SEPTIEME ARRONDISSEMENT
Ancienne
abbaye de Pentemont (104 Rue de Grenelle, 7e)
Etablies
à cet emplacement depuis 1672, les Bernardines de Pentemont confièrent la
reconstruction de leur abbaye à Contant d’Ivry en 1745. Outre la communauté des
religieuses, le couvent devait accueillir vingt-cinq jeunes pensionnaires
issues de l’aristocratie, ainsi que des dames de qualité, désireuses de se
retirer du monde. Joséphine de Beauharnais y séjourna quelque temps en 1782.
Transformés en caserne au XIXe siècle, les bâtiments sont aujourd’hui affectés
au ministère des Anciens combattants. En 1844, Victor Baltard isole des autres
bâtiments la chapelle affectée au culte réformé, et l’ancien chœur des religieuses
devient la nef du temple.
Champ
de Mars (Place Joffre, face à l’angle sud du corps central de l’Ecole militaire,
7e)
Dessiné
en 1765 pour Gabriel pour relier l’Ecole militaire à la Seine, initialement
terrain de manœuvres, le Champ de Mars a toujours servi de cadre à de vastes
démonstrations telles les expériences aérostatiques de 1783. Rebaptisé Champ de
la Fédération après la fête du 14
juillet 1790, où officia Talleyrand, il devint le théâtre de nombreuses
manifestations révolutionnaires puis de cérémonies militaires au cours du XIXe
siècle. Parfois champ de courses, jusqu’à la création de l’hippodrome de
Longchamp, il est aussi le site privilégié des Expositions universelles à
partir de 1867. Une opération immobilière entreprise en 1907réduit ses
dimensions, mais favorise une restauration qui le transforme en jardin public.
Gustave
Doré (3 Rue Saint-Dominique, 7e)
Né à
Strasbourg le 6 janvier 1832, Gustave Doré s’intéresse à la musique et au
dessin dès son plus jeune âge : en 1841, il a déjà illustré la Divine
Comédie ! Pensionnaire au lycée Charlemagne, son premier contrat est signé
par son père : à seize ans, il fournit au « Journal pour rire »
un dessin par semaine, en exclusivité pour trois ans. Dès 1849, sa mère devenue
veuve vient s’installer avec ses trois fils dans cet hôtel de Tavannes, dont le
jardin s’étend jusqu’à la rue de Bellechasse. S’il loue parfois des ateliers
ailleurs, pour peindre et sculpter, et voyage souvent à l’étranger, Doré
habite, dessine et reçoit ici le vaste cercle de ses amis ; parmi eux
figurent Théophile Gautier, Alexandre Dumas, Nadar ou Sarah Bernhardt. Un
article de « la Vie parisienne », daté de 1869, décrit ainsi son
installation : « Rien de plus étrange que ce salon-atelier, aux
voûtes peintes comme celles d’une chapelle. Aux murs, sur des chevalets,
partout, des paysages de la Forêt noire, des burgs ruinés, des lacs déserts,
des colonnades de sapins frêles, gigantesques, qui trouent les murailles et
font croire à des fenêtres ouvertes sur les bords du Rhin. » Deux ans
après sa mère, il meurt dans cette maison de famille, le 23 janvier 1883.
Hôtel
de Beauharnais (78 rue de Lille 7e)
En
1713, l’architecte Germain Boffrand édifia cet hôtel pour le vendre à J.B.
Colbert de Torcy, neveu du grand Colbert. Eugène de Beauharnais le racheta en
1803 aux héritiers du duc de Villeroy, et confia sa remise en état à Nicolas
Bataille. Nommé vice-roi d’Italie, il participa à toutes les guerres
napoléoniennes, sans pouvoir l’habiter plus de quelques semaines. En 1818, le
roi de Prusse l’acquit et, après plusieurs séjours, y fit installer sa légation
diplomatique. Après la création mouvementée de « Tannhaüser » à
l’Opéra de Paris en 1861, Richard Wagner résida ici quelque temps. Devenu
entre-temps le siège de l’ambassade allemande, l’immeuble a fait l’objet d’une
restauration de très grande qualité, effectuée de 1965 à 1967.
Hôtel
de Bourbon-Condé (12 rue Monsieur, 7e)
En
1778, l’architecte Brongniart obtint l’autorisation d’ouvrir la rue Monsieur
sur un terrain dont il était propriétaire, délimité par le boulevard des
invalides, la rue de Babylone et la rue Plumet (Oudinot). Il entreprit aussitôt
de le lotir, et d’y édifier plusieurs hôtels dont celui-ci, en 1782, pour la
princesse Louise-Adélaïde de Bourbon-Condé, fille du Prince de Condé.
Mademoiselle de Condé demeura rue Monsieur jusqu’en 1789, menant une vie assez
retirée. A son retour d’émigration, elle fonda le couvent des Bénédictines de
l’Adoration Perpétuelle, au Temple. L’hôtel de Bourbon-Condé, occupé par
différents propriétaires au XIXe siècle, est le siège d’un établissement
d’enseignement depuis 1930. Certains des bas-reliefs sculptés par Clodion, qui
ornaient les ailes latérales de la cour, sont au musée du Louvre.
Hôtel
de Brienne (14 Rue Saint-Dominique, 7e)
Entrepreneur
très actif au faubourg Saint-Germain, le président Duret fit élever cet hôtel
sur les plans de Debias-Aubry en 1724. Longtemps propriété de la princesse
douairière de Conti, il passa ensuite au comte de Brienne, guillotiné en 1794,
puis à Lucien Bonaparte, alors membre du Conseil des Cinq-Cents. Madame Mère y
vécut de 1805 à la chute de l’Empire. L’Etat en fit l’acquisition en 1817, pour
y installer le ministère de la Guerre qui occupe également l’ancien couvent de
la Providence, connu pour avoir abrité la retraite de Mme de Montespan après sa
disgrâce, ainsi que le salon de Mme du Deffand. Le 25 août 1944, le général de
Gaulle le choisit pour y faire siéger le gouvernement provisoire de la
République.
Hôtel
de Castries (72 Rue de Varenne, 7e)
Construit
pour Jean Dufour de Nogent vers 1696, il appartint aux marquis puis aux ducs de
Castries entre 1708 et 1886. Le plus célèbre d’entre eux, le maréchal de
Castries, fut ministre de la Marine sous Louis XVI. Un duel entre son fils et
le député Charles de Lameth, rallié aux idées nouvelles, fut à l’origine du
saccage de l’hôtel par la foule révolutionnaire le 13 novembre 1790. L’épée qui
avait blessé Lameth aurait été empoisonnée. Ministère de la Guerre pendant
l’émigration de ses propriétaires, l’hôtel de Castries appartient à l’Etat
depuis 1946. La façade sur cour et la décoration intérieure ont été entièrement
remaniées au milieu du XIXe siècle par J.-A. Froelicher et C. Parent.
Hôtel
de Choiseul-Praslin (56 Rue de Sèvres, 7e)
L’hôtel,
édifié en 1732 par l’architecte Gaubier, est légué en 1746 par la comtesse de
Choiseul à son neveu César Gabriel ; ambassadeur, puis ministre, le comte
de Choiseul va faire une brillante carrière : en 1762 il est titré Duc de
Praslin. Il attache son nom à sa demeure agrandie, embellie et occupée de 1745
à 1765. En 1768, l’hôtel est vendu au père du comte de Saint-Simon, fondateur
du Saint-Simonisme. Loué en 1800 au savant Adamson, il passe en plusieurs mains
avant d’échoir en 1876 à une propriétaire qui réalise jusqu’à sa mort des
travaux particulièrement malheureux. En 1886, l’hôtel est adjugé à l’Etat qui
établit dans ses dépendances la Caisse nationale d’Epargne. Malgré ses
mésaventures, l’édifice demeure un témoin attrayant de l’architecture du XVIIIe
siècle.
Hôtel
de Clermont (69 Rue de Varenne, 7e)
En
1708, avant de partir au service du tsar Pierre le Grand, l’architecte Leblond
édifia l’hôtel de la marquise de Seissac, veuve du comte Clermont-Lodève. Ses
héritiers le cédèrent au comte Grimont d’Orsay en 1768. Après l’émigration de
ce grand collectionneur, ses œuvres d’art furent saisies et dispersées ;
certaines se trouvent au musée du Louvre. Sous le Directoire, une société de
jeux gymniques où l’on pratiquait la danse, la lutte et l’escrime périclite
assez rapidement. En 1836, Barbet de Jouy rachète la propriété le temps de
percer la rue baptisée de son nom et de lotir une parti du parc, puis la cède
au comte Duchâtel, ministre de Louis-Philippe. L’Etat en est propriétaire
depuis 1947.
Hôtel
de Galliffet (50 Rue de Varenne, 7e)
Edifié
par Legrand et décoré par Boiston, à partir de 1775, sur l’ancien cimetière
Sainte Croix, l’hôtel à peine achevé fut transformé par Renard, après
l’émigration du marquis de Galliffet, pour devenir le ministère des Relations
extérieures. Talleyrand en fit le centre de la politique française sous le
Directoire : c’est ici qu’il présenta, lors d’une réception le 3 janvier
1798, Bonaparte à Mme de Staël, point de départ de leur hostilité réciproque. A
la fin du XIXe siècle, le gouvernement italien établit sa représentation
diplomatique dans l’hôtel de Galliffet, aujourd’hui siège de l’Institut
Culturel.
Hôtel
de Lassay (128 Rue de l’Université, 7e)
Lassurance,
Aubert et Gabriel édifièrent l’hôtel du marquis de Lassay en même temps que le
Palais Bourbon à partir de 1722. Propriétaire de ces deux palais à la fin du
XVIIIe siècle, la prince de Condé préféra habiter l’hôtel de Lassay, dénommé
petit palais ou petit Bourbon. Pendant la Révolution, l’Ecole polytechnique,
récemment créée, s’y établit avant de céder la place à la bibliothèque, puis au
président, du Corps Législatif sous l’Empire. Restitué au prince de Condé à son
retour d’exil, le palais fut acquis par l’Etat en 1843 pour y établir la
Présidence de l’Assemblée nationale. Jules de Joly suréleva le bâtiment et en
modifia les volumes intérieurs ; une grande galerie relie désormais le
palais de la Présidence à l’Assemblée nationale.
Hôtel
de Matignon (57 Rue de Varenne, 7e)
Commencé
par Jean Courtonne en 1722, cet hôtel fut vendu inachevé au comte de Matignon,
avant d’entrer par héritage dans la famille régnante de Monaco, qui, le
conserva jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Théâtre de fêtes splendides données
par Talleyrand sous l’Empire en l’honneur des ambassadeurs étrangers, l’hôtel
de Matignon revint à la duchesse de Bourbon par suite d’un échange avec le
palais de l’Elysée, sous la restauration. Acquis par le duc et la duchesse de
Galliera en 1852, il fut remanié par Duban, et offert à l’empereur François-Joseph
pour y installer l’ambassade d’Autriche-Hongrie. Siège de la Présidence du
Conseil à partir de 1935, il abrite aujourd’hui les services du Premier
Ministre et le Secrétariat Général du Gouvernement.
Hôtel
de Rochechouart (110 Rue de Grenelle, 7e)
Une
allée plantée d’arbres conduisait, au-delà d’un portail, à l’hôtel édifié par
Cherpitel pour la marquise de Courteille en 1776. Sa fille, comtesse de
Rochechouart, le vendit au maréchal Augereau, duc de Castiglione, au début de
l’Empire. En 1820, la veuve du maréchal le céda à son tour au ministère de
l’Instruction Publique. Les transformations intérieures ont heureusement
épargné le grand salon Louis XVI du rez-de-chaussée. Les adjonctions de
bâtiments entamées dès 1839 par A. de Gisors vers la rue de Grenelle ont été
poursuivies par M.-A. Cagné sur la rue de Bellechasse, au début du XXe siècle.
Guy de Maupassant, attaché au cabinet du ministre de l’Instruction Publique, y
travailla de 1878 à 1881.
Hôtel
de Rothelin-Charolais (101 Rue de Grenelle, 7e)
Il
fut construit en 1704 par Pierre Cailleteau, dit Lassurance, pour Philippe
d’Orléans, marquis de Rothelin. En 1736, Louise de Bourbon-Condé, dite
Mademoiselle de Charolais, ajouta deux ailes au bâtiment principal. Après
l’émigration du prince de Conti pendant la Révolution, l’hôtel fut affecté au
ministère de l’Intérieur et acheté par l’Etat en 1825. Jules de Joly adapta les
bâtiments à leur nouvelle fonction au détriment des décors anciens. Loué en
1860 à l’ambassade d’Autriche pour une dizaine d’années, l’hôtel fut l’un des
pôles de la vie mondaine sous le Second Empire. En 1867, la princesse de
Metternich y reçut Napoléon III et l’impératrice Eugénie pour une fête
splendide donnée à l’occasion de la 1ère Exposition universelle.
Hôtel
de Salm (face au 89 rue de Lille, 7e)
Edifié
de 1782 à 1787 par Pierre Rousseau pour Frédéric III, prince régnant de
Salm-Kyrbourg, ce palais témoigne du renouveau de l’art antique dans
l’architecture à la fin du XVIIIe siècle. Rallié aux idées nouvelles, nommé
commandant d’un bataillon de la Garde nationale par Lafayette, le prince de
Salm abolit les droits féodaux dans ses états. Il fut cependant arrêté et
exécuté en 1794. L’hôtel, vendu à la Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur
en 1804, fur remis en état par Antoine Peyre. Incendié sous la Commune en 1871,
il a été reconstruit grâce à une souscription publique. En 1922, une autre
souscription a permis d’édifier le Musée de la Légion d’Honneur et des Ordres
de Chevalerie, rue de Bellechasse.
Hôtel
d’Estrée (79 Rue de Grenelle, 7e)
Construit
de 1711 à 1713 par Robert de Cotte, premier architecte du roi, pour la veuve du
maréchal d’Estrées, cet hôtel appartint ensuite à la duchesse de Modène, fille
du Régent, puis au général Clarke, duc de Feltre et ministre de la Guerre sous
l’Empire. En 1863, le gouvernement russe l’acheta aux héritiers de la marquise
de Tourzel, pour en faire la résidence de son ambassadeur. Le tsar Alexandre II
y reçut Napoléon III et l’impératrice Eugénie lors de l’exposition universelle
de 1867. Nicolas II et la tsarine y séjournèrent pendant leur voyage officiel à
Paris en 1896. A
cette occasion, le tsar posa la première pierre du pont Alexandre III.
Hôtel
de Villars (114 rue de Grenelle, 7e)
La
président du Parlement Le Coigneux établit ici en 1645 une des résidences les
plus anciennes du Faubourg Saint-Germain. En 1709, le maréchal de Villars
l’agrandit considérablement pour en faire une des demeures les plus raffinées
de son temps, visitée par Pierre le Grand en 1717. Propriétaire en 1772, le duc
de Brissac consacre tous ses soins à l’aménagement d’un parc à l’anglaise
planté d’essences rares, sacrifié en partie à l’ouverture de la rue Las Cases
(1830). Résidence du ministre de l’Intérieur en 1795 et peu à peu dépouillé de tous
ses décors anciens, l’hôtel de Villars, entièrement transformé par l’architecte
Uchard, devient le siège du la mairie du VIIe arrondissement en 1862.
Hôtel
de Villette (27 quai Voltaire, 7e)
Construit
au XVIIe siècle, il fut transformé et somptueusement décoré entre 1766 et 1769
par l’architecte Charles de Wailly pour le marquis de Villette. Voltaire y
avait séjourné en 1724, invité par la Présidente de Bernières mais était parti
précipitamment, incommodé par le trafic du quai. Cinquante ans plus tard, en
février 1778, il quitte Ferney et revient rue de Beaune sur l’invitation
pressante des Villette. Son retour suscite l’enthousiasme, et tout Paris veut
lui rendre hommage. Reçu triomphalement à la Comédie française, Voltaire se
voit couronné pendant la représentation d’Irène. Epuisé par les émotions et la
fatigue, il meurt le 31 mai suivant. Le 12 juillet 1791, le cortège qui
conduisait les cendres de Voltaire au Panthéon fait une halte devant l’hôtel de
la rue de Beaune.
Hôtel
du Châtelet (127 Rue de Grenelle, 7e)
Edifié
par Cherpitel en 1770 pour Parie-Florent du Châtelet, fils de l’amie de
Voltaire, cet hôtel fut reconnu dès sa construction comme un des plus beaux
édifices de Paris. Il demeure un témoignage exceptionnel de l’art décoratif
dans les années 1770-1780. Après la mort du duc du Châtelet sur l’échafaud,
l’Ecole des Ponts et Chaussées s’y établit mais laisse la place en 1807 à
l’Intendance de la Couronne. Sous la Monarchie de Juillet, l’hôtel abrite
successivement les ambassades de Turquie et d’Autriche. En 1849, Louis-Napoléon
Bonaparte l’offre comme résidence à l’archevêque de Paris afin de se concilier
le clergé. Depuis la séparation de l’Eglise et de l’Etat, l’hôtel du Châtelet
est affecté au ministère du Travail.
Hôtel
national des Invalides (Angle Rues de Grenelle et de Constantine, 7e)
Jusqu’au
XVIIe siècle, rien n’avait été envisagé pour venir en aide aux vétérans âgés ou
estropiés. En 1670, Louis XIV décréta la construction de l’hôtel royal des
Invalides, sur un plan proposé par Libéral Bruant. Installés dès 1674, les
premiers pensionnaires y suivaient une stricte règle de vie. Au nombre de
4 000, certains d’entre eux travaillaient dans les ateliers créés par
Louvois. Les infirmeries pouvaient recevoir 300 malades, soignés par les Filles
de la Charité. La vie spirituelle était confiée aux Lazaristes. Aujourd’hui,
plusieurs musées et le ministère de la Défense se partagent les bâtiments, et
l’Institution nationale des Invalides assure la continuité de l’œuvre de Louis
XIV.
Hôtels
des Missions étrangères (122 Rue du Bac, 7e)
Selon
une habitude largement répandue dans les établissements religieux sous l’Ancien
Régime, le séminaire des Missions étrangères réalisa une opération immobilière
pour augmenter ses ressources financières. Ces deux hôtels mitoyens et
identiques, destinés à être loués à une clientèle aristocratique, furent
édifiés de 1713 à 1715 par l’architecte Claude-Nicolas Lepas-Dubuisson, et
décorés par les sculpteurs Dupin et Toro. Confisqués à la Révolution, ils furent
vendus au début du XIXe siècle. Chateaubriand, locataire d’un appartement au
rez-de-chaussée, passa les dernières années de sa vie au n° 120. Il y acheva la
rédaction des Mémoires d’Outre-Tombe. Chaque jour, il se rendait l’Abbaye aux
Bois, toute proche, où l’attendaient Juliette Récamier et ses familiers.
Jean-Nicolas Corvisart (33 Rue Saint-Dominique, 7e)
Inscrit
par son père en faculté de droit, Corvisart préfère s’engager comme infirmier à
l’Hôtel-Dieu pour financer ses études. Docteur-régent en 1782, son refus de
porter perruque le fait passer pour un dangereux révolutionnaire aux yeux de
madame Necker, qui lui refuse son premier poste. Il commence donc sa carrière
comme médecin des pauvres de la paroisse de Saint-Sulpice, et sa réputation lui
vaut de ne pas être inquiété sous la Révolution. Son service de la Charité
devient vite le plus fréquenté de Paris, et il obtient en 1796 la chaire de
Médecine du Collège de France. Appelé en consultation auprès de Bonaparte, il
devient en 1804 son 1er médecin, avec un traitement égal à celui
d’un ministre. Napoléon lui demande même des leçons d’anatomie, mais renonce à
la vue d’un estomac prêt pour la dissection ! Fortune faite, il acquiert
cet hôtel en 1810 ; ses dernières années sont assombries par les rhumatismes
articulaires, et une attaque d’apoplexie laisse à demi paralysé l’auteur de cet
aphorisme : « La première attaque est une sommation sans frais, la
seconde avec frais, et la troisième une prise de corps ! »
L’implantation
de cette borne a une conséquence assez insolite : en effet, située à
quelques centimètres devant une persienne, elle en condamne la fermeture.
L’immeuble dont fait partie la fenêtre en question abrite les bureaux du
Service des affaires européennes de l’Assemlée nationale.
L’Assemblée
de 1848 (126 Rue de l’Université, 7e)
Au
lendemain des journées révolutionnaires de février qui voient la fuite de
Louis-Philippe, des commissaires de la République, envoyés dans les
départements, réorganisent l’administration et préparent l’élection de la
nouvelle Assemblée nationale constituante, d’environ 900 membres. Les élus, au
suffrage universel – masculin -, ne doivent plus être appelés
« députés », mais « représentants du peuple ». Lors de
leur première séance, le 4 mai 1848, ils ont à cœur de fonder une légitimité
nouvelle, et proclament leur décision à l’unanimité, dans un immense bâtiment
provisoire édifié à la hâte dans la cour d’honneur. « Vive la
République ! » est ensuite repris en chœur, « à la face du
soleil », jusqu’à 17 fois de suite. Pendant les trois ans de sa jeune
existence, la deuxième République choisit pour sa fête cette date du 4 mai, et
non celle du 24 février : à l’évidence, le régime ne se veut pas issu des
barricades, mais enfanté par un assemblée régulièrement élue.
Le
Bon Marché (angle Rue du Bac et Rue de Babylone, 7e)
L’expansion
économique et sociale de la seconde moitié du XIXe siècle favorise la création
des grands magasins dont le Bon Marché, immortalisé par Zola dans « Au
Bonheur des Dames », est l’exemple le plus frappant. A partir de 1863,
Aristide Boucicaut, propriétaire d’un magasin de nouveautés rue de Sèvres,
développe et étend son entreprise sur les terrains de l’ancien hospice des
Petits-Ménages. Les charpentes métalliques conçues par Eiffel, les verrières de
l’architecte Boileau procurent une sensation d’espace et de légèreté ; le
décor intérieur donne aux clientes l’impression d’entrer dans un palais.
Simultanément, Boucicaut fait preuve, à l’égard du personnel, de préoccupations
sociales très avancées pour l’époque, œuvre poursuivie par son épouse après sa
mort.
L’Ecole
militaire (angle Place de l’Ecole militaire et Place Joffre, 7e)
Fondée
par un édit de Louis XV en 1751, l’Ecole militaire devait assurer la formation
de 500 jeunes gentilshommes pauvres, destinés à la carrière des armes. Un
projet architectural ambitieux à la gloire du souverain, confié à Jacques-Ange
Gabriel, vit sa réalisation ralentie par d’importantes difficultés financières
jusqu’en 1773. fermée définitivement dès 1787 par souci d’économie, l’Ecole
venait d’admettre parmi ses élèves le jeune Napoléon Bonaparte, avec cette
appréciation : « fera un excellent marin ». Transformée en
caserne et agrandie au XIXe siècle, elle accueille en 1878 l’Ecole supérieure
de guerre, et regroupe aujourd’hui les établissements d’enseignement militaire
supérieur.
Le
pont de la Concorde (angle Quai Anatole France et pont de la Concorde, 7e)
Par
lettres patentes du 3 juillet 1722, Louis XV autorise le prévôt des marchands
et les échevins à construire un nouveau pont, bien nécessaire pour desservir le
quartier de saint-Germain, et faciliter la circulation, déjà fâcheusement
renommée pour ses embarras… Projetés dès 1725, les travaux ne sont pas
entrepris avant 1787, faute de crédits. Il sont confiés à Jean-Rodolphe
Perronet (1708-1794), ingénieur, organisateur et directeur de l’Ecole des Ponts
et Chaussées depuis 1747. En 1789, lors de la démolition de la Bastille, ses
pierres sont utilisées pour l’avancement des travaux, « afin que le peuple
pût continuellement fouler aux pieds l’antique forteresse ». Achevé en
1791, baptisé du nom de Louis XVI avant de s’appeler pont de la Révolution
entre 1792 et 1795, il est ensuite voué à la Concorde jusqu’en 1814, et,
définitivement, depuis 1830. Elargi considérablement en 1931, il mène au
Palais-Bourbon, dont la façade de temple antique répond à celle de la
Madeleine.
Les
duels du Pré aux Clercs (15 Rue du Pré aux Clercs, 7e)
Le
nom de cette rue témoigne des vastes prairies qui descendent alors jusqu’au fleuve,
depuis les abords immédiats de Saint-Germain. Du Moyen Age au XVIe siècle,
l’Université a un droit d’usage sur ce territoire non construit, enjeu d’une
âpre lutte d’influence avec les abbés. Le pape fait parfois office d’arbitre,
tel Alexandre III en 1163, qui adresse au peuple un sermon en plein air lors de
la dédicace de l’abbatiale. Réservé aux délassements des étudiants, le Pré aux
Clercs est souvent le théâtre d’affrontements violents, et Philippe-Auguste
peut écrire : « les clercs sont plus courageux que des chevaliers,
qui, bien armés, hésitent à se courir sus. Les étudiants, sans haubert, la tête
tonsurée, sans heaume, ne craignent pas de s’attaquer au couteau ». De
1584 à 1608, Pierre de l’Estoile signale encore de nombreux duels, aux causes futiles,
tels ces gentilshommes qui ‘s’affrontent sur une querelle de verre, à savoir le
miroir d’une demoiselle » Une autre rencontre, entre deux seigneurs venus
se battre escortés de leurs amis, s’achève en réconciliation… et en bataille
rangée contre les gardes du roi, malencontreusement intervenus !
L’immeuble
Lavirotte (29 avenue Rapp, 7e)
Né
du désir de rupture avec le passé et d’une réaction contre l’académisme, l’Art
Nouveau s’est manifesté pendant une courte période, de 1890 à 1905 environ.
Laissant libre cours à l’imagination créatrice, il apporte un souffle de
jeunesse et de fantaisie. Ornementations surabondantes, nombreux motifs
végétaux, les façades s’égayent de couleurs chatoyantes. Tous les matériaux
sont utilisés : pierre, stuc, grès, céramique. Cet immeuble construit en
1901 par Jules Lavirotte pour le céramiste Alexandre Bigot est l’un des
exemples les plus caractéristiques de l’Art Nouveau à Paris. La façade en grès
flammé, d’une exubérance étonnante et harmonieuse, obtint le prix des façades
de la Ville de Paris en 1903.
Ministère
des Affaires étrangères (37 Quai d’Orsay, 7e)
Etabli
depuis 1822 dans l’ancien hôtel de Wagram, boulevard des Capucines, le
ministère des Affaires étrangères était à l’étroit. En 1845, l’architecte
Lacornée bâtit le nouveau ministère sur un terrain dépendant de l’hôtel de
Lassay. Entreprise en 1852,la décoration intérieure fut confiée aux artistes
les plus renommes de l’époque. Elle incarne l’une des premières représentations
de l’art officiel sous le Second Empire. Jusqu’en 1973, le ministère des
Affaires étrangères a servi de résidence aux hôtes officiels de la
France : le roi Juan Carlos d’Espagne fut le dernier à y séjourner.
Musée
d’Orsay (Angle Rue de la Légion d’Honneur et Rue de Lille, 7e)
Le
palais d’Orsay entrepris sous le premier Empire fut achevé en 1840 par Jacques
Lacornée. La Cour des comptes et le Conseil d’Etat s’y installent jusqu’à son
incendie sous la Commune. En ruines pendant vingt ans, le palais fut remplacé
par la gare de Victor Laloux, inaugurée le 14 juillet 1900, et désaffectée pour
les grandes lignes dès 1939. Sauvée de la démolition en 1973, elle abrite
jusqu’en 1980 la compagnie Renaud-Barrault, cependant que se fait jour l’idée
de la transformer en musée consacré à la seconde moitié du XIXe siècle, conçu
comme un centre pluridisciplinaire destiné à évoquer toutes les formes
d’expression artistique.
Notre-Dame
de la Médaille Miraculeuse (140 Rue du Bac, 7e)
Un
décret impérial du 25 mars 1813 attribue à la communauté des Filles de la
Charité, fondée au XVIIe siècle par Louise de Marillac sous l’inspiration de
Saint Vincent de Paul, l’ancien hôtel de Châtillon. Les apparitions de la
Vierge à Catherine Labouré en 1830 sont à l’origine de la très grande dévotion
que connaît encore aujourd’hui la chapelle Notre-Dame de la Médaille
Miraculeuse. En 1930, à l’occasion du centenaire des apparitions, A.
Richardière donne à la chapelle, déjà agrandie à plusieurs reprises, sa forme
actuelle. En 1933, la châsse de Catherine Labouré est placée dans la chapelle
au pied d’une statue de la Vierge sculptée par Maxime Real del Sarte.
Saint-Thomas
d’Aquin (3 Place Saint-Thomas d’Aquin, 7e)
Etablis
au faubourg Saint-Germain depuis 1632, les Dominicains réformés, ou Jacobins,
confièrent 50 ans plus tard à Pierre Bullet le soin d’édifier une nouvelle
chapelle pour leur couvent. Œuvre d’un religieux, le frère Claude, la façade
fut ajoutée en 1766. Au début de la Révolution, la chapelle devint paroisse
sous le vocable de Saint-Thomas d’Aquin, bientôt pillée et désaffectée. Le pape
Pie VII, venu à Paris pour le sacre de Napoléon, célébra la messe le 26
décembre 1804, dans l’église rendue au culte deux ans auparavant. Les
Dominicains essayèrent en vain de récupérer leur couvent : autour du cloître,
les bâtiments avaient été transformés en dépôt d’armes anciennes, puis en Musée
de l’Artillerie, et restèrent propriété de l’Armée après le transfert des
collections aux Invalides.
Turgot
(108 Rue de l’Université, 7e)
Anne-Robert-Jacques
est le fils cadet du prévôt des marchands Michel-Etienne Turgot, qui commande
en 1734 le plus célèbre des plans de la capitale vue à vol d’oiseau. Destiné à
l’état ecclésiastique, le jeune homme soutient en 1750une thèse sur les progrès
de l’esprit humain, avant de se tourner vers la magistrature à la mort de son
père. Il fréquente les philosophes et les physiocrates, collabore à
l’Encyclopédie, préconise la tolérance et même la séparation de l’Eglise et de
l’Etat. Intendant de Limoges (1761-1774), il y applique ses théories et fait
progresser cette région défavorisée. A l’avènement de Louis XVI, nommé
contrôleur général des finances, il tente de généraliser sa politique de
réformes audacieuses : abolir la dîme et les corvées, réduire les dépenses
pour éviter d’augmenter les impôts, libérer l’industrie et le commerce,
instruire le peuple… En 1776, victime d’une cabale, il ose cette mise en
garde : « N’oubliez pas, sire, que c’est la faiblesse qui a mis la
tête de Charles 1er sur le billot ! » Disgracié, il reçoit
l’ordre de ne plus reparaître à Versailles et se retire dans cette maison, pour
y mourir en 1781
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vos observations sont les bienvenues