DOUZIEME ARRONDISSEMENT
Abbaye
Saint-Antoine (184 Rue du Faubourg Saint-Antoine, 12e)
Fondée
en 1198 par Foulques, curé de Neuilly-sur-Marne, l’abbaye Saint-Antoine adopte
en 1204 la règle cistercienne. Sous la protection de ses fortes murailles et de
ses profonds fossés se développe le faubourg Saint-Antoine sur lequel l’abbesse
exerçait haute et basse justice. Abbaye royale, Saint-Antoine était, avec
Montmartre, le plus riche couvent de femmes de Paris et possédait la majeure
partie du territoire des actuels onzième, douzième et vingtième
arrondissements. Saisi à la Révolution, le couvent est transformé en hôpital
Saint-Antoine en 1802. Des vestiges des bâtiments édifiés au XVIIIe siècle par
Goupil subsistent parmi les constructions modernes, ainsi que la fontaine de la
halle où se tenaient un marché et une boucherie, face à l’entrée de l’hôpital.
Colonnes
du Trône (Place de l’Ile de la Réunion, contre la façade du pavillon d'octroi, 12e)
Afin d’empêcher la
fraude à l’octroi, les Fermiers généraux firent édifier un mur autour de Paris
et confièrent à Ledoux la construction de pavillons aux barrières d’entrée.
Celle du Trône était constituée de deux guérites encadrant une grille d’environ
60 mètres
et servant de piédestal à des colonnes de 28 mètres de haut. A
l’est, deux pavillons identiques abritaient les bureaux et logements des commis
de l’octroi. En 1845, les colonnes furent surmontées de deux statues de 3 mètres 80 de
hauteurs : Philipe Auguste sculpté par Dumont dans le douzième et saint
Louis par Etex dans le onzième arrondissement.
Hôpital
des Quinze-Vingts (28 rue de Charenton, 12e)
Après
avoir créé une seconde compagnie de mousquetaires, celle des mousquetaires
noirs (couleur de la robe de leurs chevaux), Louis XIV fit édifier ici une
caserne pour les loger. Œuvre de Robert de Cotte et de Jean Beausire, constituée
de trois bâtiments agencés en forme de U et de trois écuries, construite de
1699 à 1704, elle fut affectée en 1780 à l’hospice pour aveugles des
Quinze-Vingts, primitivement installé rue Saint-Honoré, entre le Palais-Royal
et le Louvre. Huit cent aveugles y furent hébergés. Un hôpital spécialisé en
ophtalmologie y a ensuite été adjoint, dont les bâtiments modernes n’ont laissé
subsister que l’aile gauche et le portail de l’ancienne caserne.
Hospice
des Enfants-Trouvés (face au 127 rue du Faubourg Saint-Antoine, 12e)
En
1674 l’Hôpital-Général acquit les terrains situés entre les rues du Faubourg
Saint-Antoine, de Cotte, de Charenton et Traversière pour y édifier un hospice
destiné aux enfants trouvés : on en abandonnait alors environ un millier
chaque année à Paris. L’hospice en acceuillait 600, dont s’occupaient les Sœurs
de la Charité. Devenu une annexe de l’Hôtel-Dieu, l’hospice des Enfants-Trouvés
fut repabtisé hôpital Sainte-Marguerite en 1839, avant d’être transformé en
1854 en hôpital pour enfants malades, appelé Trousseau en 1880. Il fut démoli
en 1902 et le nom de Trousseau fut transféré à l’hôpital de l’avenue du Docteur
Arnold Netter.
La
barricade du Faubourg Saint-Antoine (1 rue de Charenton, 12e)
Le
faubourg Saint-Antoine a joué un grand rôle durant les révolutions de 1789, de
juillet 1830 et de février 1848. Par trois dois ses artisans et ouvriers ont
contribué à la chute de la monarchie. L’insurrection de juin 1848 a été décrite par
Victor Hugo dans « Les Misérables », notamment l’énorme barricade
élevée à l’entrée des rues de Charenton et du Faubourg Saint-Antoine. Près
d’elle furent abattus, le 25 juin 1848, le général Négrier et l’archevêque de
Paris, Mgr Affre, venu parlementer. Le 26 juin, à dix heures du matin, le
général Lamoricière la fit tomber, mais, pour en finir avec la révolte
ouvrière, ses troupes durent encore enlever une à une les 65 barricades
échelonnées dans le rue du Faubourg Saint-Antoine entre les places de la
Bastille et de la Nation.
La Colonne de Juillet (Place de la Bastille, angle Rue de
Charenton, 12e)
Du 27
au 29 juillet 1830, Paris d’insurge contre Charles X, qui doit fuir et
abdiquer. Le 27 juillet 1831, le nouveau roi, Louis Philippe, pose la première
pierre d’une colonne commémorant cette révolution. Œuvre d’Alavoine, achevée
par Duc en 1840, elle est surmontée du « Génie de la Liberté » de
Dumont. Sur le fût de bronze haut de 52 mètres sont gravés les noms des 504 victimes
de l’insurrection, inhumées en-dessous, dans les cryptes, en compagnie de quelques
momies égyptiennes : décomposées par l’humidité, elles avaient été
ensevelies dans le jardin de la Bibliothèque nationale où furent provisoirement
enterrés les morts de juillet 1830, et transférées avec eux. On leur adjoignit
plus tard les 196 victimes de la révolution des 23-24 février 1848
La
Folie Titon (31 Rue de Montreuil, 12e)
Maximilien
Titon, directeur des manufactures royales d’armes, fit édifier en 1673 une
somptueuse maison de campagne, la Folie Titon, au 31, rue de Montreuil. En
1765, Jean-Baptiste Réveillon racheta une partie du domaine pour y installer la
manufacture royale de papiers peints. Il collabora avec les frères Etienne et
Joseph Montgolfier à la fabrication des premiers ballons aérostatiques. Le 19
octobre 1783, l’ascension en vol captif d’une montgolfière où avaient pris
place le physicien Pilâtre du Rozier et Giroud de Villette, adjoint de
Réveillon, eut lieu dans les jardins de la propriété. Du 26 au 28 avril 1789
« l’émeute Réveillon », préliminaire à la Révolution, se termina par
le pillage et l’incendie de la maison de l’industriel. La Folie Titon fut
démolie en 1880.
La
fontaine de Montreuil (188 rue du Faubourg Saint-Antoine, 12e)
La
pose de sa première pierre, le 20 septembre 1719, donna lieu à une cérémonie
présidée par le prévôt des marchands au son des tambours et trompettes, avec
distribution de libéralités aux ouvriers. Edifiée, comme la fontaine Trogneux,
par Jean Beausire, cette fontaine était destinée à remédier à la pénurie d’eau
dans le faubourg ; elle desservait la boucherie voisine ou petite halle.
Autorisées en 1643 à établir huit étals de boucherie à l’entrée de la rue de
Montreuil, les religieuses de l’abbaye Saint-Antoine-des-Champs possédaient le
monopole de la vente de la viande dans le faubourg. La boucherie et ses
bâtiments annexes, du XVIIe et du XVIIIe siècles, furent détruits en 1940.
La
fontaine Trogneux (angle rue du Faubourg Saint-Antoine et rue de Charonne, 12e)
La
fontaine de Charonne ou Trogneux, œuvre de Jean Beausire, date de 1719. Sur ses
façades, les inscriptions Cte I et Cte V correspondent au bornage de Paris et
de ses faubourgs effectué par Beausire en 1724. La rue du faubourg
Saint-Antoine, désignée par la cote I, était une des grandes voies d’accès à
Chelles et à Meaux. Signalée par la cote V, la rue de Charonne menait au
village du même nom, à cette époque en dehors de la ville. La fontaine assurait
l’approvisionnement en eau des habitants du faubourg. De nombreux ébénistes,
menuisiers et artisans du meuble s’y étaient établis ; grâce aux
franchises, ils pouvaient exercer leur métier en dehors des corporations.
La
mort du Député Baudin (angle rue du Faubourg Saint-Antoine et rue Trousseau, 12e)
Le3
décembre 1851, au lendemain du coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte, une dizaine
de députés, dont Schoelcher et Baudin, incitent le faubourg Saint-Antoine à la
rébellion. Marqués par l’échec de la Révolution de 1848, les ouvriers montrent
des réticences à se battre pour le compte de ces bourgeois, soupçonnés de
vouloir surtout défendre leur indemnité parlementaire. « Vous allez voir,
citoyens, comment l’on meurt pour vingt-cinq francs ! » s’écrie
Alphonse Baudin, médecin des quartiers pauvres, député depuis 1849. Une
barricade finalement élevée à l’angle du faubourg Saint-Antoine et de la rue
Trousseau est prise d’assaut par trois compagnies du 19ème de ligne
venues de la Bastille. Fidèle à sa parole, Baudin tombe sous les balles.
Manufacture
des glaces de Reuilly (20 bis Rue de Reuilly, 12e)
En
1634, Rivière Dufresny fonde en ce lieu une manufacture de glaces, promise à un
grand développement à partir de 1666 : le surintendant des bâtiments, Arts
et Manufactures, Jean-Baptiste Colbert, fait en effet édifier de vastes
bâtiments pour polir et étamer les miroirs, fondus à Tourlaville près de
Cherbourg ou à Saint-Gobain près de Laon. La manufacture royale des glaces
acquiert rapidement une renommée considérable au point de concurrencer la
production vénitienne. A la fin de 1830, elle quitte le faubourg Saint-Antoine
pour être remplacée par une importante caserne d’infanterie.
Place
d’Aligre (face au 5 place d’Aligre, 12e)
Entre
l’abbaye Saint-Antoine et l’hospice des Enfants Trouvés fut construit en 1779,
d’après les dessins de Nicolas Lenoir, le marché couvert de la place d’Aligre,
baptisé Beauvau-Saint-Antoine, du nom de l’abbesse de Saint-Antoine, Madame de
Beauvau-Craon. Place et marché changèrent de nom à la Révolution, pour prendre
celui de l’architecte Lenoir, puis d’Aligre, du nom de la veuve d’un chancelier
de France du XVIIe siècle, bienfaitrice des Enfants-Trouvés. Outre les denrées
alimentaires, on y vend toutes sortes de marchandises, bibelots, gravures,
objets divers et surtout friperie. L’origine de ce marché vient du privilège
concédé par l’abbesse aux marchands d’habits, autorisés à vendre à bas prix aux
pauvres du faubourg Saint-Antoine.
Place
de la Nation (28 Place de la Nation, 12e)
Le
26 août 1660, à l’occasion de l’entrée solennelle de Louis XIV et de sa jeune
épouse, Marie-Thérèse d’Autriche, la Ville de Paris fit dresser à l’extrémité
de la rue du Faubourg-Saint-Antoine un trône où les souverains s’installèrent
pour recevoir l’hommage des corps constitués. Afin de commémorer l’événement,
Colbert ordonna d’aménager une place circulaire, la place du Trône, au centre
de laquelle devait être édifié un arc de triomphe. La première pierre fut posée
en 1670, mais la construction, sur des plans de Claude Perrault, ne fut jamais
achevée. Rebaptisé place du Trône-Renversé en 1793, ce rond-point accueillit la
guillotine du 14 au 27 juillet 1794. Après avoir repris son nom primitif, il
devint, le 14 juillet 1880, la place de la Nation.
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