jeudi 5 mai 2016

Troisième arrondissement



TROISIEME ARRONDISSEMENT




Eglise Sainte-Elisabeth (195 Rue du Temple, 3e)

C’est l’ancienne chapelle des religieuses du tiers ordre de saint François dites Filles de Sainte-Elisabeth. Leur église a été consacrée en 1648 par Paul de Gondi, futur cardinal de Retz, alors coadjuteur de l’archevêque de Paris. Entrepôt sous la Révolution, elle fut rendue au culte avec le Concordat de 1802. L’église fut restaurée en 1829 mais aussi amputée de sa chapelle de la Vierge avec l’ouverture de la rue de Turbigo sous le Second Empire. Dans le chœur, des boiseries du XVe siècle proviennent de Saint-Waast d’Arras. La sacristie abrite un ensemble de peintures, de miniatures et d’ornements sacerdotaux du Moyen Age et de la Renaissance. C’est aujourd’hui l’église des Chevaliers de Malte.


Eglise Saint-Jean-Saint-François (13 Rue du Perche, 3e)

En 1622, le financier Claude Charlot, qui spéculait sur le lotissement du Marais du Temple, installa cinq pères capucins du couvent de la rue Saint-Honoré, célèbres pour leur dévouement de pompiers bénévoles au moment des incendies du quartier. Une modeste église fut construite sur l’emplacement d’un jeu de paume dont un mur subsiste le long de la rue Charlot. Le couvent disparut à la Révolution. L’église fut modifiée de 1828 à 1832 et son porche reconstruit par Baltard en 1855. Son orgue est l’un des premiers réalisés à Paris par Cavaillé-Coll en 1844. Massenet et César Franck en ont été titulaires. Sous le vocable de Saint-Jean-Sainte-Croix, elle est devenue cathédrale du rite catholique arménien.


Eglise Saint-Nicolas-des-Champs (254 Rue Saint-Martin, 3e)

L’origine de l’église correspond à la création au XIe siècle du « beaubourg » qui groupa ses habitants autour du prieuré de Saint-Martin-des-Champs. Devenue paroisse en 1184, elle est reconstruite à partir de 1420 et possède des parties différentes. Le clocher et les sept premières travées de la nef sont du XVe siècle, les quatre travées suivantes avec le portail latéral sud ont été réalisées de 1576 à 1586 ; les deux dernières, avec le double déambulatoire et la chapelle absidiale, datent de 1613-1615. L’église abrite des toiles de Jacques Stella, Noël Hallé, Simon Vouet, Jean-Baptiste Pierre, er possède l’un des plus beaux buffets d’orgue de Paris (1642). Guillaume Budé, l’astronome Gassendi, et Madeleine de Scudéry, y sont inhumés.


Gassendi (79 Rue du Temple, 3e)

Né le 22 janvier 1592 au village de Champtercier, près de Digne,l’astronome Pierre Gassendi est une figure de la vie intellectuelle parisienne, dans le cercle de savants qui préfigure l’Académie des sciences. Nommé en 1645 titulaire de la chaire de mathématiques du Collège royal, ce « grand homme en petite taille » est « un abrégé de vertu morale et de toutes les belles sciences, mais entre autres, d’une grande humilité et bonté, et d’une connaissance très sublime dans les mathématiques » selon son confrère Gui Patin, pourtant peu porté à l’indulgence. Il passe les deux dernières années de sa vie ici, chez son ami Henri Habert de Montmor, maître des requêtes et généreux mécène, et meurt le 24 octobre 1655.


Georges Méliès (29 Boulevard Saint-Martin, 3e)

Né ici le 8 décembre 1861, Georges Méliès, fasciné dans son enfance par le théâtre tout proche de Robert Houdin, devint illusionniste et prestidigitateur réputé. Enthousiasmé par l’avenir des images animées avant les frères Lumière eux-mêmes, il se fait construite le premier studio de l’histoire du cinéma, une sorte de hangar de 17 mètres sur 7, dans son jardin de Montreuil. Sa « Partie de cartes » date de 1896 ; il réalise alors plus d’une centaine de films, dont le célèbre « Voyage dans la lune », ancêtre de la science-fiction, long de 16 minutes. Inventeur de trucages sophistiqués, Méliès innove par l’irruption du merveilleux et du fantastique ; il s’occupe lui-même de tout et fonde une maison de production, Star Films. Ruiné par la guerre et par l’explosion foraine du cinéma, il abandonne tout pour ouvrir  un magasin de jouets près de la gare Montparnasse. Redécouvert en 1929, Méliès est président d’honneur de la Cinémathèque fondée par Langlois, de 1936 à sa mort, en 1938.


Hôtel Carnavalet (23 Rue de Sévigné, 3e)

Madame de Kernevenoy, veuve du précepteur du duc d’Anjou (futur Henri III), acheta en 1572 l’hôtel bâti en 1544 pour Jacques de Ligneris, président au parlement de Paris. « Kernevenoy » fut rapidement déformé en « Carnavalet ». En 1654, François Mansart modifia les deux ailes et la façade de l’hôtel pour l’intendant Claude de Boylesve, qui, compromis dans les malversations de Fouquet, dut la quitter en 1662. Il fut alors loué. Madame de Sévigné s’y installa en 1677 ; trouvant enfin une demeure à sa convenance : « un bel air, une belle cour, un beau jardin, un beau quartier », elle y résida 19 années, jusqu’à sa mort, en 1696. La Ville de Paris racheta l’hôtel en 1866 pour en faire son Musée historique, et donna à la rue Sainte-Catherine, en 1867, le nom de rue de Sévigné.


Hôtel d’Almeras (30 Rue des Francs-Bourgeois, 3e)

En 1611, Pierre d’Alméras acheta le terrain à sa sœur pour y faire bâtir pour Louis Métezeau, alors architecte au Louvre avec Jacques Androuet du Cerceau, un hôtel, achevé dès 1612. aucun décor intérieur d’origine n’a subsisté. D’Alméras, ami du maréchal de Bassompierre, devenu en 1615 général des postes et relais de France, mourut en 1637. son frère vendit l’hôtel en 1655 à Louis Bétault, président de la Chambre des Comptes, qui fit remplacer le vieil escalier à double noyau entre cour et jardin par l’escalier actuel, de style Louis XIV, placé dans l’aile gauche. Au XVIIIe siècle, Robert Langlois de la Fortelle refait le décor intérieur de l’hôtel, dont il reste quelques boiseries Louis XV.


Hôtel de Cagliostro (1 Rue Saint-Claude, 3e)

Cette charmante demeure a été habitée par un fameux aventurier italien, Joseph Balsamo, dit comte de Cagliostro, devenu la coqueluche du Tout-Paris en 1785. Mage et guérisseur, le charlatan sut duper le naïf cardinal Louis-René-Edouard de Rohan, son voisin : il le guérit d’une crise d’asthme et lui fabriqua un magnifique diamant. Impliqué à tort dans « l’affaire du collier de la Reine » avec le cardinal, l’aventurier fut arrêté puis banni de France en 1795. Il mena une vie errante et mourut emprisonné en Italie en 1795.

Une erreur de date s'est glissée dans le texte de cette borne. Le comte de Cagliostro n'est pas banni de France en 1795, mais en 1786.


Hôtel de Donon (8 Rue Elzevir, 3e)

Bâti vers 1575 pour Médéric de Donon, contrôleur des Bâtiments du roi, familier de Catherine de Médicis et gendre du sculpteur Girolamo della Robbia, il évoque le souvenir de la maison de Philibert Delorme, rue de la Ceriseraie, maintenant disparue. Sa façade sur cour possède deux grandes baies jumelées presque palladiennes, prises sous le fronton triangulaire interrompu. Sur rue, la façade a été refaite au début du XVIIe siècle. En piteux état, menacé de démolition, l’hôtel de Donon a été restauré et affecté au musée Cognacq-Jay, qui a quitté le boulevard des Capucines pour y conserver désormais ses collections du XVIIIe siècle, léguées en 1928 à la Ville de Paris.


Hôtel de Marle (11 Rue Payenne, 3e)

Sur un terrain encore agreste, en bordure d’une rue nouvelle, René de Saincthon fit bâtir une première demeure entre 1560 et 1570. en 1572, Christophe Hector de Marle, conseiller au Parlement de Paris l’achète et la transforme, pour la revendre en 1604. Cinq ans plus tard, l’hôtel devient la propriété du riche Charles Duret de Chevry, président à la Chambre des Comptes, dont le fils Charles fait faire des travaux avant de mourir ruiné en 1700. Au XVIIIe siècle, il passe à la famille de Polastron Polignac. C’est actuellement le siège de l’Institut culturel suédois. La forme du toit de grand comble est dit « à la Philibert Delorme ».


Hôtel de Montmor (79 Rue du Temple, 3e)

Dans l’hôtel construit en 1623 pour Jean Habert de Montmor, trésorier de l’Epargne, son fils Louis recevait, autour de Gassendi, Roberval, Gui Patin, Chapelain, Ménage, Huyghens et Molière, qui y donna lecture du « Tartuffe » alors interdit. Ce cercle préfigurait l’Académie des Sciences avant sa création en 1666. L’hôtel actuel a été remanié par deux fois : en 1737, et surtout en 1752 pour le Fermier Général Charron. De style Louis XV, l’élégance des deux ailes sur cour se prolonge sur la rue du Temple par un retour en arrondi. Il reste un bel escalier dans le corps de logis central.


Hôtel d’Equevilly dit du Grand Veneur (58 Rue de Turenne, 3e)

L’hôtel primitif a été bâti pour Charles de Guénégaud après 1646 ; le chancelier de Francis Boucherat l’acheta en 1686 et le fit reconstruire. En 1733, il passa à Vincent Hennequin d’Ecquevilly, capitaine de l’équipage du sanglier pour le roi, d’où son appellation. La décoration a été refaite par son fils Louis avec l’emploi d’emblèmes de chasse. L’hôtel fut occupé de 1816 à 1901 par les religieuses franciscaines de Sainte-Elisabeth, qui l’ont dénaturé en vendant les boiseries à la fin du XIXe siècle. L’hôtel est dévolu au commerce mais il subsiste à l’intérieur un superbe vestibule de style rococo et un escalier pourvu d’une rampe richement ornée.


Hôtel de Saint-Aignan (71 Rue du Temple, 3e)

Construit par l’architecte Pierre Le Muet, de 1645 à 1650, pour Claude de Mesmes, comte d’Avaux, négociateur de la paix de Westphalie et surintendant des finances, il fut agrandi en 1691 pour Paul de Beauvillier, le gouverneur des trois petits-fils de Louis XIV, gendre de Colbert. La façade sur cour est structurée par un ensemble de pilastres colossaux d’ordre corinthien encadrant de grandes baies, et le côté gauche habille de fausses fenêtres l’ancien rempart de Philippe-Aguste. Michel-Etienne Turgot, prévôt des Marchands et son fils Anne, futur ministre de Louis XIV, y habitèrent. Très défiguré à la Révolution, il fut transformé en mairie d’arrondissement de 1795 à 1823.


Hôtel de Sandreville (26 Rue des Francs-Bourgeois, 3e)

Sous cette appellation, il convient de distinguer deux hôtel d’époques fort différentes. Le premier a été bâti vers 1586 en fond de cour pour Claude Mortier, sieur de Soisy, notaire et secrétaire du roi. La façade sur jardin, restaurée, est la plus belle, et donne un bon exemple de l’architecture privée à Paris à la fin du XVIe siècle. Le nom de Sandreville vient d’un éphémère propriétaire au temps de Louis XIII ; plus célèbre est Guillaume Cornuel, époux d’une des femmes les plus spirituelles du Marais. Le second corps d’hôtel, sur la rue des Francs-Bourgeois, a été reconstruit en 1767 pour Louis-Charles le Mairat. La façade est déjà de style Louis XVI. 


Hôtel de Soubise (60 rue des Francs-Bourgeois, 3e)

Edifié de 1704 à 1708 par Nicolas-Alexis Delamair pour François de Rohan, prince de Soubise, il remplace deux hôtels antérieurs : celui du connétable Olivier de Clisson (fin XIVe siècle) dont subsistent deux tourelles rue des Archives, et celui de la puissante famille des Guise. Au XVIIIe siècle, le maréchal de Soubise y accueillit le concert des amateurs. La décoration intérieure conserve, au rez-de-chaussée, le salon du prince dans cette petite rotonde édifiée par Boffrand, et à l’étage, l’appartement de la princesse avec la chambre d’apparat et le salon ovale aux peintures de Boucher et Natoire. Affecté aux Archives nationales depuis 1867, il abrite depuis 1867 le musée de l’Histoire de France. 


Hôtel d’Hallwyll (28 Rue Michel le Comte, 3e)

Echu à François d’Hallwyll, colonel du régiment de la Garde suisse, un premier hôtel avait été loué à Necker, banquier suisse, futur contrôleur général des finances de Louis XVI. Sa fille Germaine, devenue plus tard baronne de Staël, y naquit en 1766. La même année, Claude-Nicolas Ledoux édifie l’hôtel actuel, déjà de style Louis XVI. La façade sur rue est inspirée de l’antique. Sur cour, le corps de logis est beaucoup plus simple, mais il présentait sur le jardin une colonnade dorique, aujourd’hui dénaturée. Le décor intérieur a été dispersé : seul l’escalier demeure. Des hôtels construits à Paris par Claude-Nicolas Ledoux, l’hôtel d’Hallwyll est le seul à n’avoir pas été détruit.


Hôtel Guénégaud (60 rue des Archives, 3e)

François Mansart a bâti cet hôtel entre 1648 et 1651 pour Jean-François Guénégaud des Brosses, conseiller d’Etat. La sobriété de la décoration et l’équilibre des volumes caractérisent son style. Seule une utilisation systématique de refends ponctue le rythme des deux façades, avec la présence, au premier étage, d’une grande fenêtre. Celle de la façade sur jardin est une porte-fenêtre ouverte sur un balcon porté par de robustes consoles et couronnée d’un fronton. L’accès aux appartements, à l’escalier et au jardin se fait sur un seul axe : l’antichambre s’ouvre à la fois sur cour et sur jardin. L’escalier est un véritable chef-d’œuvre. Restauré, l’hôtel abrite actuellement le musée de la Chasse et de la Nature.


Hôtel Herouet (40 Rue des Francs-Bourgeois, 3e)

Ce charmant petit bâtiment de deux étages au haut comble droit, pourvu d’une élégante tourelle à l’angle de la rue Vieille-du-Temple et de la rue des Francs-Bourgeois, a été construit au début du XVIe siècle par Jean Hérouet, seigneur de Carrières, Trésorier de France. Sa veuve se remaria avec le neveu du Cardinal de la Balue autrefois emprisonné par Louis XI. Les propriétaires successifs sous l’Ancien Régime ne sont pas illustres. Dès le XIXe siècle, son rez-de-chaussée a été dénaturé par le commerce. Grâce à son propriétaire, l’érudit Henry d’Allemagne, il a été classé en 1908. Gravement endommagé dans la nuit du 26 août 1944 par une bombe, il a été restauré sans délicatesse. La tourelle en reste le meilleur souvenir.


Hôtel Jean-Bart (4 Rue Chapon, 3e)

Sous le règne de François Ier existait déjà à cet endroit l’hôtel dit de l’Ermitage, au coin de la rue du Temple. En 1618, il fut vendu à un riche financier, Claude Passart, qui le fit transformer dès l’année suivante par un entrepreneur nommé Gabriel Soulinihac. L’ensemble était divisé en deux demeures : la « grande » maison et le « petite », aujourd’hui disparue, qui faisait l’angle de la rue du Temple. En 1701, Roland Pierre Gruyn, maître aux deniers, les racheta. Contrairement à une légende tenace, le célèbre corsaire Jean Bart n’y a pas séjourné en 1702. au XVIIIe siècle, ce fut la propriété d’une très vieille famille parisienne : les Fraguer. Dénaturé au XIXe siècle, l’hôtel est aujourd’hui bien restauré.


Hôtel le Peletier de Saint-Fargeau (29 Rue de Sévigné, 3e)

Pierre Bullet, auteur d’un célèbre plan de Paris et de la porte Saint-Martin, construitl’hôtel en 1687 pour Michel le Peletier de Souzy, intendant des Finances. La façade sur cour est austère mais celle sur jardin (square Georges Cain) est agrémentée d’un beau fronton, et l’escalier est pourvu d’une riche rampe en fonte. L’hôtel passe en 1726 à Le Peletier des Forts, contrôleur général des Finances. Son petit-fils, Louis Michel,  est assassiné le 20 janvier 1793 dans un café du Palais Royal, pour avoir voté la mort de Louis XVI. La Ville de Paris achète l’hôtel en 1898 pour y loger sa Bibliothèque historique, transférée en 1968 à l’hôtel d’Angoulême. Depuis, le bâtiment est annexé au musée Carnavalet. 


Hôtel Libéral Bruant (1 Rue de la Perle, 3e)

L’architecte Libéral Bruant (1635-1697), très actif à Paris dans les chantiers de l’hospice de la Salpêtrière, de l’église Notre-Dame-des-Victoires et de l’hôtel des Invalides, réside dans le Marais, et y construit vers 1685 un hôtel destiné à son usage. La façade sur cour adopte un parti à la mode à Paris depuis la seconde moitié du règne de Louis XIV : l’usage des baies cintrées. En Intervalle, il intercale des fenêtres rectangulaires de proportions moindres, et des oculi aveugles où se nichent des bustes d’empereurs romains. Le vaste fronton est garni de deux angelots, et de cornes d’abondance.


Hôtel Salé (5 Rue de Thorigny, 3e)

Edifié par Boullier de Bourges, de 1656 à 1659, pour Pierre Aubert de Fontenay, fermier des gabelles, d’où son surnom, c’est le plus grand hôtel du Marais. Un corps de logis double en profondeur s’amortit en anse de panier à l’extrémité de la cour d’honneur, et une demi-lune autour du portail sur la rue de Thorigny facilite l’évolution des carrosses. Mais la chute du surintendant Fouquet entraîne la ruine de son propriétaire ; mis en location, l’hôtel est habité par Morosini, ambassadeur de Venise. Il accueille au XIXe siècle l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures (de 1829 à 1884), puis l’Ecole des Métiers d’Art de 1944 à 1969. Restauré, il est transformé en musée pour recevoir en 1985 la dation Picasso.


Impasse des arbalétriers (38 Rue des Francs-Bourgeois, 3e)

Cette étroite venelle s »ouvre entre deux vieux hôtels du début du XVIIe siècle. Au Moyen Age, elle menait à la fois à l’ancien hôtel Barbette et au terrain d’exercice des arbalétriers, au pied de la muraille de Philippe-Auguste. Deux corps de logis en encorbellement (vers 1620) subsistent de part et d’autre dans la ruelle. Dans ces parages, Jean-sans-Peur, duc de Bourgogne, fit assassiner par des spadassins, le 23 novembre 1407, son cousin Louis, duc d’Orléans, frère de Charles VI, qui venait de rendre visite à la reine Isabeau de Bavière à l’hôtel Barbette. Ce fut le prélude à la guerre civile entre les armagnacs et les Bourguignons.


Jean Le Rond d’Alembert (21 Rue Michel le Comte, 3e)

Né le 16 novembre 1717, abandonné sur les marches de l’église Saint-Jean Le Rond par sa mère, la marquise de Tencin, le futur mathématicien et philosophe est recueilli par l’épouse d’un vitrier, madame Rousseau, qui vit ici. Très attaché à elle, il demeure 48 ans chez sa nourrice, malgré les 12 000 livres de rente que lui lègue son père, le chevalier Destouches, après avoir pourvu à son éducation. Bachelier ès arts, il se consacre aux mathématiques après avoir essayé le droit et la médecine ; ses premiers travaux le font entrer à l’Académie des sciences comme associé astronome adjoint, à 24 ans. En 1745, il s’engage avec Diderot dans la grande aventure de l’Encyclopédie ; chargé de la rédaction du Discours préliminaire, véritable manifeste des Lumières salué comme un chef-d’œuvre dès sa parution (1751), il y souligne le lient entre le progrès social et celui des sciences. Sa célébrité lui ouvre tous les salons, de madame Geoffrin à Julie de Lespinasse, chez qui il s’installe en 1764. Elu membre de l’Académie française en 1754, il en devient le secrétaire perpétuel jusqu’à sa mort, survenue le 29 octobre 1783.


La dernière demeure de Béranger (5 Rue Béranger, 3e)

Né rue Montorgueil le 19 août 1780, Pierre-Jean de Béranger est d’abord élevé par un grand-père tailleur, puis pensionnaire dans un institut rousseauiste de Péronne. Un stage chez un imprimeur lui inculque l’amour de la langue et de la prosodie : de retour à Paris, il s’essaie à tous les genres poétiques, et envoie ses vers à Lucien Bonaparte, qui, avant de partir en exil, lui lègue sa pension de membre de l’Institut. Un temps commis de banque, puis expéditionnaire aux bureaux de l’Université, il publie entre 1815 et 1833 quatre recueils de ses « Chansons » : d’une veine libérale et patriotique très neuve, ces couplets lui valent plusieurs séjours en prison assortis de lourdes amendes, qui contribuent à développer sa célébrité. Lui qui déclare « Le peuple, c’est ma Muse » est élu député de Paris sans même s’être présenté, en 1848 ! Mais le Second Empire marque son déclin : il n’est plus à la mode, et les républicains lui pardonnent mal d’avoir entretenu une certaine nostalgie napoléonienne. Il meurt ici à 77 ans, et la rue porte son nom depuis 1864. 


La maison natale de George Sand (46 Rue Meslay, 3e)

« Cet accident de quitter  le sein de ma mère m’arriva à Paris le 16 messidor an XII, un mois juste après le jour où mes parents s’engagèrent irrévocablement l’un à l’autre ». Née parisienne, Aurore Dupin, petite-fille du maréchal de Saxe, n’en est pas moins élevée au château de Nohant, dans la campagne berrichonne, auprès d’une grand-mère fervente lectrice de Voltaire. A treize ans, elle regagne la capitale pour être confiée au couvent des Dames anglaises. Mariée contre son gré au baron Dudevant en 1822, elle le quitte en 1831, pour conquérir son indépendance par l’écriture : sa collaboration avec un jeune écrivain, Jules Sandeau, lui donne l’idée d’adopter le pseudonyme de Sand, qu’elle rendra célèbre au cours de sa longue carrière.


Le Bruyère (68 Rue de Turenne, 3e)

Jean de La Bruyère naît ici en 1645 ; avocat au Parlement de Paris, il mène la vie retirée d’un sage. Le 15 août 1684, il devient grâce à Bossuet le précepteur d’histoire du duc de Bourbon. A la cour, son regard caustique trouve un vaste champ d’observations. Les « Caractères, ou les mœurs de ce siècle » paraissent en 1688, revanche du talent et de l’esprit sur la naissance et la fortune. « Je rends au public ce qu’il m’a prêté, j’ai emprunté de lui la matière de cet ouvrage… » déclare-t-il dans la Préface. Le succès du volume est immédiat ; les contemporains s’y reconnaissent, et très vite des clefs circulent. En 1696, à la veille de mourir d’une apoplexie, le moraliste, élu à l’Académie française en 1693, met la dernière main à la 9e édition.


Le couvent des Madelonnettes (17 rue des fontaines du Temple, 3e)

Un soir d’avril 1618, un riche marchand de vin, du nom de Robert de Montry, se trouve accosté par deux jeunes femmes, qui répondent à ses reproches sur leur conduite par un aveu sur leur désir de changer de vie. Ainsi naît l’idée du couvent des Filles de la Madeleine, ou Madelonnettes. La chapelle, dédiée à la Vierge, est inaugurée le 22 mars 1648, en présence d’Anne d’Autriche. Les pensionnaires, divisées en quatre catégories, n’y viennent pas toujours de leur plein gré : elle sont souvent incarcérées par les autorités ou les familles, telle Ninon de Lenclos, sur ordre de la reine, en 1657. Le couvent, fermé sous la Révolution, devient alors officiellement prison politique pour femmes de 1795 à 1830, jusqu’à sa démolition, en 1866.


Le donjon du Temple (face au 2 Rue Eugène Spuller, 3e)

Après la démolition des fortifications de l’enclos du Temple en 1667, seule subsiste une tour crénelée et carrée, de 15 mètres de côté, bâtie sous le règne de Saint Louis. Le 13 août 1792, la Commune de Paris décide d’y loger Louis XVI et la famille royale, au terme d’un dîner servi dans le palais du Grand Prieur, devant tout un quartier en liesse. Les Parisiens ignorent longtemps les conditions réelles de détention des prisonniers. Seul, le roi sort deux fois pour assister à son procès, jusqu’à l’exécution du 21 janvier 1793 ; la reine est guillotinée à son tour le 16 octobre. Le dauphin meurt, sans doute en 1794, de tuberculose osseuse ; « l’orpheline du Temple », libérée en 1795, prend le chemin de l’exil. Le donjon est démoli en 1810, et la mairie entreprise en 1862. 


Le grand hôtel d’Estrées (69 Rue des Gravilliers, 3e)

Au n°70 de cette rue médiévale se trouve déjà le « petit hôtel » d’Estrées ; vers 1550, le grand maître de l’artillerie, Jean d’Estrées, se fait construire ici une nouvelle résidence. Son fils Antoine épouse Françoise Babou de la Bourdaisière, dont il a deux garçons six filles. Née en 1571, Gabrielle est présentée en 1590 à Henri IV par sa cousine Claude de Beauvilliers, abbesse de Montmartre et maîtresse en titre du Béarnais. Elle lui succède en 1591 et donne naissance à trois enfants, tous légitimés ; de nouveau enceinte en 1599, elle meurt d’une crise d’éclampsie suivie d’une hémorragie la veille de Pâques, alors que le roi vient d’annoncer leur prochain mariage. Toute la cour prend le deuil après les funérailles, célébrées à Saint-Germain l’Auxerrois.


L’enclos du Temple (15 Rue Dupetit-Thouars, 3e)

Fondé à Jérusalem en 1118 après la première croisade, afin de combattre l’infidèle et protéger les pèlerins, l’ordre des chevaliers de la milice du Temple, dits Templiers, s’installe à Paris vers 1140. Après la perte des lieux saints, le Grand-Maître vient d’établir, avec le trésor, sur de vastes terrains situés à l’emplacement de l’actuel Marais, fermés d’un enclos au XIIIe siècle, véritable ville fortifiée au cœur de la capitale. Leurs actions héroïques ne sont plus qu’un lointain souvenir, et l’opinion publique s’interroge sur l’utilité de ces grands propriétaires fonciers et riches banquiers, à qui l’on prête des mœurs dissolues. Philippe le Bel, qui a dû se réfugier ici lors d’un soulèvement populaire en 1306, décide de leur perte, et leur intente un procès qui aboutit à la suppression de l’ordre en 1312, avec confiscation de tous ses biens. Le 18 mars 1314, le dernier Grand-Maître, Jacques de Molay et le Précepteur de Normandie Geoffroy de Charnay, brûlés vifs en place publique, citent le roi et le pape à comparaître au tribunal de Dieu : de fait, Philippe le Bel et Clément V meurent dans l’année.  


Le Prieuré Saint-Martin-des-Champs (292 Rue Saint-Martin, 3e)

Attesté dès le VIIIe siècle, le prieuré a été réorganisé sous la protection du roi Henri 1er au XIe siècle. L’église, où le style roman se mêle au gothique, fut reconstruite au XIIe et au XIIIe siècle. Pierre de Montreuil, architecte de la Sainte Chapelle, a construit le réfectoire au milieu du XIIIe. Les bâtiments monastiques ont été édifiés par Antoine à la fin du XVIIIe. Le Conservatoire national des Arts et Métiers a été installé dans l’ancien prieuré en 1798, et les bâtiments actuels ont été édifiés de 1845 à 1896 par Vaudoyer. L’église est devenue une annexe du musée, le réfectoire, sa bibliothèque. A l’angle de la rue Saint-Martin et de la rue du Vertbois subsiste une tour de l’enceinte du XIIIe siècle.


Les Archives nationales (56 rue des Francs-Bourgeois, 3e)

 Les Archives nationales sont une création de la Révolution française. Dès le 29 juillet 1789, le règlement de l’Assemblée nationale prévoit la conservation de ses documents écrits, et la nomination d’un archiviste ; un décret de septembre 1790 sanctionné par Louis XVI officialise l’institution. Napoléon Ier s’intéresse de si près aux « Archives de l’Empire » qu’il ordonne en 1808 l’acquisition des palais des Rohan-Soubise ; le 15 février 1810, il vient même rendre une visite-surprise au garde général Daunou, et se déclare satisfait de l’installation provisoire effectuée à l’hôtel de Soubise. Rêvant d’un dépôt central européen, l’empereur en pose a première pierre le 15 août 1812 dans l’île aux Cygnes. Son projet est abandonné sous la Restauration, mais, grâce à une patiente politique d’acquisition et de travaux d’agrandissement, en 1941 les Archives s’étendent sur tout le quadrilatère de l’ancien « Chantier du Temple ». En 1983, Stanislas Fiszer remporte le concours pour la construction du CARAN (centre d’accueil et de recherche des Archives nationales), inauguré en mars 1988.


L’invention des fiacres (203 bis, rue saint-Martin, 3e)

Vers 1612 un facteur du maître des coches d’Amiens, Nicolas Sauvage, loua ici une grande maison, à l’enseigne de saint Fiacre, ce carme déchaussé qui avait prédit à Anne d’Autriche la naissance d’un fils. La vénération qu’on lui portait était si grande que tous les cochers collèrent sur leurs voitures l’effigie du bien heureux, comme garantie contre les accidents. Et depuis ce temps, les carrosses de louage s’appellent des fiacres. A la veille de la Révolution, il y en a environ 800, répartis en 33 stations, plus de 650 carrosses de remise. Les cochers ont une réputation détestable, et la préfecture de police tente d’exercer sur eux un contrôle très strict : chaque voiture doit posséder son numéro, acheté fort cher à la Ville, son livret de maître et son permis de station et de circulation. A son apogée vers 1900, le fiacre à cheval connaît ensuite un déclin rapide, concurrencé par le véhicule à traction automobile, vite dénommé « taxauto » puis « taxi », par abréviation de taximètre (Larousse, 1906).


Maison de Nicolas Flamel (51 rue de Montmorency, 3e)

Nicolas Flamel était un riche bourgeois parisien, dont une légende tenace a voulu faire un alchimiste, à la recherche de la pierre philosophale et du moyen de changer le plomb en or. Paroissien de Saint-Jacques de la Boucherie, il fut généreux donateur : son nom et celui de sa femme Pernelle ont été donnés aux deux petites rues proches de la tour de l’ancienne église qui subsiste encore en bordure de la rue de Rivoli. Au début du XVe siècle, il fait construite cette demeure, dont le rez-de-chaussée était voué au commerce. Les étages hébergeaient gratuitement des pauvres gens sous condition de réciter matin et soir un pater et un ave pour Flamel et Pernelle. C’est la plus vieille maison de Paris.


Saint-Denis-du-Saint-Sacrement (68 Rue de Turenne, 3e)

L’église a été bâtie de 1826 à 1835 par un architecte très actif, Godde, auteur de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, de la chapelle du Père-Lachaise et du séminaire de Saint-Sulpice. La façade, très simple, est pourvue en son centre d’un péristyle à quatre colonnes ioniques coiffé d’un fronton triangulaire, décoré par le sculpteur Feuchères d’une allégorie de la Foi, l’Espérance et la Charité. Les statues de saint Pierre et de saint Paul sont placées dans les niches de part et d’autre de la porte. Le chœur est orné d’une grisaille de Pujol, et Delacroix a peint une superbe Déposition de la Croix. L’orgue Daublaine-Callinet date de 1839. Il a été restauré d’abord par Cavaillé-Coll en 1866, puis en 1969. 

2 commentaires:

  1. Manque également la borne du Théatre de la Gaïté lyrique (rue Papin)

    RépondreSupprimer
  2. Best Casino Restaurants in Chicago - Mapyro
    Discover restaurants in Chicago that are currently open. Visit our 속초 출장마사지 website to 전라북도 출장마사지 search for the 경산 출장마사지 best casinos 여주 출장마사지 in Chicago. Explore popular restaurants in 포항 출장샵 Chicago.

    RépondreSupprimer

Vos observations sont les bienvenues