jeudi 5 mai 2016

Douzième arrondissement



DOUZIEME ARRONDISSEMENT



Abbaye Saint-Antoine (184 Rue du Faubourg Saint-Antoine, 12e)

Fondée en 1198 par Foulques, curé de Neuilly-sur-Marne, l’abbaye Saint-Antoine adopte en 1204 la règle cistercienne. Sous la protection de ses fortes murailles et de ses profonds fossés se développe le faubourg Saint-Antoine sur lequel l’abbesse exerçait haute et basse justice. Abbaye royale, Saint-Antoine était, avec Montmartre, le plus riche couvent de femmes de Paris et possédait la majeure partie du territoire des actuels onzième, douzième et vingtième arrondissements. Saisi à la Révolution, le couvent est transformé en hôpital Saint-Antoine en 1802. Des vestiges des bâtiments édifiés au XVIIIe siècle par Goupil subsistent parmi les constructions modernes, ainsi que la fontaine de la halle où se tenaient un marché et une boucherie, face à l’entrée de l’hôpital.


Colonnes du Trône (Place de l’Ile de la Réunion, contre la façade du pavillon d'octroi, 12e)

Afin d’empêcher la fraude à l’octroi, les Fermiers généraux firent édifier un mur autour de Paris et confièrent à Ledoux la construction de pavillons aux barrières d’entrée. Celle du Trône était constituée de deux guérites encadrant une grille d’environ 60 mètres et servant de piédestal à des colonnes de 28 mètres de haut. A l’est, deux pavillons identiques abritaient les bureaux et logements des commis de l’octroi. En 1845, les colonnes furent surmontées de deux statues de 3 mètres 80 de hauteurs : Philipe Auguste sculpté par Dumont dans le douzième et saint Louis par Etex dans le onzième arrondissement.


Hôpital des Quinze-Vingts (28 rue de Charenton, 12e)

Après avoir créé une seconde compagnie de mousquetaires, celle des mousquetaires noirs (couleur de la robe de leurs chevaux), Louis XIV fit édifier ici une caserne pour les loger. Œuvre de Robert de Cotte et de Jean Beausire, constituée de trois bâtiments agencés en forme de U et de trois écuries, construite de 1699 à 1704, elle fut affectée en 1780 à l’hospice pour aveugles des Quinze-Vingts, primitivement installé rue Saint-Honoré, entre le Palais-Royal et le Louvre. Huit cent aveugles y furent hébergés. Un hôpital spécialisé en ophtalmologie y a ensuite été adjoint, dont les bâtiments modernes n’ont laissé subsister que l’aile gauche et le portail de l’ancienne caserne.


Hospice des Enfants-Trouvés (face au 127 rue du Faubourg Saint-Antoine, 12e)

En 1674 l’Hôpital-Général acquit les terrains situés entre les rues du Faubourg Saint-Antoine, de Cotte, de Charenton et Traversière pour y édifier un hospice destiné aux enfants trouvés : on en abandonnait alors environ un millier chaque année à Paris. L’hospice en acceuillait 600, dont s’occupaient les Sœurs de la Charité. Devenu une annexe de l’Hôtel-Dieu, l’hospice des Enfants-Trouvés fut repabtisé hôpital Sainte-Marguerite en 1839, avant d’être transformé en 1854 en hôpital pour enfants malades, appelé Trousseau en 1880. Il fut démoli en 1902 et le nom de Trousseau fut transféré à l’hôpital de l’avenue du Docteur Arnold Netter.


La barricade du Faubourg Saint-Antoine (1 rue de Charenton, 12e)

Le faubourg Saint-Antoine a joué un grand rôle durant les révolutions de 1789, de juillet 1830 et de février 1848. Par trois dois ses artisans et ouvriers ont contribué à la chute de la monarchie. L’insurrection de juin 1848 a été décrite par Victor Hugo dans « Les Misérables », notamment l’énorme barricade élevée à l’entrée des rues de Charenton et du Faubourg Saint-Antoine. Près d’elle furent abattus, le 25 juin 1848, le général Négrier et l’archevêque de Paris, Mgr Affre, venu parlementer. Le 26 juin, à dix heures du matin, le général Lamoricière la fit tomber, mais, pour en finir avec la révolte ouvrière, ses troupes durent encore enlever une à une les 65 barricades échelonnées dans le rue du Faubourg Saint-Antoine entre les places de la Bastille et de la Nation.


La Colonne de Juillet (Place de la Bastille, angle Rue de Charenton, 12e)

Du 27 au 29 juillet 1830, Paris d’insurge contre Charles X, qui doit fuir et abdiquer. Le 27 juillet 1831, le nouveau roi, Louis Philippe, pose la première pierre d’une colonne commémorant cette révolution. Œuvre d’Alavoine, achevée par Duc en 1840, elle est surmontée du « Génie de la Liberté » de Dumont. Sur le fût de bronze haut de 52 mètres sont gravés les noms des 504 victimes de l’insurrection, inhumées en-dessous, dans les cryptes, en compagnie de quelques momies égyptiennes : décomposées par l’humidité, elles avaient été ensevelies dans le jardin de la Bibliothèque nationale où furent provisoirement enterrés les morts de juillet 1830, et transférées avec eux. On leur adjoignit plus tard les 196 victimes de la révolution des 23-24 février 1848


La Folie Titon (31 Rue de Montreuil, 12e)

Maximilien Titon, directeur des manufactures royales d’armes, fit édifier en 1673 une somptueuse maison de campagne, la Folie Titon, au 31, rue de Montreuil. En 1765, Jean-Baptiste Réveillon racheta une partie du domaine pour y installer la manufacture royale de papiers peints. Il collabora avec les frères Etienne et Joseph Montgolfier à la fabrication des premiers ballons aérostatiques. Le 19 octobre 1783, l’ascension en vol captif d’une montgolfière où avaient pris place le physicien Pilâtre du Rozier et Giroud de Villette, adjoint de Réveillon, eut lieu dans les jardins de la propriété. Du 26 au 28 avril 1789 « l’émeute Réveillon », préliminaire à la Révolution, se termina par le pillage et l’incendie de la maison de l’industriel. La Folie Titon fut démolie en 1880.


La fontaine de Montreuil (188 rue du Faubourg Saint-Antoine, 12e)

La pose de sa première pierre, le 20 septembre 1719, donna lieu à une cérémonie présidée par le prévôt des marchands au son des tambours et trompettes, avec distribution de libéralités aux ouvriers. Edifiée, comme la fontaine Trogneux, par Jean Beausire, cette fontaine était destinée à remédier à la pénurie d’eau dans le faubourg ; elle desservait la boucherie voisine ou petite halle. Autorisées en 1643 à établir huit étals de boucherie à l’entrée de la rue de Montreuil, les religieuses de l’abbaye Saint-Antoine-des-Champs possédaient le monopole de la vente de la viande dans le faubourg. La boucherie et ses bâtiments annexes, du XVIIe et du XVIIIe siècles, furent détruits en 1940.


La fontaine Trogneux (angle rue du Faubourg Saint-Antoine et rue de Charonne, 12e)

La fontaine de Charonne ou Trogneux, œuvre de Jean Beausire, date de 1719. Sur ses façades, les inscriptions Cte I et Cte V correspondent au bornage de Paris et de ses faubourgs effectué par Beausire en 1724. La rue du faubourg Saint-Antoine, désignée par la cote I, était une des grandes voies d’accès à Chelles et à Meaux. Signalée par la cote V, la rue de Charonne menait au village du même nom, à cette époque en dehors de la ville. La fontaine assurait l’approvisionnement en eau des habitants du faubourg. De nombreux ébénistes, menuisiers et artisans du meuble s’y étaient établis ; grâce aux franchises, ils pouvaient exercer leur métier en dehors des corporations.


La mort du Député Baudin (angle rue du Faubourg Saint-Antoine et rue Trousseau, 12e)

Le3 décembre 1851, au lendemain du coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte, une dizaine de députés, dont Schoelcher et Baudin, incitent le faubourg Saint-Antoine à la rébellion. Marqués par l’échec de la Révolution de 1848, les ouvriers montrent des réticences à se battre pour le compte de ces bourgeois, soupçonnés de vouloir surtout défendre leur indemnité parlementaire. « Vous allez voir, citoyens, comment l’on meurt pour vingt-cinq francs ! » s’écrie Alphonse Baudin, médecin des quartiers pauvres, député depuis 1849. Une barricade finalement élevée à l’angle du faubourg Saint-Antoine et de la rue Trousseau est prise d’assaut par trois compagnies du 19ème de ligne venues de la Bastille. Fidèle à sa parole, Baudin tombe sous les balles. 


Manufacture des glaces de Reuilly (20 bis Rue de Reuilly, 12e)

En 1634, Rivière Dufresny fonde en ce lieu une manufacture de glaces, promise à un grand développement à partir de 1666 : le surintendant des bâtiments, Arts et Manufactures, Jean-Baptiste Colbert, fait en effet édifier de vastes bâtiments pour polir et étamer les miroirs, fondus à Tourlaville près de Cherbourg ou à Saint-Gobain près de Laon. La manufacture royale des glaces acquiert rapidement une renommée considérable au point de concurrencer la production vénitienne. A la fin de 1830, elle quitte le faubourg Saint-Antoine pour être remplacée par une importante caserne d’infanterie.


Place d’Aligre (face au 5 place d’Aligre, 12e)

Entre l’abbaye Saint-Antoine et l’hospice des Enfants Trouvés fut construit en 1779, d’après les dessins de Nicolas Lenoir, le marché couvert de la place d’Aligre, baptisé Beauvau-Saint-Antoine, du nom de l’abbesse de Saint-Antoine, Madame de Beauvau-Craon. Place et marché changèrent de nom à la Révolution, pour prendre celui de l’architecte Lenoir, puis d’Aligre, du nom de la veuve d’un chancelier de France du XVIIe siècle, bienfaitrice des Enfants-Trouvés. Outre les denrées alimentaires, on y vend toutes sortes de marchandises, bibelots, gravures, objets divers et surtout friperie. L’origine de ce marché vient du privilège concédé par l’abbesse aux marchands d’habits, autorisés à vendre à bas prix aux pauvres du faubourg Saint-Antoine.


Place de la Nation  (28 Place de la Nation, 12e)

Le 26 août 1660, à l’occasion de l’entrée solennelle de Louis XIV et de sa jeune épouse, Marie-Thérèse d’Autriche, la Ville de Paris fit dresser à l’extrémité de la rue du Faubourg-Saint-Antoine un trône où les souverains s’installèrent pour recevoir l’hommage des corps constitués. Afin de commémorer l’événement, Colbert ordonna d’aménager une place circulaire, la place du Trône, au centre de laquelle devait être édifié un arc de triomphe. La première pierre fut posée en 1670, mais la construction, sur des plans de Claude Perrault, ne fut jamais achevée. Rebaptisé place du Trône-Renversé en 1793, ce rond-point accueillit la guillotine du 14 au 27 juillet 1794. Après avoir repris son nom primitif, il devint, le 14 juillet 1880, la place de la Nation.

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