jeudi 5 mai 2016

Treizième arrondissement



TREIZIEME ARRONDISSEMENT



Cimetière de Sainte-Catherine (51 Boulevard Saint Marcel, 13e)

Ici se trouvait l’entrée de ce cimetière, qui s’étendait sous le boulevard Saint-Marcel et vers le nord. Créé en 1783 pour doubler le cimetière de Clamart, lieu d’inhumation des pauvres de la capitale de 1673 à 1793, il porte ce nom car les religieuses Sainte-Catherine y mettaient en fosse commune les corps portés à la morgue. Il recevait aussi les défunts du quartier, de la Cité et d’autres paroisses. Le général Pichegru et les complices de Cadoudal en 1804, Louvel, assassin du duc de Berry en 1820, les quatre « Sergents de La Rochelle » en 1822… ainsi que le médecin Bichar en 1802 et Restif de la Bretonne en 1806 y furent inhumés, avant sa fermeture en 1824.


Cité du Refuge (12 Rue Cantagrel, 13e)

A la Cité du Refuge, achevée en 1933, Le Corbusier peut enfin mettre en pratique ses idées sur l’habitat collectif. Ce programme a de quoi le passionner : il s’agit d’un bâtiments public d’accueil (logement, repas) et de travail, à vocation charitable. L’architecte doit prévoir services de réception, dispensaire, crèche, blanchisserie, entrepôt de vêtements et d’objets d’occasion, séparation des femmes et des hommes : une utopie dans un immeuble. Le Corbusier imagine cette étonnante façade, mur vitré hermétique de 1000 m2 ; l’air conditionné doit diminuer le coût du chauffage et assainir la Cité. Inefficace en son temps, ce principe a profondément influencé l’architecture du XXe siècle.


Cité Jeanne d’Arc (angle Rue Jeanne d’Arc et Rue du Dr. Victor Hutinel, 13e)

Cet ensemble ouvert en 1884 était constitué d’immeubles collectifs et de ruelles avec entrée sous arcade. Divisé en logements sans confort, la cité devient un taudis dans un quartier à l’industrialisation rapide (gare d’Austerlitz, entrepôts sur les quais, raffinerie Say, automobiles Panhard-Levassor et Delahaye, chocolats Lombart…). Foyer de révolte autant que d’insalubrité et de délinquance, la cité Jeanne d’Arc suscite une répression sans faiblesse, mais également des actions secourables. En 1934, un mouvement précurseur du Front Populaire y voit le jour : les révoltés dressent des barricades contre la police, avec le soutien du député André Marty, ce qui vaut à la cité d’être condamnée à la démolition en 1938.


Communards de la Butte aux Cailles (51 Boulevard Auguste-Blanqui, 13e)

Après le Siège de Paris, la ville doit capituler le 27 janvier 1871. Le gouvernement réfugié à Versailles tente de rétablir l’ordre dans Paris, tenu par la Commune. La Butte aux Cailles, alors peu habitée, et dont les fortes pentes dominent la vallée de la Bièvre, est le théâtre de luttes sanglantes le 25 mai 1871. Les Fédérés en ont fait leur quartier général et leur chef, Wroblewski, défend son approche par embuscades et tirs d’artillerie légère. Les Versaillais sont plusieurs fois repoussés, mais en fin de journée, ils tiennent la place d’Italie (alors place Emile Duval, conseiller et général Communard fusillé en avril) puis la butte, tandis que de nombreux insurgés gagnent la rive droite de la Seine.


Couvent des Cordelières (Rue Pascal, angle Rue de Julienne, 13e)

Fondation royale, le couvent des Cordelières est construit à la fin du XIIIe siècle sur le vœu de Marguerite de Provence, veuve de saint Louis. Cette propriété de 8 hectares, hors Paris, se trouve enrichie par leur fille Blanche, qui y meurt en 1320. Plusieurs fois inondées par les crues de la Bièvre, l’église et ses annexes sont profanées et dévastées en 1590, lors du siège de Paris par Henri IV. Vendu en 1796, ce riche couvent devient le siège d’industries liées à la Bièvre : tannerie, blanchisserie. En 1834, les bâtiments sont transformés en »hôpital de Lourcine ». La construction du nouvel hôpital Broca, entre 1972 et 1982, les a fait disparaître, mais a permis de dégager les vestiges de l’ancien réfectoire gothique.


Couvent des Filles-Anglaises (28 Rue des Tanneries, 13e)

Un petit groupe de sept bénédictines anglaises s’installe à Paris en 1651, fuyant les persécutions dont les catholiques anglais sont victimes. En 1654, elles achètent ici un terrain à Noël Paye (d’où le nom du quartier « Clos Payen »), puis d’autres en 1686 sur le « Champ de l’Alouette ». Cette communauté eut pour première Supérieure Brigitte More, une descendante du premier ministre et écrivain Thomas More. En 1693, les religieuses construisent cloître et cellules ; ce sont aujourd’hui des ateliers et des logements. Sous la Terreur, les « Filles anglaises » elle-mêmes, et de nombreux autres prisonniers, y sont enfermés. Leurs bien dispersés, le couvent saccagé, puis vendu (1799), elles retournent alors en Angleterre. 


Eglise Saint-Hippolyte (10 Boulevard Arago, 13e)

Sous nos pieds se trouvent les fondations d’une église qui date peut-être de Robert le Pieux, roi de l’an mil. Au XIIIe siècle, la chapelle primitive est reconstruite et peu à peu agrandie. C’est la paroisse des Gobelins, l’église est ornée des œuvres des plus grands peintres, tapissiers, orfèvres. De nombreux membres de la famille Gobelin, les peintres et dessinateurs Michel Corneille, Van der Meulen, Jean-Baptiste Martin, Sébastien Le Clerc, l’industriel et collectionneur Jean de Jullienne, y sont inhumés. Vendues en 1792, ses merveilles sont dispersées ou anéanties ; elle est bientôt détruite, à l’exception d’un mur latéral de la nef gothique, qui disparaît en 1867 avec le percement du boulevard Arago. 


Folie Lepreste de Neubourg (68 Boulevard Auguste-Blanqui, 13e)

L’architecte Peyre construit en 1762, dans un style italien archaïque, une folie, au bord du tout nouveau boulevard du Midi ; un péristyle ouvert précède une façade ornée de quatre statues, entre deux bâtiments d’angle carrés. La propriété du receveur des Finances de Caen et conseiller du Roi, Lepreste de Neubourg, échoit à sa fille, qui la vend en 1786. Abandonnée à la Révolution, cette maison devient une blanchisserie des hôpitaux de Paris : la Bièvre coule au bout du jardin. Elle est en ruines lorsque, vers 1889, Auguste Rodin y installe un atelier et un dépôt. Il y retrouve son élève Camille Claudel. En 1909, la folie est détruite et le terrain loti.


Hôtel de la Reine-Blanche (17 Rue des Gobelin, 13e)

Fille de saint Louis, Blanche fait construite rue de la Reine-Blanche un petit hôtel, vers 1300. Disparu au cours du XVIe siècle, cet hôtel ne survit que par sa légende et son nom, attribué à cette ancienne propriété de la famille Gobelin. Aux n° 19 et 17 de cette rue (Des Gobelin) se trouvent en effet deux maisons gothiques bâties vers 1500,l’une sur la rue et l’autre au fond d’un large passage. Les Gobelin s’en défont au XVIIe siècle, et la propriété connaît des fortunes diverses : loué un temps aux Bénédictines, le 19 est au siècle dernier l’atelier d’un apprêteur de draps, tandis que l 17 est transformé en tannerie. Ces maisons de belle qualité architecturale sont parmi les plus anciennes de Paris. 


La Butte aux Cailles (Place de la Commune de Paris, 13e)

Pierre Caille achète ici en 1543 un coteau planté de vignes dominant la Bièvre. Il laissera son nom à ce petit territoire agricole, dont l’histoire est à peine bouleversée par l’atterrissage forcé du premier aérostat portant le marquis d’Arlandes et Pilâtre de Rozier, en 1783. La butte est alors couronnée de quelques moulins ; l’un des deux derniers subsiste sur cette placette jusque dans les années 1860. L’on y creuse aussi des carrières de pierre et de glaise. Entre la Révolution de 1848 et la Grande guerre, la Butte aux Cailles est colonisée par des chiffonniers et des ouvriers du cuir. Ce village sans église se peuple de fermes, d’ateliers et de commerces, dans un esprit de convivialité et de liberté


La chocolaterie Meunier-Lombard (angle Avenue de Choisy et Rue de la Vistule, 13e)

En 1760, Meunier fonde dans le centre de Paris la première chocolaterie française. Cette entreprise s’installe en 1860 sur cet emplacement, alors proche d’un marché aux porcs. En 1875, elle est rachetée par Jules Lombart. L’industriel et sa femme financent vingt ans plus tard le portail romano-byzantin de Sainte-Anne de la Maison-Blanche, aussitôt appelé « la façade chocolat » ; génie de la publicité, Lombart présente ses produits dans toutes les foires commerciales, ce qui lui vaut de nombreux prix. L’usine prospère : elle emploie 800 ouvriers vers 1920. La concurrence accrue des années 30, les grèves de 1936 et la guerre portent un coup fatal à la vieille chocolaterie.


La Cité Fleurie (61-67 Boulevard Arago, 13e)

En 1878, un promoteur entreprend de construire une série d’ateliers d’artistes avec les matériaux provenant du démontage de l’Exposition Universelle, sur un terrain vague attenant à une petite maison du XVIIIe siècle. Le renom de ses locataires et occupants va rendre la Cité fameuse : Eugène Grasset, initiateur du style 1900 ou Pierre Roy, peintre de natures mortes surréalistes. Rodin, Bourdelle, Maillol, y font patiner leurs bronzes. L’atelier de Daniel de Monfreid a été le logement précaire de Gauguin ; le n° 9, celui de Modigliani ; le n°22 abrita Jean-Paul Laurens, puis César Domela. En 1973, l’opiniâtreté du peintre Cadiou et des artistes de la Cité Fleurie en fit un site protégé.


La collégiale Saint-Marcel (4 Rue Michel Peter, 13e)

Ici s’élevait le chevet de la collégiale Saint-Marcel, détruite en 1808, à l’exception d’une tour carolingienne emportée en 1873 par la création du boulevard Saint-Marcel. Personnage légendaire qui aurait dompté un dragon venu hanter les rives de la Bièvre, saint Marcel, mort vers 435, fut avec sainte Geneviève le patron de Paris, et ses reliques furent installées à Notre-Dame en 945. Sa chapelle funéraire devint un lieu de pèlerinage, où l’on venait aux Rogations (jours précédant l’Ascension), avec un dragon géant en osier que les enfants nourrissaient pour l’amadouer ; Bâtie au IXe siècle sur une chapelle mérovingienne, reconstruite au XIIe, l’église était devenue collégiale. Sa crypte se trouve sous nos pieds.


La folie du treizième (20 Rue Le Brun, 13e)

Dans cette cour se trouve l’unique survivante dans le 13e arrondissement des petites demeures de plaisance du XVIIIe siècle. Son jardin s’étendait rue de la Reine-Blanche, contre les magasins de la Manufacture de draps et de teinture en écarlate, et comprenait une glacière monumentale. La tour dans l’angle, avec consoles et balcon de pierre à rambarde en fer forgé, possède porte basse et fenêtre surmontée de motifs sculptés ; cette dernière ouvre sur un salon Louis XV : la folie fut construite vers 1727. Vendue en 1768, elle est louée en 1776 au principal du collège des Grassins, puis revendue en 1817 ; elle appartenait alors au sieur Vavoque, descendant d’une famille de lissiers des Gobelins.


La grande maison des Gobelins (3 bis Rue des Gobelins, 13e)

Sur ces deux cours se trouvent les bâtiments de maître de la manufacture de teinture écarlate, dite « grande maison » de la famille Gobelin, en activité entre 1550 et 1650. Le 27 septembre 1621, après avoir mis à sac et incendié le temple de Charenton, des catholiques fanatisés s’attaquent à la « grande maison », où se seraient réfugiés de nombreux protestants… Défendus par la troupe royale, ses magasins échappent au pillage. La propriété est acquise (1686) et modernisée par Jean Glucq, originaire d’Amsterdam, qui obtient des privilèges royaux pour la fabrication des draps et de leur teinture. Son neveu Jean de Jullienne, ami de Watteau, dirige ensuite cette manufacture, où il abrite ses fameuses collections d’œuvres d’art. 


La maison Planeix (26 Boulevard Masséna, 13e)

Cette habitation est l’une des rares maisons urbaines construites par le Corbusier. Alignée sur le boulevard et entourée d’immeubles mitoyens, liée par des passerelles à son jardin en terrasses, elle ne se distingue que par l’élégance de ses volumes et le choix de ses matériaux. Amateur d’art, Antonin Planeix contacte en 1924 la nouvelle agence parisienne du maître de l’architecture moderne, et lui confie ce projet. Le Corbusier met ici en œuvre ses théories sur l’unité d’habitation, aux espaces calculés sur les proportions du corps humain. Achevée en 1927, la maison, qui devait être édifiée sur pilotis, accueille au rez-de-chaussée deux logements-ateliers à usage locatif.


La raffinerie Say (125 Boulevard Vincent-Auriol, 13e)

Industriel nantais, Louis Say achète en 1832 les terrains de la « Raffinerie de la Jamaïque », alors dans Ivry, derrière la barrière des Deux-Moulins : l’îlot entier situé devant nous. Deux à trois tonnes de sucre sortent quotidiennement des chaudrons de la raffinerie dès 1832, et sa réussite en fait une entreprise de taille mondiale avec l’avènement du sucre « indigène » produit de la betterave. La raffinerie Say est fameuse par ses œuvres sociales : Constant Say crée en 1863 des primes et des retraites pour les infirmes et les anciens, en 1868 une caisse de secours pour les malades ou blessés. En 1900, cette usine, qui a fermé ses portes en 1968, était la première fabrique de sucre du monde, avec 600 t. par jour.


La Salpêtrière (47 Boulevard de l’Hôpital, 13e)

Cet immense hôpital doit son nom à l’entrepôt de poudre, ou « Petit arsenal », installé ici en 1634 et dont subsistent deux bâtiments. Sur les mêmes terrains, Louis XIV décide en 1656 la construction d’un « Hôpital général » destiné aux femmes pauvres ou invalides, aux folles, puis aux filles publiques. Les architectes Duval, Le Vau, Libéral Bruant se succédèrent entre 1658 et 1678. Au XVIIIe siècle, Boffrand, Payen et Viel, achèvent l’édification de la Salpêtrière ; l’arc d’entrée, la façade et la chapelle Saint-Louis constituent un ensemble d’une puissante sobriété. Son histoire est riche en tragédie : de 1669 à 1550, les prostituées sont embarquées de force aux colonies, le 4 septembre 1792, des fanatiques envahissent les bâtiments, violent et massacrent orphelines, prostituées et détenues. Les médecins Pinel (1745-1826) et Esquirol (1772-1840) améliorent néanmoins le traitement réservé aux aliénés. Les travaux de Vulpian (1826-1887) et surtout de Jean-Martin Charcot (1825-1893) aboutissent à la création de la première chaire mondiale de neurologie en 1882.


La Sœur Rosalie (13 Avenue de la Sœur Rosalie, 13e)

Jeanne-Marie Rendu (1786-1856), sœur Rosalie en religion, est l’une des grandes figures charitables et courageuses du Paris populaire. Fille de Saint-Vincent-de-Paul,la sœur Rosalie se consacre avec un courage admirable à l’apaisement des malheurs de ce territoire, qui connaît au XIXe siècle des épidémies de choléra (1832 et 1849) et des insurrections (1830, 1848, 1871) en grande partie dues à la misère. Pionnière de l’aide sociale, elle se voue à la construction de quatre écoles et d’une crèche, tient un dispensaire… Sur cet emplacement existait depuis 1860 une petite chapelle Sœur-Rosalie, détruite en 1867 lors du percement de la rue. 


La verrerie à Bouteilles (angle rue Raymond Aron et quai François Mauriac, 13e)

Sur l’emplacement de cette esplanade et de la Bibliothèque de France se trouvait, entre 1792 et 1848, une verrerie à bouteilles, premier établissement industriel du quartier de la Gare. Fondée par Saget de Maker, ancien régisseur de la Manufacture de Sèvres, l’usine fabrique des bouteilles à col large, primées à l’Exposition française de 1802, des cloches de jardin, et des vitres troubles teintées de vert, « façon Alsace ». Elle possède trois fours, et emploie en 1816 une centaine d’ouvrier. Après le retrait de Saget en 1823, la production baisse, et les bâtiments sont loués en 1847 à la Compagnie des chemins de fer d’Orléans, qui les détruit aussitôt pour agrandir sa gare de marchandises.   


L’Ecole des Arts et Métiers (151 Boulevard de l’Hôpital, 13e)

Le Conseil de Paris émet le vœu de fonder une Ecole des Arts et Métiers à Paris dès 1871. En 1904, l’Etat et la Ville de Paris s’y associent. L’architecte Georges Roussi est choisi, et l’Ecole inaugurée en 1912. Elle occupe l’emplacement des abattoirs de Villejuif, implantés dans le hameau d’Austerlitz appartenant jusqu’en 1860 à Ivry. Affectée pendant la Grande guerre à la construction d’obus et de pièces de mécanique, l’Ecole n’est opérationnelle qu’en 1920. Elle forme alors en trois ans les « Gardz’Arts » du département, une quatrième année regroupant ici tous les ingénieurs diplômés Arts et Métiers de France. Depuis 1950n l’ENSAM de Paris est vouée essentiellement à cette année de transition entre école et industrie.


L’Ecole Estienne (18 Boulevard Auguste-Blanqui, 13e)

Fondée à l’initiative du conseiller de Paris, Abel Hovelacque, l’Ecole Supérieure des Arts et Industries graphiques a été inaugurée en 1896. C’est alors l’Ecole Municipale du Livre Estienne : l’établissement, qui doit son nom à une célèbre famille d’imprimeurs du XVIe siècle, a pour objet l’enseignement professionnel des métiers du livre, dans tous leurs aspects pratiques et théoriques. Il s’agissait de pallier l’apparition d’une sous-qualification exploitée par l’industrie naissante. L’architecte Manjot de Dammartin réalisa les bâtiments en briques avec corniches et bandeaux en pierres, couverts d’ardoise. La charpente en fer de l’atelier des machines - 1200 m2 – est construite par la société de Levallois-Perret, fondée par Eiffel. 

Cette borne, encore en place en 2015 lors de mon inventaire, bien qu'en sursis en raison de travaux qui menaçaient son équilibre, a disparu à ce jour (avril 2017) . Ayant pu en recopier le texte avant cette disparition, je la fais figurer dans l'inventaire "vivant", ainsi que dans celui des bornes défuntes. 


Le gratte-ciel n° 1 (35 Rue de Croulebarbe, 13e)

Construit par l’architecte Edouard Albert en 1960, cet immeuble de 65 mètres de haut est la première tour à usage de logements de Paris. Son architecture originale est le fruit de techniques novatrices, structures de poteaux d’acier creux, habillage de panneaux d’inox, matériaux préfabriqués, légers et économiques. La percée du 6e étage n’est pas une originalité esthétique, elle a été aménagée pour recevoir une passerelle qui aurait permis de rejoindre la rue Abel-Hovelacque, en enjambant les voies de garage du métro. Ce bâtiment original, qui figure à l’inventaire des Monuments historiques, est l’un des rares représentants, avec certains bâtiments de l’université de Jussieu, de l’architecture tubulaire métallique mise au point par Albert.  


Le Mobilier national (1 Rue Berbier du Mets, 13e)

En 1934, l’architecte Auguste Perret est chargé d’édifier ce bâtiment, pour abriter les collections nationales des objets d’ameublement destinés aux services publics de l’Etat, et accueillir des ateliers de restauration. Inauguré en 1936, le « Palais de Perret » correspond remarquablement à ce programme, auquel a été ajouté en 1964 un atelier de création. L’architecte a habilement utilisé la pente du ravin de la Bièvre pour masquer les importants volumes bâtis, et traité les façades avec un béton chargé de gravillons colorés. En contrebas et dans les mêmes années, l’ancien jardin de la Manufacture des Gobelins, autrefois propriété des Cordelières de Lourcine, a été aménagé en jardin public par Jean-Charles Moreux.


Le Moulin de Croulebarbe (56 Rue Corvisart, 13e)
Petite rivière dont le nom évoque en langue celte les castors qui y vivaient encore au Moyen Age, la Bièvre était dotée de nombreux moulins. En 1214, un moulin à eau situé à cet endroit est la propriété du chapitre de Notre-Dame. Ce moulin, qui tient son nom de celui de ses fondateurs, les Crollebarbe ou Croulebarbe, fait durant cinq siècles l’objet de litiges entre les chapitres (assemblées de chanoines) de Notre-Dame et de Saint-Marcel, dont il relève en principe. Il reste en activité jusqu’en 1826, date à laquelle il fournit encore son énergie à une usine de tréfilage. Le bief de Croulebarbe lui-même est supprimé, avec les dernières traces des deux bras de la Bièvre parisienne, en 1912.


L’enceinte du Paris de Louis XVI (face au 3 Rue Bruant, 13e)

L’enceinte fiscale de la Ferme Générale se propose en 1784 de mieux contrôler et taxer le trafic commercial aux portes de la capitale. Elevés entre 1785 et 1791, les monumentaux bureaux ou « Propylées » de l’architecte Ledoux rythment une enceinte entourant Paris. Fort impopulaire, « le mur murant Paris rend Paris murmurant ». Mis à mal dès 1789, la majorité de ses bureaux disparaissent au cours du XIXe siècle : il n’en reste que quatre. Quant au mur, ses rares vestiges constituent les limites de l’ancien Hôpital de la Salpêtrière, que l’on voit ici au long des rues Bruant et Jenner, pour lequel la Ferme générale a partiellement réemployé des bâtis existants, et qui a subi des altérations depuis 1791.


Le Palais du Peuple (29 Rue des Cordelières, 13e)

L’Armée du salut s’est implantée en France dès 1881, sous l’impulsion de Catherine, fille du général Booth, fondateur de l’œuvre en Angleterre. Construit en 1912, son « Palais du Peuple » est un hôtel social qui accueille les hommes sans abris. En 1926, sous l’impulsion de la princesse Edmond de Polignac, héritière des puissants industriels américains Singer, un bâtiment sur la cour, donnant sur les jardins des Gobelins, est ajouté par le Corbusier pour créer cent dix lits. Entre 1930 et 1933, l’architecte aménage pour l’Armée du salut la péniche du quai d’Austerlitz et la Cité de Refuge. Le dortoir élevé ici, remarquable par son ouverture sur la lumière et l’espace du jardin des Gobelins, a été profondément modifié.


Le premier immeuble social (45 Rue Jeanne d’Arc, 13e)

Fondée en 1780, la Société philanthropique portait secours aux Parisiens, « ouvriers ou hommes de peine, pauvres, ayant une conduite irréprochable », ainsi qu’aux ouvriers octogénaires, aux aveugles et aux mères de six enfants. En 1888, devant la condition déplorable des ouvriers, qui fait craindre de nouvelles révoltes, elle entreprend la construction de ce premier immeuble à bon marché, œuvre de l’architecte des Gobelins, Chabrol, et modèle d’une série d’autres : une trentaine de logements d’environ 30 m2. Les locataires affluent, tentés par les loyers très bas proposés par la Société qui, ne réalisant pas de bénéfices, ne peut malheureusement pas réinvestir dans de nouvelles constructions.  


Le puits artésien (5 Place Paul Verlaine, 13e)

Afin d’alimenter les maisons de la butte (situées à une altitude de 62 mètres), mais aussi pour augmenter le débit de la Bièvre, le forage d’un puits de grande profondeur est décidé en 1863. En 1872, l’entreprise est abandonnée à 532 mètres. Après plus de vingt ans, le chantier est repris : l’eau jaillit enfin, à 582 mètres, légèrement sulfureuse et tiède (28°), très abondante, près de 6000 m3 par jour en 1903. Entre-temps, les travaux ont perdu leur utilité : en effet, la Bièvre s’est trouvée peu à peu recouverte, et les habitations sont le plus souvent dotées de l’eau courante. Vingt ans passent à nouveau, jusqu’à la construction de cette piscine alimentée par le puits artésien, en 1924.


Le quartier de la Glacière (127 Rue de la Glacière, 13e)

Ce quartier tire son nom des nombreux canaux dérivés de la Bièvre, dont l’étendue, gelée en hiver, a fourni plusieurs siècles durant des réserves de glace à la capitale. Les patineurs se retrouvaient sur les étangs, au sud. A la Renaissance, avec l’arrivée des ouvriers flamands à la manufacture de tapisserie, des brasseries produisaient la bière la plus réputée de Paris s’implantent au nord du quartier. Traversée par l’ancienne rue de Lourcine, menant à Gentilly, la Glacière a été immortalisée par « Les Misérables » de Victor Hugo et « Sans Famille » d’Hector Malot. Entre la Cité florale et le Champs  de l’Alouette, le tracé des rues Brillat-Savarin et Wurtz épouse le cours de l’un des deux bras de la Bièvre.


Les Augustines (29 Rue de la Santé, 13e)

Sur l’emplacement de l’hôtel de Chalabre, les Augustines de la rue de l’Arbalète font élever, entre 1836 et 1840, un hospice de personnes âgées comprenant également un dispensaire, une clinique et un pensionnat pour enfants pauvres, sous l’impulsion de la supérieure Mère Angèle, originaire de Saumur. L’ensemble des bâtiments dessinés sous Louis-Philippe par l’architecte Antoine Chaland a conservé sa composition d’origine, dont le magnifique parc qui l’agrémente. Au centre de la cour d’entrée, la chapelle du Sacré-Cœur de Marie se détache face au porche donnant sur la rue. En 1984, une partie des locaux fut affectée à un séminaire sous le nom de Maison de Saint Augustin, l’hospice étant converti en hôpital.


Les moulins de la Salpêtrière (56 Rue Jenner, 13e)

La rue Jenner fut d’abord le chemin du Chevaleret, puis la rue des Deux-moulins : les grands moulins à vent alimentant en farine l’Hôpital de la Salpêtrière, quoique ruinés dès 1830, ont laissé leur nom au quartier. Ces deux tours carrées de bois sur socle conique en pierre, construites dès les années 1660, fournissent la farine pour les quelques dix mille personnes vivant à l’hôpital sous Louis XVI. Le pain est préparé à la boulangerie des hôpitaux, dans l’ancien Hôtel Sardini, rue Scipion. Les moulins sont désaffectés en 1811. Jouxtant ce terrain libre, un curieux bâtiment de style néo-classique est alors construit pour le Service des Poudres de l’Armée impériale. Il sbsiste dans la cour du 99, boulevard de l’Hôpital.


Les usines Delahaye (11 Rue Pirandello, 13e)

L’Ecole Nationale de Chimie, Physique et Biologie remplace les ateliers de la célèbre firme d’automobiles Delahaye, présente ici de 1898 à 1954. La fondation de la marque est due à Emile Delahaye, ingénieur des Arts et Métiers, qui dessine sa première automobile en 1894 à Tours. Les années 30 sont marquées par le fameux modèle 135 à moteur 6 cylindres, habillé par les grands carrossiers Chapron, Figoni & Falashi, Gruber, Saoutchik, et qui remporte les plus grandes courses automobiles : 24 Heures du Mans et Rallye de Monte-Carlo. Delahaye s’est en outre illustré par une remarquable production de véhicules utilitaires, camions, camionnettes, pour les civils comme pour l’Armée.


Le Théâtre des Gobelins (73 Avenue des Gobelins, 13e)

Cette salle de spectacles fut construite en 1869, à l’initiative d’Henri Larochelle, par l’architecte Cusin. Le décor de la façade principale est l’œuvre d’un jeune sculpteur alors inconnu, Auguste Rodin, étudiant aux Beaux-Arts et aux Gobelins. Les deux figures sculptées le Drame (l’homme) et la Comédie (la femme). A son ouverture, ce théâtre à l’italienne de 800 places accueille des mises en scène à grand spectacle comme celle du « Tour du monde en 80 jours », qui compte quinze tableaux. Au succès des représentations théâtrales succède celui des spectacles de variétés et, dès 1906, des projections de films documentaires, comiques et de fiction. Permanent depuis 1934, le cinéma a été restauré en 1993.


Le village d’Austerlitz et la Cité Doré (10 Place Pinel, 13e)

Auprès de la barrière dite d’Ivry ou des Deux-moulins, un hameau trouva naissance, baptisé Austerlitz en 1805 après la victoire de Napoléon. La place centrale de ce village est l’actuelle place Pinel, sa grand’rue la rue Esquirol. A partir de 1818, ce territoire, jusqu’au boulevard Vincent-Auriol, est annexé à Paris : le village d’Austerlitz se trouve coupé en deux, et la partie située au-delà de la barrière, nommée « Nouveau monde ». Sur la place Pinel se trouve l’entrée d’un parc loué par son propriétaire, Doré, aux ouvriers des Ateliers nationaux, à partir de 1848 : il les laissa y édifier des bicoques, et instaura bibliothèque et cours du soir ; insalubrité et insécurité ruinèrent cette utopie, détruite de 1905 à 1920.


Le Village des Olympiades (angle Rue de Tolbiac et Rue Baudricourt, 13e)

La construction de cet ensemble entre 1968 et 1975 sous la direction de l’architecte Michel Holley fut l’un des éléments d’une restauration dénommée Italie 13. Le lieu était alors occupé par la gare de marchandise des Gobelins : elle fut reconstruite en sous-sol et recouverte d’une dalle sur laquelle furent érigées des tours, des immeubles et des boutiques. Circulation automobile en sous-sol, promenade à pied et équipements sur la dalle, habitation en hauteur, tels sont les principes de l’urbanisme fonctionnaliste, qui veut isoler ces trois espaces de vie. Cet aménagement audacieux de l’architecture moderniste est devenu un lieu cosmopolite, des Asiatiques s’y étant installés en nombre depuis 1975.


Manufacture des Gobelins (42 Avenue des Gobelins, 13e)

En 1602, Henri IV loue ici pour ses tapissiers flamands des ateliers qui s’étendent jusqu’aux rives de la Bièvre, où travaillent depuis un siècle et demi les teinturiers Gobelin. Colbert décide en 1662 d’y fonder la « Manufacture royale des meubles de la Couronne ». Les tapisseries de cet atelier sont mondialement célèbres, des plus anciennes de Rubens (1622) aux compositions du Directeur de la Manufacture sous Colbert, Charles Le Brun, et d’autres peintres des XVIIe et XVIIIe siècles : Mignard, les Coypel, Desportes, Jouvenet, De Troy, Oudry… Au XIXe siècle, les travaux du chimiste Chevreul permettent de classer des milliers de teintes stables. En 1825, les tapis de la Savonnerie sont rattachés aux Gobelins, et de 1940 à 1988,les tapisseries de Beauvais seront tissées aux Gobelins, leurs ateliers ayant été bombardés. Ces manufactures sont dirigées depuis 1937 par le Mobilier National, dont les locaux, construits en 1935 par Auguste Perret, se trouvent rue Berbier-du-Mets, derrière les Gobelins. Au XXe siècle ont été tissés pour le Mobilier National des œuvres de Dufy, Matisse, Chagall, Picasso, Miro, Vieira da Silva…


Marché aux Chevaux (3 Boulevard Saint-Marcel, 13e)

En 1641, Louis XIII autorisé l’établissement d’un marché aux chevaux près du nouveau marché aux porcs de Saint-Victor, sur l’emplacement de cette partie du boulevard Saint-Marcel. Mais le marché n’ouvre effectivement qu’après 1660, les mercredis et samedis, le matin pour les porcs et le soir pour la chevaux, mules et ânes ; le dimanche, se tient le marché aux chiens et aux voitures. On y donne le supplice de l’estrapade jusqu’en 1776. Peu après, le marché, devenu entreprise publique, est agrandi. En 1857 a lieu le percement du boulevard : on y vend alors 55 000 chevaux tous les ans. Le nouveau marché, établi en 1877 au sud de ce trottoir, disparaît en 1908. La bicyclette et le moteur vont supplanter le cheval. 


Paul et Virginie (18 Rue de la Reine Blanche, 13e)

Ici se trouvait la maison où Bernardin de Saint-Pierre écrivit de 1786 à 1790 « Paul et Virginie » et « La Chaumière indienne ». « Paul et Virginie » a pour cadre l’île Maurice ; deux adolescents à la fois sensibles et vertueux, s’aiment, loin de toute société contraignante. Rappelée en France, Virginie revient bientôt, mais son navire fait naufrage sous les yeux de Paul, qui en meurt de chagrin. L’originalité de l’œuvre tient dans les descriptions colorées d’une nature inconnue en Europe, de la beauté de la mer et des paysages exotiques. Cette idylle pré-romantique connaît un succès extraordinaire et assure la gloire de Bernardin de Saint-Pierre, nommé intendant du Jardin des Plantes en 1792


Place de la collégiale  (83 Boulevard Saint-Marcel, 13e)

Ici se situait jusqu’en 1874 la place centrale de Saint-Marcel, village fortifié, puis faubourg de Paris annexé sous Louis XV. C’était un ancien cloître, joignant depuis le XIe siècle la collégiale Saint-Marcel et l’église Saint-Martin. Recouverte par le boulevard Saint-Marcel, elle consistait en un rectangle parallèle à l’actuelle avenue des Gobelins, d’environ 70 mètres par 45. La « ville » Saint-Marcel (ou Saint-Marceau), fondée au Ve siècle, s’étendit en cercles successifs de la Bièvre à la rue de la Reine-Blanche, puis à la rue Le Brun. Vignobles à l’est, carrières au sud, bouchers, tanneurs au nord, puis brasseurs, teinturiers et tapissiers à l’ouest assuraient une richesse qui ne dura guère au-delà du XVIIe siècle.


Place d’Italie et Mairie du 13e (1 Place d’Italie, 13e)

A la fin du XVIIIe siècle,la place en demi-lune de la barrière fiscale d’Italie sépare Paris du village de Gentilly. Deux bureaux de la barrière construite par l’architecte Ledoux matérialisent cette frontière. Dans celui de l’ouest s’installe la mairie du 13e arrondissement, créé en 1860. En 1864, Haussmann accepte les plans de Bonnet pour la nouvelle mairie. Les travaux sont interrompus pendant la guerre de 1870-71 et la Commune, et reprennent en 1873. En 1877, en raison de l’élargissement de la place, les anciens bâtiments d’octroi sont détruits. Les services de la Mairie d’installent dans le nouvel édifice, dont les ailes ne seront achevées par l’architecte Soudée qu’en 1893.


Sainte Anne de la Maison Blanche (188 Rue de Tolbiac, 13e)

Cette grande église de style romano-byzantin, œuvre de l’architecte Bobin, a été édifiée de 1894 à 1912, au milieu d’un quartier en voie de peuplement rapide. Elevée sur une crypte elle possède un autel central et de remarquables vitraux et mosaïques, réalisés par Mauméjean en 1937-38. Le conseiller de Paris Nollevalle et sa femme en avaient donné le terrain, de même que ceux d’un foyer pour personnes âgées rue Vandrezanne et de l’œuvre de la Mie de Pain en face de l’église, rue Charles Fourier. Ici se situe en effet le cœur de ces très nombreuses institutions charitables et sociales du 13e arrondissement de Paris, qui était au XIXe siècle le plus pauvre de la capitale.


Une école d’Expert (10 Rue Küss, 13e)

Connu pour ses élégantes maisons d’Arcachon ou ses pavillons de l’Exposition coloniale de 1931 au bois de Vincennes, Roger Henri Expert est chargé en 1932 de l’aménagement du pont-promenade du paquebot « Normandie ». L’année suivante, il reçoit la commande ce groupe scolaire, qu’il traite en béton armé, matériau original en ce temps pour une école. Sa forme évoque la poupe d’un navire. L’école maternelle donne sur la rue, celles des filles et des garçons sur une arrière cour. Les terrasses en gradins sont les logements du gardien et des directeurs. Quant au béton, coulé sur place, il est chargé de pigments et cailloux, et soigneusement traité en surface. L’établissement a été ouvert en 1934

2 commentaires:

  1. Bravo pour la manufacture des Gobelins, les usines Delahaye, la verrerie à bouteilles et la raffinerie Say, mais quid des usines Panhard, de l'usine Gnôme-Rhône / Snecma du boulevard Kellermann, de l'usine SAT.....

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    1. Bonjour Riton, merci pour vos remarques. Mon inventaire ne recense que les lieux (ou personnages, événements...) qui font l'objet d'une pelle Starck. Sauf erreur de ma part, pas de plaque existante pour les usines Panhard, Snecma ou SAT, du moins actuellement. Y en a-t-il eu, de manière certaine, par le passé ? Merci de me l'indiquer si c'est le cas pour que je puisse les rajouter à l'inventaire des pelles "défuntes", avec si possible leur emplacement.
      cordialement, Pierrick.

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