NEUVIEME ARRONDISSEMENT
Cité
Ouvrière Napoléon (58 Rue de Rochechouart, 9e)
La
rue Rochechouart, ouverte sur les dépendances de l’abbaye de Montmartre, porte
le nom de Marguerite de Rochechouart de Montpipeau, abbesse de 1715 à 1727. La
cité ouvrière napoléon est connue pour être la première cité ouvrière de la
Capitale. Inaugurée en novembre 1851, elle fut voulue dès 1849 par le
Prince-Président Louis-Napoléon Bonaparte. Son architecte, Marie-Gabriel Veugny
fut avant-gardiste en son temps. Cet ensemble philanthropique bien aéré était
destiné surtout à loger les ouvriers de la toute proche nouvelle usine à gaz.
Les logements étaient loués de 60
F à 180
F, la cité devait exercer une influence morale et
matérielle sur la classe laborieuse qui bénéficiait de visites gratuites d’un
médecin, de garderie, lavoir, séchoir et même d’un pavillon de bain
séparé.
Eglise
de la Rédemption (16 Rue Chauchat, 9e)
Entre
1821 et 1825, l’architecte Lusson édifia, pour les bureaux de l’octroi, dans un
style néo-classique proche de Claude-Nicolas Ledoux, une halle de déchargement
destinée à l’emmagasinage et à la vérification des marchandises soumises aux
droits. La voûte cintrée de la façade évoque encore cette halle, concédée en
1841 à l’église luthérienne, qui y établit son deuxième lieu de culte à Paris.
L’architecte Gau aménagea le portique à colonnes et le fronton qui épouse la
forme de la voûte. Seules quatre des onze travées d’origine furent conservées,
et un chœur arrondi ferma la partie est du bâtiment. La duchesse d’Orléans,
belle-fille du roi Louis-Philippe, fut mécène et fidèle de cette église. Le
crucifix en ébène et ivoire qui figure sur l’autel fut offert par le baron
Haussmann. Ses obsèques y furent célébrées en 1891. Restauration en 1988-1989.
Eglise
de la Sainte-Trinité (Place d’Estienne d’Orves, 9e)
Un
décret de décembre 1860 décide la construction de cette église, confiée à
Théodore Ballu (1817-1885), élève de Lebas, dans ce quartier de la Chaussée
d’Antin en pleine mutation. Commencés en 1861,les travaux s’achèvent en 1867.
L’église est alors solennellement remise par Haussmann à Monseigneur Darboy.
Son style très éclectique, mi-gothique, mi-renaissance, choque les
contemporains. Dans le square, également aménagé par Ballu, habitant du
quartier, les allégories de la Foi, l’Espérance et la Charité, situées dans
l’axe des trois arcades en plein cintre, dominent les fontaines à triple
vasque. Le porche de l’église est décoré des statues de saint Grégoire, saint
Hilaire, saint Augustin et Athanase, dues à Eugène Guillaume ; sur la
terrasse du premier étage, figurent la Force, la Justice, la Prudence, et les
Tempérance, œuvres de Carpeaux. Les originaux ont été remplacés par des copies,
réalisées dans l’entre-deux guerres. En 1980, rénovation du clocher et des
orgues de Cavaillé-Coll. En 1991, achèvement de la réfection intérieure.
Eglise
Saint-Eugène (6 Rue Sainte Cécile, 9e)
Napoléon
III souhaite faire construire une nouvelle église dédiée à saint Eugène, en
souvenir d’Eugène de Beauharnais, son oncle. Les plans de l’édifice, d’abord
confiés à Lusson, furent repris par Boileau, plus connu pour la conception des
magasins du Bon-Marché. Derrière une façade d’inspiration médiévale constituée
de trois portails sculptés de hauteurs différentes, l’architecte utilisa pour
la première fois dans un église une structure entièrement métallique :
fonte creuse pour les colonnes, les galeries et les tribunes, fer pour les arcs
en ogive. Seuls les murs restaient en pierre. Cependant, le décor, inspiré de
la Sainte-Chapelle, créait l’illusion d’un Moyen Age retrouvé. Construction en
20 mois de 1854 à 1855. Restauration complète en 1987.
Grand
Hôtel (2 rue Scribe, 9e)
Edifié
en 1861 à l’instigation des frères Péreire pour l’Exposition Universelle de
1867, le Grand Hôtel offrait pour ses 800 chambres, le luxe, à l’époque inouï,
de 70 salles de bains. Sa décoration intérieure fut confiée à des artistes,
peintres et sculpteurs de grand renom. Il comprenait une salle à manger et de
vastes salons de réception. La cour d’honneur était couverte d’une magnifique
verrière. On y trouvait aussi un bureau télégraphique et un bureau de tabac. Il
fut inauguré le 14 juillet 1862 par l’impératrice Eugénie et le banquier
Péreire. L’entrée est rue Scribe et les façades donnent aussi sur la rue Auber
et le boulevard des Capucines. Très vite sa réputation fut immense :
« Le quartier général des Américains de passage est sur le boulevard des
Capucines… On part de New-York pour le
Grand_Hôtel » selon le Paris-Guide de 1867. Ce fut aussi le premier hôtel
à offrir un plan-tarif permettant de retenir sa chambre avec le détail du
service et le respect du budget. On y trouvait même un service si complet et si
moderne, que l’on pouvait aisément prolonger sa villégiature au
Grand-Hôtel.
Hôtel Chantereine (60 Rue de la Victoire, 9e)
S’il
ne reste aujourd’hui plus rien de l’hôtel Chantereine, détruit en 1862 lors des
grands travaux d’Haussmann, les personnages qui l’ont habité et ceux qui l’ont
fréquenté ont marqué l’Histoire de France d’une empreinte indélébile, de la fin
de l’Ancien Régime à l’aube du Premier Empire. Julie Careau, « demoiselle
de l’Opéra » faisant alors profession de galanterie, s’y installe en 1780.
Elle y tient l’un des salons les plus courus de Paris, où elle accueille
Talleyrand, Mirabeau ou Chamfort, et le tragédien Talma, qu’elle épouse en
1791. L’hôtel devient bientôt le lieu de rencontre privilégié des membres du parti
girondin dont beaucoup, tels Brissot ou Madame Roland, finissent sous le
couperet de la guillotine ou se suicident, comme Condorcet, aux heures sombres
de la Terreur. En 1795, Julie, abandonnée par Talma, loue son hôtel à la
citoyenne Joséphine de Beauharnais, veuve du général en chef de l’armée du Rhin
décapité un an plus tôt. Par l’entremise de son ami Barras, Joséphine rencontre
le jeune « général Vendémiaire », Napoléon Bonaparte, qu’elle épouse
en 1796, juste avant qu’il ne parte se couvrir de gloire au cours de la
campagne d’Italie. A son retour, Napoléon rachète à Julie l’hôtel Chantereine.
Il y réside avec Joséphine jusqu’au 15 novembre 1799 : devenue Premier
Consul de la République après son coup d’état du 18 Brumaire (9 novembre), il
s’installe au Palais du Luxembourg.
Il
s’agit, avec la borne consacrée à la Maison Dorée (9e), de l’unique
borne qui ne soit pas disposée sur pied.
Hôtel
de la Païva (28 Place Saint-Georges, 9e)
Le
quartier Saint-Georges fut loti de 1821 à 1824 par une société financière
présidée par M. Dosne, futur beau-père de Thiers. La fontaine centrale de la
place date de 1824, elle servit d’abreuvoir à chevaux, fut tarie en 1906 par la
construction du métro Nord-Sud et remise en eau le 10 mai 1995. Le buste de
Gavarni, peintre des « lorettes », surmonte la fontaine depuis
1911 ; il est l’œuvre de Puech et Guillaume. C’est en 1840 que
l’architecte Renaud construisit cet immeuble dans un style gothique et
renaissance. Thérèse Lachmann, demi-mondaine en vue qui venait d’épouser le
marquis Païva y Arunjo, vint y habiter en 1851 ; puis elle fit construire
un nouvel hôtel aux Champs-Elysées. Elle devint une courtisane adulée sous le
second Empire, sous le nom de « La Païva ».
Hôtel
Moreau (20 Rue de la Chaussée-D’Antin)
En
1795, Jean-Baptiste Lakanal-Dupuget, royaliste convaincu, fit édifier trois
hôtel : celui du n°20, situé au fond de la cour, quoique profondément
remanié, a conservé un beau portique à colonnes, ainsi que le salon circulaire
au décor de style Directoire. Acquis en 1799 par le général Moreau, il fut le
siège de la réunion préparatoire au coup d’état du 18 brumaire. En 1977, lors
des travaux de soutènement, on mit à jour 364 blocs de pierre sculptés
provenant de la façade de Notre-Dame, parmi lesquels vingt têtes des statues
colossales des rois de Juda, abattues par les révolutionnaires qui les
prenaient pour celles des rois de France. Lakanal Dupuget aurait pieusement
récupéré ces sculptures, condamnées à la destruction ; retrouvées, elles
ont été déposées au musée de Cluny.
Hôtel
Radix de Sainte-Foix (2 Boulevard de la Madeleine, 9e)
Sur
des terrains autrefois propriété des religieux Mathurins, le fermier général
Charles Marin-Delahaye fit construire vingt-huit hôtels, à la fin du XVIIIe
siècle, par l’architecte Aubert. Ici vécurent en 1780 le financier Radix de
Sainte-Foix, et Mirabeau en 1789. Un jardin-terrasse orné des treillages, de
pyramides, d’arcs de triomphe et de fausses ruines destinées à cacher les
cheminées occupait le toit jusqu’au XIXe siècle. Deux petits ponts chinois
enjambaient un ruisselet qui distribuait l’eau dans la salle à manger et,
depuis la terrasse, dans les salles de bains de l’immeuble. En face, au n°2,
l’hôtel d’Aumont présente la même façade en rotonde. Cet autre vestige de l’énorme
opération immobilière de Marin-Delahaye fut habité, à partir de 1785, par le
maréchal d’Aumont, duc et pair de France, qui rallia la Révolution avec
enthousiasme et reçut en récompense le commandement de la garde nationale.
Hôtel
Renan-Scheffer (16 Rue Chaptal, 9e)
Sur
les terrains de l’ancienne maison religieuse de Saint-Lazare, vendus comme
biens nationaux en 1792, d’habiles spéculateurs avaient créé, vers 1815, un
vaste parc d’attraction dont les « Montagnes russes », les premières
en France, formaient le clou. Vendus vers 1820, ces terrains furent lotis en
petits hôtels avec jardin qui attirèrent la jeunesse romantique un peu fortunée
de l’époque. Le peintre Ary Scheffer s’installa dans la rue Chaptal
nouvellement ouverte et aménagea autour de son petit hôtel un atelier et un
jardin d’hiver avec fontaine en rocaille. Peintre d’histoire et habile
portraitiste, Scheffer recevait ici toute la société artistique et littéraire
de son temps : Chopin et Georges Sand, ses voisins du square d’Orléans,
Franz Liszt et Pauline Viardot, Lamennais et l’histoire Augustin Thierry. Ce
dernier y amena Ernest Renan, qui devait épouser Cornélie Scheffer, nièce du
maître de maison. Transmis par la famille Renan à la Ville de Paris, ce lieu
consacré au monde artistique et littéraire des années 1820 à 1860 est devenue
le Musée de la vie romantique.
Hôtel
Scribe (1 rue Scribe, 9e)
Inscrit
dès 1861 dans la vaste opération d’urbanisme du nouveau quartier de l’Opéra,
l’hôtel Scribe (1, rue Scribe) fut dès 1863 le siège du
« Jockey-Club » (Société d’encouragement pour l’amélioration des
races de chevaux en France) fondé 30 ans plus tôt 2, rue du Helder. Il occupa
les luxueux salons du premier étage pendant 50 ans. Le rez-de-chaussée était
réservé au « Grand Café » ; des lambris dorés, des baquettes
rouges, pas moins de douze billards et des salons privés y accueillaient une
clientèle mondaine. Le sous-sol était aménagé en « salon
indien » : le 28 décembre 1895, les frères Lumière y présentèrent
leur cinématographe avec « La sortie des usines Lumière à Lyon », et
9 autres films. « Lorsque ces appareils seront livrés au public, lorsque
tous pourront photographier les êtres qui leur sont chers non plus dans leur
forme immobile, mais dans leur mouvement, dans leur action, dans leurs gestes
familiers, avec la parole au bout des lèvres, la mort cessera d’être
absolue ». Le 13 janvier 1896 y ft aussi présentée l’expérimentation des
rayons X du docteur Röntgen.
Hôtel Thiers (27 Place
Saint-Georges, 9e)
Adolphe
Thiers, homme d’Etat et historien, fut élu Président de la République, en 1871,
par l’Assemblée Nationale. Cet hôtel fut celui de Madame Dosne, qui le vendit à
son gendre, M. Thiers, en 1833 pour la somme de 100 000 F, quand
celui-ci épousa Elise Dosne. La maison fut détruite en 1871 par les
communards ; c’est le peintre Courbet qui sauva les biens de Thiers, et
l’hôtel fut reconstruit en 1873 par Aldrophe, puis légué à l’Institut en 1905,
avec sa bibliothèque, par la belle-sœur de Thiers, Félicie Dosne.
Hôtels
de Mlle Mars et Mlle Duchesnois (1 Rue de la Tour des Dames, 9e)
Au
n°1 de la rue, se trouve l’hôtel de Mademoiselle Mars. Il fut construit en 1746
et appartint, entre autres, à François Mahé de la Bourdonnais, gouverneur aux
Indes, au navigateur Louis-Antoine de Bougainville, au maréchal d’Empire
Gouvion Saint-Cyr. Profondément modifié par Constantin en 1822, Mademoiselle
Mars l’acheta en 1824 et le fit modifier par Visconti. Comédienne célèbre du
Théâtre-Français, devenue riche, elle occupa cet hôtel jusqu’en 1838. En 1840,
l’hôtel fut racheté par le Comte de Wagram, époux de Charlotte Clary, qui
modifia la décoration intérieure. Une verrière gravée porte encore leurs
initiales. Au n°3, Mademoiselle Duchesnois, tragédienne, fit construire en 1822
cet hôtel par Constantin. Elle fit de cet endroit le rendez-vous des gens de
lettres ; Victor Hugo le fréquenta. Sa rivale de la Comédie-Française,
Mademoiselle Georges, l’obligea à quitter le théâtre en 1833, et elle dut
vendre son hôtel un an plus tard.
La Maison Dorée (20 Boulevard des Italiens, 9e)
Situé
à l’emplacement de l’hôtel Choiseul-Stainville où résida Madame Tallien, le
café Hardi céda la place en 1839 à la Maison Dorée, ainsi appelée à cause des
balcons qui ornent toujours sa façade. Le Tout-Paris de la politique, de la
littérature et de la galanterie s’y pressait. Balzac, Hugo, Nerval, puis
Flaubert, les frères Goncourt en étaient les habitués. En 1853, Alexandre Dumas
installa au rez-de-chaussée la rédaction de son journal « Le
Mousquetaire ». La Maison Dorée accueillit en 1886 la dernière exposition
des Impressionnistes. En 1976 la BNP entreprit la restauration de la façade.
L’immeuble abrite aujourd’hui, entre autres, des activités de marchés de BNP
Paribas.
Cette
borne partage, avec celle de l’hôtel Chantereine (Rue de la Victoire, 9e),
la particularité d’être dépourvue de pied. Elle est directement apposée sur un
pilier. Autre particularité qu’elle partage avec la borne de l’hôtel Chantereine :
elle ne porte pas la mention « Histoire de Paris », ici remplacée par
le nom de la banque BNP Paribas et son logo.
La
Nouvelle Athènes (29 Rue de La Rochefoucauld, 9e)
Ici
meurt en 1857 le poète Dureau de la Malle, inventeur du nom du quartier
« la Nouvelle Athènes », situé à l’emplacement de l’ancien quartier
des Porcherons. Un château y fut bâti au XIIIe siècle. Louis XI s’y arrêta en
1461. Ce nom de « Nouvelle Athènes », dû à la gréco-manie de
l’opinion publique, était un gage du succès de cette opération de lotissement
de l’ancienne propriété du duc de Valentinois, menée depuis 1820 par M.
Lapeyrière et l’architecte Constantin afin de créer un quartier résidentiel. De
style néoclassique fort à la mode, plusieurs petits hôtels sont édifiés rue de
la Tour des Dames et rue de La Rochefoucauld, œuvres d’élèves de Percier, tels
Visconti, Biet, Lelong ou Haudebourt. De nombreuses célébrités s’y installent
dès 1822, artistes, actrices, peintres, écrivains, mais aussi demi-mondaines.
Le nom « Nouvelle Athènes » ne tarde pas à désigner un périmètre plus
vaste qui recouvre entre autres tout le quartier Saint-Georges. Paris capitale
des Arts, a alors son centre dans le 9e arrondissement.
Les
Folies-Bergère (12 Rue Richer, 9e)
Sur
un ancien terrain appartenant à l’hôpital des Quinze-Vingts, s’élevait en 1860
un grand magasin de literie. Ce magasin s’adjoignit en 1869 une salle de
spectacles. Les Folies-Bergère prirent leur essor en 1871, sous la direction de
Sari, qui en fit un établissement à l’instar de l’Alhambra de Londres, avec
promenoir, fumoir et des spectacles d’exhibitions excentriques. En 1881, et
pour peu de temps, l’établissement se consacra à la musique classique. En 1884,
à côté des spectacles osés, se produisirent des vedettes de café concert. Avec
la direction de Paul Derval, à partir de 1919, les Folies-Bergère devinrent
l’un des premiers grands Music-Halls du monde. A partir de 1926, Paul Derval
fit agrandir, redécorer la Salle et modifier la façade, par le décorateur Pico.
Y. Guilbert, L. de Pougy, C. Otero, C. de Mêrode, Colette en danseuse nue, J. Baker,
Mistinguett, etc.
L’Olympia
(28 boulevard des Capucines, 9e)
En
1888, Joseph Oller, fondateur du Moulin-Rouge, installa à cet emplacement des
Montagnes Russes ; en dépit de leur popularité,elles furent fermées en
1893 par la Préfecture de Police, qui les jugeait dangereuses. Oller fit alors
construire une salle de spectacles dont le décor intérieur évoquait une
« Olympe vue à travers la lorgnette de Meilhac et Halévy, - 400 m2 d’Offenbach à
l’aquarelle ». Ce premier « Music-Hall de Paris offrait des numéros
de cirque, des ballets, des opérettes et des tours de chant où s’illustrèrent
la belle Otero, Liane de Pougy ou la Goulue ; Mistinguett, Max Linder,
Maurice Chevalier, Damia ou le clown Grock leur succédèrent. Salle de cinéma à
partir de 1928, l’Olympia rouvrit ses portes en 1954, sous la direction de
Bruno Coquatrix. Entièrement réaménagé, doté de 2 000 places, ce
music-hall représente désormais un lieu de consécration pour de nombreux
artistes, français ou étrangers.
Lycée
Condorcet (65 Rue de Caumartin, 9e)
Brongniart,
architecte du palais de la Bourse, édifie en 1780 pour l’ordre des frères
Capucins un nouveau couvent situé alors au milieu des jardins et des cultures
maraîchères. Les deux pavillons entourant la façade abritaient, à gauche, la
chapelle (devenue église Saint-Louis d’Antin) et à droite, le parloir des
moines. Vendu comme bien national en 1792, le couvent devint successivement
imprimerie, puis hôpital avant d’être racheté en 1803 par l’Etat pour y
installer un lycée baptisé, au gré des régimes politiques, Lycée Bonaparte
(1803), Bourbon (1815), Fontanes (1874) et enfin Condorcet (1883). Du couvent
demeure le cloître intact, atrium dorique d’une austère simplicité :
visible depuis la porte centrale de la façade, il sert aujourd’hui de cour au
lycée. Dans ce quartier qui connut son plein développement au XIXe siècle avec
la construction de la gare Saint-Lazare et des grands magasins, le lycée
Condorcet a vu passer Théodore de Banville, Jean-Jacques Ampère, Alexandre
Dumas fils, Edmond et Jules Goncourt, Nadar, Eugène Sue, Sadi Carnot, Mallarmé,
Verlaine, Sully Prud’homme, Marcel Proust, Haussmann, le duc de Morny, Henri
Monnier.
Lycée
Jacques-Decour (12 Avenue Trudaine, 9e)
Depuis
1808 s’élevait ici l’important abattoir de Montmartre : 350 mètres de long, 125
de large ; construit par Bellanger et Poitevin, il avait coûté
4 816 156 Francs or. En 1867,
débuta la construction des nouveaux
bâtiments du collège Rollin, fondé en 1822 et qui se trouvait à l’étroit rue
des Postes (actuelle rue Lhomond), sur la rive gauche. L’architecte en fut
Napoléon Oger. La première rentrée des classes eut lieu en 1876 : des
« dortoirs admirablement aménagés », des « parloirs pavés de
mosaïques ». L’enseignement de Stéphane Mallarmé et de Bergson, des élèves
comme Georges Courteline, Léon-Paul Fargue ou Maurice Utrillo contribuèrent à
sa célébrité. Il prit, après la guerre, le nom du professeur Jacques Decour,
résistant fusillé par les Allemands en 1942.
Maison
de Marie Dorval (44 Rue Saint-Lazare, 9e)
Sur
cet emplacement s’élevait une maison où Marie Dorval habitat à partir de 1833.
Marie Dorval tenait salon précédemment rue Meslay. Elle était mariée à un
journaliste, Monsieur Merle, et avait deux filles, Gabrielle et Louise. Elle
recevait beaucoup d’écrivains : Soulié, Dumas, Sainte-Beuve, Hugo, Paul
Foucher, Fontaney et surtout Alfred de Vigny avec lequel elle entretint une
longue liaison. Celui-ci habitait 6, rue des Ecuries d’Artois (rue d’Artois
actuelle) et venait chaque jour chez Marie Dorval. Il réussit avec l’aide de
Dumas à la faire engager à la Comédie Française. Elle y créa Chatterton le 12
février 1835, elle y jouait le rôle de Kitty Bell, avec succès. La pièce avait
été acceptée grâce à l’appui du roi Louis-Philippe. Marie Dorval qui était née
à Lorient en 1798, murut à Paris en 1849. Vigny lui survécut jusqu’en 1863.
Notre-Dame
de Lorette (angle rue Bourdaloue et de Châteaudun, 9e)
L’augmentation
de la population du hameau des Porcherons détermina l’archevêque de Paris,
Jean-François de Gondi, à faire construire une première église, vers 1645.
Placée sous le patronage de la Vierge de Lorette, et la dépendance de l’abbaye
de Montmartre, elle était située à l’emplacement du n°54 de l’actuelle rue
Lamartine. Erigée en paroisse en 1791, elle est détruite en 1796. Hippolyte
Lebas, élève de Percier et Fontaine, remporte en 1822 un concours pour
l’édification d’une nouvelle église. Commencés en 1823, les travaux sont
achevés en 1836. A
l’exception de son portique à quatre colonnes corinthiennes surmonté d’un
fronton triangulaire, orné des allégories de la Foi, l’Espérance et la Charité,
elle s’inspire de Sainte-Marie-Majeure. Comme les basiliques romaines, en
effet, cette église n’est pas voûtée, et un arc triomphal délimite la nef du chœur.
Rénovation de l’abondant décor de peintures murales et des grandes orgues de
Cavaillé-Coll de 1974 à 1977.
Passages
Jouffroy et Verdeau (9 Rue de la Grange Batelière)
A
Grange Batelière était au Moyen Age une ferme fortifiée (Grange Bataillée). Son
nom fut donné plus tard à un petit cours d’eau qui disparut vers la fin du
XVIIIe siècle. Au n°10 de la rue fut édifié sous Louis XV l’hôtel de Biéville
ou de Nolivos. C’est sous Louis-Philippe que furent ouverts les deux passages
couverts, en 1845 pour le passage Jouffroy, en 1846 pour le passage Verdeau. Le
premier fut créé sur une partie des jardins de l’hôtel Aguado (actuelle
mairie). Leur technique de construction faisait appel à de nouveaux matériaux
industriels : charpentes métalliques, toitures vitrées. Les passages
connurent une grande vogue dès leur ouverture. Bordés d’élégantes boutiques, à
l’abri de la pluie, ces lieux pleins de charme attiraient les flâneurs du XIXe
siècle, qui y trouvaient aussi des restaurants, des salons de thé et des lieux de
spectacle. Plus tard, les passages furent célébrés par les surréalistes, L.
Aragon et W. Benjamin.
Rue
du Faubourg Montmartre (Rue du Faubourg Montmartre, angle Bvd. Montmartre ,9e)
Cette
rue, entièrement sur le 9e, est le prolongement de la rue Montmartre,
chemin qui menait de Lutèce à la butte Montmartre par l’actuelle rue des
Martyrs… C’est le chemin qu’empruntèrent saint Denis et ses deux diacres, saint
Eleuthère et saint Rustique, pour gagner la butte Montmartre où ils furent
décapités. Ils venaient de l’île de Lutèce (la Cité) où ils étaient incarcérés.
C’est de ce sommet que saint Denis partit vers le Nord, portant sa tête. La rue
était encore coupée vers l’actuel 35 par le Grand Egout du Nord qui ne fut
couvert qu’au 18ème siècle ; on le franchissait sur le
« Ponceau des Porcherons ». Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle,
on ouvrit un cimetière dit de Saint Eustache ou des Porcherons, au niveau des
actuels n°60 à 68, ainsi qu’une chapelle funéraire Saint-Jean-Porte-Latine. Le
tout fut fermé en 1793, vendu en 1794 et 1797 quand Montmartre s’appela
Mont-Marat. L’église fut rouverte en 1805, acheté par la Ville de Paris et
ouverte au culte paroissial sous le vocable de Notre-Dame-de-Lorette jusqu’à
l’ouverture de l’église actuelle en 1836.
Square d’Orléans (80 Rue Taitbout, 9e)
Les quatre corps de bâtiments, disposés autour d’un
cour centrale rafraîchie depuis 1856 par une petite fontaine, furent édifiés en
1829, à la manière des squares anglais, par l’architecte britannique Crésy, sur
des terrains achetés à Mademoiselle Mars. Le calme des lieux attira un
véritable phalanstère d’artistes romantiques : Georges Sand s’installa au
n°5 en 1842, bientôt rejointe par Chopin, qui loua le rez-de-chaussée du n°9.
Tous deux quittèrent le square après leur rupture en 1847. Le n°2 fut habité par la danseuse Marie Taglioni, la
cantatrice Pauline Viardot (sœur de la Malibran) et son mari Louis, le peintre
Dubufe et le sculpteur Dantan. Alexandre Dumas père y logeait en 1832 en
compagnie de l’actrice Mélanie Serres ; il y composa « La Tour de
Nesle ».
Synagogue
de la rue Buffault (28 Rue Buffault, 9e)
Ici
s’élevait depuis 1857 une salle de danse ornée d’arcades mauresques et de
mosaïques orientalisantes. Remplacée en 1874 par le bal du Trianon d’Hiver, la
salle fut démolie en 1876 pour la construction d’une nouvelle synagogue
destinée aux Juifs de rite portugais. Depuis le XVIII siècle, ils avaient pu
observer leur culte successivement rue Suger, en 1826 rue du Vertbois, en 1851
au 19, rue du Sentier et en 1859 au 23, rue Lamartine. L’architecte Stanislas
Ferrand a repris le style romano-byzantin de la synagogue de la rue de la
Victoire, dans des proportions moindres.
Synagogue
de la rue de la Victoire (44 Rue de la Victoire, 9e)
Ici
s’élevait depuis 1777 un luxueux hôtel construit, aux frais du prince de
Soubise, pour Mlle Dervieux, danseuse de l’Opéra, rivale de la Guimard. En
1802, Bonaparte l’offrit à son frère Louis, futur roi de Hollande, et à
Hortense de Beauharnais. Démoli en 1867, il fut remplacé par une synagogue
destinée aux Juifs de rite allemand, édifiée par l’architecte Aldrophe dans un
style romano-byzantin. D’un ensemble très sobre se détachent les vitraux
allégoriques de Lusson, Lefèvre, Oudinot,
et le monumental chandelier d’argent, don du baron Gustave de
Rothschild. C’est actuellement la plus grande synagogue d’Europe.
Théâtre
de l’Athénée-Louis Jouvet (7 rue Boudreau, 9e)
Une
première salle, fondée en 1867 rue Scribe par Pasdeloup, nommée successivement
théâtre Scribe puis Athénée-Comique, fut expropriée en 1883. La salle actuelle
ouverte en 1899, square de l’Opéra, reçut le nom d’Athénée. Louis Jouvet en
prit la direction en 1934 ; il y fit donner par une troupe prestigieuse,
dans les somptueux décors de Christian Bérard, des pièces de Molière, Marcel
Achard. En 1935 « La Guerre de Troie n’aura pas lieu » de Jean
Giraudoux, bouleversa tout Paris. Ici même, le 19 août 1951, Louis Jouvet
mourut brutalement, dans son bureau, laissant le théâtre orphelin d’un maître
incontesté.
Théâtre
de l’Œuvre (55 Rue de Clichy, 9e)
Situé
dans une ancienne salle de concert, le Théâtre de l’Œuvre fut créé en 1893 par
Aurélien Lugné-Poe. Cet acteur, déjà cofondateur avec Paul Fort du Théâtre
d’Art en 1890, voulait y donner »la plus belle forme de théâtre ».
Pendant les trente sept ans de sa direction, ce rénovateur passionné par la
recherche de textes originaux engagea des acteurs de talent, tels Léonore Duse,
Isadora Duncan, Suzanne Després, Pierre Fresnay, Pierre Dux ou Maria Casarès. A
son répertoire, les pièces des dramaturges scandinaves (Ibsen, Strindberg)
côtoyaient des œuvres françaises inédites, dont « Ubu roi », d’Alfred
Jarry, qui fit scandale en 1896, ou « l’Annonce faite à Marie », de
Paul Claudel, en 1912.
Théâtre
du Grand Guignol (Cité Chaptal, 20 Rue Chaptal, 9e)
Aujourd’hui
salle dépendant de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du
Théâtre, cette salle de 347 places, construite en 1896, fut successivement une
chapelle, un magasin de ferronneries religieuses, puis l’atelier du peintre
d’histoire Georges Rochegrosse, et enfin, à partir de 1898, le théâtre du Grand
Guignol sous la direction de Max Maurey. « Un peu d’humour, beaucoup
d’horreur ». Les spectacles, aux trucages sanguinolents, procuraient des
sensations fortes. Maupassant, Courteline, Guitry, Mirbeau, Tristan Bernard
alimentèrent ce répertoire. Il ne put cependant résister à la concurrence du
cinéma, où les effets spéciaux étaient plus faciles à réussir. Le Grand Guignol
ferma en 1962 pour être, un temps, réaménagé et restauré par Marcel Lupovici,
qui en fit le Théâtre 347.
Théâtre
National de l’Opéra de Paris (angle Rue Scribe et Place Diaghilev, 9e)
Le
quartier de l’Opéra fut profondément modifié et modernisé par les plans
d’urbanisme du Préfet de Paris, le baron Haussmann. Ce théâtre, joyau de
l’architecture Napoléon III, fut conçu par l’architecte Charles Garnier,
lauréat du concours. Cet édifice remplaçait celui de la rue Le Peletier, qui
avait brûlé en 1873. La construction de ce théâtre, commencée en 1852, se
heurta à la présence d’une nappe d’eau qu’il fallut pomper pendant 8 mois. Il
fut inauguré le 5 janvier 1875. Il reste le plus grand opéra du monde.
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