jeudi 5 mai 2016

Premier arrondissement



PREMIER ARRONDISSEMENT



Banque de France (31 rue Croix-des-Petits-Champs, 1er)

La marquis de la Vrillière se fit construite un palais par François Mansart, entre 1634 et 1640, à l’emplacement des fossés de l’enceinte de Charles V. En 1713, l’hôtel passe à Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse, fils de Louis XIV et de Madame de Montespan. De 1713 à 1719, Robert de Cotte remanie ce qui est désormais nommé l’hôtel de Toulouse. A la mort du duc de Penthièvres, en 1793, l’hôtel confisqué est occupé par le « Bulletin des Lois », puis par l’Imprimerie Nationale. Le 24 mars 1811, la Banque de France s’installe dans l’hôtel de Toulouse profondément transformé, agrandi, et doté en 1853 d’une façade monumentale le long de la rue Croix-des-Petits-Champs.


Bourse du Commerce (rue de Viarmes, angle Rue Adolphe Julien, 1er)

Après la destruction de l’hôtel de Soissons, la municipalité fit édifier à son emplacement un bâtiment à usage d’entrepôt et de magasin de vente des blés et farines. De forme circulaire, construit par Le Camus de Mézières entre 1763 et 1766, cet édifice fur coiffé en 1782-1783 par une coupole en bois couvrant la cour, conçue par Legrand et Molinos, assemblée par le charpentier Roubo, et percée de 25 fenêtres et d’une baie à son sommet. Elle brûla le 16 octobre 1802, et fut remplacée en 1811 par une coupole en fer. Victime d’un nouvel incendie en 1854,la halle au blé a été remplacée par l’actuelle Bourse du commerce, construite par Blondel entre 1887 et 1899. 


Caisse d’Epargne de Paris (19 rue du Louvre, 1er)

Noël de Bullion, marquis de Gaillardon, fit édifier à cet endroit, en 1639, un hôtel remanié ou reconstruit en 1730 par Boffrand pour le fermier général Barthélemy Thoinard de Vougy, surnommé l’ « Harpagon de la Finance ». Décidément voué à l’argent, l’immeuble devint le siège de la banque des quatre frères Enfantin durant le Directoire et l’Empire, avant d’héberger à partir du 8 décembre 1844 la Caisse d’Epargne de Paris, fondée en 1818. En 1880, à l’ouverture de la rue du Louvre, le portail fut démonté et réinstallé dans l’alignement de la nouvelle voie tandis que la façade de l’aile droite, coupée en biseau, était partiellement reconstruite.


Chapelle St-Eloi des Orfèvres (angle Rue des Orfèvres et Rue St-Germain l’Auxerrois, 1er)

A proximité du pouvoir royal, le quartier situé entre le Châtelet et l’église Saint-Germain l’Auxerrois a longtemps été le domaine des métaux précieux. Jusqu’en 1774, les monnaies du roi étaient frappées dans la rue de la Monnaie. Quant à la rue des Orfèvres, elle était réservée aux échoppes de cette profession, un des six premiers corps marchands de Paris. Recélant des trésors, elle était fermée tous les soirs à ses deux extrémités par des portes, ce qui lui valut le nom de rue des Deux-Portes. La riche confrérie des orfèvres fit reconstruite sa chapelle entre 1551 et 1566 par Philibert de l’Orme. Germain Pilon exécuta les sculptures de ce chef-d’œuvre de la Renaissance détruit à la fin du XVIIIe siècle.  

Colonne Astrologique (rue de Viarmes, face porte du Louvre du Forum des Halles, 1er)

Peut-être utilisée comme observatoire par les astrologues de Catherine de Médicis, cette colonne faisait partie de l’hôtel édifié par Jean Bullant entre 1572 et 1584, et communiquait avec les appartements de la reine par une porte située à la hauteur du premier étage. L’hôtel dit de la Reine, puis de Soissons, car il fut acheté en 1606, restauré et agrandi par Charles Boubon-Condé, comte de Soissons, occupait un quadrilatère qui serait aujourd’hui limité par les rues Berger, Vauvilliers, Coquillère et Sauval. Son jardin s’étendait jusqu’à la rue du Louvre. Transformé en maison de jeux au début du XVIIIe siècle, ce vaste édifice fut détruit en 1748.


Cour des Comptes (angle Rue du Mont Thabor et Rue Cambon, 1er)

Organisée depuis 1320 en cour souveraine indépendant du Parlement, la Chambre des Comptes a siégé au Palais de Justice jusqu’à la destruction par un incendie, le 27 octobre 1737, du joyau architectural édifié en 1504 sur les plans de Fra Giovanni Giacondo. Gabriel construisit un nouveau bâtiment à sa place en 1740. La Cour des Comptes, créée le 16 septembre 1807, remplace la Chambre royale, et quitte l’édifice de Gabriel le 18 avril1842 pour s’installer au Palais d’Orsay, incendié sous la Commune en mai 1871. Les conseillers se replient alors sur l’aile Montpensier du Palais-Royal, rapidement trop exiguë, et l’architecte Moyaux construit à partir de1899 l’actuel bâtiment.


Couvent et Club des Feuillants (229 Rue Saint-Honoré, 1er)

Henri III installe à Paris en 1587 des Cisterciens réformés venus de l’abbaye Notre-Dame de Feuillants, en Languedoc, et confie à Baptiste Androuet du Cerceau la construction de leur couvent. L’église est consacrée en 1608 et sa façade achevée en 1624 par François Mansart. L’entrée monumentale œuvre de Jules Hardouin-Mansart, terminée en 1676, se situait dans l’axe nord-sud de la place Vendôme et le jardin dessiné par Le Nôtre s’étendait jusqu’au Manège des Tuileries (rue de Rivoli). En 1790, le Club des Feuillants s’installe dans l’église. Ses membres se dispersent après le 10 août 1792, et l’église devient la buvette des députés des différentes assemblées qui siègent au Manège, jusqu’à la destruction de l’ensemble des bâtiments en 1804.


Couvent & Club des Jacobins (Rue du Marché St-Honoré , angle Place du Marché St-Honoré, 1er)

Surnommés jacobins à cause de leur maison-mère située rue Saint-Jacques, les dominicains s’installent ici en 1618. L’entrée de leur couvent se trouve à l’emplacement du débouché de la rue, et le cloître à la place du Marché-Saint-Honoré. A la suppression des ordres monastiques, la Société des Amis de la Constitution d’y installe : elle tient ses réunions dans la bibliothèque, puis dans la chapelle à partir du 1er avril 1791. Le Club des Jacobins a joué un rôle prépondérant durant la Révolution, jusqu’à la chute de Robespierre en juillet 1794. Les bâtiments furent détruits et remplacés en 1810 par un marché reconstruit en 1959 et remplacé en 1966 par ce bâtiment dû à Ricardo Bofill.


Eglise Notre-Dame de l’Assomption (263 bis Rue Saint-Honoré, 1er)

Le 6 septembre 1622, le cardinal de la Rochefoucauld installe à cet endroit des sœurs augustines, les Filles de l’Assomption, dites aussi les Nouvelles-Haudriettes, car elles viennent de l’hospice des Haudriettes, rue de la Mortellerie, en bordure de la place de Grève. Charles Errard leur fait construire de 1670 à 1676 une grande chapelle surmontée par un très large dôme, visiblement inspiré du Panthéon de Rome. Cette coupole est couverte d’une fresque de Charles de la Fosse qui célèbre l’Assomption de la Vierge. Supprimé à la Révolution, le couvent a cédé la place à la rue de Mondovi et à la Cour des Comptes. L’église a été affectée en 1850 aux Polonais de Paris. 


Eglise Saint-Eustache (angle rue du Jour, rue Rambuteau, 1er)

L’accroissement de la population autour des Halles et la piété d’un bourgeois, Jean Alais, sont à l’origine de la fondation d’une chapelle consacrée en 1223 à sainte Agnès puis à saint Eustache. Edifiée à la jonction des chemins de Montmartre et de la Marée, et devenue église paroissiale, elle subit une série d’agrandissements avant d’être remplacée par l’édifice actuel. Sa première pierre fut posée le 29 août 1532 par François Ier, mais elle ne fut achevée et consacrée que le 26 avril 1637. Paroisse de Colbert, Saint-Eustache doit à la générosité du ministre des fresques de Mignard et une nouvelle façade restée cependant inachevée comme la précédente.


Eglise Saint-Leu-Saint-Gilles (92 Rue Saint-Denis, 1er)

Seul vestige des huit édifices religieux qui jalonnaient la rue Saint-Denis, Saint-Leu-Saint-Gilles date de 1235 pour ses parties les plus anciennes. Partiellement reconstruite en 1320, elle fut profondément remaniée en 1611, agrandie en 1727 et dotée en 1780 d’une chapelle souterraine réservée aux chevaliers du Saint-Sépulcre dont la chapelle, au numéro 60 de la rue, fut détruite vers 1795. Restaurée en 1849, l’église perd les trois chapelles de son abside lors du percement du boulevard de Sébastopol, et Baltard la flanque alors d’une série de bâtiments neufs qui achèvent de la dénaturer.


Eglise Saint-Roch (296 rue Saint-Honoré, 1er)

En 1521 s’élève ici une chapelle dite de Sainte-Suzanne ou des Cinq-Plaies. Agrandie en 1577, elle est placée sous le patronage de Saint-Roch. Erigée en 1633 en église paroissiale, Saint-Roch est reconstruite par Le Mercier. Faute d’argent, le chantier s’éternise. En 1719, le financier John Law s’y convertit au catholicisme et fait un don de 100 000livres qui permet terminer la nef. La façade dessinée par Robert de Cotte est enfin édifiée, et l’église consacrée le 10 juillet 1740. Le 5 octobre 1795 (13 vendémiaire an IV), le général Bonaparte installe une pièce d’artillerie dans le cul-de-sac Dauphin (prolongement de la rue Saint-Roch vers le sud) et mitraille les insurgés royalistes massés sur les marches de l’église.


Fontaine des Innocents (angle Rue Saint-Denis et Rue Berger, 1er)

Ici s’étendait le cimetière des Innocents, le plus important de la ville, avec plus de deux millions de sépultures, jusqu’à sa fermeture en 1785 et au transfert des ossements aux Catacombes. La fontaine a changé trois fois de place. A l’origine, elle dressait à l’angle des rues Saint-Denis et Berger (dite alors rue aux Fers), et comptait trois faces, décorées entre 1547 et 1550 par Jean Goujon. Après la destruction de l’église des Saints-Innocents, à laquelle elle était adossée, elle fut démontée et réédifiée au centre du marché. Il fallut alors lui ajouter une quatrième face au sud, œuvre de Pajou, avec trois nouvelles naïades sculptées par Houdon. On l’a démontée à nouveau en 1865 pour l’installer à son emplacement actuel.


Galerie Véro-Dodat (2 Rue du Bouloi, 1er)

Ici s’élevait l’hôtel d’Antoine de Dreux d’Aubray, empoisonné avec ses deux fils par sa fille,  la marquise de Brinvilliers, exécutée en 1676. Le charcutier Véro acheta l’hôtel en 1823, et le fit raser pour édifier avec son associé Dodat la maison et le passage actuels. Un des premiers endroits éclairés au gaz de la capitale, la galerie Véro-Dodat eut un très grand succès, encore accru par la proximité des Messageries générales, installées rue du Bouloi, terminus de toutes les diligences de France. Le percement de la rue du Louvre en 1854, puis la disparition des Messageries en 1880, supplantées par le chemin de fer, entraînèrent le déclin de la galerie, restaurée depuis 1980.


Hospice des Quinze-Vingts (161 Rue Saint-Honoré, 1er)

Touché par la détresse des aveugles de Paris, saint Louis fit édifier ici en 1260 un hospice destiné à en héberger 13 fois 20, soit 300. La tradition veut qu’on y ait d’abord logé ceux qui avaient eu les yeux crevés par les musulmans en Egypte durant la septième croisade. Eudes de Montreuil construisit la chapelle, érigée en église paroissiale dès 1282 et bordée d’un cimetière. Entreprise à partir de 1748 par Labbé et Martin, la reconstruction des bâtiments croulants de vétusté n’était pas terminée en 1772 lorsque les travaux furent arrêtés. L’hospice fut alors transféré au faubourg Saint-Antoine dans la caserne des mousquetaires noirs de la rue de Charenton, et le cardinal de Rohan mit en vente terrains et bâtiments. 


Hôtel de Noailles (211 Rue Saint-Honoré, 1er)

Ici s’élevait un des plus grands et des plus beaux hôtels de Paris, dont les bâtiments et les jardins s’étendaient à l’ouest jusqu’au 229 de la rue Saint-Honoré et au sud jusqu’aux Tuileries. Construit en 1687 par Henri Pussort, conseiller d’Etat, oncle de Colbert, il fut acheté en 1711 par Adrien-Maurice de Noailles, futur maréchal de France et ministre d’Etat. Il lui donna son nom, fit redessiner les jardins par Charpentier et transforma les bâtiments remodelés par Lassurance en un somptueux musée. Dans la chapelle, une de ses petites-filles épouse Lafayette le 11 avril 1774. Devenu en 1802 la résidence du troisième Consul, Lebrun,  l’hôtel de Noailles fut restitué à ses propriétaires en 1814, morcelé et détruit après 1830.


Hôtel de Talleyrand-Périgord (2 rue Saint-Florentin, 1er)

Construit en 1767 par Chalgrin sur les plans de Gabriel, cet hôtel eut pour premier propriétaire Louis Phélippeaux, duc de la Vrillière, compte de Saint-Florentin, ministre de Louis XV. Après sa mort, en 1777, il appartint au duc de Fitz-James, descendant du roi d’Angleterre Jacques II, puis à la princesse de Salm-Salm avant de devenir pour un an, en 1792, l’ambassade de la République de Venise. Transformé en manufacture de salpêtre sous la Révolution, le bâtiment fut acquis par le marquis d’Hervas, qui le céda en 1812 à Talleyrand. A la chute de l’Empire, en avril 1814, le diplomate y hébergea le tsar Alexandre 1er. En 1838, l’hôtel devint la possession de la famille Rotschild, qui le vendit en 1950 aus Etats-Unis d’Amérique.


Hôtel Lulli (45 Rue des Petits-Champs, 1er)

C’est à Daniel Gittard que Jean-Baptiste Lulli confia en 1670 la construction de son hôtel. Molière lui prêta 11 000 livres pour acheter le terrain et le faire bâtir. Lulli fit sculpter sur la façade de la rue Sainte-Anne une timbale, des trompettes, des cornets, une guitare, des partitions, ses attributs de musicien, et fit somptueusement décorer l’intérieur de boiseries et de peintures des écoles de Boullongne et de Le Pautre, afin de donner à sa demeure le même luxe qu’étalaient celles des grands seigneurs du voisinage. Resté en possession des descendants de Lulli jusqu’en 1807, l’hôtel a perdu aujourd’hui l’essentiel de sa décoration intérieure.


La mort de Molière (40, rue de Richelieu, 1er)

Né à Paris en 1622, fils d’un bourgeois cossu, Jean-Baptiste Poquelin est saisi à vingt an par la passion de la scène, après de solides études. Mais l’Illustre Théâtre fait faillite et la petite troupe s’engage pour treize ans de tournées en province : leur succès lui permet ensuite de regagner la capitale. En 1659, les « Précieuses ridicules » triomphent, et Molière est célèbre ; pensionné par Louis XIV, cet esprit libre multiplie les audaces qui font scandale, avec l’ « Ecole des femmes », « Tartuffe » et enfin « Dom Juan ». En 1673, il réussit à se procrer la robe de chambre et le bonnet de nuit d’un voisin, le conseiller Foucault, célèbre dans tout le quartier pour sa manie de les porter en permanence, et les revêt pour créer le rôle d’Argan. Epuisé par une vie de labeur incessant, auteur, comédien, directeur de troupe, metteur en scène et créateur de divertissements royaux, Molière meurt au soir du 17 février, au sortir de la 4ème représentation du « Malade imaginaire ».


L’éclairage public au XIXe siècle (rue Saint Martin, 1er)

Un procédé de gaz dit « thermolampe », mis au point par Philippe Lebon est expérimenté dès 1800, mais demeure d’usage très limité. La municipalité fait éclairer la place du Carrousel et la rue de Rivoli au soir du 1er janvier 1829, et peu à peu les becs de gaz sont adoptés. L’illumination des Grands Boulevards est un triomphe en 1857 : « ces deux allées de candélabres, d’où jaillit une clarté blanche et pure, font un effet merveilleux » témoigne Delphine de Girardin. L’apogée se révèle de courte durée : en 1887, après l’incendie de l’Opéra-Comique et sa centaine de morts, l’opinion unanime réclame un éclairage à l’électricité, déjà tenté place de la Concorde (1843). Le conseil municipal en confie l’installation systématique à six sociétés privées, qui se partagent la capitale en 1889 ; mais les progrès du réseau son fonction de sa rentabilité jusqu’à l’unification du 1er janvier 1914, sous l’égide d’une Compagnie parisienne de distribution de l’électricité.

Le maintien et/ou la localisation de cette borne restent incertains. Je l’ai photographiée à l’hiver 2014, sans noter précisément l’adresse de son emplacement. J’ai tenté, en vain, de la retrouver.


Les bouquinistes de la Seine (Angle Quai du Louvre, Pont-Neuf, 1er)

Le terme de « boucquain », sans doute dérivé du flamand « boeckjin » ou petit livre, fait son apparition en 1459, attesté sous la forme « bouquin » vers la fin du XVIe siècle. Dans son « Dictionnaire » de 1690, Furetière en donne la définition de « vieux livre fripé et peu connu » ; le vocable de bouquiniste désigne, quant à lui, depuis 1752, les marchands installés sur les quais. En effet, leurs boîtes investissent peu à peu les parapets, d’abord sur la rive gauche ; environ 300 sous la Révolution, ils connaissent une première réglementation grâce à l’ordonnance du 31 octobre 1822. Un premier recensement officiel de 1857 en dénombre 68 et le décret du 10 octobre 1859 consacre leur maintien, un temps menacé par les grands travaux d’Haussmann. Depuis 1891, ces « marchands d’esprit » ont l’autorisation de laisser sur place leurs caissons scellés pour la nuit. Selon Pierre Mac Orlan, ils représentent « le symbole de l’invitation aux voyages immobiles ».


Les Halles (Porte du Jour, face au 1 Rue du Jour, 1er)

Avec l’extension de la ville, le marché de la Grève devenait trop étroit : Louis VI crée en 1137 un nouveau lieu de commerce à l’ouest de la rue Saint-Denis, au lieu-dit les Champeaux. En 1181, Philippe Auguste y transfère la foire Saint-Lazare, puis fait édifier deux longs bâtiments nommés halles, fermés la nuit, où les marchands peuvent entreposer et vendre leurs denrées. Une troisième halle est construite en 1265, suivie par deux halles aux poissons. Sous Henri II, le carreau des halles est remodelé, sur un plan triangulaire qui subsiste jusqu’au Second Empire. Baltard construit alors les hauts pavillons en fer célébrés par Zola. En 1969, les halles centrales ont quitté Paris pour Rungis, et ses pavillons ont laissé place au Forum des Halles.  


L’invention du parapluie (Angle Rue Saint-Honoré et rue du Chevalier de St-Georges, 1er)

Le terme apparaît dans les « Farces » de Tabarin : le bateleur du Pont Neuf assurait en riant que son immense chapeau était à l’origine de l’invention ! Mais l’usage est long à s’en répandre, et le Dictionnaire de l’Académie française l’admet seulement en 1718. Depuis 1710, un certain Jean Marius commercialise ici un modèle de « parapluie brisé », c’est-à-dire pliant, qui fait fureur. Cependant un témoin note en 1768 : « Ceux qui ne veulent pas se confondre avec le vulgaire aiment beaucoup mieux courir le risque de se mouiller que d’être regardés dans les promenades comme gens qui vont à pied ; car le parapluie est la marque sûre qu’on n’a pas d’équipage ». Afin d’y remédier se crée en 1769 une société de location , dont le lieutenant général de police, Nicolas de Sartines, fait afficher le règlement dans les rues de Paris. Leurs parapluies de taffetas vert sont numérotés, ainsi que la lanterne du gagne-denier, afin de reconnaître aisément le porteur. Il y a, vers 1848, près de 400 fabricants établis dans la capitale !


Olympe de Gouges (270 Rue Saint-Honoré, 1er)

Née à Montauban le 7 mai 1748, Olympe de Gouges, veuve à 18 ans, vient s’installer à Paris où ses contemporains attestent de sa beauté. Autodidacte, elle complète sa formation intellectuelle pour rédiger une œuvre abondante, théâtrale et politique. Inspirée par le droit naturel du genre humain, elle se déclare contre l’esclavage, et réclame des refuges pour « les vieillards sans forces, les enfants sans appuis et les veuves ». Animée d’un féminisme chaleureux et lucide, elle publie en septembre 1791 une « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne », véritable défense de « ce sexe autrefois méprisable et respecté, et depuis la Révolution, respectable et méprisé ». Installée ici, dans un pied-à-terre proche de l’Assemblée, elle déclare : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes fondamentales : la femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune ». Jugée, sans avocat, pour offense à la souveraineté du peuple, elle est guillotinée le 3 novembre 1793.


Oratoire du Louvre (145 rue Saint-Honoré, 1er)

A cet endroit s’élevait la première porte St-Honoré, percée dans l’enceinte de Philippe Auguste. Le 27 décembre 1594, Jean Châtel tenta de tuer Henri IV, qui habitait avec Gabrielle d’Estrées l’hôtel du Bouchage construit à l’emplacement de cette porte ; il ne réussit qu’à lui fendre la lèvre supérieure et lui casser une dent. Cet hôtel fut vendu en 1616 à la congrégation des Pères de l’Oratoire nouvellement fondée par Pierre de Bérulle. Métezeau commença en 1621 la construction de leur église, achevée en 1630 par Le Mercier. La façade actuelle fut terminée par Caqué vers 1750. Détruits lors du percement de la rue de Rivoli, en 1854, les bâtiments conventuels occupaient le quadrilatère formé par les rues de l’Oratoire, Saint-Honoré, de Marengo et le Louvre.


Place de l’Ecole (Place de l’Ecole, 1er)

Ici se trouvait au Moyen Age l’un des principaux ports de Paris, la place des Marchands. Vers 1413, son nom est transformé en place de l’Ecole. L’origine de cette appellation est ambiguë : on y a vu à tort une allusion à l’école tenue par les prêtres de Saint-Germain-l’Auxerrois ; il s’agit, en fait, du point d’accostage, de l’échelle de navigation du port. La grande similitude des mots latins « schola » (école) et « scala » (échelle » a créé la confusion. La tradition commerçante de la place de l’Ecole a été ravivée en 1869 par Ernest Cognacq, fondateur de la Samaritaine ; le nom de l’établissement évoque la pompe élévatrice autrefois installée sur la deuxième arche du Pont-Neuf. Avec son épouse, Louise Jay, il fit de cette entreprise l’un des grands magasins parisiens, dont les bâtiments actuels ont été édifiés entre 1903 et 1930, en majeur partie sous la direction de Frantz Jourdain, l’un des architectes militants de l’Art nouveau.    


Pont-Neuf (Angle Quai du Louvre, Pont-Neuf)

Le 31 mai 1578, Henri III posait la première pierre du Pont-Neuf. Interrompus par la guerre civile, les travaux reprirent en 1599 pour être achevés le 8 juillet 1606. Conçu par Baptiste Androuet du Cerceau et Pierre des Illes, c’est le plus grand pont de Paris, long de 278 mètres pour ses douze arches ; c’est aussi le premier à ne plus porter de maisons. En 1608, sur la deuxième arche à partir de la rive droite, fut édifiée une pompe élévatrice qui alimentait en eau le Louvre et les Tuileries. Ornée sur sa façade d’un bas-relief en bronze figurant le Christ et la Samaritaine, elle fut détruite en 1813. En 1635, Louis XIII fit ériger, face à la place Dauphine, une statue équestre de son père, détruite en 1792, et remplacée en 1818 par une nouvelle statue d’Henri IV due à Lemot. Dans une ville où les voies publiques étaient étroites et les espaces libres rares, ce large pont était une aubaine pour les bateleurs et charlatans qui s’y installèrent dès son ouverture. Le premier fut Tabarin dont la troupe jouait des farces en plein air, suivi par des bonimenteurs de toutes sortes, vendeurs de baume d’orviétan, arracheurs de dents et autres commerçants ambulants.


Porte de la Conférence (Quai des Tuileries, angle Place de la Concorde, 1e)

La porte de la Conférence marque la limite ouest de Paris jusqu’à la veille de la Révolution. En 1593, lors du siège de Paris par Henri UV redevenu huguenot, les Ligueurs utilisent cette sortie pour se rendre à Suresnes négocier avec les représentants du roi. A la suite de cette Conférence, le monarque abjure définitivement le protestantisme : « Paris vaut bien une messe ! » La paix revenue, Marie de Médicis fait aménager le quai, qui prend le nom de « Cours-la-Reyne ». Sous la Fronde, en 1649, Anne d’Autriche s’enfuit du Louvre par cette porte avec Louis XIV âgé de 11 ans, pour se réfugier à Saint-Germain-en-Laye. Au moment de la construction du Mur des Fermiers généraux en 1785, une partie de Chaillot est rattachée à Paris, et la Porte déplacée en aval vers Passy, à hauteur de l’actuelle rue Beethoven. Aujourd’hui, le quai de la Conférence au pied de l’Alma rappelle aux Parisiens la conversion du plus populaire de nos rois.


Porte Saint-Honoré (161 rue Saint-Honoré, 1er)

Ouverte en 1380 dans l’enceinte de Charles V, la seconde porte saint-Honoré formait un carré d’un étage flanqué à chaque angle par une tour ronde. Jeanne d’Arc y tenta une offensive, le 8 septembre 1429, pour reprendre Paris aux Anglais. Mais elle eut la cuisse percée d’une flèche, alors qu’elle sondait le fossé rempli d’eau pour le faire combler avec des fagots. Le 19 janvier 1591, Henri IV envoya des soldats déguisés en meuniers se faire ouvrir la porte sous prétexte de ravitailler les Parisiens assiégés : la « journée des farines » fut un échec, les Ligueurs avaient muré la porte. Après l’achèvement de l’enceinte dite de Louis XIII ou des Fossés Jaunes, la porte Saint-Honoré, de venue inutile, fut démolie en 1636.


Quai des Orfèvres (26, quai des Orfèvres, 1er)

Siège de la police judiciaire, rendu célèbre par le commissaire Maigret, personnage des romans de Georges Simenon,le quai des Orfèvres possède un riche passé historique malgré ses bâtiments du XIXe siècle et sa tour d’angle, pastiche médiéval de 1911. Il doit son nom aux orfèvres établis sur le quai bâti entre 1580 et 1643. Les rues Sainte-Anne et de Jérusalem y débouchaient au niveau des numéros 12-14 et 24-26, et le reliaient à la rue de Nazareth, sa parallèle. Ici naquirent Boileau et Voltaire, et résidait le premier président du Parlement, dans l’ancien hôtel du baillage devenu à la Révolution le domicile du maire de Paris. Affecté en 1800 à la préfecture de police nouvellement créée, il disparut dans l’incendie allumé sous la Commune en mai 1871.


Rue de la Ferronnerie (Rue de la Ferronnerie, angle Rue Sainte-Opportune, 1er)

C’est ici que Ravaillac assassina Henri IV, le vendredi 14 mai 1610. afin d’observer, rue Saint-Denis, les préparatifs de l’entrée de la reine Marie de Médicis, couronnée à Saint-Denis le dimanche, le roi quitta le Louvre dans son carrosse aux rideaux de cuir relevés. Dans un encombrement créé par l’accrochage de deux charrettes chargées de foin et de tonneaux de vin, Ravaillac profita de l’arrêt de la voiture pour poignarder le souverain. Rétrécie par les échoppes adossées au mur du cimetière des Innocents du côté pair, la rue de la Ferronnerie ne dépassait guère 4 mètres de large. Henri II avait, en vain, ordonné son élargissement en 1554 : sa largeur ne fut portée à onze mètres qu’en 1669.


Rue Saint-Honoré (67 Rue Saint-Honoré, 1er)

A l’origine simple chemin vers Saint-Ouen, Argenteuil, le Roule et Neuilly, la rue Saint-Honoré s’est développée à la fin du XIIe siècle, après la création des Halles. Sous le règne de Philippe-Auguste, elle faisait partie de la « croisée » de Paris avec les rues Saint-Jacques et Saint-Denis. Elle prolongeait la rue de la Ferronnerie et se terminait à la porte Saint-Honoré, déplacée du 111 au 161, en 1380, avec l’enceinte de Charles V, puis sous Louis XIII, vers 1634, à l’intersection de la rue Royale. Le long de cette voie se trouvait l’église St-Honoré, le collège des Bons-Enfants, l’hospice des Quinze-Vingts, les couvents de l’Oratoire, des Feuillants, des Capucins, des Capucines, des Filles de l’Assomption et de la Conception.


Square du Vert-Galant (Pointe ouest de l’île de la Cité, 1er)

Jusqu’à la construction du Pont-Neuf, lîle de la Cité se terminait par le Jardin du Roi, où fut édifiée la place Dauphine. La pointe actuelle de l’île est constituée de la réunion de trois îlots à la Cité, assise centrale du nouveau pont. L’îlot du nord, nommé île du Patriarche, se prolongeait à l’est par un minuscule îlot portant un moulin, dit de la Gourdaine puis de la Monnaie, car son énergie hydraulique était utilisée pour battre le monnayage royal. Celui du sud, le plus grand, était dit île aux Bureau, car il appartenait à Hugue Bureau à la fin du XVe siècle. Le 11mars 1314, Jacques de Molay, grand maître de l’ordre du Temple, et Guy, commandeur des Templiers de Normandie, y furent brûlés vifs.


Théâtre du Châtelet (1, place du Châtelet, 1er)

Construit en deux ans par Davioud et inauguré le 19 août 1862, le Théâtre-Impérial, ou Cirque-Impérial, était, avec sa salle de 1800 places, le plus beau des grands théâtres du Second Empire. Sa façade Renaissance italienne est ornée de statues figurant le Drame, la Musique, la Danse et la Comédie. Conçu pour des opérettes à grand spectacle, le théâtre du Châtelet a disposé dès l’origine d’une vaste scène et d’équipements spéciaux. Ici triomphèrent Hortense Schneider, Féodor Chaliapine, Enrico Caruso, Georges Guétary, André Dassary, Luis Mariano, et furent monté « Salomé » de Richard Strauss, les Ballets russes de Serge Diaghilev, les œuvres de Franz Lehar et Francis Lopez, dont « le chanteur de Mexico » et « Méditerranée » tinrent l’affiche durant des années.

1 commentaire:

  1. Le site Wikipédia situe au 2 rue Saint Denis (près du Châtelet) la borne "Eclaitage public au XIXème siècle". D'après Street View, elle semble avoir disparu. Par curiosité, je vérifierai.

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