DEUXIEME
ARRONDISSEMENT
Cinéma
Rex (35 Rue Poissonnière, 2e)
La
marée des ports du Pas-de-Calais acheminée vers les Halles passait par ici, ce
qui explique le nom du boulevard et de la rue Poissonnière. L’enceinte de
Charles V puis de Louis XIII s’ouvrait par la porte Sainte-Anne ou de la
Poissonnerie et, en 1726, une inscription signalait ici la limite de la Ville.
Haut lieu des plaisirs et des spectacles, le boulevard Poissonnière fut choisi
en 1932 pour édifier le cinéma Rex, un des plus grands d’Europe. Conçu par les
architectes Auguste Bluysen et John Eberson, sa façade est l’œuvre du sculpteur
Henri-Edouard Navarre, et la décoration de la salle de 3 300 places, qui
marie l’Antiquité et l’Art Déco, est due à Maurice Dufrène.
Couvent
des Capucines (angle rue de la Paix, rue des Capucines, 2e)
Installées
depuis 1606 au 360 de la rue Saint-Honoré, les Filles de la Passion ou
Capucines durent quitter leur maison en 1688, lors de l’aménagement de la place
Vendôme ; elles furent relogées au nord de cette place, dans un hôtel
érigé par François d’Orbay. L’église du nouveau couvent fermait la place Vendôme
au nord, à l’emplacement de la rue de la Paix. Le cloître et les jardins
s’étendaient jusqu’au boulevard des Capucines. La dépouille de saint Ovide
reposait dans l’église, et sa fête, le 31 août, était l’occasion d’une foire
très populaire de trois semaines. Fermé en 1790, le couvent abrita l’hôtel des
Monnaies, fabrique d’assignats. En 1806, l’église est détruite pour percer la
rue Napoléon (de la Paix), et le domaine, vendu par lots.
Crédit
Foncier de France (Rue des Capucines, angle Boulevard des Capucines, 2e)
Sur
des terrains vendus en 1719 par Guillaume Leduc ont été élevés les deux hôtels
occupés depuis 1854 et 1858 par le Crédit foncier. Tannevot les construisit,
celui du 15 pour le fermier général Louis-Philippe Des Vieux, ancien directeur
de la Compagnie des Indes. Autorisé par décret du 28 mars 1852 sous le nom de
Banque foncière de Paris, le Crédit foncier de France était à l’origine une
société de prêteurs prenant des gages hypothécaires sur les propriétés
immobilières de ses emprunteurs. Ses attributions ont été étendues en 1860 aux
prêts aux communes et aux départements, puis à diverses opérations d’intérêt
national attribuées par l’Etat.
Eglise
Saint-Sauveur (2 Rue Saint-Sauveur, 2e)
L’église
St-Sauveur occupait l’emplacement des n°2, 4 et 4 bis. Mentionnée dès 1216,
elle fut rebâtie au XVIe siècle. Une chapelle de la Vierge y fut ajoutée en
1713, décorée par Blondel, le Moyne et Coypel. Son plafond en trompe-l’œil
était estimé comme « le plus savant dans l’art de la perspective qui se
voie dans Paris ». L’église abritait les tombes de comédiens célèbres de
l’Hôtel de Bourgogne : Turlupin, Gaultier-Garguille, Gros-Guillaume et
Guillot-Gorju. Quand ils paraissaient sur scène, « ils n’avaient que faire
de parler pour faire rire, on ne riait que trop sans cela ». Démolie entre
1778 et 1785, sa reconstruction fut entreprise sur les plans de Poyet. La
Révolution interrompit le chantier, puis les parties élevées furent abattues en
1797.
Hôpital
de la Trinité (164 Rue Saint-Denis, 2e)
Du
142 au 164 de la rue Saint-Denis s’étendait l’hôpital de la Trinité, fondé en
1201 par deux gentilshommes allemands, frères utérins, Guillaume Escuacol et
Jean de la Palée, pour héberger les voyageurs arrivés après la fermeture des
portes de l’enceinte de Philippe-Auguste. Géré par les Prémontrés dès 1210, il
abrite en 1402 le premier théâtre parisien, où les Confrères de la Passion
jouent mystères et soties. Les comédiens doivent le quitter en 1535 lors de
l’affectation de l’hôpital aux orphelins pauvres. Devenu l’hospice des Enfants
Bleus, de la couleur de leur costume, l’établissement forme, jusqu’à sa
suppression en 1790, un grand nombre d’artisans de talent.
Hôtel Bautru ou Colbert (6 Rue des Petits Champs, 2e)
Guillaume Bautru, Seigneur de Serrant, confie en 1634 la
construction de son hôtel à l’architecte Le Vau. Cette splendide bâtisse,
ouverte sur la rue des Petits-Champs, est vendue à Colbert en 1665. Restée dans
sa famille jusqu’en 1713, elle est ensuite louée par le prince de Cellamare,
ambassadeur d’Espagne, auteur en 1718 d’une conspiration pour évincer le Régent
et placer Philippe V d’Espagne sur le trône. Après avoir déjoué le complot,
Philippe d’Orléans prend possession de l’hôtel pour y installer ses écuries.
Occupé en 1780 par le Bureau des Domaines, puis par la Caisse de la dette
publique, l’hôtel est démoli en 1823, et les galeries Vivienne et Colbert
percées dans les immeubles construits à son emplacement.
Hôtel
de Bourgogne (20 Rue EtienneMarcel, 2e)
Adossé
à la muraille de Philippe Auguste, l’hôtel construit en 1270 pour Robert
d’Artois, neveu de saint Louis, passe en 1318 par mariage dans la famille des
ducs de Bourgogne. Il devient en 1402 leur résidence principale ; après
avoir fait assassiner son cousin Louis d’Orléans, frère du roi, le duc Jean
sans Peur fait édifier en 1408 au centre de l’hôtel la tour qui porte son nom,
encore visible aujourd’hui. En 1543, le domaine est loti et traversé par une
rue nommée Française en l’honneur de François Ier. Sur un terrain situé à lest
de cette voie, les Confrères de la Passion font construire une salle de
spectacles inaugurée le 30 août 1548. Devenue en 1629 le théâtre de l’hôtel de
Bourgogne, sa troupe rivalisait avec les comédies de Molière.
Hôtel
de Mondragon (angle Rue Danielle Casanova et Rue d’Antin, 2e)
Ouverte
en 1713 à l’emplacement du bastion Vendôme de l’enceinte de Louis XIII, la rue
d’Antin est vite lotie et bordée de belles demeures. La plus prestigieuse,
construite en 1720, est habitée par Etienne Bourgeois de Boynes, trésorier de
la Banque de Law. En 1754, cet hôtel est acheté par Duval de l’Epinoy, qui
l’offre à sa fille, marquise de Mondragon. Confisqué en 1793, l’hôtel héberge
de 1795 à 1833 la mairie du deuxième arrondissement. Napoléon Bonaparte y
épouse Joséphine de Beauharnais le 9 mars 1796. En 1869, la Banque de Paris,
nouvellement créée, s’installe dans l’immeuble. Devenue en 1871 la Banque de
Paris et des Pays-Bas, c’est aujourd’hui
Paribas.
Hôtel
de Nevers (58 bis rue de Richelieu, 2e)
Edifié
vers 1645 par François Mansart pour le cardinal, l’hôtel de Nevers, partie nord
de l’hôtel de Mazarin, revint, en 1661, à son neveu Julien Mancini, duc de
Nevers. Celui-ci en vendit la moitié nord-est à Colbert, qui fit percer la rue
rebaptisée de son nom. Une arcade reliait l’hôtel de Nevers aux autres
bâtisses. La moitié nord-ouest, sur la rue de Richelieu, louée en 1698 à la
marquise de Lambert, abrita de 1710 à 1733 un salon littéraire fréquenté par
Fontenelle, Marivaux, Montesquieu. L’hôtel de Nevers fut ensuite occupé par le
Cabinet des Médailles du Roi. En 1878, Pascal l’a presque totalement détruit
pour édifier des bâtiments modernes.
Hôtel
de Rambouillet (3 Rue d’Aboukir, 2e)
Cet
immeuble est ce qui subsiste de l’immeuble construit en 1634 par le financier
Nicolas Rambouillet, beau-père de l’écrivain Tallemant des Réaux et père
d’Antoine Rambouillet de La Sablière. Situé à l’angle de la rue des
Fossés-Montmartre (d’Aboukir) et de la rue du Petit-Reposoir (Vide-Gousset), il
dut être transformé en 1689 pour s’intégrer à l’ordonnance de la nouvelle place
des Victoires. Il fallut rhabiller la
façade selon les dessins de l’architecte de la Ville, Jean Beausire, et
surélever les bâtiments du côté de la rue des Fossés Montmartre pour les mettre
au niveau de ceux de la place conçue par Hardouin Mansart.
Hôtel
Tubeuf (8 rue des Petits-Champs, 2e)
Contrôleur
général des finances, Charles Duret de Chevry fait construire en 1634 par Jean
Thiriot un hôtel acheté en 1641 par Jacques Tubeuf, président à la Cour des
Comptes. Mazarin le loue en 1643, puis l’acquiert en 1649, et fait construire
dans son prolongement, par François Mansart, de nouveaux bâtiments dont les
galeries Mansart et Mazarine décorées par Romanelli et Grimaldi. Passé en 1661
à sa nièce, Hortense Mancini, duchesse de La Meilleraye, l’hôtel est vendu à la
Compagnie des Indes, qui l’occupe de 1719 à 1769. Le Trésor Public le remplace
jusqu’en 1826 ; la galerie Mazarine, affectée à la Bourse, perd sa
fonction financière à l’achèvement du palais Brongniart en 1826. L’hôtel Tubeuf
héberge aujourd’hui les Cabinets des Cartes et Plans et des Estampes.
La
Bourse (place de la Bourse, angle Rue Vivienne, face à l’AFP, 2e)
A
l’emplacement du couvent des Filles-Saint-Thomas, vaste monastère étendu de la
rue Saint-Augustin à la rue Feydeau, débute en 1808 la construction de la
Bourse des valeurs, sur les plans de Brongniart. Avant son inauguration le 4
novembre 1826 dans ses locaux actuels, la Bourse de Paris existait depuis 1724,
logée dans la galerie Vivienne du palais Mazarin jusqu’en 1793, puis au Louvre,
au Palais-Royal, à l’intérieur de l’église Notre-Dame-des-Victoires de 1796 à
1809, de nouveau Palais-Royal et, à partir de 1818, dans un bâtiment du couvent
des Filles-Saint—Thomas situé rue Feydeau. Le palais de la Bourse a aussi
hébergé le Tribunal de Commerce de 1826 à 1864 et la Chambre de Commerce de
Paris de 1826 à 1853.
La
cour des miracles (face au 5 Rue de Damiette, 2e)
Au
pied de la muraille de Charles V se trouvait le principal repaire de mendiants
et de voleurs, la plus grande des cours des miracles parisiennes. Elle occupait
l’espace circonscrit par les rues de Damiette et des Forges. Henri Sauval
(1623-1676) l’a décrite dans son « Histoire de la ville de
Paris » : « Pour y entrer, il faut descendre une assez longue
pente de terre, tortue, raboteuse, inégale. J’y ai vu une maison de boue à demi
enterrée, toute chancelante de vieillesse et de pourriture, qui n’a pas quatre
toises en carré (60
mètres carrés) et où logent néanmoins plus de cinquante
ménages chargés d’une infinité de petits enfants légitimes, naturels et
dérobés ». Cette population de filous et de prostituées possède un roi
« qui prend d’ordinaire le nom de Coesre, quelquefois le roi de
Thunes », flanqué d’une caricature de cour, officiers nommés Archisuppôts
de l’Argot, Cagnoux, Coquillarts, Capons, Francmitoux, Malingreux,
Marrcandiers, etc. Détruite en 1667 sur ordre du lieutenant de police La
Reynie, cette cour des miracles se reconstitua , car elle figure sur les plans
du premier tiers du dix-huitième siècle.
La
galerie Vivienne (4 Rue des Petits-Champs, 2e)
En
1823, le président de la Chambre des Notaires, Marchoux, acheta le n°6 rue
Vivienne, le n°4 rue des Petits-Champs et le passage des Petits-Pères pour y
créer un de ces passages alors à la mode, dont il confia la construction à
l’architecte Delannoy. Ouverte au public en 1826 en même temps que sa
concurrente la Galerie Colbert, la Galerie Marchoux, vite baptisée Vivienne,
présentait un décor exaltant le commerce : l’ancre pour le commerce
maritime, la corne d’abondance, le caducée de Mercure, protecteur du commerce.
Bénéficiant d’une situation exceptionnelle entre le Palais-Royal, la Bourse et
les Boulevards, ce passage connût jusqu’à la fin du Second Empire un succès
sans faille : « Aucun autre ne se trouve mieux placé que lui pour
être un foyer brûlant de circulation et d’activité ». On y trouvait le
célèbre restaurant ‘Grignon », des magasins de mode et de nouveautés, un
libraire et des cabinets d’estampes. Vidocq y habita au n°13, dans un immeuble
ancien conservé par Delannoy, vers 1840.
La
Pâtisserie Stohrer (51 Rue Montorgueil, 2e)
En
1725, à l’occasion de son mariage avec Louis XV, Marie Leczynska vint à Paris,
emmenant parmi la cour qui l’accompagnait le pâtissier-cuisinier de son père,
Monsieur Storher. Cinq ans plus tard, celui-ci s’installait rue Montorgueil, et
ouvrait une pâtisserie dont les spécialités allaient être les
« babas » et les « puits d’amour ». Vers 1864, la boutique
fut décorée par le peintre Paul Baudry (1828-1886), qui venait d’atteindre la
célébrité par les décors réalisés à l’hôtel Galliera et au Foyer de l’Opéra.
L’immeuble, de la fin du XVIIIe siècle, comporte un curieux bas-relief
surmontant le portail : un globe terrestre entouré d’attributs des Arts et
Lettres.
La
presse (142 Rue Montmartre, 2e)
Pendant
plus d’un siècle ce quartier, entre les rues de Richelieu, Saint-Marc,
Montmartre et Réaumur fut le royaume de la presse. Rue de Richelieu siégeaient « Le
Temps », « Le Journal », « L’Aurore », « L’Humanité ».
« L’Intransigeant » passa de la rue du Croissant à la rue Réaumur
dans un immeuble qui abrita aussi « Paris Soir » puis « France soir » ;
en face, aux 111 et 113 de la rue Réaumur, se tenaient « La République »
et « La Liberté ». Rue Saint-Marc logeait « Le National ». « La
France » fut installée au 123 puis au 144 de la rue Montmartre. Au 146, le
café « A la Chope du Croissant » accueillait la clientèle des
journalistes : Jaurès y fut assassiné le 31 juillet 1914.
La
rue d’Aboukir (Angle rue d’Aboukir et Rue Saint-Philippe, 2e)
La rue suit le tracé de l’enceinte de Charles V élevée à
partir de 1356. les immeubles pairs occupent l’emplacement du mur, tandis que
la rue se trouve sur l’ancien fossé comblé. Les fortifications furent démolies
en 1634, étant devenues inutiles du fait de la construction du rempart des
« Fossés jaunes » (nos actuels boulevards)et la rue fut ouverte. Dans
sa partie comprise entre la rue des Petits-Carreaux et St-Denis, elle fut
nommée Bourbon-Villeneuve en l’honneur de Jeanne de Bourbon, abbesse de
Fontevrault, qui y possédait des terrains. Elle longeait la butte de
Villeneuve-sur-Gravois, constituée de gravats qui avaient fini par dépasser la
muraille. Au XVIe siècle, des habitations s’y installèrent, intégrées dans la
ville par le nouveau rempart. La butte fut en partie arasée lors de sa
construction, et les terres servirent à combler le fossé où s’ouvrit la rue.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, elle s’orna de demeures dont beaucoup subsistent
aujourd’hui. Les n°82, 84 et 86 comptent parmi les plus anciennes ; elles
ont été bâties en 1640-1650 pour le maître-menuisier Etienne Courtois.
Fouquier-Tinville habita de 1775à 1783 à l’emplacement du n°113. La rue fut
nommée d’Aboukir en 1807.
La rue d’Argout (Rue d’Argout, angle rue du Louvre, 2e)
Cette
rue est une partie de l’ancienne rue des Vieux-Augustins, qui reliait la rue
Montmartre à la rue Coquillière. Les travaux des rues Etienne-Marcel, en 1880,
et du Louvre, en 1888-1906, en ont fait disparaître la partie centrale, tandis
que sa moitié occidentale devenait la rue Hérold en 1881. En 1256, le pape
Alexandre IV avait créé l’ordre des ermites de St-Augustin. Trois ans plus
tard, sous le règne de saint Louis, quelques-uns vinrent s’établirent à cet
endroit, proche de la chapelle Ste-Marie-l’Egyptienne, et en dehors de
l’enceinte. Ils le quittèrent en 1283 pour le clos du Chardonnet puis, en 1293,
s’établirent au bord de la Seine, sur ce qui allait devenir le quai des Grands-Augustins.
La rue fut alors ouverte, qui prit le nom de Vieux-Augustins au XIVe siècle
afin de la différencier du nouvel établissement. En 1867 elle fut baptisée du
nom d’Argout, Gouverneur de la Banque de France sous Napoléons III. La maison
au n°60 a été construite en 1746 pour Jean Cheveneau, juré contrôleur de la
marchandise de foin. J.-J. Cassanéa de Mondonville (1711-1772), Maître de la
Musique de la Chapelle Royale de Versailles en 1740, directeur du Concert
Spirituel en 1755, habita cette rue.
La rue de la Jussienne (7 Rue de la Jussienne, 2e)
Cette
rue, du XIIIe siècle, prolongeait la rue du Coq-Héron. D’abord appelée
« Sainte-Marie-l’Egyptienne », son nom s’altéra en
« Egyptienne », puis ‘Gibecienne », enfin ‘Jussienne ».
L’origine en est due à la chapelle du même nom, qui occupait l’emplacement de
l’actuel n°11. Elle fut bâtie sur une partie du cimetière des Vieux-Augustins,
et appartenait à la Communauté des Marchands-Drapiers. Ils y faisaient célébrer
leur office tous les dimanches et fêtes à 11 heures. Elle possédait trois
tableaux de Cazes et des vitraux dont un « où cette Sainte était peinte
sur le pont d’un bateau, troussée jusqu’aux genoux devant le Batelier, avec ces
mots au-dessus : Comment la Sainte offrit son corps au Batelier pour un
passage ». Jugé indécent, ce vitrail fut supprimé en1660. Transformée en
corps de garde en 1792, elle fut vendue peu après, démolie et remplacée par une
maison particulière. Au XVIIIe siècle, la rue accueillait un Dépôt Général des
Pompes pour les incendies, un corps de garde du régiment des Gardes-Françaises
et le Bureau des Gazettes Etrangères. Le n°2 est un bel hôtel construit vers
1750 pour Denis Quirot et Angélique Marguerite Coquatrix où, dit-on, le comte
du Barry aurait logé en 1764.
La
rue du Croissant (2 rue du Croissant, 2e)
La
rue porte ce nom, dû à une enseigne, depuis 1612. Le n° 19 occupe l’emplacement
du cimetière de la Chapelle St-Joseph. Au début du XVIIe siècle, le cimetière
de la paroisse St-Eustache était situé rue du Bouloi, près de l’hôtel du
Chancelier Joseph Séguier. Voulant agrandir sa demeure, il proposa à la
fabrique de lui céder le terrain, en échange d’un autre à l’angle de la rue du
Croissant et de la rue Montmartre, où une chapelle serait érigée. La première
pierre fut posée en 1640 par le Chancelier, et bénie par le curé de
St-Eustache ; à côté fut créé le nouveau cimetière. C’est là que furent
inhumés Molière en 1673 et, peut-être,La Fontaine en 1695. Déclarés propriété
nationale en 1790, chapelle et cimetière furent vendus le 18 Floréal an V, les
deux présumés tombeaux étant transférés au Musée des Monuments Français, puis,
en 1818, au Père-Lachaise. A cet emplacement, on construisit en 1806 un marché
pour la vente au détail des « beurres, œufs, fromages, fruits, légumes et
autres comestibles ». Restauré en 1843, il fut démoli en 1882 pour être
remplacé par un immeuble consacré à l’imprimerie et à la presse. Au n°8 est une
maison construite vers 1750 par l’architecte Jean-François Blondel.
La rue Dussoubs (23 Rue Dussoubs, 2e)
La
rue porte depuis 1881 le nom de Denis Dussoubs, mort en décembre 1851 sur une
barricade de la rue Montorgueil. Fermée à chaque extrémité, elle s’appelait
auparavant rue des Deux-Portes, et s’achevait rue Saint-Sauveur ; elle fut
prolongée au-delà à la fin du XVIIe siècle. L’hôtel au n°23 appartenait à
Marc-Juvénal Osmont. C’est là que s’établit en 1774 Marguerite Gourdan, célèbre
entremetteuse jusqu’alors installée rue Montorgueil où elle accueillit le comte
du Barry et lui présenta celle qui allait devenir la favorite de Louis XV. La
maison était aménagée pour le plaisir de ses célèbres clients. Mairobert
évoquait ainsi le cabinet de bain : « on y maquignonne une cendrillon
comme on prépare un superbe cheval ». La Gourdan demeura ici jusqu’à sa
mort en 1783. La maison construite par Grandhomme au n°21 fut acquise en 1722
par le sculpteur Guillaume Coustou. Carlo Goldoni, établi en France depuis
1762, y mourut dans la misère le 6 février 1793 : l’Assemblée avait
supprimé les pensions royales en 1792, et la Convention ne rétablit la sienne
que le 7 février, trop tard pour lui venir en aide.
La rue Léopold Bellan (13 Rue Léopold Bellan, 2e)
Cette
rue, entièrement bâtie dès le XVe siècle, était alors nommée « ruelle des
Aigouts » : une branche du Grand-Egout la parcourait en partie à ciel
ouvert avant de rejoindre la rue puis le faubourg Montmartre. Elle fut ensuite
connue sous le nom de « rue du Bout du Monde », du fait de l’enseigne
d’une maison située, en 1705, à l’emplacement de l’actuel n°2 : cette
enseigne-rébus montrait un os, un bouc, un oiseau ‘duc » et un globe
terrestre. En 1807, les riverains obtinrent son changement en « rue du
Cadran ». En 1937 enfin, elle prit le nom d’un conseiller municipal. Son
pavé fut exhaussé en 1815 pour faciliter la construction d’un égout ouvert. Le
n°1 est une belle maison construite en 1744-1745 par l’architecte Legrand
l’Aîné pour le maître-maçon Etienne Regnault : le chiffre de ce dernier
figure sur les appuis des fenêtres du côté de la rue Montorgueil. Au n°15, la
maison au plan en équerre appartenait en 1691 à Louis Rémi, sieur d’Aranjon.
C’est dans cette rue que mourut, le 18 août 1720, Jacques Vergier : poète,
auteur de contes en vers et de chansons à boire, il fut assassiné à coups de
pistolet par la bande de Cartouche, et enterré en l’église Saint-Sauveur.
La rue Mandar (9 Rue Mandar, 2e)
Le
financier Lecouteux fit bâtir entre 1793 et 1795 par l’architecte Mandar, qui
habita au n°9, une voie privée reliant les rues Montorgueil et Montmartre. Portant
le nom de « Cour Mandar », elle était fermée par des grilles aux
extrémités et possédait peut-être des trottoirs couverts. Le 23 thermidor an
IX, elle devint voie publique, « pavée, éclairée et nettoyée aux frais de
la commune » sous le nom de rue Mandar. Cette rue fut la première, à
l’époque révolutionnaire, à être marquée par une volonté d’homogénéité dans le
décor. Toutes les façades sont identiques, et sobrement décorées par les
consoles à dés des fenêtres et leurs appuis Directoire. Les 17 maisons, de
faible profondeur, abritaient principalement des logements. Blaise Borde
(1759-1828), apothicaire rendu célèbre par sa pommade aphrodisiaque, vécut au
n°12. C’est seulement au milieu du XIXe siècle que fut percée la galerie Mandar
(actuel passage Ben-Aïad), lors de la construction du passage du Saumon, dont
elle est le seul vestige.
La
rue Marie Stuart (4, rue Marie Stuart, 2e)
Le
nom de la rue provient d’une erreur de l’historien Sauval, en 1724.Cette voie,
anciennement habitée par des filles publiques, portait un nom sans équivoque
qui fut adouci en rue Tireboudin. Sauval raconte : « Marie Stuart,
femme de François II, passant dans cette rue, en demanda le nom ; il
n’était pas honnête à prononcer : on
en changea la dernière syllabe et ce changement a subsisté. De toutes
les rues affectées aux filles publiques, cette rue et la rue Brisemiche étaient
les mieux fournies ». En réalité, la rue Tireboudin était connue sous ce
nom dès 1419, alors que Marie Stuart vécut de 1542 à 1587… C’est pourtant cette
légende qui permit, en 1809, que fût donné le nom de la Reine à cette voie. Au
XVIIIe siècle, elle assurait le débouché des Messageries du Grand-Cerf.
La
rue Réaumur (132 Rue Réaumur, 2e)
La
rue Réaumur fut ouverte entre les rues St-Denis et Notre-Dame-des-Victoires en
1895-1896, à l’emplacement de la rue Thèvenot. Celle-ci était au XIVe siècle
une impasse donnant sur la rue des Petits-Carreaux ; elle fut prolongée
jusqu’à la rue St-Denis en 1676, portant le nom d’un ancien Contrôleur des Rentes
de l’Hôtel de Ville qui y fit bâtir plusieurs maisons. Le côté impair de cette
rue est toujours visible aujourd’hui. La rue Réaumur, inaugurée en 1897 par
Félix Faure, relie le Sentier au boulevard de Sébastopol. Les règlements
d’urbanisme de 1884 et 1902, qui poussent au gonflement des toits, et de 1893
(l’autorisation des bow-windows entraîne l’ondulation des surfaces) expliquent
la profusion de façades très décoratives, dont plusieurs sont primées au
Concours annuel créé en 1898, qui associent la pierre, le fer et le verre.
Ainsi le n°116, construit par Walwein en 1897, fur récompensé de la médaille
d’or. Le n°118, de Montarnal, fut primé en 1900. Le n°124, entièrement
métallique, est dû à Chardanne. Plusieurs d’entre eux abritaient les bureaux de
journaux : « L’Intransigeant » puis « France-Soir » au
n°100, « Le Parisien Libéré » au n°113.
La rue Saint-Denis (135 Rue Saint-Denis, 2e)
Pendant
des siècles, la rue St-Denis fut le lieu des fastes de la Monarchie. Elle les
vécut pour la dernière fois le 6 juin 1824, à l’occasion de l’entrée de Charles
X. Tour au long du XIXe siècle, désormais, la colère populaire sera l’acteur
principal. Le 18 juillet 1827, à l’annonce d’une possible victoire électorale
des Libéraux, la rue s’anime de feux de joie et de pétards, qui finissent vite
en émeute et en barricades. La répression dure jusqu’au 21. Trois ans plus tard
la promulgation des Ordonnances provoque la Révolution de 1830, et la rue se
couvre de barricades. Les combats y seront sanglants jusqu’à la fin de juillet.
En 1832 éclatent des troubles provoqués par l’épidémie de choléra en avril,
puis par les obsèques du général Lamarque en juin. Mêmes barricades en 1848. Du
2 au 4 décembre 1851, la rue proteste contre le Coup d’Etat de Louis-Napoléon
Bonaparte, et Victor Hugo écrit : « La rue St-Denis toute entière
présentait cet aspect changé que donnent à une rue toutes les portes et toutes
fenêtres fermées et tous les habitants dehors. Regarder les maisons, c’est la
mort, regarder la rue, c’est la tempête ». Il faut attendre novembre 1918
pour que la rue retrouve un réel climat de fête.
La rue Tiquetonne (13 Rue Tiquetonne, 2e)
La rue suit le tracé de la muraille de Philippe-Auguste, dont elle était le chemin de ronde extérieur. Elle joignait la rue Saint-Denis à la rue Montmartre, mais les travaux de la rue Etienne-Marcel, en 1880, en ont fait disparaître la partie occidentale. Entre les rues Montorgueil et St-Denis, elle porta le nom de Petit-Lion-Saint-Sauveur, puis celui de Tiquetonne lui fut étendu en 1868, du nom altéré d’un riche boulanger qui demeurait là en 1339. Presque entièrement construite dès le XIVe siècle, sont côté impair était en grande partie occupé par l’hôtel de Bourgogne. Celui-ci fut loti par François Ier en 1543 (la rue Françoise, puis Française, en garde le souvenir). La rue aligne aujourd’hui de belles demeures du XVIIe et XVIIIe siècles. Le n°13 est une maison rocaille, construite par Gilles Marie Oppenord (1676-1742), célèbre architecte-décorateur qui travailla au Palais-Royal, pour le Régent, et à St-Sulpice : l’appui de fenêtre du premier étage déroule ses initiales en ferronnerie. Au n°10 figure une des rares enseignes encore en place à Paris, « A l’Arbre à Liège », sur un maison de la première moitié du XVIIe siècle. Le n°7 fut habité par le conventionnel Gorsas, décapité en octobre 1793.
La rue Tiquetonne (13 Rue Tiquetonne, 2e)
La rue suit le tracé de la muraille de Philippe-Auguste, dont elle était le chemin de ronde extérieur. Elle joignait la rue Saint-Denis à la rue Montmartre, mais les travaux de la rue Etienne-Marcel, en 1880, en ont fait disparaître la partie occidentale. Entre les rues Montorgueil et St-Denis, elle porta le nom de Petit-Lion-Saint-Sauveur, puis celui de Tiquetonne lui fut étendu en 1868, du nom altéré d’un riche boulanger qui demeurait là en 1339. Presque entièrement construite dès le XIVe siècle, sont côté impair était en grande partie occupé par l’hôtel de Bourgogne. Celui-ci fut loti par François Ier en 1543 (la rue Françoise, puis Française, en garde le souvenir). La rue aligne aujourd’hui de belles demeures du XVIIe et XVIIIe siècles. Le n°13 est une maison rocaille, construite par Gilles Marie Oppenord (1676-1742), célèbre architecte-décorateur qui travailla au Palais-Royal, pour le Régent, et à St-Sulpice : l’appui de fenêtre du premier étage déroule ses initiales en ferronnerie. Au n°10 figure une des rares enseignes encore en place à Paris, « A l’Arbre à Liège », sur un maison de la première moitié du XVIIe siècle. Le n°7 fut habité par le conventionnel Gorsas, décapité en octobre 1793.
Le
Compas d’Or (Face au 23 Rue Marie Stuart, 2e)
Ce
vaste immeuble occupe l’emplacement de l’auberge « Le Compas d’Or »
installée ici au XVIe siècle. Certains des bâtiments étaient remarquables par
leurs boiseries datant du XVIIIe siècle. Surtout, la cour comportait un ancien
et vaste hangar abritant les diligences pour Dreux, Creil et Gisors. Il se
distinguait par une charpente d’une portée de 15 mètres, d’une
profondeur de près de 20
mètres, et reposant sur des piliers en maçonnerie. C’est
dans un des logements situés au fond de la cour que, le 31 décembre 1834,
Lacenaire et son complice Avril tentèrent d’assassiner un garçon de recettes…
Le bâtiment sur rue abritait le restaurant « Philippe », célèbre dans
la deuxième moitié du XIXe siècle. L’ensemble fut démoli en 1927.
Le
passage du Saumon (8 Rue Bachaumont, 2e)
Au
milieu du XVIIIe siècle, l’entrepreneur Rondel créa le premier passage du
Saumon, reconstruit en 1826-1828 par l’architecte Rohault de Fleury. C’était
alors un ensemble de galeries de près de 300 m (galerie Mandar, au salon, des Bains), où
l’on trouvait des boutiques pour la plupart occupées par des modistes, qui
firent du passage un lieu à la mode jusqu’au Second Empire. Une selle de bal y
était aménagée : « A son ouverture, les étudiants et les grisettes
s’y transportèrent en foule ; les commis de magasins des rues Saint-Martin
et Saint-Denis les imitèrent si bien, que bientôt ils dominèrent par le nombre.
Les modistes, les femmes galantes et entretenues s’y donnèrent rendez-vous, et
la société fut complète », écrivait-on en 1830. Cette salle fut
transformée en 1848 en théâtre, administré par le père de Rachel qui y prit ses
premiers cours. En 1853, le passage fut acquis par le général ottoman Ben-Aïad,
qui y trouvait ressemblance avec les bazars de Tunis. Son fils Ahmed le fit
démolir en 1899, pour ouvrir la rue Bachaumont.
Le
Rocher de Cancale (78 rue Montorgueil, 2e)
L’immeuble
du 59 abrita le premier « Rocher de Cancale »repris par Balaine en
1804 et célèbre pour ses huîtres et les réunions du Caveau Moderne :
« Excellentes huîtres, excellent poisson, excellentes chansons. Le sel
dont on assaisonne ces dernières n’est point fourni par la maison. C’est le rendez-vous
des joyeux disciples d’Epicure ». La douzaine d’huîtres y coûtait 15 sous
en 1814. Balzac l’utilisa comme décor de plusieurs scènes de « La Comédie
Humaine », et le considérait comme le rendez-vous de la meilleure société
de Paris et l’établissement qui fait le plus honneur à la cuisine française.
Borel, successeur de Balaine, le ferma pour l’installer rue de Richelieu en
1846.Le nom fut repris par Pécune, qui avait ouvert un restaurant en 1820, au
78…
Le
second Rocher de Cancale (Angle Rue Montorgueil et Rue Mandar, 2e)
En
1846, le premier « Rocher de Cancale » installé au n°59 de la rue
Montorgueil fut fermé par Borel qui, fortune faite, venait de racheter le
célèbre « Frascati » de la rue de Richelieu. En face, au n°78, était
installé depuis 1820 un ancien marchand de vin, Pécune, qui s’empressa de
reprendre le nom prestigieux du restaurant. Ce deuxième « Rocher de
Cancale » ne connut pas la célébrité de son prédécesseur, la concurrence
s’étant accrue de « Philippe », installé à proximité dans les
bâtiments du « Compas d’Or ». C’est au milieu du XIXe siècle que fut
plaqué sur deux étages le décor d’inspiration néoclassique de la façade, en
bois et plâtre. Au coin de la rue Grenata fut sculptée l’enseigne du
restaurant : un rocher abritant des coquillages. Au premier étage
subsistent deux salons dont le décor est attribué au peintre et dessinateur
Gavarni (1804-1866) qui, selon Edmond de Goncourt, les aurait peints en 1837,
avant le changement d’enseigne. Cinq panneaux octogonaux ont été préservés (on
en voyait encore 14 en 1921…) ; peints à l’huile sur le plâtre, ils
exposent des sujets carnavalesques : personnages humoristiques, guirlandes
et natures mortes de fruits, poissons et gibiers.
Les Grands Boulevards (1 bis Boulevard des Italiens, 2e)
En
1670, Louis XIV décide de supprimer les fortifications afin d’aménager le
Nouveau Cours ou Grands Boulevards, plantés de plusieurs rangées d’arbres, avec
une large allée centrale. Sous Louis XV, hôtels et folies aux vastes jardins se
multiplient le long de cette artère à la mode bordée de théâtres et de cafés.
Sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, ses deux pôles sont le
boulevard de Gand (ou des Italiens), rendez-vous de la jeunesse fortunée et
élégante, des gandins, des dandys puis des lions, et le boulevard du Temple, à
la clientèle plus populaire, surnommé boulevard du Crime à cause des mélodrames
sanglants qui sont joués dans ses nombreux théâtres. Après 1900, le centre du
Paris du luxe et du plaisir se déplace vers les Champs Elysées.
L’Hôtel
du Crédit Lyonnais (21 Boulevard des Italiens, 2e)
Le
11 décembre 1875, le Crédit Lyonnais acquiert par adjudication l’hôtel de
Boufflers. Henri Germain, son président, décide de donner un aspect monumental
au nouveau siège social. Les travaux durent de juin 1876 à 1913, mais l’agence
ouvre le 23 mars 1878. L’architecte William Bouwens van der Boijen dirige la
construction jusqu’en 1904, ensuite Victor Laloux et André-Félix Narjoux
édifient la façade de la rue du Quatre-Septembre. Les Etablissements Gustave
Eiffel, puis Moisant, exécutent la charpente métallique intérieure. Camille
Lefèvre, Henri Lombard, Edouard Pépin, Antonin Carlès et Désiré-Maurice Ferrary
sculptent le fronton et ses cariatides : allégorie de la Banque soutenue
par le Commerce et l’Industrie, la Seine et le Rhône
L’Opéra
de la rue de Richelieu (face au 58 Rue de Richelieu, 2e)
Créé
en 1839, ce square occupe l’emplacement de la huitième salle d’opéra de Paris.
Construite en 1793 pour la Montansier sur les plans de Victor Louis, elle est
inaugurée le 15 avril 1793 sous le nom de Théâtre National. Rebaptisée Opéra,
elle accueille la troupe des chanteurs le 14 avril 1794. Ici furent notamment
créées « La Flûte enchantée » de Mozart et « La Vestale »
de Spontini. Napoléon Bonaparte échappe de peu à une machine infernale, rue
Saint-Nicaise, en se rendant à la première audition de la
« Création » de Haydn, le 24 décembre 1800.Le 13 février 1820, le duc
de Berry, héritier du trône, y est poignardé par Louvel. Après son décès, l’Opéra
est fermé, puis démoli.
Mairie
du 2e arrondissement (8 rue de la Banque, 2e)
C’est
en 1860 que les limites actuelles du 2e arrondissement furent
fixées, et que la Mairie fut transférée à cet endroit (elle avait occupé de
1849 à 1860 l’Hôtel d’Augny, rue Drouot). Les bâtiments ont été élevés à
l’origine pour la Mairie de ce qui était alors le 3e arrondissement,
sur le terrain de l’ancien couvent des Petits-Pères. En 1844, l’architecte Paul
Lelong fut chargé de le lotir et de tracer la rue de la Banque ainsi que celle
qui porte son nom. Alphonse Girard dessina les plans en 1847 et les travaux
durèrent jusqu’en 1852. Comme toutes les mairies d’avant le Second Empire, elle
s’intègre discrètement aux autres constructions de la rue. Un concours ouvert
en 1879 pour la décoration de la Salle des Mariages fut remporté par Huillard,
élève de Baltard, qui y dressa la monumentale cheminée conçue comme la
glorification de la République. En 1880, trois tableaux furent commandés à
Moreau de Tours, qui développent les idées de la 3e République sur
le Mariage, la Famille et la Patrie. Ils figurèrent à l’Exposition Universelle
de 1889. En 1988, l’escalier d’honneur fut orné de fresques évoquant les étapes
de la vie dues à N. Dugué et X. Cahen.
Notre-Dame
de Bonne-Nouvelle (25 Rue de la Lune, 2e)
A la
base de l’enceinte de Charles V, transformée en bastion vers 1635, les
Parisiens avaient l’habitude de déverser leurs immondices et les débris des
démolitions et gravats. Leur accumulation finit par former une butte, où s’installèrent
des moulins à vent, puis des maisons ; devenue la Ville-Neuve-sur-Gravois,
elle se dota d’une chapelle érigée en 1551. L’église Notre-Dame de
Bonne-Nouvelle la remplaça en 1628. Orientée est-ouest, elle longeait la rue
Beauregard et devint église paroissiale en 1673. Mis à part le clocher, elle
fut démolie au lendemain de la Révolution et remplacée par l’édifice actuel,
édifié entre 1823 et 1830 par Etienne-Hippolyte Godde.
Notre-Dame-des-Victoires
(place des Petits-Pères, 2e)
En
1619, les Augustins déchaussés, dits Petits Pères, installent leur couvent sur
un rectangle situé de la Bourse à la place des Petits-Pères et de la rue de la
Banque à la rue Notre-Dame-des-Victoires. Le 9 décembre 1629 est posée la
première pierre de leur église, consacrée à Notre-Dame des Victoires, en
mémoire de la victoire de Louis XIII sur les protestants à La Rochelle. Trop
petite, elle est reconstruite à partir de 1656 sur des plans de Le Muet par
Libéral Bruant et Gabriel Leduc. Le portail, dû à Cartaud, achève le sanctuaire
en 1740. Doté d’un vaste jardin et d’un double cloître superposé, le couvent
est confisqué à la Révolution ; sur son emplacement sont édifiés une
caserne et la mairie d’arrondissement.
Passage
Choiseul (40 Rue des Petits Champs, 2e)
Prolongement
de la rue de Choiseul, le passage Choiseul est ouvert en 1824 par l’architecte
Tavernier sur les terrains des banquiers Mallet qui portaient les hôtels de
Gesvres, de Ratepon et du contrôle général où se trouvait l’administration de
la Loterie. L’entrée du passage, rue Saint-Augustin, est un corps de logis de
l’hôtel de Gesvres, construit vers 1655 par Lepautre, transformé en maison de
jeu célèbre sous la Régence. Au 23 du passage se trouvait durant un siècle la
librairie d’Alphonse Lemerre, éditeur des poètes parnassiens. Jacques Offenbach
entrait par le 73 dans son théâtre des Bouffes-Parisiens, et l’enfance de
Louis-Ferdinand Céline s’écoula au 67 puis au 64.
Passage
des Panoramas (13 Boulevard Montmartre, 2e)
Construit
en 1800 à l’emplacement de l’hôtel de Montmorency-Luxembourg, le passage des
Panoramas doit son nom à ses deux tours de 17 mètres de diamètre et
de plus de 20 de haut : s’y déployaient des toiles peintes figurant une
vue générale de Paris, et l’évacuation de Toulon par les Anglais en décembre
1793. Malgré la disparition de ces panoramas en 1831, le passage demeura
longtemps un des lieux favoris de promenade des Parisiens. Premier lieu public
de la capitale doté, dès 1817, de l’éclairage au gaz, ilpossédait une foule de
boutiques de luxe : le café Véron, la pâtisserie Félix, la confiserie
« A la Duchesse de Courlande », le papetier Susse, et le graveur
Stern dont le magasin existe encore.
Place
des Victoires (Angle Rue d’Aboukir et Place des Victoires, 2e)
En
1681, pour célébrer la paix de Nimègue, le duc de la Feuillade commande au
sculpteur Desjardins une statue de Louis XIV pour Versailles, et décide d’en
faire élever une réplique sur une place de Paris. Il achète et fait raser les
hôtels de Senneterre et d’Hémery, et confie à Jules Hardouin-Mansart la
création d’une place ronde dont le cercle est interrompu à l’est par
l’ouverture de la rue des Fossés-Montmartre (aujourd’hui rue d’Aboukir). Deux
autres voies, les rues Croix-des-Petits-Champs et de la Feuillade, découchent sur
la place et la divisent en trois parties égales. Ce plan est rapidement
dénaturé par le percement des rues La Vrillière ou Catinat, et du
Petit-Reposoir ou Vide-Gousset. Les immeubles ont été défigurés par des
surélévations au XIXe siècle.
Place
Gaillon (15 Rue Gaillon, 2e)
Laporte
Gaillon marquait la limite du Paris de Louis XIII. En 1672, à l’emplacement de
la rue de La Michodière, Hardouin-Mansart édifia un hôtel pour le financier
Nicolas Frémont. Son gendre, le duc de Lorge, fit démolir la porte vers 1690
pour agrandir sa demeure, qui disparut peu à peu entre 1778 et 1826, victime de
la spéculation immobilière. En 1707, Jean Beausire avais adossé au mur de
l’hôtel de Lorge une fontaine démolie avecle bâtiment, et due à Viconti. Zola a
situé au n°2 de la rue de la Michodière le magasin « Au Bonheur des
Dames », dénommé en réalité « La Paix ». En face, le restaurant
Drouant, fondé en 1880, accueille depuis 1914 le jury du Prix Goncourt.
Place,
passage et rue du Caire (2 Place du Caire, 2e)
De
la rue saint-Denis à la rue des Forges s’étendait le couvent des Filles-Dieu,
fondé en 1226. Supprimé à la Révolution, il fut vendu par lots ; le
passage et la rue du Caire furent percés à son emplacement. Eblouis par
l’entrée de Bonaparte au Caire, le 23 juillet 1798, les Parisiens donnèrent en
1799 à ces voies nouvellement créées le nom de la capitale égyptienne.
Témoignage de l’architecture « Retour d’Egypte », la façade du 2 de
la place du Caire arbore l’effigie de la déesse Hathor, des frises et des colonnes
à chapiteau en forme de lotus. Avantde devenir le cœur de l’industrie et du
commerce de la confection, le passage et la rue du Caire furent au XIXe siècle
un centre de fabrication de chapeaux de paille, qui voisinait avec de nombreux
ateliers d’imprimerie et de lithographie.
Révolution de février 1848 (Boulevard des Capucines, angle
Place de l’Opéra, 2e)
Ici s’élevait l’hôtel construit vers 1726 pour Legendre
d’Armini. Propriété en 1807 du maréchal Berthier, il fut vendu en 1820 à l’Etat
pour y établir le ministère des Affaires étrangères. Le 23 février 1848 au
matin, apeuré par les violentes émeutes de la veille contre Guizot, chef du
gouvernement, Louis-Philippe le renvoie et entreprend de former un nouveau
cabinet. La révolution semble désamorcée, mais, dans la soirée, un groupe de
manifestants se rend au ministère des Affaires étrangères, résidence de Guizot,
pour le conspuer. Les soldats de garde ouvrent le feu, et tuent une quarantaine
de personnes. Chargés sur une charrette, les corps sont promenés à travers
Paris, qui se couvre de barricades. Le 24, le roi abdique, la République est
proclamée.
Rue
des Colonnes (angle Rue de la Bourse et Rue des Colonnes, 2e)
La
rue des Colonnes est un des rares exemples de construction de l’époque révolutionnaire.
Acquéreur de l’hôtel de Verneuil en 1792, un groupe de spéculateurs fait
construire de 1793 à 1795 par l’architecte Joseph Bénard et l’entrepreneur
Pierre Fichet cette voie antiquisante conçue par l’architecte Nicolas Vestier.
C’est à l’origine une voie privée entre la rue des Filles-Saint-Thomas et la
rue Feydeau, permettant l’accès au théâtre Feydeau, mais fermée par des grilles
de 11 heures du soir à 5 heures du matin. Longue de 90 mètres, elle a été
mutilée et fractionnée par le percement de la rue de la Bourse en 1826 et de
celle du Dix-Décembre (Quatre-Septembre) en 1864. La rue des Colonnes a sans
doute inspiré les créateurs de la rue de Rivoli.
Rue
du Ponceau (angle Rue Saint-Denis et Rue du Ponceau, 2e)
Un
petit pont sur la rue Saint-Denis, au-dessus d’un égout à ciel ouvert, a valu
son nom à la rue du Ponceau. L’égout du Ponceau rejoignait en effet vers la rue
des Petites-Ecuries le Grand Egout qui, par les rues de Provence, la Boétie et
Marbeuf, se jetait dans la Seine un peu à l’ouest de la place de l’Alma. En
1605, ce cloaque qui empuantissait les environs fut couvert aux frais du prévôt
des marchands, François Miron, entre les rues Saint-Martin et
Saint-Denis ; cela permit de créer la rue de l’égout du Ponceau. A
l’intersection de l’égout et de la rue Saint-Denis s’élevait la fontaine du
Ponceau, refaite en 1642 ; déplacée, elle se trouve maintenant adossée à
la maison du 142 de la rue Saint-Denis.
Rue
Montorgueil (angle Rue Montorgueil et Rue Léopold-Bellan, 2e)
Haut
lieu de la gastronomie et du commerce d’alimentation depuis le XIIIe siècle,
cette rue marquait le terme du voyage de la marée des ports du Nord, notamment
les huîtres dont le marché a été recouvert par la rue Etienne-Marcel. Au 59
s’élevait de 1794 à 1845 le restaurant « Au rocher de Cancale »,
célèbre pour ses fruits de mer, immortalisé dans la « Comédie
Humaine » et fréquenté par Balzac, Alexandre Dumas, Théophile Gauthier,
Eugène Sue. Au 61-63, le traiteur « Au Rocher d’Etretat » tenait le
bureau de vente de la Société des huîtres d’Etretat et de Dieppe ; celles
de Fécamp étaient vendues près de la rue Tiquetonne. La cour de l’auberge
« Le Compas d’Or » abritait le hangar des diligences à destination de
Dreux.
Salle
Favart (angle Place Boieldieu et Rue de Marivaux, 2e)
L’hôtel
de Choiseul-Stainville couvrait l’espace compris entre la rue de Richelieu, le
boulevard des Italiens, les rues de Gramont et Gréty. Vendu par lots en 1780,
il donna naissance à un nouveau quartier, dont le principal monument était la
salle Favart, conçue par Heurtier et bâtie entre 1781 et 1783 pour la
Comédie-Italienne. Sa salle ovale abrita diverses troupes avant de brûler dans
la nuit du 13 au 14 janvier 1838. Reconstruite par Charpentier, elle prit le
nom de théâtre de l’Opéra-Comique à son ouverture en 1840. Le 25 mai 1887, pendant la représentation de
« Mignon » d’Ambroise Thomas, un incendie détruisit l’édifice faisant
400 victimes. Le bâtiment actuel fut édifié de 1894 à 1898 sur les plans de
Bernier.
Salle
Ventadour (1 Rue Dalayrac, 2e)
En
1661, sur les plans de Le Vaux, débute la construction par Villedo de l’hôtel
du marquis de Lionne, ministre des Affaires étrangères de Louis XIV. Il
appartint au duc d’Estrées, aux Phelipeaux de Pontchartrain, et fut la
résidence des ambassadeurs extraordinaires de 1748 à 1756, puis du contrôleur
général des finances. La Révolution y logea le ministère de l’Intérieur,
Napoléon celui des Finances. Le banquier Mallet profite de l’élargissement de
la rue de Ventadour pour faire raser l’hôtel en 1827, et transformer le site en
place carrée : au centre est édifiée la Salle Ventadour, qui reçoit
l’Opéra-Comique (de 1829 à 1832), le Théâtre Nautique, celui de la Renaissance,
et le Théâtre Italien de 1841 à 1878, date de son rachat par la Banque d’Escompte.
Théâtre
Daunou (7 rue Daunou, 2e)
La
rue Daunou a été percée en 1806 pour prolonger la rue Saint-Augustin, à travers
le jardin du couvent détruit des Capucines. En 1920, l’actrice Jeanne Renouardt
y fait édifier, sur les dessins d’Armand Rateau, un petit théâtre de 350 places
au décor conçu par Lanvin, blanc et or, tapissé de velours bleu. Il est
inauguré avec un succès qui tient l’affiche deux ans, «Ta Bouche »,
opérette de Maurice Yvan et Yves Mirande. Les plus grands acteurs y ont joué :
Harry Baur, Fernand Gravey, Raymond Rouleau, Sophie Desmarets, Madeleine
Robinson, Louis de Funès et Jacqueline Maillan, entre autres. Les frères
Jacques s’y sont également produits.
Théâtre
de la Michodière (4 bis Rue de la Michodière, 2e)
A
l’emplacement de l’hôtel de Lorge, vendu par lots, s’ouvre en 1778 la rue de La
Michodière. A peu près à l’endroit où s’élevait jusqu’en 1850 la porte Gaillon
de l’enceinte de Louis XIII, l’architecte Auguste Bluysen édifie en 1925 un
théâtre dans le style Art Déco. Décorée par Jacques-Emile Ruhlmann, la salle
rouge et or peut accueillir 900 spectateurs. Inaugurée le 16 novembre 1925 sous
la houlette de Gustave Quinson, elle est dirigée dès 1927 par les acteurs qui
font le succès de ses spectacles : Victor Boucher, Yvonne Printemps,
Pierre Fresnay, François Périer, avec des œuvres d’Edouard Bourdet, André
Roussin, Jean Anouilh, Marcel Achard ou Françoise Dorin.
L'une des très rares bornes à citer une personnalité vivante au moment de la publication de ces lignes, en la personne de l'auteure Françoise Dorin (née en 1928). Cf. également la borne "Le 104 rue de Vaugirard", 6e arrondissement.
L'une des très rares bornes à citer une personnalité vivante au moment de la publication de ces lignes, en la personne de l'auteure Françoise Dorin (née en 1928). Cf. également la borne "Le 104 rue de Vaugirard", 6e arrondissement.
Théâtre
des Bouffes-Parisiens (4 Rue Monsigny, 2e)
En
1826, Louis Conte, directeur d’une école de comédiens, fait construire par
Bruneton et Allard un théâtre où jouent ses élèves. En 1855, Jacques Offenbach
prend la salle à bail, la fait agrandir et décorer par Ballu, et l’inaugure
avec sa chinoiserie musicale, « Ba-Ta-Clan ». ainsi naissent les
Bouffes-Parisiens d’hiver. Jusqu’en 1862, on y joue les œuvres du compositeur,
dont « Orphée aux Enfers ».Abandonné par Offenbach, le théâtre est
détruit et rebâti en 1863. Il renoue avec le succès après 1871 en se consacrant
à l’opérette. On y joue notamment « les Mousquetaires au couvent »,
« Véronique », « Phi-Phi », les œuvres de Messager,
Villemetz, Christiné…
Théâtre
des Variétés (7 Boulevard Montmartre, 2e)
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