jeudi 5 mai 2016

Dix-septième arrondissement



DIX-SEPTIEME ARRONDISSEMENT



Claude Debussy (1862-1918) (58 rue Cardinet, 17e)

Issu d’un milieu modeste, il doit sa carrière, et ses premières leçons de piano, à une intime de la famille qui décrète : « Cet enfant fera de la musique ! ». Entré au Conservatoire en 1872, il y reçoit déjà le nom de « Prince des Ténèbres » ; sont indépendance d’esprit s’y accentue, et il réplique en ces termes à la question de l’un de ses maîtres, stupéfait : «  - Mais enfin, monsieur Debussy, entendez-vous ? – Oui, monsieur, j’entends mon harmonie, mais pas la vôtre ! ». Prix de Rome en 1884, avec la « Cantate de l’Enfant prodigue », il s’ennuie à la Villa Medicis et scandalise par son envoi du « Printemps ». Il s’attire alors l’hostilité de Saint-Saëns, mais à son retour, se lie avec Mallarmé d’une amitié jamais démentie. Après le « Quatuor », il donne en 1893 le « Prélude à l’après-midi d’un faune », puis les « Nocturnes » et les « Chansons de Bilitis ». Installé ici en 1901, à l’époque de son mariage avec Lily Texier, il y compose « Pelléas et Mélisande », sur un livret de Maeterlinck : c’est un désastre, suivi d’un triomphe.


La Chapelle de la Compassion (Place du Général Koenig, 17e)

Le 13 juillet 1842, le fils aîné de Louis-Philippe, Ferdinand d’Orléans, quitte les Tuileries dans sa calèche attelée de deux chevaux, pour saluer ses parents au château de Neuilly avant de partir à Saint-Omer inspecter son régiment. A la hauteur de la Porte Maillot, les chevaux s’emballent, le prince se lève et tombe brutalement sur la chaussée. Transporté, inanimé, dans l’arrière-boutique de l’épicerie Cordier, 4, route de la Révolte, il y rend son dernier soupir, à 32 ans. La même année, les architectes du roi Lefranc et Fontaine érigent une chapelle en forme de croix grecque à l’emplacement de l’épicerie. Lors de la construction du souterrain de la Porte Maillot, la chapelle fut déplacée d’une centaine de mètres.


La défense de la Barrière de Clichy (Angle Place Clichy et Rue Biot, 17e)

Jusqu’en 1860, la barrière de Clichy, maillon de l’enceinte des fermiers généraux, occupait la partie centrale de la place. En mars 1814, l’ennemi russe et prussien marche sur la capitale. La défense de Paris s’organise, le maréchal Moncey à la barrière de Clichy, le général Mortier à Montmartre. Malgré leur courage exemplaire, les quelques bataillons de la garde nationale ne peuvent rien contre les 14 000 hommes des forces alliées commandées par Langeron. Toute la journée du 30 mars les combats font rage mais l’issue est fatale : le lendemain, le maréchal Marmont signe l’armistice, et quelques jours plus tard les cosaques campent sur les Champs-Elysées.


La dernière demeure de Sarah Bernhardt (56 boulevard Pereire, 17e)

La tragédienne quitte l’hôtel particulier édifié pour elle en 1877 par Félix Escalier, à l’angle de la rue Fortuny et de l’avenue de Villiers, pour se faire bâtir ici une nouvelle demeure en 1891. « Dans ce quartier de luxe en train de pousser au milieu des terrains vagues de l’ancienne plaine Monceau » décrit par Zola, se regroupent désormais d’élégants ateliers. En effet, sans abandonner sa carrière théâtrale brillante et mouvementée, elle s’est découvert une nouvelle passion pour la sculpture. Sa première œuvre exposée date de 1876, elle remporte un véritable succès avec un grand groupe intitulé « Après la tempête », salué d’une mention honorable du jury. Pour s’éclairer, elle invente « une couronne, ou plutôt un cercle d’argent dont chaque fleuron était un bougeoir » ; ainsi casquée, elle travaille sans désemparer souvent jusqu’à minuit, quelquefois quatre heures du matin. En 1907, elle note dans « Ma double vie » : « Il me semblait maintenant que j’étais née pour être sculpteur, et je commençais à prendre mon théâtre en mauvaise part »…  


La révolution industrielle aux Epinettes (angle Rue Boulet et Rue Ernest Gouin, 17e)


Ancien chef d’atelier de fabrication du chemin de fer de Paris à Saint-Germain, le nantais Ernest Gouin (1815-1885) achète dans la commune des Batignolles 14 hectares de terrain aux Epinettes. Avec l’appui du duc de Noailles et de la famille de Rothschild, il crée « La Société des ateliers de construction Gouin » qui devient ensuite «Société de construction des Batignolles ». L’industrie ferroviaire est en plein essor, et les commandes de locomotives nombreuses. Après 1850, l’usine Gouin diversifie ses productions et se lance dans la réalisation de ponts métalliques (Asnières 1852, puis Langon, Moissac…), d’obus et de canons pendant la première guerre mondiale. A partir de 1920, les ateliers sont progressivement installés à Nantes dans un hameau baptisé Les Batignolles.


La rue Fortuny (48 rue Fortuny, 17e)

Avec ses deux rangées d’hôtels particuliers, elle est l’archétype de la rue de la plaine Monceau à la fin du XIXe siècle. Elle fut ouverte en 1876 sur des terrains appartenant au peintre animalier Godefroy Jadin. Parmi les plus remarquables des constructions, l’hôtel n°8 est le plus curieux, avec sa façade renaissance ornée de statues de pierre. Il fut conçu par les architectes Boland et Latapy, ainsi que plusieurs hôtels de la rue, dont le n°2 où résidait Edmond Rostand. Au n°13 habitait Marcel Pagnol. La construction est un délicat mélange de pierre et de brique souligné par la mosaïque, le marbre et le fer forgé. Les n°27 et 29 ont des destins parallèles. Œuvres du même architecte, Adolphe Vieil, ils présentent de nombreux points communs et étaient habités par deux reines des nuits parisiennes : Caroline Otero, surnommée la « Belle Otero » et Geneviève Lantelme, la célèbre comédienne. Le n°35 a été édifié pour Sarah Bernhardt par Félix Escalier, en 1876. Le n°42 était l’hôtel du maître verrier Joseph-Albert Ponsin, construit par Boland en 1879. Il ne possède malheureusement plus sa magnifique verrière primée à l’exposition de 1878. On peut toutefois toujours admirer un magnifique portrait de Bernard Palissy en mosaïque. 


La Villa des Ternes (face au 4 Rue Saint-Ferdinand, 17e)

Au XVIIe siècle, cette parcelle de terrain appartenait au domaine du château des Ternes. En 1750, elle fut vendue au sieur d’Igoville, propriétaire d’une partie de la plaine des Sablons. Devenue jardin public sous la Restauration, plusieurs attractions s’y installèrent, dont les fameuses « Montagnes russes », inaugurées le 11 août 1816, et le « Panstéréorama », grand panorama où les plus grandes villes d’Europe, représentées en relief, attiraient une foule considérable. En 1822, cet enclos de verdure fut transformé en cité résidentielle par son propriétaire, Monsieur de Verzy, conseiller municipal de Neuilly. Une chapelle fut bâtie, qui servait de lieu de culte aux habitants des Ternes jusqu’à la construction de l’église paroissiale Saint-Ferdinand en 1848.


Le café Guerbois (7 Avenue de Clichy, 17e)

A partir de 1863, Manet fréquente assidûment le café Guerbois, 11, Grande rue des Batignolles ‘9, avenue de Clichy), voisin de la boutique de M. Hennequin, son marchand de peintures et de pinceaux. Progressivement, un groupe de jeunes artistes se forme autour de lui : Bazille, Degas, Renoir, Fantin-Latour, Pissaro, Monet, Cézanne et bien d’autres. Ils se réunissent tous les vendredi soir, toujours à la même place : deux petites tables à gauche de l’entrée. Souvent des amis écrivains comme Zola ou Duranty participent à ces réunions hebdomadaires. Ensemble, ils jettent les bases d’une nouvelle peinture, vivante, aérée et lumineuse. L’impressionnisme est né.  Une page de l’histoire de l’art s’est écrite dans ce café de quartier aujourd’hui disparu. 


Le château de Monceau (23 Rue Legendre, 17e)

Au XIVe siècle, le château était une ferme fortifiée dont on pourrait situer l’entrée principale sur l’actuelle place Lévis. Au cours des siècles, il passa de mains en mains par le jeu des alliances, des successions et des ventes. En 1429, Jeanne d’Arc, reçue par Huguelin Axrode au retour du sacre de Charles VII à Reims, y passa une nuit et repartit le 8 septembre à l’aube assiéger la capitale. En 1532 le seigneur de Monceau, Etienne Desfriche, fit bâtir la chapelle Saint-Etienne qui les dispensait, lui et tous les habitants du hameau, d’assister aux offices de l’église paroissiale de Clichy.  Sous la révolution, la propriété fut morcelée et la chappelle vendue comme bien national (1796). Rendue au culte quelques années plus tard, elle fut démolie en 1828 après l’inauguration de Ste-Marie des Batignolles.


Le château des Ternes (17 Rue Pierre Demours, 17e)

En 1548, Pierre Habert, homme de lettres originaire d’Issoudun, achète la « Ferme Esternes» qu’il aménage en une demeure plus vaste, flanquée de deux tourelles et d’un pont-levis. Son petit-fils Isaac en devient propriétaire, et seigneur reconnu lorsque Louis XIII érige « La Maison des Ternes » en fief. En 1715, Mirey de Pomponne, conseiller du roi, rebâtit le château sous la forme d’un manoir entouré d’un parc, qui prend son apparence actuelle en 1779.L’architecte Samson-Nicolas  Lenoir, alors propriétaire, fait construite une muraille divisant la demeure en quatre parcelles. Un passage est percé de part et d’autre du château : la rue de l’Arcade est née. Elle devient rue Bayen en 1864. 


Le Père Lathuille (9 Avenue de Clichy, 17e)

Ici s’élevait de 1790 à 1906 la guinguette du père Lathuille, célèbre pour trois raisons : gastronomique, artistique et patriotique. Son lapin sauté, sa matelote d’anguille et le fameux poulet Lathuille faisait la joie des gourmets parisiens ; dans son tableau « Chez le père Lathuille » conservé au musée de Tournai, Edouard Manet représente deux amoureux sous une tonnelle de la guinguette ; enfin, lors des combats de mars 1814, le père Lathuille distribua son vin guinguet et ses victuailles aux combattants : « Buvez,mangez, videz mes caves, il ne faut rien laisser à l’ennemi ».


Les frères Péreire (Angle Place du Maréchal Juin et Boulevard Péreire, 17e)

La place et le boulevard dédiés aux frères Péreire immortalisaient leur action dans l’histoire de l’arrondissement, dont ils furent les principaux bâtisseurs. Après avoir créé, en 1835, la première ligne de chemin de fer en France (Paris – Saint-Germain-en-Laye), Emile et Isaac Péreire fondèrent en 1851 la Société Concessionnaire du chemin de fer d’Auteuil. Les villes de Neuilly et des Batignolles leur offrirent gracieusement quatre hectares (entre la rue de Saussure et la Porte Maillot) nécessaires à la construction du chemin de fer à la seule condition d’exécuter un boulevard de 10 mètres de large de chaque côté de la trouée des voies. Si le boulevard porte toujours leur nom, la place est aujourd’hui dédiée au Maréchal Juin.


Le square des Batignolles (Place Charles Fillion, angle Place du Dr Félix Lobligeois, 17e)

A l’origine, un vaste terrain vague servait d’entrepôt aux matériaux de démolition. En 1835, il fut transformé en place publique : la place de la Promenade. Chaque année, le premier dimanche après le 15 août, la fête patronale du village réunissait les Batignollais. Durant quinze jours, forains, acrobates, clowns, théâtres ambulants, boutiques et attractions les plus variées s’installaient sur la place de la Promenade. Sous Napoléon III, la capitale se dote de nombreux parcs et jardins à l’image des squares anglais : en 1876, l’ingénieur Jean-Charles Alphand transforme la place publique en jardin. Le square des Batignolles est agrandi en 1894, et le buste de Léon Dierx, parnassien sacré « Prince des poètes » en1898, inauguré en 1930.


Le square des Epinettes (angle Rue Maria Deraismes et Rue Colette, 17e)

L’origine du mot Epinettes est controversée : l’épine-vinette, arbuste épineux à fruits rouges, le dispute aux vignes d’un cépage « épinette blanche » proche du pinot blanc. Ancienne partie du village des Batignolles, ce quartier naît en 1860, lors de la création du XVIIe arrondissement. Le square, ouvert en 1893, fut réaménagé en 1980. Les deux statues sont des refontes modernes des bronzes d’origine, fondus durant la dernière guerre. L’une, sculptée par Barrias, représente Maria Deraismes, femme de lettres, fondatrice en 1869 de la Société pour l’amélioration du sort des femmes, l’autre, œuvre de Dalou, immortalise Jean Leclaire, propriétaire d’une entreprise de peinture qui, en 1842, fut le premier à intéresser ses ouvriers aux bénéfices de l’entreprise. 


L’hôtel Gaillard (Rue Georges Berger, angle Place du  Général Catroux , 17e)

Grand collectionneur d’art, Emile Gaillard, régent de la Banque de France, décide de faire bâtir un hôtel particulier en plein centre de la plaine Monceau pour mettre en valeur ses collections de tableaux et d’objets d’art. En 1878, il achète un terrain face à l’hôtel du peintre Meissonier, et charge l’architecte Victor-Jules Février de lui édifier la demeure de ses rêves. S’inspirant des châteaux de Blois et de Gien, Février construit de 1879 à 1884 ce petit palais de brique et de pierre dans le goût Renaissance de l’époque, si bien représenté dans la plaine Monceau. En 1919, la Banque de France achète l’hôtel pour y installer une succursale.


L’usine de Monsieur Margueritte (angle Rue Margueritte et Rue Cardinet, 17e)

Au début du XIXe siècle, l’éclairage urbain provenait essentiellement du gaz. Le charbon était transformé dans ses usines spécialisées, et le gaz stocké dans des grandes cuves circulaires : les gazomètres. En 1821, la compagnie d’éclairage « Marby, Wilson and Co » créa une usine à gaz aux abords de la barrière de Courcelles. Cette usine faisait travailler plus de 200 ouvriers qui étaient logés dans une cité ouvrière située de l’autre côté de l’avenue Wagram : la cité Lombard. Après plusieurs pétitions des habitants du quartier, l’usine fut démolie en 1890. Louis Margueritte, le dernier propriétaire, fit percer deux rues sur son emplacement, les rues Théodule Ribot et Margueritte.


Musée Henner (43 Avenue de Villiers, 17e)

L’hôtel, construit par Félix Escalier vers 1840, a été réaménagé par le peintre Guillaume Dubufe à la fin du XIXe siècle, et acquis en 1920 par Jules Henner, pour y présenter les collections de son oncle. De souche paysanne alsacienne, Jean-Jacques Henner, né à Bernwiller (Haut-Rhin) en 1829, entre à l’Ecole des Beaux-Arts dans l’atelier de Drolling. Il obtient le prix de Rome en 1858 ; arrivé en Italie, il se passionne pour l’art vénitien, et fait ses débuts au Salon en 1863. très en vogue, il est élu à l’institut en 1889, et grand-croix de la Légion d’Honneur en 1903. Visiteur assidu du Louvre, et lecteur enthousiaste des auteurs classiques, il s’inspire de Virgile, Homère ou Ovide pour composer des tableaux dont il retire une fortune considérable. Toute son œuvre dénote un goût marqué pour l’érotisme et l’exotisme, tendance confirmée par la présence dans son atelier d’un balcon fermé par un moucharabieh. Sa dernière toile, un Atala inachevé, est interrompue par la mort, en 1905. 


Naissance de la Statue de la Liberté (25 Rue de Chazelles, 17e)

Le 4 juillet 1884, la fanfare des Batignolles entonne les hymnes américain et français : l’ambassadeur des Etats-Unis, Morton, reçoit du colonel Lichtenstein, au nom du président Jules Grévy, une colossale allégorie, « La Liberté éclairant le monde ». Grâce à une souscription lancée par Edouard de Laboulaye, Auguste Bartholdi voit enfin réaliser un grand projet mûri dès 1865, et entrepris depuis 1875 dans les ateliers « Monduit-Gaget-Gauthier », 25, rue de Chazelles. Pour l’exécution de la charpente de 46 mètres, le sculpteur demande d’abord conseil à son ami Viollet-Le-Duc puis se tourne vers le chef de file de la construction métallique, Gustave Eiffel.


Pierre Puvis de Chavannes (89 Avenue de Villiers, 17e)

Né à Lyon le 14 décembre 1824, cet élève d’Ary Scheffer travaille un moment dans l’atelier de Delacroix ; il expose à partir de 1850, mais ses contemporains le considèrent alors comme un révolutionnaire et il est refusé aux Salons jusqu’en 1858. Le succès vient en 1861, avec Bellum et Concordia (La Guerre et la Paix), deux allégories achetées par l’Etat pour le musée d’Amiens. Les honneurs suivent : chevalier de la Légion d’Honneur en 1864, il est officier en 1877, et commandeur en 1889. La même année, il fonde avec Meissonier la Société nationale des beaux-arts. Les commandes officielles pleuvent : fresques de la Vie de sainte Geneviève au Panthéon, grand escalier de l’Hôtel de Ville, décor de la nouvelle Sorbonne… Et son succès dépasse largement les cercles officiels : Toulouse-Lautrec, Seurat, Gauguin, Valloton, Maurice Denis et leurs disciples l’admirent ; lui-même soutient les jeunes talents, tels Courbet ou Suzanne Valadon, qu’il découvre comme modèle et encourage à peindre. En 1895, Rodin organise en son honneur un grand banquet où 550 artistes de tendances diverses lui rendent hommage. Il meurt ici en 1898. 


Place de la Marie (16-20 Rue des Batignolles, 17e)

Le 10 février 1830, une ordonnance de Charles X détache les hameaux des Batignolles et Monceau de la commune de Clichy. Ils forment désormais une seule commune : les Batignolles-Monceau. Le premier maire, Jean-Constant Jaïque, siège au 54, Grande rue (avenue de Clichy). En 1847, le nouvel élu, Auguste Balagny, décide de construire une mairie plus importante, et confie sa réalisation à l’architecte Paul-Eugène Lequeux. La première pierre est posée le 19 septembre 1847, et l’inauguration a lieu le 21 octobre 1849. Son campanile lui donnant un air insolite, les Batignolles surnomment la nouvelle mairie « Le biscuit de Savoie ». En 1971, elle est démolie pour laisser place à l’édifice actuel, œuvre des architectes Faure et Burc.


Place du Général Catroux (17 Place du Général Catroux, 17e)

Ancienne place Malesherbes, elle reçut officieusement au début du siècle le nom de place des Trois Dumas. Alexandre Dumas Fils fut l’un des premiers écrivains à s’installer dans la plaine Monceau, au 98, avenue de Villiers. Sa statue, due au sculpteur René de Saint-Marceau, fut érigée en 1906. Celle de son père, œuvre de Gustave Doré, fut inaugurée le 4 novembre 1883, en présence d’une foule considérable. En 1942, les Allemands nous ont privés de la statue du grand-père. Œuvre cocasse, conçue en 1912 par Alphonse Moncel, elle représentait le général Dumas appuyé sur un énorme fusil. Voisine des Dumas, Sarah Bernhardt habitait à l’angle de l’avenue de Villiers et de la rue Fortuny. Elle fut immortalisée par le sculpteur François Sicard, dans le rôle de Phèdre. 


Place Prosper Goubaux (angle Avenue de Villiers et Rue Lévis, 17e)

Officieusement appelée Place Villiers, elle porte, depuis novembre 1906, le nom de Prosper Parfait Goubaux, auteur dramatique français du début du XIXe siècle. Goubaux signait ses pièces Dineaux et ses articles Pierre Aubry. Il fonda l’institution Victor qui devint le collège Chaptal. Rares sont les places parisiennes qui possèdent une statue d’Auguste Rodin. Sur le terre-plein central, on peut admirer le buste d’Henri Becque, auteur dramatique qui habitait 104, avenue de Villiers. Venu en voisin assister à l’inauguration le 1er juin 1908, Victorien Sardou prit froid, et mourut quelques jours plus tard.


Porte Champerret (5 Place de la Porte Champerret, 17e)

Autrefois lieu-dit les « Champs Perret », du nom de son propriétaire, la porte Champerret était située à l’extrémité de la plaine des Sablons. En 1841, Thiers projeta la construction d’une enceinte fortifiée autour de Paris : 39 km de remparts ceinturaient la capitale, percés de 52 entrées qui prirent le nom de portes. Les fortifications de la porte Champerret furent démolies en 1926 ainsi que les bureaux d’Octroi. En 1954 fut créé le square d’Amérique Latine. Jusqu’en 1979, s’y trouvait une très belle statue de Simon Bolivar due au sculpteur Frémiet, remplacée par Francisco de Miranda, œuvre de L. Gonzales. Les huit bustes de bronze représentent des écrivains sud-américains.


Rue de Puteaux (52 Boulevard des Batignolles, 17e)

Vers 1835, un ancien menuisier, Louis Puteaux, attiré par le vaste chantier de la naissance des Batignolles, se lance dans la construction immobilière. Après avoir édifié l’école polonaise du boulevard des Batignolles, le théâtre des arts et d’innombrables maisons, il rachète en 1845 les bâtiments en ruine de l’abbaye cistercienne du Val (proche de l’Isle-Adam). Ces pieux matériaux à bon marché lui servent à bâtir de nombreuses maisons dans les rues de Cheroy, Puteaux, Saussure et sur le boulevard des Batignolles, où une façade aujourd’hui disparue renfermait une pierre tombale avec pour seule inscription visible « Montmorency »… Louis Puteaux meurt en 1864, et la rue porte son nom depuis 1879.


Rue Juliette Lamber (30 Rue Juliette Lamber, 17e)

Juliette Lamber, femme de lettres née en 1836, épousa en secondes noces le banquier Edmond Adam, conseiller de Thiers et préfet de police en 1870. Eminence grise de Gambetta à ses débuts, elle partagea sa vie entre la politique et la littérature. Dans les années 1870, son salon, très fréquenté, exerçait une certaine influence. Liée d’amitié avec de nombreux écrivains : Marie d’Agoult, George Sand, elle côtoya Hugo, Flaubert, Tourgueniev. En 1879, elle fonda « La Nouvelle Revue », destinée à faire connaître de jeunes talents, tel Pierre Loti, son fils spirituel. Cette rue, ouverte en 1882, porte son nom depuis 1897.


Sainte-Marie-des-Batignolles (Angle Rue Legendre et Place du Dr Félix Lobligeois, 17e)

En 1824, le village des Batignolles comptait plus de 5 000 âmes, et le docteur Lemercier lança une souscription pour l’élévation d’une église. Un tiers seulement de la somme nécessaire fut réunie, permettant la construction d’une simple chapelle, de 1826 à 1829. La principale donatrice fut la dauphine Marie-Thérèse ; en remerciement, la chapelle prit le nom de sa sainte patronne, Marie. L’abbé Heuqueville, vicaire de Sainte-Marie, fut le premier curé en 1831. La chapelle devenue trop petite, l’architecte Paul-Eugène Lequeux fut chargé en1839 des travaux d’agrandissement. Il rajouta des bas-côtés à la nef selon un plan en croix latine. Ces travaux furent achevés en 1851.


Stéphane Mallarmé (1842-1898) (89 Rue de Rome, 17e)

« A peine pourrai-je prétendre un jour au titre d’amateur » écrit le « sphinx obscure » à son ami Cazalis en 1864, l’année de la naissance de sa fille. Il déclare « j’ai besoin de la plus silencieuse solitude de l’âme, et d’un oubli inconnu, pour entendre chanter en moi certaines notes mystérieuses » et  déteste son métier de professeur d’anglais : « On tourne dans un cercle étroit comme des chevaux idiots d’un cirque de foire… chaque jour le découragement me domine, je meurs de torpeur ». Lorsqu’il regagne enfin Paris en 1871 pour ouvrir son salon aux célèbres mardis qui réunissent Laforgue, Valéry, Gide, Barrès… le « poète las que la vie étiole » a encore peu publié, et ses œuvres passent inaperçues. Sa notoriété éclate après 1884, grâce à Verlaine et Huysmans : il fait désormais figure de maître du symbolisme. « Mais mon admiration va toute entière au grand Mage inconsolable et obstiné chercheur d’un mystère qu’il sait ne pas exister, et qu’il poursuivra à jamais pour cela, du deuil de son lucide désespoir, car c’eût été la Vérité »…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vos observations sont les bienvenues