeux gymniques où l’on pratiquait la danse, la lutte et l’escrime périclite assez rapidement. En 1836, Barbet de Jouy rachète la propriété le temps de percer la rue baptisée de son nom et de lotir une parti du parc, puis la cède au comte Duchâtel, ministre de Louis-Philippe. L’Etat en est propriétaire depuis 1947.


Hôtel de Galliffet (50 Rue de Varenne, 7e)

Edifié par Legrand et décoré par Boiston, à partir de 1775, sur l’ancien cimetière Sainte Croix, l’hôtel à peine achevé fut transformé par Renard, après l’émigration du marquis de Galliffet, pour devenir le ministère des Relations extérieures. Talleyrand en fit le centre de la politique française sous le Directoire : c’est ici qu’il présenta, lors d’une réception le 3 janvier 1798, Bonaparte à Mme de Staël, point de départ de leur hostilité réciproque. A la fin du XIXe siècle, le gouvernement italien établit sa représentation diplomatique dans l’hôtel de Galliffet, aujourd’hui siège de l’Institut Culturel.


Hôtel de Lassay (128 Rue de l’Université, 7e)

Lassurance, Aubert et Gabriel édifièrent l’hôtel du marquis de Lassay en même temps que le Palais Bourbon à partir de 1722. Propriétaire de ces deux palais à la fin du XVIIIe siècle, la prince de Condé préféra habiter l’hôtel de Lassay, dénommé petit palais ou petit Bourbon. Pendant la Révolution, l’Ecole polytechnique, récemment créée, s’y établit avant de céder la place à la bibliothèque, puis au président, du Corps Législatif sous l’Empire. Restitué au prince de Condé à son retour d’exil, le palais fut acquis par l’Etat en 1843 pour y établir la Présidence de l’Assemblée nationale. Jules de Joly suréleva le bâtiment et en modifia les volumes intérieurs ; une grande galerie relie désormais le palais de la Présidence à l’Assemblée nationale.


Hôtel de Matignon (57 Rue de Varenne, 7e)

Commencé par Jean Courtonne en 1722, cet hôtel fut vendu inachevé au comte de Matignon, avant d’entrer par héritage dans la famille régnante de Monaco, qui, le conserva jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Théâtre de fêtes splendides données par Talleyrand sous l’Empire en l’honneur des ambassadeurs étrangers, l’hôtel de Matignon revint à la duchesse de Bourbon par suite d’un échange avec le palais de l’Elysée, sous la restauration. Acquis par le duc et la duchesse de Galliera en 1852, il fut remanié par Duban, et offert à l’empereur François-Joseph pour y installer l’ambassade d’Autriche-Hongrie. Siège de la Présidence du Conseil à partir de 1935, il abrite aujourd’hui les services du Premier Ministre et le Secrétariat Général du Gouvernement.


Hôtel de Rochechouart (110 Rue de Grenelle, 7e)

Une allée plantée d’arbres conduisait, au-delà d’un portail, à l’hôtel édifié par Cherpitel pour la marquise de Courteille en 1776. Sa fille, comtesse de Rochechouart, le vendit au maréchal Augereau, duc de Castiglione, au début de l’Empire. En 1820, la veuve du maréchal le céda à son tour au ministère de l’Instruction Publique. Les transformations intérieures ont heureusement épargné le grand salon Louis XVI du rez-de-chaussée. Les adjonctions de bâtiments entamées dès 1839 par A. de Gisors vers la rue de Grenelle ont été poursuivies par M.-A. Cagné sur la rue de Bellechasse, au début du XXe siècle. Guy de Maupassant, attaché au cabinet du ministre de l’Instruction Publique, y travailla de 1878 à 1881.


Hôtel de Rothelin-Charolais (101 Rue de Grenelle, 7e)

Il fut construit en 1704 par Pierre Cailleteau, dit Lassurance, pour Philippe d’Orléans, marquis de Rothelin. En 1736, Louise de Bourbon-Condé, dite Mademoiselle de Charolais, ajouta deux ailes au bâtiment principal. Après l’émigration du prince de Conti pendant la Révolution, l’hôtel fut affecté au ministère de l’Intérieur et acheté par l’Etat en 1825. Jules de Joly adapta les bâtiments à leur nouvelle fonction au détriment des décors anciens. Loué en 1860 à l’ambassade d’Autriche pour une dizaine d’années, l’hôtel fut l’un des pôles de la vie mondaine sous le Second Empire. En 1867, la princesse de Metternich y reçut Napoléon III et l’impératrice Eugénie pour une fête splendide donnée à l’occasion de la 1ère Exposition universelle.


Hôtel de Salm (face au 89 rue de Lille, 7e)

Edifié de 1782 à 1787 par Pierre Rousseau pour Frédéric III, prince régnant de Salm-Kyrbourg, ce palais témoigne du renouveau de l’art antique dans l’architecture à la fin du XVIIIe siècle. Rallié aux idées nouvelles, nommé commandant d’un bataillon de la Garde nationale par Lafayette, le prince de Salm abolit les droits féodaux dans ses états. Il fut cependant arrêté et exécuté en 1794. L’hôtel, vendu à la Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur en 1804, fur remis en état par Antoine Peyre. Incendié sous la Commune en 1871, il a été reconstruit grâce à une souscription publique. En 1922, une autre souscription a permis d’édifier le Musée de la Légion d’Honneur et des Ordres de Chevalerie, rue de Bellechasse. 


Hôtel d’Estrée (79 Rue de Grenelle, 7e)

Construit de 1711 à 1713 par Robert de Cotte, premier architecte du roi, pour la veuve du maréchal d’Estrées, cet hôtel appartint ensuite à la duchesse de Modène, fille du Régent, puis au général Clarke, duc de Feltre et ministre de la Guerre sous l’Empire. En 1863, le gouvernement russe l’acheta aux héritiers de la marquise de Tourzel, pour en faire la résidence de son ambassadeur. Le tsar Alexandre II y reçut Napoléon III et l’impératrice Eugénie lors de l’exposition universelle de 1867. Nicolas II et la tsarine y séjournèrent pendant leur voyage officiel à Paris en 1896. A cette occasion, le tsar posa la première pierre du pont Alexandre III.


Hôtel de Villars (114 rue de Grenelle, 7e)

La président du Parlement Le Coigneux établit ici en 1645 une des résidences les plus anciennes du Faubourg Saint-Germain. En 1709, le maréchal de Villars l’agrandit considérablement pour en faire une des demeures les plus raffinées de son temps, visitée par Pierre le Grand en 1717. Propriétaire en 1772, le duc de Brissac consacre tous ses soins à l’aménagement d’un parc à l’anglaise planté d’essences rares, sacrifié en partie à l’ouverture de la rue Las Cases (1830). Résidence du ministre de l’Intérieur en 1795 et peu à peu dépouillé de tous ses décors anciens, l’hôtel de Villars, entièrement transformé par l’architecte Uchard, devient le siège du la mairie du VIIe arrondissement en 1862.


Hôtel de Villette (27 quai Voltaire, 7e)

Construit au XVIIe siècle, il fut transformé et somptueusement décoré entre 1766 et 1769 par l’architecte Charles de Wailly pour le marquis de Villette. Voltaire y avait séjourné en 1724, invité par la Présidente de Bernières mais était parti précipitamment, incommodé par le trafic du quai. Cinquante ans plus tard, en février 1778, il quitte Ferney et revient rue de Beaune sur l’invitation pressante des Villette. Son retour suscite l’enthousiasme, et tout Paris veut lui rendre hommage. Reçu triomphalement à la Comédie française, Voltaire se voit couronné pendant la représentation d’Irène. Epuisé par les émotions et la fatigue, il meurt le 31 mai suivant. Le 12 juillet 1791, le cortège qui conduisait les cendres de Voltaire au Panthéon fait une halte devant l’hôtel de la rue de Beaune. 


Hôtel du Châtelet (127 Rue de Grenelle, 7e)

Edifié par Cherpitel en 1770 pour Parie-Florent du Châtelet, fils de l’amie de Voltaire, cet hôtel fut reconnu dès sa construction comme un des plus beaux édifices de Paris. Il demeure un témoignage exceptionnel de l’art décoratif dans les années 1770-1780. Après la mort du duc du Châtelet sur l’échafaud, l’Ecole des Ponts et Chaussées s’y établit mais laisse la place en 1807 à l’Intendance de la Couronne. Sous la Monarchie de Juillet, l’hôtel abrite successivement les ambassades de Turquie et d’Autriche. En 1849, Louis-Napoléon Bonaparte l’offre comme résidence à l’archevêque de Paris afin de se concilier le clergé. Depuis la séparation de l’Eglise et de l’Etat, l’hôtel du Châtelet est affecté au ministère du Travail.


Hôtel national des Invalides (Angle Rues de Grenelle et de Constantine, 7e)

Jusqu’au XVIIe siècle, rien n’avait été envisagé pour venir en aide aux vétérans âgés ou estropiés. En 1670, Louis XIV décréta la construction de l’hôtel royal des Invalides, sur un plan proposé par Libéral Bruant. Installés dès 1674, les premiers pensionnaires y suivaient une stricte règle de vie. Au nombre de 4 000, certains d’entre eux travaillaient dans les ateliers créés par Louvois. Les infirmeries pouvaient recevoir 300 malades, soignés par les Filles de la Charité. La vie spirituelle était confiée aux Lazaristes. Aujourd’hui, plusieurs musées et le ministère de la Défense se partagent les bâtiments, et l’Institution nationale des Invalides assure la continuité de l’œuvre de Louis XIV.


Hôtels des Missions étrangères (122 Rue du Bac, 7e)

Selon une habitude largement répandue dans les établissements religieux sous l’Ancien Régime, le séminaire des Missions étrangères réalisa une opération immobilière pour augmenter ses ressources financières. Ces deux hôtels mitoyens et identiques, destinés à être loués à une clientèle aristocratique, furent édifiés de 1713 à 1715 par l’architecte Claude-Nicolas Lepas-Dubuisson, et décorés par les sculpteurs Dupin et Toro. Confisqués à la Révolution, ils furent vendus au début du XIXe siècle. Chateaubriand, locataire d’un appartement au rez-de-chaussée, passa les dernières années de sa vie au n° 120. Il y acheva la rédaction des Mémoires d’Outre-Tombe. Chaque jour, il se rendait l’Abbaye aux Bois, toute proche, où l’attendaient Juliette Récamier et ses familiers.


Jean-Nicolas Corvisart (33 Rue Saint-Dominique, 7e)

Inscrit par son père en faculté de droit, Corvisart préfère s’engager comme infirmier à l’Hôtel-Dieu pour financer ses études. Docteur-régent en 1782, son refus de porter perruque le fait passer pour un dangereux révolutionnaire aux yeux de madame Necker, qui lui refuse son premier poste. Il commence donc sa carrière comme médecin des pauvres de la paroisse de Saint-Sulpice, et sa réputation lui vaut de ne pas être inquiété sous la Révolution. Son service de la Charité devient vite le plus fréquenté de Paris, et il obtient en 1796 la chaire de Médecine du Collège de France. Appelé en consultation auprès de Bonaparte, il devient en 1804 son 1er médecin, avec un traitement égal à celui d’un ministre. Napoléon lui demande même des leçons d’anatomie, mais renonce à la vue d’un estomac prêt pour la dissection ! Fortune faite, il acquiert cet hôtel en 1810 ; ses dernières années sont assombries par les rhumatismes articulaires, et une attaque d’apoplexie laisse à demi paralysé l’auteur de cet aphorisme : « La première attaque est une sommation sans frais, la seconde avec frais, et la troisième une prise de corps ! »

L’implantation de cette borne a une conséquence assez insolite : en effet, située à quelques centimètres devant une persienne, elle en condamne la fermeture. L’immeuble dont fait partie la fenêtre en question abrite les bureaux du Service des affaires européennes de l’Assemlée nationale.


L’Assemblée de 1848 (126 Rue de l’Université, 7e)

Au lendemain des journées révolutionnaires de février qui voient la fuite de Louis-Philippe, des commissaires de la République, envoyés dans les départements, réorganisent l’administration et préparent l’élection de la nouvelle Assemblée nationale constituante, d’environ 900 membres. Les élus, au suffrage universel – masculin -, ne doivent plus être appelés « députés », mais « représentants du peuple ». Lors de leur première séance, le 4 mai 1848, ils ont à cœur de fonder une légitimité nouvelle, et proclament leur décision à l’unanimité, dans un immense bâtiment provisoire édifié à la hâte dans la cour d’honneur. « Vive la République ! » est ensuite repris en chœur, « à la face du soleil », jusqu’à 17 fois de suite. Pendant les trois ans de sa jeune existence, la deuxième République choisit pour sa fête cette date du 4 mai, et non celle du 24 février : à l’évidence, le régime ne se veut pas issu des barricades, mais enfanté par un assemblée régulièrement élue.


Le Bon Marché (angle Rue du Bac et Rue de Babylone, 7e)

L’expansion économique et sociale de la seconde moitié du XIXe siècle favorise la création des grands magasins dont le Bon Marché, immortalisé par Zola dans « Au Bonheur des Dames », est l’exemple le plus frappant. A partir de 1863, Aristide Boucicaut, propriétaire d’un magasin de nouveautés rue de Sèvres, développe et étend son entreprise sur les terrains de l’ancien hospice des Petits-Ménages. Les charpentes métalliques conçues par Eiffel, les verrières de l’architecte Boileau procurent une sensation d’espace et de légèreté ; le décor intérieur donne aux clientes l’impression d’entrer dans un palais. Simultanément, Boucicaut fait preuve, à l’égard du personnel, de préoccupations sociales très avancées pour l’époque, œuvre poursuivie par son épouse après sa mort.


L’Ecole militaire (angle Place de l’Ecole militaire et Place Joffre, 7e)

Fondée par un édit de Louis XV en 1751, l’Ecole militaire devait assurer la formation de 500 jeunes gentilshommes pauvres, destinés à la carrière des armes. Un projet architectural ambitieux à la gloire du souverain, confié à Jacques-Ange Gabriel, vit sa réalisation ralentie par d’importantes difficultés financières jusqu’en 1773. fermée définitivement dès 1787 par souci d’économie, l’Ecole venait d’admettre parmi ses élèves le jeune Napoléon Bonaparte, avec cette appréciation : « fera un excellent marin ». Transformée en caserne et agrandie au XIXe siècle, elle accueille en 1878 l’Ecole supérieure de guerre, et regroupe aujourd’hui les établissements d’enseignement militaire supérieur.


Le pont de la Concorde (angle Quai Anatole France et pont de la Concorde, 7e)

Par lettres patentes du 3 juillet 1722, Louis XV autorise le prévôt des marchands et les échevins à construire un nouveau pont, bien nécessaire pour desservir le quartier de saint-Germain, et faciliter la circulation, déjà fâcheusement renommée pour ses embarras… Projetés dès 1725, les travaux ne sont pas entrepris avant 1787, faute de crédits. Il sont confiés à Jean-Rodolphe Perronet (1708-1794), ingénieur, organisateur et directeur de l’Ecole des Ponts et Chaussées depuis 1747. En 1789, lors de la démolition de la Bastille, ses pierres sont utilisées pour l’avancement des travaux, « afin que le peuple pût continuellement fouler aux pieds l’antique forteresse ». Achevé en 1791, baptisé du nom de Louis XVI avant de s’appeler pont de la Révolution entre 1792 et 1795, il est ensuite voué à la Concorde jusqu’en 1814, et, définitivement, depuis 1830. Elargi considérablement en 1931, il mène au Palais-Bourbon, dont la façade de temple antique répond à celle de la Madeleine.


Les duels du Pré aux Clercs (15 Rue du Pré aux Clercs, 7e)

Le nom de cette rue témoigne des vastes prairies qui descendent alors jusqu’au fleuve, depuis les abords immédiats de Saint-Germain. Du Moyen Age au XVIe siècle, l’Université a un droit d’usage sur ce territoire non construit, enjeu d’une âpre lutte d’influence avec les abbés. Le pape fait parfois office d’arbitre, tel Alexandre III en 1163, qui adresse au peuple un sermon en plein air lors de la dédicace de l’abbatiale. Réservé aux délassements des étudiants, le Pré aux Clercs est souvent le théâtre d’affrontements violents, et Philippe-Auguste peut écrire : « les clercs sont plus courageux que des chevaliers, qui, bien armés, hésitent à se courir sus. Les étudiants, sans haubert, la tête tonsurée, sans heaume, ne craignent pas de s’attaquer au couteau ». De 1584 à 1608, Pierre de l’Estoile signale encore de nombreux duels, aux causes futiles, tels ces gentilshommes qui ‘s’affrontent sur une querelle de verre, à savoir le miroir d’une demoiselle » Une autre rencontre, entre deux seigneurs venus se battre escortés de leurs amis, s’achève en réconciliation… et en bataille rangée contre les gardes du roi, malencontreusement intervenus !


L’immeuble Lavirotte (29 avenue Rapp, 7e)

Né du désir de rupture avec le passé et d’une réaction contre l’académisme, l’Art Nouveau s’est manifesté pendant une courte période, de 1890 à 1905 environ. Laissant libre cours à l’imagination créatrice, il apporte un souffle de jeunesse et de fantaisie. Ornementations surabondantes, nombreux motifs végétaux, les façades s’égayent de couleurs chatoyantes. Tous les matériaux sont utilisés : pierre, stuc, grès, céramique. Cet immeuble construit en 1901 par Jules Lavirotte pour le céramiste Alexandre Bigot est l’un des exemples les plus caractéristiques de l’Art Nouveau à Paris. La façade en grès flammé, d’une exubérance étonnante et harmonieuse, obtint le prix des façades de la Ville de Paris en 1903.


Ministère des Affaires étrangères (37 Quai d’Orsay, 7e)

Etabli depuis 1822 dans l’ancien hôtel de Wagram, boulevard des Capucines, le ministère des Affaires étrangères était à l’étroit. En 1845, l’architecte Lacornée bâtit le nouveau ministère sur un terrain dépendant de l’hôtel de Lassay. Entreprise en 1852,la décoration intérieure fut confiée aux artistes les plus renommes de l’époque. Elle incarne l’une des premières représentations de l’art officiel sous le Second Empire. Jusqu’en 1973, le ministère des Affaires étrangères a servi de résidence aux hôtes officiels de la France : le roi Juan Carlos d’Espagne fut le dernier à y séjourner.


Musée d’Orsay (Angle Rue de la Légion d’Honneur et Rue de Lille, 7e)

Le palais d’Orsay entrepris sous le premier Empire fut achevé en 1840 par Jacques Lacornée. La Cour des comptes et le Conseil d’Etat s’y installent jusqu’à son incendie sous la Commune. En ruines pendant vingt ans, le palais fut remplacé par la gare de Victor Laloux, inaugurée le 14 juillet 1900, et désaffectée pour les grandes lignes dès 1939. Sauvée de la démolition en 1973, elle abrite jusqu’en 1980 la compagnie Renaud-Barrault, cependant que se fait jour l’idée de la transformer en musée consacré à la seconde moitié du XIXe siècle, conçu comme un centre pluridisciplinaire destiné à évoquer toutes les formes d’expression artistique.


Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse (140 Rue du Bac, 7e)

Un décret impérial du 25 mars 1813 attribue à la communauté des Filles de la Charité, fondée au XVIIe siècle par Louise de Marillac sous l’inspiration de Saint Vincent de Paul, l’ancien hôtel de Châtillon. Les apparitions de la Vierge à Catherine Labouré en 1830 sont à l’origine de la très grande dévotion que connaît encore aujourd’hui la chapelle Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse. En 1930, à l’occasion du centenaire des apparitions, A. Richardière donne à la chapelle, déjà agrandie à plusieurs reprises, sa forme actuelle. En 1933, la châsse de Catherine Labouré est placée dans la chapelle au pied d’une statue de la Vierge sculptée par Maxime Real del Sarte.


Saint-Thomas d’Aquin (3 Place Saint-Thomas d’Aquin, 7e)

Etablis au faubourg Saint-Germain depuis 1632, les Dominicains réformés, ou Jacobins, confièrent 50 ans plus tard à Pierre Bullet le soin d’édifier une nouvelle chapelle pour leur couvent. Œuvre d’un religieux, le frère Claude, la façade fut ajoutée en 1766. Au début de la Révolution, la chapelle devint paroisse sous le vocable de Saint-Thomas d’Aquin, bientôt pillée et désaffectée. Le pape Pie VII, venu à Paris pour le sacre de Napoléon, célébra la messe le 26 décembre 1804, dans l’église rendue au culte deux ans auparavant. Les Dominicains essayèrent en vain de récupérer leur couvent : autour du cloître, les bâtiments avaient été transformés en dépôt d’armes anciennes, puis en Musée de l’Artillerie, et restèrent propriété de l’Armée après le transfert des collections aux Invalides. 


Turgot (108 Rue de l’Université, 7e)

Anne-Robert-Jacques est le fils cadet du prévôt des marchands Michel-Etienne Turgot, qui commande en 1734 le plus célèbre des plans de la capitale vue à vol d’oiseau. Destiné à l’état ecclésiastique, le jeune homme soutient en 1750une thèse sur les progrès de l’esprit humain, avant de se tourner vers la magistrature à la mort de son père. Il fréquente les philosophes et les physiocrates, collabore à l’Encyclopédie, préconise la tolérance et même la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Intendant de Limoges (1761-1774), il y applique ses théories et fait progresser cette région défavorisée. A l’avènement de Louis XVI, nommé contrôleur général des finances, il tente de généraliser sa politique de réformes audacieuses : abolir la dîme et les corvées, réduire les dépenses pour éviter d’augmenter les impôts, libérer l’industrie et le commerce, instruire le peuple… En 1776, victime d’une cabale, il ose cette mise en garde : « N’oubliez pas, sire, que c’est la faiblesse qui a mis la tête de Charles 1er sur le billot ! » Disgracié, il reçoit l’ordre de ne plus reparaître à Versailles et se retire dans cette maison, pour y mourir en 1781

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