jeudi 5 mai 2016

Onzième arrondissement



ONZIEME ARRONDISSEMENT


Attentat de Fieschi (42 Boulevard du Temple, 11e)

Joseph Fieschi organisa en 1835, avec l’aide de Pépin et Morey, membres de la Société des Droits de l’Homme, un complot contre Louis-Philippe. Il loua une chambre au troisième étage de la maison située au 42, boulevard du Temple pour y construire une machine infernale, composée de vingt-cinq canons de fusils. Le 28 juillet, alors que le roi passait en revue la garde nationale sur les boulevards, l’attentat l’épargna, mais tua dix-neuf personnes, dont le général Mortier. Condamnés à mort, Fieschi, Pépin et Morey furent décapités. La maison fut démolie en 1842. De 1856 à 1869, Gustave Flaubert habita le troisième étage du nouvel immeuble, où il composa Salammbô et l’Education sentimentale. Le sculpteur Emmanuel Frémiet y avait un magasin de 1855 à 1872. 


Boulevard Beaumarchais (2, boulevard Beaumarchais, 11e)

En 1670, Louis XIV ordonna de transformer l’enceinte de Charles V en une promenade plantée d’arbres. Le boulevard Saint-Antoine, aménagé sur la digue de l’enceinte, prit en 1831 le nom de boulevard Beaumarchais. Le célèbre auteur du « Barbier de Séville », Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, avait acheté en 1787 un vaste terrain délimité par le boulevard Beaumarchais (numéros 2 à 20), la rue Pasteur Wagner, la rue Amelot et le boulevard Richard-Lenoir, pour s’y faire bâtir en 1790, par Paul-Guillaume Lemoine, dit le Romain, une somptueuse maison aux jardins dessinés par François-Joseph Belanger, architecte de Bagatelle. Après sa mort, le 18 mai 1799, il fut enterré dans le jardin de sa propriété, détruite en 1822 lors des travaux de construction du canal Saint-Martin. 


Boulevard du Crime (angle Boulevard du Temple et Place de la République, 11e)

Créé de 1676 à 1706 sur l’ancienne enceinte de Charles V, le boulevard u Temple devient rapidement une promenade à la mode. Les artistes des foires saisonnières Saint-Laurent et Saint-Ovide s’y produisent, et Nicolet y installe le premier théâtre fixe en 1759. Concentrés entre la place de la République et le 42, boulevard du Temple, les théâtres les plus célèbres sont alors le théâtre de la Gaîté, le Cirque olympique, les Funambules. En 1862, ils sont détruits par Haussmann, afin de restructurer la place de la République. C’est la fin du boulevard du Crime, surnom dérivé des thèmes des pièces, toutes inspirées par des faits divers, assassinats et vols.


Boulevard Richard-Lenoir (1 boulevard Richard-Lenoir, 11e)

Le boulevard Richard-Lenoir recouvre le canal Saint-Martin, autrefois à ciel ouvert depuis le bassin de la Villette jusqu’à l’Arsenal. Edifié sous la direction de Charles-Edouard Devilliers, le canal est inauguré le 4 novembre 1825. En 1861, Haussmann, préfet de la Seine, décide de construire un boulevard au-dessus du canal sur une longueur de 1,5 km entre la place de la Bastille et la rue Rampon, pour faciliter la circulation avec le boulevard Voltaire, nouvellement tracé. Le niveau du canal est alors abaissé de six mètres. Dès 1862, Gabriel Davioud, architecte du Théâtre du Châtelet, orne la partie centrale du boulevard d’une succession de quinze squares identiques. L’architecte David Mangin et la paysagiste Jacqueline Osty aménagent de nouveaux jardins en 1993.


Eglise et cimetière Sainte-Marguerite (36 Rue Saint-Bernard, 11e)

Le 29 octobre 1624, Antoine Fayet, curé de l’église Saint-Paul, obtint de Jean de Vitry, seigneur de Reuilly, un terrain sur lequel il fit bâtir une chapelle dédiée à Sainte-Marguerite. La chapelle devint en 1634 église succursale de Saint-Paul, puis en 1712 l’église paroissiale Sainte-Marguerite. Victor Louis, architecte du Théâtre de Bordeaux, édifia vers 1760 en collaboration avec le peintre Paolo-Antonio Brunetti la chapelle des Ames du Purgatoire. Le cimetière, ouvert en 1637, reçut en 1794, les corps de trois cents personnes guillotinnées places de la Bastille et de la Nation, avant d’être fermé en 1804. Louis XVII, mort en 1795 au Temple, y avait été inhumé, selon une légende dont les fouilles récentes sont venues démontrer la fausseté.


Hôtel de Mortagne (51 Rue de Charonne, 11e)

Jacques Nourry, secrétaire des commandements du duc d’Orléans, fit construire en 1661 par l’architecte Pierre Delisle-Mansart, neveu de François Mansart, une superbe résidence appelée La Folie Nourry. L’hôtel appartint en 1711 au comte Antoine de Mortagne, premier écuyer de la duchesse d’Orléans. Jacques Vaucanson, inventeur de génie, y vécut de 1746 à sa mort en 1782. Après les automates qui le rendirent célèbre, il mit au point, dans cette demeure, de grandes machines mécaniques textiles et des outils pour le travail de la soie, ce qui lui valut d’entrer à l’Académie des Sciences. En 1783, Louis XVI décida de fonder à l’hôtel de Mortagne le premier musée des Arts et Métiers.  


La conspiration Malet (2 Rue Pasteur, 11e)

Le général Claude-François de Malet, né en 1754, commence à comploter contre Napoléon 1er dès 1808. Placé en 1810 en résidence surveillée dans la maison de santé du docteur Dubuisson, 303, rue du Faubourg Saint-Antoine, il s’évade, et profite de l’absence de l’empereur, retenu en 1812 sur le front de Russie, pour tenter un coup d’état. Le 23 octobre 1812 à 4 heures du matin, il se présente à la caserne Popincourt, rue Pasteur, et annonce au commandant Soulier la mort de Napoléon. Cinq compagnies le suivent, et il parvient à prendre les points stratégiques de la capitale : à neuf heures du matin, le voilà maître de Paris. Cependant, le colonel Doucet, chef de l’état-major, pris de soupçons, le fait arrêter. Le 29 octobre 1812, Malet est fusillé avec ses complices.


La Maison Belhomme (157 Rue de Charonne, 11e)

Jacques Belhomme (1737-1824), ancien menuisier, loua en 1768 un immeuble situé 157-161 rue de Charonne, pour y fonder une maison de santé destinée aux malades mentaux. Le docteur Philippe Pinel y exerça au début de sa carrière. Sous la Révolution, des gens fortunés y cherchèrent refuge : la duchesse d’Orléans, l’actrice mademoiselle Lange. Accusé de leur avoir soutiré des sommes importantes, Belhomme fut arrêté le 28 janvier 1794 ; acquitté, il reprit la direction de sa clinique. Son fils, le docteur Jacques-Etienne Belhomme, lui succéda. La maison de santé fonctionna jusqu’en 1972 ; après sa démolition subsistent le pavillon Colbert, le parc, et le portail de 1724, remonté au 24, impasse Courtois.


Le Bataclan (50 Boulevard Voltaire, 11e)

Œuvre de l’architecte Charles Duval édifiée en 1864, ce café-concert devait son nom à une opérette dans le goût chinois, composée par Offenbach et Halévy. L’architecte avait reconstitué une pagode et accentué les détails exotiques : dragons ailés, toits recourbés. Son succès entraîna la réalisation de deux autres édifices du même style, rue de Babylone et rue de Courcelles. Le Bataclan connut son apogée en 1892 sous la direction de Paulus,le roi du café-concert. Le chansonnier Aristide Bruant, William Cody dit Buffalo-Bill s’y produisirent. En 1910, Maurice Chevalier y remporta un triomphe. Transformée en cinéma, la salle perdit son décor chinois en 1950. elle accueille désormais des spectacles de variétés et des concerts. 


Le Cirque d’Astley (18 Rue du Faubourg du Temple, 11e)

Philip Astley, ancien sous-officier de la cavalerie britannique, fonde ici en 1782 le premier cirque permanent de Paris, l’Amphithéâtre anglais. Au programme, des jeux équestres, des animaux dressés et des clowns. Son associé, Antonio Franconi, lui succède en 1793, avec de nombreux exercices équestres. Franconi et ses fils déménagent en 1801 pour créer le Cirque Olympique, mais Henri et Laurent Franconi reviennent en 1811 rue du Faubourg du Temple. Ils triomphent dans des numéros d’équitation acrobatique. La salle brûle en 1826 au cours d’une pantomime : « l’incendie de Salins ». En 1922, c’est l’inauguration du café-concert « le Temple », transformé depuis 1930 en cinéma, le Templia, actuellement l’Action République.


Le Cirque d’Hiver (110 Rue Amelot, 11e)

Louis Dejean, propriétaire du Cirque d’Eté bâti dans les jardins des Champs-Elysées, voulut aussi ouvrir un cirque pendant la saison d’hiver. Grâce à l’appui du duc de Morny, il obtint le terrain situé à l’emplacement de l’ancien réservoir des sources de Belleville. Jacques-Ignace Hittorff, architecte du Cirque d’Eté et de la Gare du Nord, construisit le nouvel édifice en trois mois. L’établissement, terminé peu après le 2 décembre 1852, prit le nom de cirque Napoléon. Ce polygone à 20 côtés, d’un diamètre de 41 mètres, pouvait contenir 4 000 spectateurs, aujourd’hui 2090. Administré en 1870 par Victor Franconi, puis par son fils Charles de 1897 à 1907, le cirque passe sous la direction des frères Bouglione en 1934.


Le gymnase Japy (angle Rue Japy et Rue François de Neuchâteau, 11e)

Ce fut à l’origine un marché couvert édifié en 1870, qui offre un bel exemple de l’architecture de fer et de verre. Aménagé en gymnase par Charles Laisné en 1884, il fut le théâtre de nombreuses réunions politiques. Du 6 au 9 décembre 1899 s’y tint le congrès socialiste auquel participaient Jean Jaurès et Paul Lafargue : la création du parti socialiste français (P.S.F.) y fut décidée. Pendant la guerre de 1939-1945, les Juifs furent victimes des persécutions nazies. Des rafles massives furent ordonnées à partir de 1941, dont la grande rafle du Vel d’Hiv le 16 juillet 1942. Hommes, femmes et enfants furent arrêtés et parqués au gymnase Japy. Internés au camp de Drancy, ils furent ensuite déportés dans le camps de concentration d’Auschwitz et exterminés dans les chambres à gaz.


Les Botanistes : rue du Chemin Vert (68 Rue du Chemin Vert, 11e)

Au XVIIe siècle, c’était un sentier bordé de jardins et de potagers, d’où son nom de chemin vert. Pierre-Marie-Aguste Broussonnet (1761-1807), biologiste, habita au 68, rue Parmentier. Il introduisit en France les moutons mérinos et les chèvres angoras. Le botaniste Lhéritier de Brutelle (1746-1800) vécut à cette adresse, et fut assassiné à quelques pas de sa maison. Antoine-Augustin Parmentier y mourut en 1813 à l’âge de 76 ans. Pour lutter contre la famine, il avait incité les Français à se nourrir de cette plante originaire du Pérou utilisée pour l’alimentation du bétail, la pomme de terre. Afin de démontrer qu’elle pouvait pousser sur un sol stérile, il la fit cultiver avec succès dans la plaine des Sablons à Neuilly et à Grenelle.


Les cabarets de la Courtille (160 Rue Saint-Maur, 11e)

Au XIIIe siècle, la Courtille formait un hameau à l’Est de la rue du Faubourg du Temple, et ce terme désignait des jardins ou des vergers. Au fil des siècles, elle se transforma en lieu de promenade très appréciée des parisiens qui venaient se divertir dans les guinguettes, et y boire le petit vin vert appelé guinguet. La plus célèbre, le cabaret du Tambour Royal, fut fondée par Jean Ramponaux : « Venez chez moi, Badauds, venez à la Courtille. C’est au Tambour Royal, tout y rit, tout y brille ». Situé à l’angle de la rue de l’Orillon et de la rue Saint-Maur, il devint dès 1758 l’établissement à la mode. Gens du peuple, artistes et aristocrates s’y pressaient pour déguster un vin excellent « à trois sous six deniers la pinte ».  


Les chevaliers de l’Arbalète (1 Rue de la Roquette, 11e)

En 1684, la compagnie royale des Chevaliers de l’Arbalète et de l’Arquebuse de Paris possédait un hôtel et un terrain d’exercices du 1 au 17, rue de la Roquette. Ils jouissaient déjà de privilèges sous le règne de Louis Le Gros ; saint Louis régla les exercices et fixa le nombre des chevaliers à 180. Protégés par les rois, d’Henri IV à Louis XVI, ils étaient tenus de s’entraîner à l’arbalète et à l’arquebuse, et appelés à prendre les armes pour servir comme troupes régulières en cas d’urgence. Leur uniforme de couleur écarlate était bordé de galons d’or, avec des revers de velours bleu. En 1790, une manufacture de faïence, « aux trois levrettes », s’établit dans l’ancien hôtel des Arbalétriers, avec deux flèches croisées pour emblème.


Les couvents de la rue de Charonne (angle Rue de Charonne et Rue Faidherbe, 11e)

Au XVIIe siècle, trois établissements religieux s’installèrent ici côte à côte. Aux numéros 94-98 se trouvait le couvent des Dominicaines de la Croix, créé en 1641. Sur son emplacement, Labussière et Longerey ont construit le Palais de la Femme, en 1911. Les sœurs bénédictines de la Madeleine de Traisnel installèrent en 1654 leur monastère au n°100. La reine Anne d’Autriche posa la première pierre de la chapelle. Le couvent de Bon-Secours, fondé en 1648 par Claude de Bouchavanne, était situé au 99-101 rue de Charonne, dans des bâtiments reconstruits en 1739 par Nicolas d’Orbay. En 1799 et 1801, les industriels Richard et Lenoir aménagèrent des filatures de coton dans ces deux édifices, désormais classés monuments historiques. 


Les dalles de la Guillotine (16 Rue de la Croix-Faubin, 11e)

La prison de la Grande Roquette, construite en 1836 par l’architecte François-Chrétien Gau, et située entre les rues de la Roquette, Gerbier, de la Folie Regnault et La Vacquerie, était destinée aux condamnés à la réclusion à perpétuité et aux condamnés à mort. La guillotine, entreposée au 60, rue de la Folie Regnault, était placée devant le portail de la prison pour les exécutions capitales. Devant le 16, rue de la Croix-Faubin, cinq dalles rectangulaires en granit, encastrées dans le sol, servaient à dresser l’échafaud, d’où le surnom d’abbaye des cinq pierres donné à la guillotine. De 1851 à 1899, plus de deux cents personnes furent exécutées ici, dont les anarchistes Auguste Vaillant et Emile Henry. La prison fut démolie en 1900.


Manufacture de céramique (4 Rue de la Pierre Levée, 11e)

La manufacture de céramique fut fondée en 1833 par Pichenot et Loebnitz père. Leur nouveau procédé, découvert en 1840 pour perfectionner la faïence et confectionner de grandes pièces, favorisa l’emploi de décors monumentaux en céramique dans l’architecture. Jules Loebnitz donna à la manufacture une renommée internationale, et fit construire ces ateliers en 1880-1884 par Paul Sédille, l’architecte du Printemps. Trois des panneaux de la façade réalisés par le peintre Emile Lévy, son élève Lazar Meyer et Jules Loebnitz – l’architecture, la sculpture, la peinture – furent conçus pour l’exposition universelle de 1878 ; le quatrième est dédié à la céramique.


Nicolas de Blégny (22 Rue de la Folie Méricourt, 11e)

Voie de communication entre le faubourg du Temple et le faubourg saint Antoine, cette rue portait le nom d’un particulier, Marcaut, déformé en Moricaut, puis Méricourt, propriétaire au Moyen Age d’une maison de campagne. Nicolas de Blégny (1652-1722), chirurgien, apothicaire et chimiste, y ouvrit en 1689 une clinique où il soignait les malades atteints de tumeurs, de la goutte et de l’asthme. Un jardin médicinal lui fournissait les plantes destinées à la fabrication des remèdes dans son laboratoire. Auteur de nombreux ouvrages sur les vertus thérapeutiques du thé, du café et du chocolat, il publia en 1692 sous le pseudonyme d’Abraham du Pradel « Le livre commode des adresses de Paris », mine de renseignements sur la vie quotidienne au XVIIe siècle.


Place Léon Blum (angle Avenue Parmentier et Place Léon Blum, 11e)

La mairie du XIe arrondissement fut édifiée de 1862 à 1865 par Etienne-François Gancel. En 1870, le maire Arthur de Fonvielle proposa de donner au boulevard Prince-Eugène le nom de boulevard Voltaire. La statue d’Eugène de Beauharnais, œuvre d’Augustin Dumont, fut remplacée par celle de Voltaire, réplique en bronze d’après Houdon. Endommagée lors de la Commune, cette statue fut ôtée pour réparation, et en 1885 la place Voltaire accueilllit un monument dédié à Ledru-Rollin : cette œuvre de Léopold Steiner fut envoyée à la fonte en 1942 sous l’Occupation. Rebaptisée Léon Blum en 1957, la place fut ornée en 1991 d’une statue à son effigie, exécutée par Philippe Garel.


Prison de la Petite-Roquette (face au 168 Rue de la Roquette, 11e)

Le domaine de la Roquette était en 1545 la propriété de Germain Teste, receveur de la Ville. Henri II y séjourna le 29 août 1568. Les sœurs Hospitalières de la Roquette y établirent leur couvent de 1690 à 1789. Louis-Hippolyte Lebas, architecte de l’église Notre-Dame de Lorette, construisit de 1825 à 1836 la prison de la Petite-Roquette sur une partie du domaine. Située entre les rues de la Roquette, Servan, Duranti et Merlin, la prison, destinée aux jeunes détenus de 6 à 20 ans et aux enfants incarcérés par mesure de correction paternelle, présentait l’aspect d’un château-fort. L’impératrice Eugénie la visita le 19 juin 1865. L’établissement, affecté aux femmes à partir de 1932, fut démoli en 1974. Le portail subsiste au 147, rue de la Roquette.


Rue de la Fontaine du Roi (45 Rue de la Fontaine du Roi, 11e)

Son nom fait référence aux tuyaux des fontaines qui conduisaient les eaux des sources de Belleville jusqu’à l’abbaye Saint-Martin des Champs (maintenant Conservatoire des Arts et Métiers). En 1773, Jean-Baptiste Locré y établit une manufacture de porcelaine. Son directeur, Laurent Russinger, racheta la fabrique en 1787. Devenue l’une des plus célèbres de Paris, elle comptait Madame du Barry parmi ses clientes. Sous la Commune, lors des derniers combats du 28 mai 1871, vers 11 heures, une vingtaine de personnes, dont Eugène Varlin, Théophile Ferré et Charles Gambon, défendaient encore la barricade de la rue de la Fontaine au Roi. Jean-Baptiste Clément dédia une chanson écrite en 1866, « Le temps des cerises », à une jeune infirmière venue soigner les blessés, Louise.  

Rue de Lappe (angle Rue de Lappe et Rue de Charonne, 11e)

Girard de Lappe, jardinier, y possédait des terrains en 1635. Dès le XVIIe siècle, menuisiers et ébénistes s’y établirent. Attirés par la liberté du commerce au faubourg Saint-Antoine, les Auvergnats s’y regroupèrent à la fin du XVIIIe siècle. Ils exerçaient les métiers de chaudronniers, de ferblantiers et de marchands de parasols. Au XIXe siècle, les boutiques étaient tenues par des ferrailleurs, des brocanteurs et des marchands de vins. Des bals auvergnats s’ouvrirent où l’on dansait la bourrée, au son du musette. Même après le remplacement de cet instrument par l’accordéon, le nom de bals musettes leur resta. La rue en comptait une quinzaine et la tradition se poursuit de nos jours avec le Balajo.


Rue des Immeubles industriels (face au 15 Rue des Immeubles industriels, 11e)

Emile Leménil, architecte du théâtre des Bouffes du Nord, édifia en 1873 les immeubles de la rue de l’Industrie Saint-antoine, devenue en 1877 la rue des Immeubles industriels. Ces dix-neuf immeubles identiques comportaient des logements, des ateliers et des machines en sous-sol. Dans des ateliers individuels, les ouvriers pouvaient utiliser l’énergie fournie à l’ensemble de la collectivité par les machines à vapeur. Construites par les fonderies Cail, les machines produisaient une force motrice de 200 chevaux et faisaient fonctionner les deux cent trente ateliers situés au rez-de-chaussée, à l’entresol et au premier étage. Les logements bénéficiaient d’un grand confort : gaz, eau froide et chaude. Les locataires furent en majorité des ébénistes et des fabricants de meubles.


Rue Oberkampf (face au 89 Rue Oberkampf, 11e)

L’ancien chemin de Ménilmontant conduisait du quartier du Temple au hameau de Ménilmontant. Le Mesnil désignait une maison de campagne, Maudan son propriétaire. Le chemin était escarpé : ce nom fut déformé en Mesnil-Montant. La pente en fut adoucie en 1732, et des arbres plantés le long des deux côtés en 1734. La rue de Ménilmontant se prolongeait entre la rue de la Folie-Méricourt et la rue Saint-Maur par la rue de la Roulette, qui devait sa dénomination aux bureaux de douanes installés sur roues. En 1859, le village de Ménilmontant fut inclus dans Paris. Pour éviter les confusions entre les appellations similaires, la rue changea de nom, et devint en 1864 la rue Oberkampf, en hommage au fondateur de la manufacture de Jouy.


Rue Popincourt (88 Rue Popincourt, 11e)

Elle doit son nom à Jean de Popincourt, premier président du Parlement en 1400, qui possédait ici un manoir. Plusieurs maisons furent construites à proximité, elles formèrent un petit hameau baptisé Popincourt. En 1561, on reconnut aux églises réformées le droit de réunion : un temple fut ouvert dans la propriété de Bertrand, seigneur de Popincourt. Les troupes du connétable de Montmorency le détruisirent en 1562. En 1636, les sœurs Annonciades du Saint-Esprit s’installèrent à Popincourt. Leur couvent s’étendait sur plus de 8 hectares. La chapelle des Annonciades, bâtie en 1654, devint en 1791 l’église paroissiale Saint-Ambroise, remplacée en 1869 par la nouvelle église Saint-Ambroise, édifiée par Théodore Ballu au 71 bis, boulevard Voltaire.

Square Maurice Gardette (angle Rue Lacharrière et Rue du Général Guilhem, 11e)

Napoléon 1er ordonna par mesure d’hygiène la création de cinq abattoirs publics dans Paris. Le premier, construit par Happe de 1811 à 1815, fut l’abattoir de Ménilmontant situé entre les rues Saint-Ambroise, Saint-Maur, du Chemin Vert et l’avenue Parmentier. Vers la fin du XIXe siècle, les abattoirs, édifiés sous l’Empire, se trouvaient au centre de quartiers habités par une importante population. La Ville de Paris décida en 1865 de les supprimer et de les remplacer par un seul abattoir à la Villette. Ouvert en 1872 sur l’emplacement de l’ancien abattoir, le square Parmentier prit le nom de Maurice Gardette, en hommage au conseiller municipal, fusillé par les Allemands en 1942. Le square est orné de la sculpture « le botteleur » réalisée en 1891 par Jacques Perrin.


Ville d’Angoulême (Place Pasdeloup, 11e)

La maison du Temple possédait, en dehors de l’enceinte de Charles V, des terres délimitées par les rues Amelot, Oberkampf, de la Folie Méricourt et Rampon. Aménagées du XVIe au XVIII e siècle en jardins et vergers, ces terres permettaient d’approvisionner Paris en légumes et en fruits. En 1778, le chevalier de Crussol, qui administrait les biens de la maison du Temple pour le duc d’Angoulême, Grand Prieur, entreprit une vaste opération immobilière appelée « ville d’Angoulême ». Il loua ces terrains par parcelles avec l’obligation de construite. Des rues furent tracées en 1782 : rue d’Angoulême, devenue rue Jean-Pierre Timbaud, rue de Crussol, rue du Grand Prieuré, rue de Malte. L’immeuble du 136, rue Amelot constitue un exemple de ce lotissement.

2 commentaires:

  1. Bravo, mais qu'en est-il de la Maison des Métallos (et de l'histoire des métallos parisiens) ?

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  2. beau site dommage que l on voit pas les anciens garages automobiles du 11 eme arrondissement et de ses petites entreprises

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