SIXIEME ARRONDISSEMENT
Adam
Mickiewicz, le poète exilé (63 Rue de Seine, 6e)
Né
en 1798, dans une famille de petite noblesse ruinée de Lituanie, il étudie à
Vilno, creuset révolutionnaire, et participe à la fondation d’une société
secrète, les Philomathes, dont il préside la section littéraire. Ses
conférences et ses poèmes lui assurent très jeune la célébrité, mais lui valent
aussi d’être déporté en Russie par la police du tsar. En 1829, Mickiewicz part
pour l’Allemagne et y publie le « Livre de la nation polonaise » et
le « Livre des pèlerins polonais », avant de venir s’installer à
Paris : il rédige ici son chef-d’œuvre « Pan Tadeusz ». Chargé
de cours au Collège de France en 1840 dans la chaire de Langues et littératures
slaves, il est révoqué en même temps que Michelet et Quinet. Après une
tentative infructueuse de lever une légion polonaise pour combattre avec les
républicains italiens en 1848, il fonde une « Tribune des peuples »
destinée à être l’organe des émigrés en France. Cet éternel errant contracte en
Turquie le choléra qui l’emporte en 1855.
Blaise
Pascal (1623-1662) (54 Rue Monsieur le Prince, 6e)
Orphelin
de mère à 3 ans, Pascal ne tarde pas à se révéler « un effrayant
génie », selon le mot de Chateaubriand : auteur à 11 ans d’un traité
sur la propagation des sons, il redécouvre en cachette l’année suivante les 32
propositions d’Euclide. Son père, ému, l’admet dans la société de ses amis
mathématiciens, Roberval, Fermat ou le père Mersenne, et il invente la première
machine à calculer. Le 8 novembre 1654, les chevaux de son carrosse prennent le
mors aux dent sur le pont de Neuilly : resté suspendu au parapet par une
sorte de miracle, le jeune homme traverse alors une crise mystique. Retiré ici,
il quitte la vie mondaine menée depuis son arrivée à Paris pour se rapprocher
du jansénisme, et rédiger successivement « les Provinciales »,
destinée à confondre les jésuites, puis une « Apologie du
Christianisme » que sa santé fragile ne lui laisse pas le temps d’achever.
En effet, le 29 juin 1662, le philosophe se fait transporter chez sa sœur afin
de laisser sa chambre à un enfant malade ; il meurt le 19 août, à 39 ans,
et seuls des fragments sont publiés, à titre posthume : les
« Pensées ».
Cercle
de la Librairie (117 boulevard Saint-Germain, 6e)
Les
libraires, imprimeurs, fabricants et marchands de papier qui avaient créé en
1847 le Cercle de la Librairie, confient en 1877 à Charles Garnier la
construction d’un immeuble destiné à abriter leurs réunions et à recevoir leurs
expositions de promotion. Pour le pan coupé, Garnier conçoit une rotonde
couronnée d’un dôme ; un élégant escalier à double révolution dessert la
bibliothèque, puis conduit à l’étage supérieur, réservé aux activités du
cercle. La pièce centrale était le salon de jeux, qui desservait à droite une
salle de billard, à gauche la salle des fêtes affectée aux expositions. Le
Cercle de la Librairie conserva un siècle l’immeuble inauguré en 1879. L’Ecole
nationale du Patrimoine, après divers travaux d’aménagement, s’y est installé
en 1992
Charles
Gounod (2 Rue Suger, 6e)
Lorsque
Gounod naît ici, en 1818, la place venait d’être aménagée, après la destruction
de l’église Saint-André des Arts, édifiée vers 1210. Au lendemain de son grand
prix de Rome (1839), le jeune musicien compose un « Agnus Dei » qui
lui vaut l’admiration de Berlioz, son aîné de 15 ans, et l’une des plus
profondes émotions de sa jeunesse. Mystique au point de songer à entrer dans
les ordres, il ne cesse de méditer sur les textes sacrés, et peu enfin, l a gloire venue,se consacrer à la musique
religieuse. Ses Messes et ses oratorios font revivre la polyphonie qui l’a
séduit à Rome. Doté d’un esprit fin et cultivé, il apprécie les autres arts, en
particulier la peinture, et dispose envers ses cadets d’une rare faculté
d’accueil, dont témoigné Fauré : « Trop de musiciens ne se doutent
pas de ce qu’ils doivent à Gounod. Mais je lui farde une infinie reconnaissance
et une ardente tendresse ». Charles Gounod meurt à Paris en 1893, et ses « Mémoires
d’un artiste » paraissent à titre posthume.
Collège
Stanislas (6 Rue du Montparnasse, 6e)
Cette
maison d’éducation catholique fondée en 1804, devenue collège en 1821, prend le
nom de Stanislas, un des prénoms de Louis XVIII. Agrandi de plusieurs
parcelles, dont l’hôtel de Mailly construit au XVIIIe siècle, il s’agit en 1963
d’une propriété de deux hectares aux bâtiments disparates. J. Barge le rénove
totalement en 1967 pour édifier un nouvel externat, bâtiment cruciforme de sept
étages. Il ne conserve de l’ancien collège que l’école préparatoire aux grandes
écoles, l’internat, une salle voûtée (ancienne brasserie sous la Révolution),
le par cet l’hôtel de Silène. Ce dernier, ancienne « folie »
construite en 1777 par Dorlian, ornée d’un portique de quatre colonnes, a
conservé son escalier et un grand salon orné de boiseries.
Confrérie
des Chirurgiens (6 rue de l’Ecole de Médecine, 6e)
Etablie dès le Moyen Age dans les dépendances de l’église
Saint-Côme, la confrérie des chirurgiens fait édifier au XVIIe siècle un local
pour ses activités d’enseignement. Après une intervention chirurgicale réussie,
Louis XIV l’autorise à se doter d’un amphithéâtre anatomique. Charles et Louis
Joubert construisent entre 1691 et 1695 un superbe édifice octogonal coiffé
d’un dôme à hautes fenêtres et à lanternes. L’Académie royale de chirurgie,
fondée en 1748, ayant obtenu la création d’une faculté, ses anciens locaux sont
attribués à « l’Ecole gratuite de
dessin » où se forment des générations d’ornemanistes. L’architecte
Constant-Dufeux fut chargé des travaux d’aménagement. L’Institut des langues
modernes occupe actuellement ces bâtiments.
Cour
de Rohan (19-21 Rue de l’Ancienne Comédie, 6e)
Ouvert
en 1735, le passage du commerce Saint-André reliait la rue Saint-André des Arts
à la rue de l’Ancienne-Comédie. Il fut prolongé en 1776 vers la rue des
Boucheries, à l’emplacement du trottoir sud du boulevard Saint-Germain dont le
percement amputa son parcours. Son tracé est celui de l’enceinte de Philippe
Auguste ; la base d’une tour subsiste dans le magasin du n°4. le passage
conserve le souvenir de l’imprimerie de Marat et de la guillotine de Schmidt.
Par une brèche pratiquée dans l’enceinte, on pénètre dans une succession de
cours bordées de maisons anciennes, dont un bel hôtel du XVIe siècle. La
dernière cour, dite de Rohan, déformation de Rouen, abritait la demeure
parisienne des archevêques de Rouen. Elle donne sur la rue du Jardinet.
Danton
(1759-1794) (Place Henri Mondor, face à l’UGC Danton, 6e)
Fils
d’un procureur d’Arcis-sur-Aube, en Champagne, Georges-Jacques Danton est
l’aîné d’une famille nombreuse, attiré très jeune par une vocation d’orateur.
Mais il arrive à Paris sans ressources, et son beau-père, tenancier d’un café
situé au débouché du Pont-Neuf, lui avance les fonds nécessaires à l’achat de
ses grades et de la charge d’avocat au Conseil du Roi. Ephémère ministre de la
Justice au lendemain du 10 août 1792, Danton se consacre surtout à l’œuvre
importante accomplie par la Convention dans le domaine de l’instruction publique :
« Après le pain, l’éducation est le premier besoin d’un
peuple »déclare-t-il à la tribune. Il s’emploie aussi à galvaniser
l’énergie des citoyens appelés aux armes contre l’envahisseur :
« Pour les vaincre, il nous faut de l’audace… » Ce monument d’Auguste
Paris, qui le représente en effet comme l’âme de la défense nationale, est
l’hommage officiel de la Ville pour le centenaire de la Révolution :
inauguré en 1891, il occupe l’emplacement exact du salon de son appartement.
Faculté
de Médecine (12 rue de l’Ecole de Médecine, 6e)
Le
chirurgien La Martinière obtient de Louis XIV la construction d’une Académie de
chirurgie. L’architecte Gondouin réalise de 1769 à 1786 une partie d’un vaste
projet, marqué par un retour à l’Antiquité classique : un portique à
quatre rangées de colonnes ioniques devant une grande cour entourée d’une
colonnade ; le grand amphithéâtre s’ouvre au fond sous un péristyle
corinthien. La Convention y réunit en 1794 les corporations rivales, médecins
et chirurgiens, sous le nom d’ « Ecole de santé » rebaptisée sous
l’Empire « Faculté de médecine ». L’architecte P. Ginain reprend de
1878 à 1900 les plans de Gondouin pour construire sur le boulevard
Saint-Germain un édifice doté d’un bel escalier, qui abrite la salle du
conseil, la riche bibliothèque le musée et les archives de la Faculté.
Gérard
Philipe (17 rue de Tournon, 6e)
« Une
bouche très fine, indécise entre le sourire et la tristesse, une taille élevée
et souple qui semblait porter, en fléchissant déjà, ce poids léger de la
jeunesse ». Ce portrait de Musset vu par Lamartine est pour René Clair la
description même de Gérard Philipe. Né le 4 décembre 1922 à Cannes, dans un
milieu aisé, le jeune homme obtient de sa mère en 1941 de s’inscrire à un cours
d’art dramatique plutôt que de continuer ses études de droit ; reçu au
Conservatoire en 1943, il obtient son premier grand rôle avec Caligula en 1945.
Egalement doué pour le théâtre et pour le cinéma, l’acteur aux succès
fulgurants refuse le vedettariat ; conscient de la nécessité de faire
œuvre utile, il choisit de s’engager aux côtés de Jean Vilar dans l’aventure du
T.N.P. en 1950. En novembre 1959, une
intervention bénigne décèle un cancer inopérable ; 15 jours plus tard
l’inoubliable interprète du Cid s’éteint ici, à 37 ans. « La Mort a frappé
haut. Elle a fauché celui-là même qui pour des millions d’adolescents exprimait
la vie… Que le silence soit pour un temps encore le témoignage de notre
deuil ».
Henri
de Monfreid (1879-1974) (31 rue Saint-Placide, 6e)
« C’est
à l’orée de la conscience qu’apparaissent les germes de l’individualité d’un
être humain. Que deviennent-il par le contact avec l’éducation, la culture
Frage Beaucoup seront détruits ou fossés pour obtenir le modèle courant, le
seul acceptable pour entrer dans le troupeau ». L’auteur de ces lignes
naît le 14 novembre 1879 au domaine de la Franqui, « sorte d’oasis au pied
du plateau de Leucate, presqu’île isolée du monde », où il reste six ans
chez ses grands-parents. Son père, peintre lié avec Maillol et Gauguin, veut en
effet le voir « se développer de corps et d’esprit à même la nature, sans
les contraintes d’un dressage prématuré ». De 1885 à 92 il vit ici
« au milieu de cette ville aux maison-falaises », jusqu’au divorce de
ses parents ; à la mort de sa mère, un oncle sans scrupule le spolie de
son cher domaine, et le pousse vers une vie d’aventures. Sa rencontre avec
Kessel le mène à la publication des « Secrets de la Mer
rouge ». »J’ai donc écrit les 11 volumes de l’envers de l’Aventure… Mais je l’ai déjà dit, l’aventure est en
nous. Elle surgit à l’improviste pour exploser au plus banal prétexte ».
Hôtel
de Montmorency (89 Rue du Cherche-Midi, 6e)
Le
petit hôtel de Montmorency (n°85), construit en 1743, est acquis en 1752 par le
comte de Montmorency-Bours. Le grand hôtel (n°89), édifié pour ce dernier en
1756, est également un remarquable témoin de l’architecture classique. Devenue
le musée du peintre E. Hébert (1817-1908), le petit hôtel a été offert à l’Etat
en 1974. Les différents aspects du talent de ce peintre officiel du Second
Empire, qui fut directeur de la Villa Médicis, y sont représentés. Le grand
hôtel (ambassade du Mali), acquis en 1808 par le maréchal Lefebvre, fut vendu
par sa femme, dite « Madame Sans-Gêne » qui ne l’habita jamais. Le vestibule
de son bel escalier est orné, entre autres, d’un modèle en plâtre de la statue
de l’Empereur commandée à Roland par l’Institut et d’un médaillon de Louis XV.
Hôtel
de Sourdéac (8 Rue Garancière, 6e)
René
de Rieux, évêque, et compte de Léon, fait construite sous Louis XIII par
l’architecte Adam Robelin un hôtel à l’admirable façade, qu’il cède en 1651 à
son neveu Alexandre de Rieux, marquis de Sourdéac. Parmi ses différents
occupants, citons Françoise de Paris, épouse d’un président au Parlement, si
éprise de théâtre qu’elle donnait des représentations dans le cour. L’actrice
Adrienne Lecouvreur, dont la mère demeurait rue Servandoni, fait ses débuts en
1717. Après les confiscations révolutionnaires, la mairie du 11ème
arrondissement d’alors s’y établit de 1819 à 1850. Henri Plon (1806-1872)
reprend l’hôtel en 1854 pour y installer le siège de sa maison d’édition, et en
faire sa résidence familiale, actuellement occupée par les Presses de la
Cité.
Institut Catholique (21 Rue d’Assas, 6e)
Fondé
en 1875, l’Institut catholique s’établit d’abord dans des locaux de l’ancien
couvent des Carmes aménagés pour le recevoir. En 1890, un concours est organisé
pour lui bâtir des installations plus fonctionnelles et mieux adaptées à ses
tâches d’enseignement supérieur. Le lauréat en est un jeune architecte des
Monuments historiques, Gabriel Ruprich-Robert, qui élève en 1894 un bâtiment de
deux étages sur la rue d’Assas. Des difficultés financières empêchent de
terminer une deuxième tranche de travaux commencée en 1897. Ces constructions,
dont le style comporte de nombreuses références au passé, sont achevées en
1933. Depuis 1931 s’y trouvait le laboratoire d’Edouard Branly (1844-1940),
dont la découverte du radioconducteur est à l’origine de la T.S.F.
L’abbé
Grégoire (1750-1831) (44 Rue du Cherche-Midi)
Vers
1820 se retire ici l’une des figures les plus originales de la
Révolution : Henri Grégoire, député du clergé aux Etats-Généraux en 1789.
Rallié au Tiers état et siégeant à la gauche de l’Assemblée, il est l’un des
premiers à prêter serment à la Constitution civile du clergé en 1790. Evêque
constitutionnel de Blois, élu à la Convention, il y fait voter l’émancipation
des juifs et l’abolition de l’esclavage dans les colonies (il publie même sa
correspondance avec Toussaint Louverture dans les « Annales
ecclésiastiques »). L’abbé Grégoire contribue encore à la fondation de
l’Institut, dont il devient membre, et à la création du Conservatoire national
des Arts et Métiers. Membre des Cinq-Cents, du Corps législatif puis du Sénat,
il s’oppose au despotisme napoléonien et démissionne de son évêché après le
Concordat. De nouveau élu député en 1819, il est empêché de siéger par les
Ultras, et quitte alors la vie politique. Ses funérailles n’en sont pas moins
l’objet d’une grande manifestation républicaine en 1831, et depuis 1989, ses
cendres reposent au Panthéon.
La
naissance d’une Etoile (3 Rue de l’Ecole de Médecine, 6e)
Sarah
Bernhardt voit e jour ici, le 25 octobre 1844, mais elle est assez vite placée
en nourrice en Bretagne, puis mise au couvent, près de Versailles. Sa tante
Rosine, très liée au duc de Morny, décide de sa carrière en la faisant entrer
au Conservatoire en 1859, et sa véritable naissance date de sa rencontre avec
le théâtre. « L’évolution se fit en moi à partir de ce jour. Je fus encore
assez longtemps avec mon âme enfantine, mais mon cerveau perçut plus nettement
la vie ». Elle débute à l’Odéon dans « Le jeu de l’amour et du
hasard », tout de suite adorée des étudiants, surnommés les « Saradoteurs »…
« Je recevais des petits bouquets de violettes, des sonnets, des
poèmes… » « Mais j’attendais l’événement qui devait me consacrer
Etoile. Et ce fut le plus grand poète du siècle dernier qui posa sur mon front
la couronne des élus ». A la fin de 1871, en effet, Hugo lui offre le rôle
de la reine d’Espagne, dans « Ruy Blas » où elle triomphe :
« j’étais restée jusqu’à ce jour, la petite fée des étudiants : je
devins l’Elue du Public »
La
tour de Nesle (19 Impasse de Conti, 6e)
Premier
élément de l’enceinte de Philippe-Auguste sur la rive gauche, la tour Philippe
Hamelin, édifiée vers 1200, porte d’abord le nom du prévôt qui préside à sa
construction. Elle fait ensuite partie du puissant ensemble fortifié de l’hôtel
de Nesle, bâti vers 1270 sur le clos de Laas et acquis par Philippe le Bel en
1308. La légende garde le souvenir du martyr des trois princesses de Bourgogne,
Marguerite, Blanche et Jeanne, épouses des futurs rois Louis X, Philippe V et
Charles IV, accusées par leur belle-sœur Isabelle de France d’y recevoir
Gaultier et Philippe d’Aulnay, aussitôt torturés et décapités. La « bonne
reine Jeanne » reste vivante dans les mémoires grâce à Villon :
« Mais où sont les neiges d’antan ? »
Le
104 rue de Vaugirard (104 Rue de Vaugirard, 6e)
En
1863, les Pères Maristes construisent rue de Vaugirard la chapelle Notre-Dame
des Anges. Ce modèle d’architecture néogothique, réalisé sur les plans du père
Gally, possède 37 vitraux historiés dédiés à la Vierge, œuvre de Joseph Vigné.
La résidence des Pères abrite les activités du Cercle Montalembert, créé en
1895 pour donner aux étudiants parisiens une formation religieuse et
apostolique. En 1898, le Père Plazenet fonde un Foyer pour les provinciaux. Le
succès de cette annexe du Cercle entraîne son implantation au 104. La
pluridisciplinarité des membres de la « Réunion des étudiants »
facilite leur militantisme : groupes catholiques des facultés, équipes
sociales de Robert Garric, scoutisme, enquêtes… Peu à peu, les jeunes gens
privilégient leurs bonnes conditions de travail au détriment de leur formation
spirituelle, philosophique et sociale. Devant cette inversion des priorités et
par suite de difficultés économiques, le Foyer ferme en 1981. Mais l’esprit du
« 104 », fait d’amitié et d’émulation, a profondément marqué l’action
et la personnalité des anciens, dont François Mauriac, François Mitterrand,
Edouard Balladur. Aujourd’hui, l’immeuble abrite un centre culturel animé par
les Pères Maristes.
L'une des très rares bornes à citer une personnalité vivante au moment de la publication de ces lignes, en la personne de l'homme politique Edouard Balladur (né en 1929). Cf. également la borne "Théâtre de la Michodière", 2e arrondissement.
L'une des très rares bornes à citer une personnalité vivante au moment de la publication de ces lignes, en la personne de l'homme politique Edouard Balladur (né en 1929). Cf. également la borne "Théâtre de la Michodière", 2e arrondissement.
Le
Café de Flore (172 Boulevard Saint-Germain, 6e)
Fondé
à la fin du Second Empire, son entrée se situe alors rue St-Benoît ; elle
s’orne d’une statue de la déesse qui donne son nom au café, avant de
disparaître dans les travaux du bd St-Germain. Les premiers habitués sont
Huysmans et Rémy de Gourmont. Charles Maurras y crée son mouvement en pleine
affaire Dreyfus et y rédige les premiers numéros de l’ »Action
française ». C’est ici qu’Apollinaire, venu en voisin, présente Philippe
Soupault à André Breton, avec cette consigne : « Vous deviendrez
amis ». De nombreux écrivains et peintres, es des hommes politiques,
Trotsky et Chou en-Laï, le fréquentent durant l’entre-deux guerres. Pendant les
années 30, Jacques Prévert et ses amis du groupe Octobre y établissent
bruyamment leur quartier général. En 1930, sont entrée passe à l’angle de la
rue St-Benoît et du Bd St-Germain et il prend l’aspect Art déco conservé au
rez-de-chaussée, tandis qu’en 1950 P. Pinsard donne au premier étage un certain
style britannique. Durant la guerre, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir
prennent l’habitude de venir travailler près du gros poêle qu’a fait installer
Paul Boubal, patron du café depuis 1939. Après la guerre, il devient le café
des « existentialistes ».
Le
Café Voltaire (2 place de l’Odéon, 6e)
L’établissement,
fondé en 1750, a
sans doute été fréquenté par Camille et Lucie Desmoulins, qui habitaient la
maison voisine jusqu’à leur arrestation : il est décrit par Balzac en 1827
dans une étude philosophique, « Les martyrs ignorés ». Pendant les
dernières années du Second Empire, Gambetta et ses amis aiment à s’y réunir.
Aux environs de 1880, le « Grand Café-Restaurant Voltaire » fait
figure de véritable rendez-vous politique et littéraire : Verlaine y
laisse des dettes, André Gide, Jean Moréas, Anatole France, Alfred Vallette et
Rachilde y ont leurs habitudes. Un peu plus tard, il devient le repaire favori
des poètes symbolistes, où Gauguin côtoie Mallarmé ‘coiffé d’un béret basque,
affublé d’un macfarlane innomable et chaussé de sabots sculptés ».
L’Ecole
des Mines (60 boulevard Saint-Michel, 6e)
Construit
en 1707 par J.-B. Le Blond pour le chanoine de la Porte, l’hôtel, loué à la
duchesse de Vendôme, est remanié par son auteur en 1715-1716 : il modifie
la façade sur le jardin et crée un nouvel avant-corps qui reçoit le fronton de
l’ancien. Après les confiscations révolutionnaires, l’hôtel, qui abrite depuis
1815 l’Ecole des Mines fondée en 1783, est racheté par l’Etat. De 1840 à 1852,
l’architecte Duquesney transforme considérablement les lieux en les
agrandissant. Le grand escalier est décoré de peintures en 1854 par Hugard et
en 1856 par Pujol. Entre 1861 et 1866, Vallez aménage quatre ailes autour d’une
cour centrale couverte. Au XXe siècle, d’autres travaux ont achevé l’adaptation
des bâtiments qui abritent un important musée de minéralogie.
Le
couvent des Cordeliers (17 rue de l’Ecole de Médecine, 6e)
Le
couvent des Cordeliers, fondé en 1230, s’agrandit grâce à saint Louis. Cette
communauté franciscaine devient un centre d’enseignement renommé, et édifie de
vastes bâtiments conventuels dont une partie abrite, en 1783, Verniquet et son
équipe d’ingénieurs chargés d’établir le plan de Paris. A la Révolution, le
couvent est supprimé, et le Club des Cordeliers fondé par Camille Desmoulins
s’y réunit jusqu’à sa disparition, en 1794. L’église est détruite en 1795, le
cloître en 1877. Seul subsiste le réfectoire médiéval, utilisé comme fabrique
de mosaïque en 1825. En 1826, tous les occupants sont évacués au profit de
l’Ecole de santé. Ce remarquable exemple d’une architecture devenue rare,
restauré par Yves Boiret, est désormais utilisé par la Ville pour des
expositions.
L’enceinte
de Philippe-Auguste (Angle Rue Mazarine, Passage Dauphine, 6e)
Les
remparts édifiés au début du XIIIe siècle n’ont jamais servi militairement
jusqu’à l’époque de Charles V : sur la rive gauche, ils sont jugés encore
suffisants au XIVe siècle, et simplement consolidés puis entourés d’un fossé
sec. La rue Mazarine en témoigne : cet ancien chemin extérieur de
l’enceinte de Philippe-Auguste est en effet baptisé au XVIIe siècle « rue
des Fossés de Nesle ». Avec l’essor de la capitale, les fortifications
médiévales sont lentement absorbées dans le tissu urbain : la muraille
devient limite de propriété, soubassement de maison ou carrière de pierres, et
ses tours servent de logis, d’atelier, ou même de chapelle. Ici, un long pan de
mur et la base d’un tour sont visibles à l’intérieur du parc de stationnement
souterrain. Ces remplois successifs ont sauvegardé de multiples fragments de
l’enceinte monumentale, la préservant ainsi d’une démolition radicale.
Les
Carmes (74 Rue de Vaugirard, 6e)
Le
couvent des Carmes déchaussés est fondé en 1611 par Nicolas Vivien. La chapelle
Saint-Joseph, construite de 1613 à 1620, est couronnée d’un dôle à l’italienne,
le deuxième élevé à Paris, et la décoration intérieure est assurée par des
artistes flamands. Sous la Révolution, le couvent des Carmes devient prison. La
crypte contient encore les restes des 114 prêtres réfractaires massacrés le 2
septembre 1792 sur le perron du jardin. En 1797, le couvent est racheté par
Mademoiselle de Soyécourt. Elle y réintègre la communauté religieuse, puis le
cède, en 1845, à l’archevêque de Paris pour y établir l’Ecole des Carmes. De
1849 à 1867, Lacordaire, après avoir reconstitué l’ordre dominicain, y installe
un couvent de frères prêcheurs. En 1875, l’Institut Catholique y élit domicile.
Les
coches d’eau (Angle Quai des Grands Augustins et pont Saint-Michel, 6e)
L’eau
est le plus ancien mode de transport, utilisé bien avant l’invention de la
roue. La corporation des nautes lègue d’ailleurs à la capitale son sceau et sa
devise « Fluctuat nec mergitur » ! Au Moyen Age déjà, la Seine
représente la première voie commerciale de la France du Nord, et un
« corbilliat », ou coche d’eau, assure la navette entre Paris et
Corbeil. Sous l’influence de Colbert, soucieux de développer la batellerie en
France, Louis XIV accorde en 1665 des lettres patentes qui fixent précisément
les conditions de transport des passagers. Ils ne devaient pas être plus de 16,
et « pour prévenir les difficultés et les querelles, les salaires des
bachoteurs étaient réglés par le prévôt des Marchands et les Echevins, avec
défense d’exiger de plus forts droits, de jurer ni de blasphémer, d’insulter ou
d’injurier par parole ou par voie de fait les bourgeois ou autres, soit sur les
ports, soit sur les bachots… » En 1754, les galiotes reliaient
quotidiennement le Pont Royal à Sèvres et Saint-Cloud, pour 5 sols par
personne.
Les
Deux Magots (6 Place Saint-Germain-des-Prés, 6e)
Ouvert
en 1813, « Les Deux Magots » a connu très tôt les faveurs du monde
littéraire : à l’origine magasin de nouveautés, l’un des premiers à Paris,
il est cité par Balzac et Anatole France. Un café lui succède en 1881, bientôt
fréquenté par Verlaine, Mallarmé et Wilde. En 1914, l’établissement prend
l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui, et devient l’un des rendez-vous de
l’élite intellectuelle. Les surréalistes en font leur quartier général, Jean
Giraudoux, Paul Morand et Jacques Chardonne s’y croisent, ainsi que Joyce et
Hemingway. En 1933, quelques habitués, dont Bataille, Leiris et Philippon,
fondent le Prix des Deux Magots, pour la première fois décerné à Raymond
Queneau. Les intellectuels d’avant guerre, parmi lesquels Malraux, Gide et Mauriac,
surnomment Les Deux Magots « l’antichambre ». Après la guerre, les
plus grands noms des Lettres, des Arts et du Spectacle fréquentent ses célèbres
terrasses ; Camus, Genet, Giacometti sont présents, Jean-Paul Sartre et
Simone de Beauvoir s’y installent chaque jour pour écrire.
Le
Vieux-Colombier (21 Rue du Vieux-Colombier, 6e)
En
1913, Jacques Copeau, cofondateur de la N.R.F., réunit quelques comédiens et
fait aménager la salle de l’Athénée Saint-Germain, baptisée « Théâtre du
Vieux-Colombier ». Il voulait créer un théâtre populaire, dégagé du
mercantilisme, et rajeunir l’interprétation, l’art du décor et de la mise en
scène. Cet essai de rénovation l’amène à privilégier l’œuvre et l’acteur. Après
le départ de Jouvet et de Jules Romains, Copeau se retire en 1924. D’autres
expériences théâtrales et cinématographiques se poursuivent cependant, telle la
création de « Huis Clos » de Sartre en 1944 ; les spectacles se
succèdent jusqu’à la fermeture en 1977. Seconde salle de la Comédie française,
ce lieu mythique, consacré au répertoire contemporain, revit depuis 1993.
Marché
Saint-Germain (Angle rues Clément et Félibien, 6e)
Le
marché Saint-Germain occupe une partie de l’emplacement de la célèbre Foire,
située dès le XIIe siècle sur le domaine de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés.
L’abbé Guillaume Briçonnet fit édifier en 1511 une salle à double comble assez
vaste pour accueillir 300 marchands, qui disparut dans un incendie en 1762. Des
activités culturelles accompagnaient la foire : son théâtre était très
prospère et l’Opéra-Comique y serait né. En remplacement du marché fixe,
installé par les religieux en 1726, Blondel construisit entre 1813 et 1817 un
marché dont les arcades en plein cintre, également couvertes d’un toit à double
comble, entouraient une cour carrée. Réaménagé, son espace a été augmenté par
la Ville pour y inclure des équipements culturels.
Palais
Abbatial (3 rue de l’Abbaye, 6e)
Construit
en 1586 pour le cardinal de Bourbon, chef des Ligueurs et abbé commandataire de
Saint-Germain-des-Prés, ce palais est vraisemblablement dû à l’architecte
Guillaume Marchant, auteur du plan directeur des travaux. Deuxième construction
en brique et pierre de Paris après l’hôtel Scipion, il préfigure le style Louis
XIII. Un siècle plus tard, Guillaume Egon, cardinal landgrave de Fürstenberg,
abbé de Saint-Germain, entreprend la rénovation du bâtiment qui menace ruine.
Le sculpteur Pradier y eut son atelier. Restauré en 1977 par Yves Boiret, cet
édifice important, le seul à être conservé entier, délivré des ajouts qui le
défiguraient, témoigne de la splendeur de l’abbaye. Il abrite divers
établissements rattachés à l’Institut catholique.
Place
Saint-Sulpice (6 Place Saint-Sulpice, 6e)
L’architecte
Jean-Nicolas Servandoni, auteur de la façade, avait projeté de créer devant
l’église Saint-Sulpice une grande place de 120 m de large et 208 m de long, cœur d’un
projet architectural important. Mais toutes ses études se heurtaient à la
présence, à proximité, du séminaire édifié en 1645 par Monsieur Olier. Seule
une maison construite en 1754 à l’angle de la rue des Canettes témoigne, par
l’harmonie de ses proportions, de la qualité de la réalisation projetée. La
démolition du séminaire, en 1808,
a permis d’ériger en 1847 la Fontaine des Quatre-Evêques
(Bossuet, Fénelon, Massillon, Fléchier), œuvre monumental de Ludovic Visconti.
Porte
de Buci (57 Rue Saint-André-des-Arts, 6e)
Cette
porte de l’enceinte de Philippe-Auguste est ainsi rebaptisée au XIVe siècle à
la demande des habitants du quartier, du nom d’un conseiller d’Etat du roi Jean
le Bon, Simon de Buci, connu pour son esprit charitable et sa piété. Elle est
en 1418 le théâtre d’un événement tragique et lourd de conséquences pour la vie
parisienne, dans le contexte troublé de la guerre civile entre Armagnacs et
Bourguignons, au temps de la folie de Charles VI. Dans la nuit du 28 au 29 mai,
en effet, Perrinet Leclerc, fils d’un marchand du Petit-Pont, quartenier de
garde, va subtiliser les clefs dans la chambre de son père. Il livre ainsi la
ville aux partisans de Jean Sans Peur, qui égorgent trois jours durant plus de
mille personnes. Le fidèle prévôt de Paris, Tanguy du Châtel, n’a que le temps
de sauver le dauphin, enroulé dans une couverture. Le futur Charles VII,
affublé du sobriquet de « roi de Bourges » restera 19 ans éloigné de
sa capitale.
Rachilde
et le Mercure de France (24 Rue de Condé, 6e)
Née
dans le Périgord en 1860, élevée en garçon par un père officier de cavalerie,
Marguerite Eymery écrit le soir en cachette et envoie sous pseudonyme ses
textes à l’Echo de la Dordogne. Rescapée de fiançailles prématurées, puis de
deux ans de couvent, elle arrive à Paris à 18 ans, bien décidée à vivre de sa
plume. Excellente cavalière, experte au pistolet et à l’épée, elle adopte alors
l’habit masculin et se prend au jeu au point de se faire graver des cartes au
nom de « Rachilde, homme de lettres ». En 1884, la publication de
« Monsieur Vénus » fait scandale et lui apporte la célébrité. Dans
son petit salon de la rue des Ecoles, elle reçoit toute la bohème littéraire,
de Verlaine à Barrès, qui la surnomme « mademoiselle Baudelaire ».
Auteur prolifique, elle est aussi d’une grande perspicacité critique ;
lorsqu’elle épouse Alfred Vallette, la même année 1890 voit la naissance de
leur fille unique et celle du Mercure de France, rue de l’Echaudé. Ils
emménagent ici peu après, et le succès de ses mardis, le « Guignol
Rachilde » selon le mot féroce de Léautaud, marque l’apogée de son
influence et de son prestige. Elle n’en meurt pas moins oubliée de tous, à 93
ans, en 1953.
Saint-Germain-des-Prés
(Angle Place St-Germain-des-Prés et Boulevard St-Germain, 6e)
Childebert,
fils de Clovis, construisit vers 543 une basilique dédiée à saint Vincent et à
la sainte Croix : elle devient la nécropole des rois mérovingiens
(chapelle Saint-Symphorien). Saint Germain, qui lui donne son nom, y est lui
aussi inhumé en 576. Pillée par les Normands, l’église est réédifiée à partir
de l’an mille ; le clocher-porche en est le témoin. La construction est
longue et apporte aux problèmes architecturaux des solutions nouvelles. La nef
est achevée vers 1050. le chœur en hémicycle est entouré d’un déambulatoire
bordé par cinq chapelles rayonnantes voûtées d’ogives (1163). Pierre de
Montreuil ajoute à l’église en 1245 la chapelle de la Vierge et le cloître
aujourd’hui disparus. L’abbaye bénédictine, sous la dépendance directe du pape,
adopte en 1631 la règle de Saint-Maur ; elle devient un centre fécond de
recherche historique grâce à ses érudits, tel Dom Mabillon. En 1790 l’abbaye est
supprimée. Si les restaurations menées dans l’église au XIXe siècle ne furent
pas toujours heureuses, son architecture est désormais remise en valeur.
Séminaire
Saint-Sulpice (9 Place Saint-Sulpice, 6e)
En
mai 1645, Jean-Jacques Olier, fondateur de la compagnie des prêtres de
Saint-Sulpice, achète un vaste terrain et confie à J. Lemercier l’édification
d’un séminaire en face de l’église. Fermé à la Révolution, il est détruit sous
l’Empire. Il faut attendre 1820 pour que E.H. Godde bâtisse au sud de la place
un nouveau séminaire dont l’Etat finance en partie les travaux. Sa construction
est suffisamment avancée en 1832 pour qu’on y installe un hôpital pour les
cholériques. L’architecture des façades
internes, rez-de-chaussée à arcades autour d’une cour carrée, trois étages et
toit mansardé, répond à l’austérité de la façade sur rue, de style dit
« florentin ». Les séminaristes quittent les lieux en 1905.
Sur
le Pont-Neuf (Angle Pont Neuf et Quai des Grands Augustins, 6e)
Dès
l’ouverture du pont, le premier de la capitale à être dépourvu des maisons, les
bouquinistes y font leur apparition, au milieu des marchands ambulants de
toutes sortes, tondeurs de chiens ou loueurs de parasols. Ces colporteurs
disposent d’humbles étalages, parfois à mêle le sol, ou transportent leur
marchandise accrochée à leur cou dans un panier d’osier. Ils se retrouvent vite
en concurrence avec les libraires : dès 1614, un certain Pierre Douleur
prend à bail pour 9 ans un emplacement à l’angle du quai de la Mégisserie, pour
y installer sa boutique. La vente des livres d’occasion déplaît si fort aux
libraires installés qu’ils obtiennent à plusieurs reprises, et pour la première
fois en 1619, l’interdiction de la présence de leurs rivaux sur le pont, puis
leur disparition définitive, grâce à une ordonnance royale en 1742.
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