jeudi 5 mai 2016

Cinquième arrondissement



CINQUIEME ARRONDISSEMENT



Ampère découvre l’électrodynamique (29 bis Rue Monge, 5e)

Né près de Lyon en 1775, André-Marie Ampère est professeur d’analyse à l’Ecole polytechnique depuis 1809 lorsqu’il assiste à l’expérience d’Oersted sur la déviation de l’aiguille aimantée par un courant électrique : il en construit la théorie en quelques jours et pose ainsi les bases de l’électrodynamique. Dès 1821, il émet l’hypothèse que les molécules des corps sont l’objet de « courants particulaires » dirigeables par l’aimantation. Il invente aussi le galvanomètre et le premier télégraphe électrique. Membre de l’Académie des Sciences en 1814, il est élu à la chaire de physique du Collège de France en 1824. Entre 1818 et sa mort, en 1836, Ampère habite cette maison, qui lui sert également de laboratoire. 


Ancienne Ecole polytechnique (5 rue Descartes, 5e)

Fondée en 1794 par la Convention, elle fut d’abord logée à l’hôtel de Lassay, aujourd’hui résidence du président de l’Assemblée nationale. Les élèves étaient alors externes. Napoléon Ier lui attribua en 1805 les locaux des anciens collèges de Navarre (fondé en 1315), Boncourt et de Tournai. La chapelle, la salle des actes, le pavillon de théologie, qui dataient du Moyen Age, furent détruits de 1836 à 1875. En 1936, l’aménagement du pavillon Joffre a supprimé d’autres constructions du XVIIIe siècle : seul subsiste, en façade, un avant-corps de 1738.  En 1977, la décentralisation a transféré l’Ecole polytechnique à Palaiseau. Ses bâtiments ont été affectés au ministère de la Recherche et de l’Espace, et au Collège de France.


Bibliothèque Sainte-Geneviève (10 place du Panthéon, 5e)

Construite par Labrouste de 1844 à 1850, elle occupe l’emplacement d’un des plus célèbres collèges de la montagne Sainte-Geneviève, connu surtout pour la sévérité de sa règle ; au collège de Montaigu, fondé au XIVe siècle, Erasme, Calvin et Ignace de Loyola firent une partie de leurs humanités. Derrière sa façade très austère se cache une vaste salle de lecture à deux vaisseaux supportés par une arcature métallique, préfiguration de la salle des Imprimés de la Bibliothèque nationale. La bibliothèque conserve des fonds précieux, hérités de l’ancienne abbaye des génovéfains, sa voisine, actuellement lycée Henri IV : manuscrits et partitions musicales uniques du Moyen Age au XVIIIe siècle.


Charles Péguy (21 rue des Fossés Saint-Jacques, 5e)

Né à Orléans le 7 janvier 1873, Charles Péguy, après être passé par l’Ecole Normale supérieure de la rue d’Ulm et avoir suivi les cours de Bergson, est un dreyfusard militant lorsqu’il crée ici, le 5 janvier 1900, ses Cahiers de la Quinzaine. Entouré de collaborateurs tels Romain Rolland, Julien Benda ou Georges Sorel, il fait paraître 229 numéros jusqu’en juillet 1914, où il publie l’essentiel de ses œuvres en prose, dont « Notre jeunesse » en 1910. « Lourde, répétitive, obstinée, la pensée se forme en même temps qu’elle se fait »… Après avoir retrouvé la foi catholique, et accompli plusieurs pèlerinages à Chartres, Péguy meurt au front en 1914.


Collège des Ecossais (65 rue du Cardinal Lemoine, 5e)

L’immeuble sur rue a été construit de 1662 à 1665 par Robert Barclay qui dirige le collège et le séminaire des Ecossais. Achevée en 1672, la chapelle possède un mausolée où repose dans une urne en bronze doré, le cerveau de Jacques II d’Angleterre, mort à Saint-Germain-en-Laye en 1701. Transformé en prison sous la Terreur, le collège fut rendu à l’église anglaise en 1806, et loué par un établissement d’enseignement de 1815 à 1914. A la suite de la rectification de la pente de la rue en 1685, le rez-de-chaussée de la façade sur rue devint premier étage. Mais la façade sur jardin est restée intacte.


Collège des Grassins (16 Rue Laplace, 5e)

Fondé en 1569 par un conseiller au Parlement du nom de Pierre Grassin, il est à l’origine prévu pour abriter dix-huit boursiers originaires du diocèse de Sens ; un siècle de prospérité lui permet de devenir l’un des établissements les plus importants de la montagne Sainte-Geneviève, et l’un des dix grands collèges de l’Université de Paris. Ses premiers bâtiments sont édifiés grâce à Thierry Grassin, frère du fondateur, qui acquiert une partie de l’ancien hôtel d’Albret, et deux maisons voisines, rue des Sept-Voies (actuelle rue Valette). Quatre autres s’y ajoutent peu après, et la chapelle, dédiée à la Vierge, est consacrée en 1578 par l’évêque de Digne. Au début du XVIIIe siècle le Parlement doit intervenir pour mettre un terme aux dettes accumulées, mais sa renommée se maintient : Chamfort y est élève en 1755. Des bâtiments démantelés pour permettre, en 1844, l’ouverture de l’Ecole polytechnique, subsiste cette porte du XVIIe siècle.


Collège des Irlandais (5 rue des Irlandais, 5e)

En 1578, un prêtre irlandais du nom de John Lee vient à Paris avec quelques étudiants : ils trouvent asile aux collèges de Montaigu, puis de Navarre. L’institution, fondée officiellement en 1620, s’assure de la protection de Louis XIV, accordée par lettres patentes de 1672, avant d’acquérir l’ancien collège des Lombards, situé rue des Carmes : mais il s’y trouve vite à l’étroit. En 1769, un arrêt royal autorise la séparation du séminaire et du collège laïc des clercs, rendue nécessaire par les heurts entre les deux communautés. L’architecte-paysagiste François-Joseph Bélanger (1744-1818) édifie ici à leur intention de nouveaux bâtiments et une chapelle. Favorables à la Révolution, les écoliers irlandais offrent à la nation leur argenterie et les ornements sacerdotaux ; en 1795, Eugène de Beauharnais et Jérôme Bonaparte figurent parmi les pensionnaires du collège, qui lègue en 1807 son nom à l’ancienne rue du Cheval vert.   


Collège Sainte-Barbe (4 rue Valette, 5e)

En 1460, un ancien régent de grammaire au Collège de Navarre, Geoffroy Lenormant, ouvre un établissement où viennent étudier Ignace de Loyola et François-Xavier, futurs fondateurs de l’ordre des jésuites, et peut-être aussi Calvin. Le curé de Saint-Hilaire, Robert Dugast, dote en 1556 ce collège des revenus nécessaires à la subsistance de quatre boursiers, un principal, un économe et un chapelain. Après des fortunes diverses, les bâtiments sont rachetés en 1798 par un ancien ecclésiastique rallié à la Révolution, Victor de Lanneau de Marcy (1758-1830), qui rebaptise l’institution « Collège des Sciences et des Arts, ci-devant Sainte-Barbe » et lui redonne un nouvel essor. Reçu à l’agrégation en 1821, Michelet y enseigne l’histoire entre 1822 et 1826 ; il prononce en 1825 un « Discours sur l’unité de la Science » resté célèbre. Alexandre Labrouste dirige l’établissement de 1838 à sa mort, en 1866, et ses frères édifient les bâtiments neufs, juste avant ceux de la bibliothèque Sainte-Geneviève. 


Cyrano de Bergerac (9 Rue Jean-de-Beauvais, 5e)

Savinien Cyrano de Bergerac (1619-1655) effectue ses études ici, au Collège de Dormans-Beauvais, avant de s’illustrer au combat, où son ardeur lui vaut le surnom de démon de la bravoure, et dans les polémiques littéraires. Mousquetaire à 19 ans et duelliste intrépide, il quitte l’armée pour se consacrer à l’écriture après une grave blessure à la gorge reçue au siège d’Arras. Ce disciple de l’astronome Gassendi se fait connaître par une comédie, « Le Pédant joué », qui inspire Molière ; après une « Physique ou Science des choses naturelles », il donne libre cours à sa fantaisie dans les « Histoires comiques des Etats et Empires de la lune et du Soleil ». La veine burlesque de ces publications posthumes amuse, mais leurs idées annoncent les philosophes des lumières : non content d’imaginer la première montgolfière ou la rotations de la terre, Cyrano s’y livre à une satire de la religion et de l’absolutisme pour exposer une conception  matérialiste de l’univers proche de l’athéisme. 


Dante rédige la Divine Comédie (10 Rue Lagrange, 5e)

Depuis 1293, Florence est en proie à la lutte incessante des partis guelfe et gibelin. Dante Alighieri, issu en 1265 d’une famille noble sans fortune, est proscrit en 1302, voué au bûcher s’il vient à être pris sur le territoire de la commune. Tous ses biens sont confisqués, sa demeure brûlée : le poète mène alors jusqu’à sa mort, en 1321, une vie errante, et s’attache à la rédaction de son grand œuvre. De passage à Paris, il célèbre dans ses écrits le « vico degli strami » (rue des fourrages) ; la rue tire en effet son nom des bottes de foin utilisées comme siège par les étudiants. Peut-être les Mystères représentés sur le parvis de Notre-Dame ont-ils contribué à nourrir l’inspiration visionnaire des cercles de l’Enfer !


Ecole Normale Supérieure (45 Rue d’Ulm, 5e)

Initialement fondée par un décret du 9 Brumaire an III (30 octobre 1794), la première Ecole normale, destinée à recevoir « de toutes les parties de la République des citoyens déjà instruits dans les sciences utiles pour apprendre, sous les professeurs les plus habiles dans tous les genres, l’art d’enseigner », tient alors au Jardin des plantes un trimestre de cours. Napoléon Ier reprend l’idée lors de la réorganisation de l’Université, et installe en 1810les élèves dotés d’un règlement d’inspiration militaire au Lycée impérial (Louis-le-Grand). Figure la plus marquante de cette première promotion, Victor Cousin, devenu ministre de l’Instruction publique, demande à l’architecte A. de Gisors les plans d’un édifice à la sobriété monacale : sur d’anciennes vignes du couvent des Ursulines, la nouvelle Ecole est achevée en 1847. Depuis, ce « noble cloître intellectuel », selon le mot de Romain Rolland, cultive toujours « le don magnifique que fait à des jeunes gens choisis l’enseignement démocratique ».


Eglise Saint-Etienne du Mont (Place Sainte-Geneviève, angle Rue Clovis, 5e)

Ses origines se confondent avec celles de l’abbaye royale de Sainte-Geneviève : d’abord simple chapelle dans une crypte, cette église paroissiale accolée au mur nord de sa voisine, date de 1222. Devenue insuffisante pour la plus grosse paroisse de l’Université, son chœur et son clocher sont rebâtis à partir de 1492. La première pierre de la façade occidentale est posée par Marguerite de Valois en 1610, et la dédicace célébrée le 15 février 1626 par Jean-François de Gondi, 1er archevêque de Paris. Elle possède le seul jubé monumental (1545) et le plus ancien buffet d’orgues de Paris (1631), un fragment de la châsse de sainte Geneviève, patronne de la ville, et un remarquable ensemble de vitraux (fin XVIe – XVIIe siècle) dûs à la générosité de ses paroissiens. Consacrée temple de la piété filiale sous la Révolution, restaurée sous le Second Empire par Baltard, elle est le théâtre, le 3 janvier 1857, de l’assassinat de l’archevêque de Paris, Monseigneur Sibour, par le prêtre interdit Jean Verger. 


Eglise Saint-Jacques-du-Haut-Pas (252 rue Saint-Jacques, 5e)

Sur le chemin des pèlerins de Compostelle, la commanderie des Hospitaliers de Saint-Jacques-du-Haut-Pas, ainsi nommés en souvenir de la bourgade d’Alto Pascio, près de Lucques, avait fondé un hôpital dont la chapelle servait aux paroissiens du faubourg Saint-Jacques. Une première église indépendante, construite en 1584, se révèle vite insuffisante. Elle est remplacée en 1630 par l’édifice actuel, dont la première pierre du chœur est posée par Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII. Interrompus faute de crédits, les travaux reprennent grâce à la générosité d’Anne-Geneviève de Bourbon-Condé (1619-1679) : la célèbre Frondeuse, sœur des princes de Conti et de Condé, avait été élevée au couvent des carmélites voisin. L’architecte Gittard achève en 1684 la nef de la façade.


Eglise Saint-Julien-le-Pauvre (face au 14 Rue Saint-Julien-le-Pauvre, 5e)

Lieu de sépultures mérovingiennes, cette chapelle, située au carrefour de deux voies romaines stratégiques, est offerte, à l’état de ruines, par le roi Henri 1er au chapitre de Notre-Dame en 1045. Vers 1120, elle devient un prieuré dépendant de l’abbaye de Longpont, destiné à jouer un certain rôle dans la vie intellectuelle du quartier. Les recteurs y sont élus, et les assemblées de l’Université y siègent jusqu’au saccage de 1524. Affectée à l’Hôtel-Dieu en 1651, elle se trouve dans un tel état de dégradation que les bâtiments du XIIe siècle sont en partie rasés, et très remaniés. Grenier à sel sous la Révolution, elle est rouverte au culte en 1826, et affectée au rite catholique grec byzantin en 1889 : une iconostase réalisée vers 1900 sépare le chœur de la nef. 


Eglise Saint-Nicolas du Chardonnet (Angle rue Saint-Victor et rue Monge, 5e)

Une première chapelle fut édifiée sur le clos dit du Chardonnet (les chardons) rattaché à Paris au XIIIe siècle. Elle était parallèle à une ancienne dérivation de la Bièvre. Son clocher fut reconstruit en 1625 et l’ensemble de l’église rebâti entre 1656 et 1763. Seule la façade date de 1934. Parmi ses paroissiaux célèbres, le peintre Charles Le Brun dessina le portail ouest du transept, et le tombeau de sa mère, sculpté par Collignon ; le sien fut commandé par sa veuve à Coysevox, et celui de Jérôme 1er Bignon, grands maître de la Bibliothèque du roi, est l’œuvre de Girardon. Des tableaux du XVIe siècle (école flamande), de Coypel, Restout, Natoire, Lagrenée, Corot décorent l’église. Son buffet d’orgue date de 1725.


Emile Durkheim (260 Rue Saint-Jacques, 5e)

Né à Epinal le 15 avril 1858, reçu en 1879 à l’Ecole normale supérieure, Emile Durkheim achève sa formation par un voyage d’études en Allemagne, et obtient dès 1887 la création d’un cours de sciences sociales et de pédagogie à la faculté des lettres de Bordeaux. Il se consacre alors à l’enseignement, sans perdre de vue son idée directrice majeure : ériger la sociologie en science autonome. En 1898 paraît « l’Année sociologique », qui fait de lui un chef d’école incontesté, entouré de brillants collaborateurs. Appelé à la Sorbonne pour occuper la chaire de science de l’éducation, il habite cet immeuble entre 1902 et 1912. En 1913, sa chaire s’intitule enfin « Science de l’éducation et sociologie ». Profondément affecté par la guerre, où il perd son fils, Durkheim meurt le 15 novembre 1917.


Enceinte de Philippe Auguste (5 rue Clovis, 5e)

En 1190, avant son départ pour la troisième croisade, Philippe Auguste demande aux habitants de contribuer à la sécurité de la ville par la construction d’une muraille d’environ 5 km, achevée vers 1210. Cette courtine, haute de dix mètre et couronnée d’un chemin de ronde crénelé, est percée d’une dizaine de portes. Bornée à l’ouest par la forteresse du Louvre, édifiée pour la protéger dans les premières années du XIIIe siècle, à l’est par la place de Grève, au nord par les Halles, et au sud par le bourg Sainte-Geneviève, elle définit une capitale de 250 hectares : désormais, le palais, le trésor et les archives s’y trouvent fixés à demeure, même si le roi n’y réside pas toujours. Il s’agir de la première tentative d’union des trois quartiers parisiens : la « Cité », cœur religieux, administratif et judiciaire, la « Ville », pôle économique situé autour des ports de la rive droite, et « l’Université » naissante, rive gauche.


Faculté de droit (12 place du Panthéon, 5e)

Construite à partir de 1770, l’école de Droit s’inscrit dans le projet d’urbanisme des abords de l’église Sainte-Geneviève confiée à Soufflot. Ouverte à la même époque pour offrir une perspective sur le Luxembourg, la rue du Panthéon-Français, baptisée Soufflot en 1807, est prolongée après 1846 de la rue Saint-Jacques au boulevard Saint-Michel. La faculté, devenue mairie sous la Révolution, reprit son affectation en 1805. Ses bâtiments furent considérablement augmentés sur la rue Saint-Jacques aux XIXe et XXe siècles. Sa façade, d’une pureté toute classique, a inspiré Hittorff pour la construction symétrique, de l’autre côté de la rue Soufflot, de la nouvelle mairie du Ve arrondissement (1844-1850).


Hôtel de Laffemas (14 Rue Saint-Julien-le-Pauvre, 5e)

Messire Isaac de Laffemas (1587-1657) est une créature de Richelieu : d’abord maître des requêtes, puis intendant, il achève sa carrière comme lieutenant criminel et civil, de 1637 à 1643. Dans « Marion Delorme », Victor Hugo insiste sur la sombre réputation de ce personnage : « Démon, j’ai dans tes yeux vu la sinistre flamme de ce rayon d’Enfer qui t’illuminait l’âme ! » Disgracié à la mort de son protecteur, il ne cesse pourtant de soutenir
Le pouvoir royal, en particulier sous la Fronde, d’une plume restée alerte. En effet, « dans toutes les besognes de haute et basse police, souvent assez malpropres, qu’il accomplit pour le cardinal, il fut toujours soutenu par un dévouement sincère à l’Etat ».


Hôtel de Nesmond (55-57 quai de la Tournelle, 5e)

L’endroit fut loti dès 1260. Résidence du panetier de Philippe le Bel au XIVe siècle, puis du duc de Bar, l’hôtel et racheté en 1586 par Jacques Faye d’Espesse à François de Bourbon, duc de Montpensier. En 1643, François-Théodore de Nesmond, président au Parlement de Paris, lui donne son aspect actuel. Sa bru, fille de Madame de Miramion, était assez vaniteuse pour faire graver son nom sur sa porte cochère. Saint-Simon le signale dans ses « Mémoires » : « On en rit, on s’en scandalisé, mais l’écriteau est devenu l’exemple de ceux qui ont peu à peu inondé Paris ». Passé au XVIIIe siècle à Michel Blondy, célèbre maître de danse, l’hôtel fut au XIXe siècle le siège d’une distillerie d’absinthe qui le dénatura.


Hôtel du duc d’Orléans (30 rue Descartes, 5e)

Né le 4 août 1703, Louis d’Orléans est à la fois le petit-fils de Louis XIV (par sa mère, Marie-Françoise de Bourbon, fille de madame de Montespan ; son père devient Régent de France à la mort du Roi-Soleil) et l’arrière-grand-père de Louis-Philippe. Plus intéressé par l’étude des sciences et des langues anciennes que par les affaires du royaume, le premier prince de sang songe même à se faire moine à Sainte-Geneviève à la mort de sa jeune femme, en couches, le 8 août 1726. En 1742, il achète un terrain contigu à l’enclos de l’abbaye et s’y fait édifier une maison où installer sa bibliothèque, un laboratoire de chimie et ses collections de pierres gravées et de médailles ; dans le jardin poussent des plants médicinales exotiques. Epuisé par une vie de privations, il meurt le 4 février 1752. Son hôtel, séquestré sous la Révolution, sert désormais de presbytère à l’église Saint-Etienne du Mont.


Laboratoire de physique de l’E.N.S. (24 rue Lhomond, 5e)

Originairement installé à l’angle sud du quadrilatère de la cour des Ernests, rue d’Ulm, le laboratoire de physique de l’Ecole normale supérieure s’installe ici en 1940, pour prendre réellement son essor après la guerre, avec la nomination d’un nouveau directeur, Yves Rocard. Plus spacieux, les locaux permettent alors la venue d’un certain nombre de professeurs et de chercheurs, et une redéfinition de la politique de recherche à un très haut niveau : des orientations novatrices se dessinent vers les géophysique, la physique des solides et en particulier les semiconducteurs, la radioastronomie et la physique des particules et des hautes énergies. Dès les années 1950, l’extension de ce laboratoire rend nécessaire son essaimage vers Orsay, Nançay, Meudon et d’autres centres. Par le développement de ses ressources et son ouverture sur l’extérieur, le laboratoire de l’Ecole normale supérieure a joué un rôle considérable dans le renouveau de la physique française. 


La Fontaine Cuvier (20 rue Cuvier, 5e)

Le 23 août 1769, Georges Cuvier naît à Montbéliard, comté réuni à la France en 1793. Nommé professeur aux Ecoles centrales en 1795, élu membre de l’Institut, il enseigne aussi l’anatomie comparée au Muséum, puis l’histoire naturelle au Collège de France, où il succède à Daubenton en 1800. Nommé de surcroît inspecteur général des études en 1802, il va fonder les lycées de Marseille et de Bordeaux ; en 1808, devenu conseiller de l’Université, il s’occupe de la réforme de l’enseignement supérieur, en France et dans les territoires conquis. S’il refuse le ministère de l’Intérieur en 1818, il entre à l’Académie française, et cumule les charges de chancelier de l’Université de 1821 à 1827, et de grand-maître des facultés de théologie protestante à partir de 1822. Malgré toutes ces fonctions administratives, le fondateur de l’anatomie comparée, passionné de paléontologie, mène à bien ses recherches sur les corrélations organiques ; il accomplit encore une œuvre d’historien des sciences, en particulier dans les Eloges, historiques prononcés à l’Académie française dont il est le secrétaire perpétuel dès 1803. Il meurt le 13 mai 1832 au n° 43 de cette rue (rue Cuvier), qui porte son nom depuis 1838.


La Grande Mosquée de Paris (2 bis place du Puits de l’Ermite, 5e)

L’origine en est la création en 1920 de l’Institut musulman dirigé par Si Kaddour ben Ghabrit, président de la Société des Habous des lieux saints de l’Islam, sous les auspices de la France qui participa au financement. Il s’y adjoignit le projet de construire une mosquée. La Ville de Paris offrit le terrain de l’ancien hôpital de la Pitié (75 000 m2). La Société des Habous choisit les architectes Robert Fournez et Maurice Mantout, mais ce sont des artisans marocains, algériens et tunisiens qui ont réalisé les revêtements de marbres, de faïences polychromes, de stucs, les fontaines de porphyre et les portes de cèdre. La mosquée, édifiée grâce à la générosité des pays arabes, a été inaugurée en 1926. Son minaret s’élève à 26 mètres.


La Place Maubert (33 Place Maubert, 5e)

Son appellation serait la corruption du nom d’Aubert, abbé de Sainte-Geneviève en 1161. Avant la création de la Sorbonne, elle fut un centre d’enseignement : Albert, dominicain allemand, dit le Grand, y professa. Marché au pain à la fin du Moyen Age, ce fut ensuite un lieu d’exécutions publiques, surtout au XVe siècle : de nombreux protestants, dont le libraire humaniste Etienne Dolet, y furent brûlés vifs. Au XIXe siècle, la place abrite une myriade de petits métier : fripiers, rempailleurs de chaises, fabricants d’arlequins, qui accommodaient les restes, chiffonniers, qui faisaient commerce de tabac récupéré sur les mégots, ou ravageurs, qui écumaient la boue des ruisseaux. Défigurée au XIXe siècle, elle garde quelques maisons anciennes, à l’angle de la rue Frédéric Sauton.


La porte Saint-Bernard (1 Quai de la Tournelle, 5e)

Un peu au sud du château de la Tournelle et de la tour de l’enceinte de Philippe-Aguste, la muraille est percée au XVe siècle d’une porte, baptisée en souvenir de l’illustre abbé de Cîteaux, dont le collège s’élève à proximité. Elle enjambe l’ancien chemin de halage, désormais lieu de promenades et de baignades. Henri IV aimait venir y nager avec son fils, afin de l’aguerrir ; il décide en 1606 de la faire reconstruire, sous la forme d’un bâtiment carré surmonté d’un comble en pavillon. En 1674, pour remercier Louis XIV d’avoir supprimé les taxes levées sur les marchandises qui arrivaient au port Saint-Bernard, le prévôt des marchands et les échevins demandent à François Blondel d’en faire un arc de triomphe à la gloire du monarque. La présence de logements dans la partie supérieure de l’édifice conduit l’architecte à percer deux arches basses jumelées, au lieu d’une seule grande arcade. Sur les bas-reliefs, d’un côté le Roi-Soleil apporte l’abondance à la Ville, de l’autre, vêtu à l’antique, il conduit la nef parisienne, flanquée de néréides et de tritons. Le monument subsiste jusqu’en 1787.


La porte Saint-Jacques (157 Rue Saint-Jacques, 5e)

Constituée de deux tours jumelles et d’un passage sous arcade ogivale, la plus fréquentée des portes de la partie méridionale de l’enceinte de Philippe-Auguste s’ouvrait ici : située au débouché d’un grand axe de circulation quotidienne, elle reliait la principale rue méridienne de l’Outre-Petit-Pont à la route d’Etampes et d’Orléans. Il était donc vital de la maintenir ouverte, malgré les troubles qui affectent la cité, de la mort de Charles V à celle du dernier Valois. Alors que la plupart des autres sont régulièrement murées, la porte Saint-Jacques est même dotée d’un pont-levis durant l’été de 1417, face à la menace bourguignonne. Après les échecs essuyés par Jeanne d’Arc sur la rive droite, c’est ici que les troupes de Jehan Villiers de l’Isle-Adam pénètrent dans la ville à l’aube du 13 avril 1436. Grâce aux parisiens las de l’occupation anglaise, Charles VII peut ainsi faire une entrée solennelle dans sa capitale reconquise. 


La porte Saint-Victor (28 Rue du Cardinal Lemoine, 5e)

En 1992, la construction de cet immeuble sur le tracé de l’enceinte de Philippe-Auguste, édifiée vers 1210 sur la rive gauche dans le dessein d’en favoriser le peuplement, provoque la mise au jour d’importants vestiges de l’arche qui permettait le passage de la Bièvre. Grâce à l’arbitrage de saint Bernard de Clairvaux, l’abbé de Saint-Victor avait en effet obtenu en 1148 le consentement du supérieur de Sainte-Geneviève, la plus puissante seigneurie du quartier, pour dévier le cours de la rivière afin de faire tourner les pales de ses moulins. La porte percée dans la muraille s’ouvrait à l’est sur la rue du Faubourg Saint-Victor, qui desservait l’abbaye royale déjà clôturée d’une enceinte. En 1368, un nouveau détournement de la Bièvre est rendu nécessaire par l’aménagement décidé par Charles V de fossés à l’extérieur du rempart : la rue du Cardinal-Lemoine s’appelle alors chemin des Fossés Saint-Victor.  


La Sorbonne (19 rue de la Sorbonne, 5e)

En 1254 Robert de Sorbon, chapelain de saint Louis, fonde rue Coupe-Gueule un collège destiné non seulement à l’enseignement de la théologie, mais aussi à l’hébergement et l’entretien des « pauvres maîtres et escholiers ». L’établissement croît, en taille et en prestige, jusqu’à la fin du Moyen Age. De sa reconstruction sous Richelieu, seule subsiste la chapelle, œuvre de Lemercier (1635-1642), qui abrite le mausolée exécuté par Girardon en 1694. Fermée sous la Révolution, transformée en ateliers d’artistes sous l’Empire, elle devient en 1822 le siège du Rectorat et des facultés des Lettres et Sciences. Entièrement reprise de 1883 à 1901 sur les plans de l’architecte Nénot, la « Nouvelle Sorbonne » a conservé son décor de fresques et statues allégoriques.


La tour de Calvin (21 rue Valette, 5e)

A cet emplacement s’élevaient jusqu’au XIXe siècle les bâtiments du collège fondé en 1394 par Pierre Fortet, chanoine de Notre-Dame de Paris. Il en subsiste, au fond de la cour, une tour qui permit à Calvin, encore étudiant, de s’enfuir par les toits des maisons voisines : en effet, il faillit être arrêté à la fin de l’année 1533, à l    a suite d’un discours suspect de son ami Nicolas Cop, recteur de l’Université de Paris. Réfugié à Nérac, auprès de la reine Marguerite de Navarre, sœur de François Ier, il y prépara « l’Institution de la religion chrétienne ». En 1585, la Sainte Ligue est fondée au collège de Fortet, et donne naissance au Conseil des Seize (quartier des Paris), responsable de la journée des Barricades qui livre la capitale aux partisans du duc de Guise le 12 mai 1588. 


Le berceau de l’Université (angle Rue Lagrange et Rue Fouarre, 5e)

Ouverte au début du XIIIe siècle sur l’ancien clos Garlande, la rue du Fouarre reliait au Moyen Age la rue de la Bûcherie à la rue Galande. Devenue le siège de la Faculté des Arts, elle tire son nom des bottes de foin utilisées comme siège par les étudiants. Les cours sont d’abord professés en plein air, puis dans les dix écoles baptisées d’après les anciennes auberges, du Cheval rouge ou de l’Aigle d’or : quelques maîtres licenciés occupent les salles du bas, où ils enseignent moyennant finances, et les étages sont loués à l’année pour y loger les élèves. Dante y séjourne en 1304, et Buridan y professe la philosophie vers 1330. En 1358, les désordres sont tels qu’elle est fermée la nuit par des chaînes tendues à chaque extrémité !


Le Château de la Tournelle (3 Quai de la Tournelle, 5e)

Entreprise au début du XIIIe siècle, la partie méridionale de l’enceinte de Philippe-Auguste, destinée à favoriser le développement démographique de la rive gauche, s’achevait ici. Une tour faisait pendant à la tour Barbeau, et chaque nuit, des chaînes tendues entre elles protégeaient la cité de toute mauvaise surprise venue du fleuve. En 1369 un pont de bois, plusieurs fois emporté par les crues jusqu’à sa reconstruction en pierre en 1656, relie les deux rives ; une forteresse prévue pour sa défense, dite Château de la Tournelle, s’adosse à la tour. A partir de 1632, grâce à saint Vincent de Paul, elle sert à loger dans des conditions moins inhumaines les condamnés aux galères jusque-là incarcérés à la Conciergerie. L’ensemble est démoli à la fin du XVIIIe siècle.


Le Collège de France (11 Place Marcelin Berthelot, 5e)

En 1530, François Ier, conseillé par Guillaume Budé et son entourage humaniste, nomme six lecteurs royaux (deux pour le grec, trois pour l’hébreu, un pour les mathématiques) indépendants de l’Université. ‘Basti en hommes, non en pierres », le « Collegium regium Galliarum » voit sa construction encore ralentie par l’assassinat de Henri IV : âgé de 9 ans, Louis XIII pose en 1610 la première pierre d’un édifice, repris par Chalgrin en 1773. A la fin de l’ancien régime, il compte une vingtaine de chaires, où trouvent place tous les enseignements novateurs, au point de lui donner figure de modèle pour la réorganisation de l’enseignement projetée sous la Révolution. Agrandi au XIXe siècle, il s’étend de nouveau au XXe siècle pour faire face au développement de ses laboratoires.


L’Eglise Saint-Médard (141 rue Mouffetard, 5e)

Dès 1163, un religieux de l’abbaye Sainte-Geneviève desservait une chapelle dans la « Ville Saint-Médard ». L’église actuelle date du milieu du XVe siècle pour la nef et la façade, de 1560-1586 pour les bas-côtés. Le buffet d’orgues date de 1647. En décembre 1561, l’église fut saccagée par les protestants du quartier : c’est le « tumulte » Saint-Médard. Entre 1728 et 1732, nouveaux « vacarmes », pèlerinages, guérisons miraculeuses, et scènes d’hypnose collective, autour de la sépulture du diacre janséniste François de Pâris. Sur la porte murée le 27 janvier 1732, une main anonyme inscrivit : « De par le Roi, défense à Dieu de faire miracle en ce lieu ».


L’Eglise Saint-Séverin (1 rue des Prêtres Saint –Séverin, 5e)

Saul rescapé du massacre perpétré par ses oncles Childebert et Clotaire en 524, le dernier petit-fils de Clovis, Clodoald (futur saint Cloud) élevé dans un monastère, devient le disciple de l’ermite Séverin. Une chapelle érigée à l’emplacement de son oratoire devient paroisse au XIe siècle. L’église actuelle date du XIIIe siècle pour le clocher et les trois premières travées de la nef, et de la seconde moitié du XVe pour le reste. La décoration du chœur en placage de marbre fut entreprise àpartir de 1684, grâce aux dons de la Grande Mademoiselle, cousine germaine de Louis XIV. Le splendide buffet d’orgue date de 1745. Au sommet de la flèche, dont la charpente fut achevée en 1487, subsiste une très vieille cloche : Macée, fondue en 1412.


Le Jardin des Plantes (Angle rues Geoffroy-Saint-Hilaire et Buffon, 5e)

Sous le patronage de Louis XIII, le médecin Guy de la Brosse fonde en 1633 le jardin des plantes médicinales, ouvert au public dès 1645. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, on y professe l’anatomie, la botanique et la chimie. Buffon, intendant de 1739 à 1788, agrandit le jardin jusqu’à la Seine, et Verniquet édifie le belvédère en 1788 au sommet du labyrinthe. En 1793, Bernardin de Saint-Pierre ouvre la ménagerie et Lakanal crée le Muséum d’Histoire naturelle, pourvu de douze chaires illustrées par Cuvier, Lacépède, Lamarck. Sa célèbre bibliothèque conserve la collection des vélins du roi légués par Gaston d’Orléans. Le jardin a gardé l’érable de Tournefort (1702), le cèdre de Jussieu (1734) et l’if de Buffon (1750). 


Le marché aux chevaux (5 rue Geoffroy Saint-Hilaire,  5e)

Ce gracieux pavillon, de style Louis XV, édifié en 1760 sur l’ordre de Sartine, lieutenant général de Police, était destiné à recevoir les contrôleurs du marché aux chevaux, tout proche. Cette partie de la rue Geoffroy Saint-Hilaire s’appelait alors rue du Marché. A côté, la rue Maquignonne, devenue rue de l’Essai, rappelle le souvenir des essayages effectués avant tout achat. Localisé au XVIIe siècle à la pointe de la rue Saint-Honoré, sur la rive droite, ce marché émigre ensuite sur un espace d’abord destiné à la vente des cochons, à la limite des Ve et XIIIe arrondissements actuels, avant de disparaître lors des opérations d’urbanisme du XIXe siècle.


Le Panthéon (place du Panthéon, 5e)

Guéri en 1744 d’une grave maladie, Louis XV décide la construction d’une église dédiée à sainte Geneviève. Soufflot en est l’architecte. Le chantier, commencé en 1764, fut très long, et l’édifice faillit d’écrouler sous la Révolution. En 1791, on transforme l’église en Panthéon destiné à recevoir la dépouille des grands hommes : Voltaire et Rousseau y sont transférés en grande pompe. Rendu au culte sous le premier Empire, le Panthéon retrouve définitivement sa vocation de nécropole à la mort de Victor Hugo, en 1885. Depuis 1907, y repose également une femme : il s’agit de l’épouse de Marcelin Berthelot. Morts le même jour, ils ont ainsi choisit de rester unis dans la tombe.


Le Pont au Double (angle Quai de Montebello et Rue Lagrange, 5e)

Ce pont présente l’originalité d’avoir été conçu, dès 1515, comme une sorte d’annexe de de l’Hôtel-Dieu, afin de porter remède à son encombrement perpétuel, encore aggravé en période d’épidémies. Le 5 août 1626, l’autorisation de construire un ouvrage de pierre, aux frais de l’hôpital, lui est enfin accordée pour le relier à ses nouveaux bâtiments de la rive gauche. Au lieu d’habitations, les trois arches édifiées entre 1626 et 1632 supportaient deux grandes salles superposées destinées aux malades, malgré les récriminations des riverains, qui voyaient les détritus déversés directement dans le fleuve ! Le pont tire son nom du péage exigé des piétons jusqu’au 25 décembre 1789 : un double, c’est-à-dire un pièce de deux deniers ; moyennant six deniers, les cavaliers reçoivent aussi un droit de passage, vite révoqué : un tourniquet est installé pour barrer le passage aux chevaux. Les salles du Rosaire et Saint-Louis sont enfin détruites entre 1824 et 1825, et le pont lui-même, dont les piles gênaient la navigation, est abattu en 1847 pour laisser place à une seule arche de 31 mètres d’ouverture.

Les Arènes de Lutèce (49 rue Monge, 5e)

Peut-être dès la fin du 1er siècle après J.-C. fut construit un amphithéâtre à simple appareil de pierres, sans aucun chaînage de briques. Ruiné par les invasions barbares du IIIe siècle, ses matériaux sont remployés par les Gallo-Romains, réfugiés dans l’île de la Cité. S’il laisse une trace dans la topographie médiévale sous le nom de clos aux arènes, son emplacement exact reste ignoré jusqu’en 1858. Redécouvert à l’ouverture de la rue Monge en 1869, sur un terrain acquis par la Compagnie Générale des Omnibus pour y installer ses véhicules et ses écuries, il est exposé à la démolition. L’opinion publique, émue de l’affaire, ouvre une souscription pour son rachat, mais il faut attendre 1917 pour le voir restauré dans son état actuel. 


Les avaleurs de nefs (2 Quai de la Tournelle, 5e)

Essentielle pour l’activité économique de la capitale, et en particulier son approvisionnement, la navigation fluviale était souvent difficile au Moyen Age : la Seine était agitée de remous violents, prise de glaces, ou la proie de crues catastrophiques. De surcroît, le chemin de halage s’interrompait en ville. Dès le XIVe siècle, une corporation de mariniers chargés de diriger les bateaux entre les arches des ponts fait son apparition. Les embarcations, parfois rattachées les unes aux autres comme un train de péniches, n’étaient pas autorisées à naviguer dans ces « avaleurs de nefs ». Au XVIII e siècle, ils prennent le nom de « maîtres de ponts », puis de « chefs de ponts » au XIXe siècle, jusqu’à leur suppression en 1854. 


Les Bateaux-Omnibus (angle Quai de Montebello et Pont au Double, 5e)

Les embarcations gouvernée à la rame, à la voile et parfois halées par des chevaux sont progressivement remplacées par des bateaux à vapeur. La première tentative est effectuée le 9 août 1803 par l’ingénieur Robert Fulton, suivie des expériences du marquis Jouffroy d’Abbans, en 1816-1817, avec le « Génie du Commerce ». A partir de 1825 la navigation à vapeur se généralise, et deux lignes régulières desservent en 1826 les trajets entre Paris et Saint-Cloud vers l’aval, Paris et Montereau vers l’amont. A l’occasion de l’Exposition universelle du Champs de Mars, un véritable service est organisé en 1867 et confié à la compagnie des bateaux de Lyon, dite des Mouches. En 1873 apparaissent les Hirondelles, qui vont de Suresnes à Charenton, où se trouve leur port d’attache. Le ministre des Travaux publics instaure la liberté de la navigation sur la Seine et la Marne pour les transports de voyageurs en 1881, et ce mode de locomotion reste très populaire jusqu’à la disparition des bateaux-omnibus en 1934.


L’E.S.P.C.I. (10 rue Vauquelin, 5e)

Depuis les origines, la recherche scientifique est présente à l’Ecole supérieure de Physique et de Chimie industrielles de la Ville de Paris, créée en 1882 afin de concilier harmonieusement l’enseignement supérieur, la recherche fondamentale et appliquée, et une vocation industrielle. Dès lors, l’école devient une pépinière de chercheurs dans le domaine de la radioactivité, en même temps qu’elle joue un rôle déterminant dans la formation des cadres de l’industrie des radioéléments. Dotée d’un passé prestigieux, largement ouverte sur l’extérieur, et résolument tournée vers l’avenir, elle voit à plusieurs reprises les travaux de ses membres récompensés par un Nobel ; au lendemain du prix qu’il partage en 1903 avec Marie Curie et Henri Becquerel, Pierre Curie en témoigne : « Depuis plus de vingt ans je travaille à l’Ecole supérieure de Physique et de Chimie dans un climat de grande liberté et de passion communicative pour la science ».


Les premiers bouquinistes (15 quai de la Tournelle, 5e)

Dès 1530, l’essor du livre contribue au rayonnement de la capitale. A côté des grands libraires et imprimeurs établis au Quartier latin apparaissent très tôt des colporteurs de gazettes et libelles : ils n’ont pas droit aux boutiques et installent leurs fonds sur des tréteaux, voire des pièces toile posées à même le sol, quand ils ne transportent pas leur marchandise dans un panier d’osier suspendu à leur cou. Une sentence du bailli du Palais de justice, datée de 1578, en autorise 12, contraints de se fixer deux par deux sur 6 emplacements autorisés, aux alentours du pont Saint-Michel ou Notre-Dame. Les autres subsistent dans l’illégalité, jusqu’en 1618, où ils sont tenus de porter sur leur pourpoint une « marque ou écusson de cuivre ». 


Les premiers paratonnerres (46 Rue des Boulangers, 5e)

Sébastien Mercier, témoin de la première apparition en 1782 de l’invention de Benjamin Franklin, la décrit ainsi dans son « Tableau de paris » : « Ces grands appareils sont rares dans la capitale. M. L’abbé Bertholon, professeur de physique expérimentale des états généraux de la province de Languedoc, est celui qui a montré le plus de zèle pour opposer les armes merveilleuses de la physique aux surprises de la foudre. Il a dirigé la construction des premiers paratonnerres de Paris. Le second est sur le couvent des religieuses augustines anglaises de la rue des Fossés Saint-Victor. Il a 188 pieds de long ; et la portion enfoncée dans la terre, qui se perd ensuite sous l’eau, est de 90 pieds : profondeur à laquelle nul autre paratonnerre de ce genre ne peut être comparé ». Publiée par l’Académie des sciences à la requête du ministère de l’Intérieur, la première instruction officielle sur la construction des paratonnerres date seulement de 1823.


Les Thermes du Nord  (face au 35 rue du Sommerard, 5e)

Il s’agit du plus important ensemble gallo-romain de Paris, après la disparition des thermes de l’Est (à l’emplacement du Collège de France) et du Forum (près de la rue Soufflot). Edifiés par les nautes parisiens entre la fin du IIe siècle et le début du IIIe, déjà ruinés par les barbares en 285, au XIIe siècle leur gros œuvre était encore intact, et des jardins suspendus s’étageaient en terrasses sur les voûtes romaines, jusqu’à provoquer leur écroulement en 1737. D’après les substructions se dessinent un gymnase, une piscine, et trois grandes salles destinées à la succession des bains froids, tièdes et chauds : le Frigidarium, dont les voûtes d’arêtes retombent sur huit consoles sculptées de proues de navires armés, le Tepidarium et le Caldarium.


Le Val de Grâce (1 place Alphonse Laveran, 5e)

Après l’Oratoire de Bérulle (1611-1616), Anne d’Autriche installe ici les Bénédictines du Val-Profond. La reine s’y rendait pour correspondre avec sa famille espagnole, et fit le vœu d’élever une église pour remercier Dieu de la naissance d’un fils. Le 1er avril 1645, Louis XIV, âgé de 7 ans, pose la première pierre de l’édifice, dont la construction, sur des plans de François Mansart repris par Jacques Le Mercier, Pierre Le Muet et Gabriel Le Duc s’achève en 1667. Michel Anguin et Philippe Buyster sont les auteurs des sculptures. Le dôme est l’un des plus anciens de Paris, et le cloître date de 1655. Devenu en 1795 hôpital militaire, il abrite aussi l’Ecole d’Application du Service de Santé depuis 1850.


L’Hôtel des Abbés de Cluny (6 place Paul Painlevé, 5e)

Livré à divers artisans au XVIIe siècle, confisqué à la Révolution, l’hôtel fut racheté en 1812 par un libraire. En 1832, Alexandre du Sommerard y installe ses collections du Moyen Age et de la Renaissance,déjà célèbres : Balzac décrit cette tentative de reconstitution de la vie quotidienne dans une atmosphère et un cadre saisissants de réalisme. Il meurt en 1842, et l’Etat acquiert le bâtiment et les œuvres qu’il abrite : l’inauguration du musée, le 17 mars 1844, est un triomphe et attire 12 000 visiteurs. Considérablement enrichi dès l’époque de son premier conservateur, Edmond du Sommerard, le dépôt est réservé aux objets du Moyen Age en 1945 (le château d’Ecouen présente désormais les collections Renaissance) et s’accroît encore du produit des fouilles du parvis Notre-Dame. Le pied-à-terre des abbés de Cluny entrepris pour Jean de Bourbon dans la seconde moitié du XVe siècle et achevé sous Jacques d’Amboise en 1498 reste un des rares témoins de l’architecture civile médiévale à Paris. Sa chapelle, en particulier, est un chef-d’œuvre du style gothique flamboyant. 


L’Hôtel de Scipion Sardini (13, rue Scipion, 5e)

Toscan venu en France dans la suite de Catherine de Medicis, ce financier « naguère sardine, aujourd’hui grosse baleine » amasse en quelques années une fortune considérable. Il choisit alors d’établir sa résidence dans ce quartier tranquille, constitué de vergers, de champs et de vignobles, et se fait construire en 1565 un hôtel de pierre et de brique, premier exemple du genre. Un étage et un comble bas reposent sur une galerie formée de larges arcades en plein cintre, ornées de médaillons en terre cuite. Fort de la confiance de la reine, il épouse en 1567 une de ses parentes éloignées, Isabelle de Limeuil, membre du célèbre « escadron volant », qui venait d’avoir un fils du prince de Condé. Chargé sous Henri III de la perception de taxes impopulaires sur les auberges et les cabarets, il devient baron et banquier du roi. Moins en faveur sous Henri IV, il se consacre aux arts et aux lettres jusqu’à sa mort, en 1609. En 1614, son hôtel, dont les jardins descendent jusqu’à la Bièvre, est transformé en hôpital Sainte-Marthe, destiné à loger les pauvres ; sa propriété passe à l’Hôpital général en 1656, qui l’affecte en 1676 à la boulangerie des hospices civils de Paris.


Lycée Henri IV (23 rue Clovis, 5e)

En 510, Clovis fonda ici un sanctuaire dédié aux apôtres Pierre et Paul, où il se fit inhumer en 511, et sainte Geneviève en 512. Vers la fin du VIe siècle, transformé en abbaye, il possède une grande partie du quartier au sud jusqu’à Saint-Médard. De l’église, reconstruite vers 1180, reste la tour dite de Clovis. Subsistent encore le réfectoire du XIIIe siècle, le cloître (1746), des bâtiments et un escalier du XVIIIe siècle. Les 80 000 volumes et 2 000 manuscrits ont été transférés à la bibliothèque Sainte-Geneviève. L’abbaye a été affectée à l’enseignement dès 1796 : lycée Napoléon (1804), puis Henri IV (1815). Les fils de Louis Philippe, Musset, Scribe, Sainte-Beuve, Viollet-Le-duc et Haussmann y ont été élèves.
  

Mairie du Ve arrondissement (21 place du Panthéon, 5e)

Une loi du 2 juillet 1844 décide, afin d’harmoniser la place du Panthéon, la construction d’un bâtiment symétrique à l’Ecole de Droit ; en même temps, le prolongement de la rue Soufflot jusqu’au boulevard Saint-Michel ouvrirait la perspective sur le jardin du Luxembourg. Le gros œuvre est achevé en 1849 ; l’aménagement intérieur et les embellissements, confiés à Victor Calliat, datent de 1866-1870. Mais les bâtiments se révèlent vite insuffisants, et une campagne de reconstruction, retardée par la guerre, démarre en 1921 : elle donné à l’édifice son aspect actuel, au décor caractéristique des années 1930. Le buste de la République en marbre blanc qui orne la salle des Mariages est une œuvre de Wermare.


Paul-Louis Courier (11 rue de l’Estrapade, 5e)

« Si l’affranchissement complet du joug des conventions d’une époque peut être regardé comme le principal caractère du talent, Paul-Louis Courier a été l’écrivain distingué de ce temps ». Armand Carrel résume ainsi la carrière du pamphlétaire assassiné le 10 avril 1825, d’un coup de fusil dont la bourre était constituée de l’un de ses propres journaux. Déjà critique sous l’Empire (« Etre Bonaparte et se faire sire… Il aspire à descendre ! ») ce libéral anticlérical, indigné des abus de la Restauration, n’est toutefois pas victime des « cagots », selon sa prophétie, mais de son garde-chasse. Né à Paris le 4 janvier 1772, Courier est devenu officier d’artillerie pour répondre au désir de son père, mais sa passion le porte depuis l’enfance vers la philologie : à quinze ans il traduit Longus ou Xénophor, et se soigne en lisant Hérodote. A 42 ans, il épouse Herminie Clavier, fille d’un autre helléniste de ses amis, membre de l’Institut, dont il brigue en vain la succession. Après cet échec, le peintre misanthrope des mœurs politiques de son temps se retire sur ses terres et publie en 1824 son chant du cygne, le « Pamphlet des pamphlets ».


Rue de la Huchette (angle Rue de la Huchette et Rue du Chat qui Pêche, 5e)

Son appellation vient d’une enseigne attestée à la fin du XIIIe siècle : la Huchette d’or. Célèbre dès la fin du Moyen Age pour ses auberges, et au XVIIe siècle pour ses rôtisseurs et ses cabarets, elle était aussi malfamée, et ses coupeurs de bourses renommés. Les maisons anciennes y sont nombreuses. Au n°14, à l’angle de la rue du Chat qui pêche, un médaillon plaqué sur la façade est orné d’un Y, rébus pour « lie-grègues », lacets de fixation entre culottes et hauts-de-chausses. La rue a retrouvé son activité bourdonnante du Moyen Age avec l’implantation de nombreux restaurant méditerranéens ou exotiques.


Rue des Murs (9 Rue d’Arras, 5e)

Les appellations anciennes de la rue d’arras, baptisée « des Murs » au XIIIe siècle, « des Murs près le Champ-Gaillard » au XVIe puis « des Murs dite du Puits d’Arras » au XVIIe, attestent bien de la présence ici du rempart de Philippe-Auguste, édifié dans le dessein d’agrandir la ville et d’inciter ses habitants à construire, à une époque où la rive gauche est encore couverte de vignes. Le chroniqueur et chapelain du roi Guillaume le Breton témoigne : « Philippe le roi magnanime entoura tout Paris dans une enceinte de la partie méridionale jusqu’à la Seine des deux côtés, afin que toute la cité paraisse remplie d’habitations jusqu’aux murs. Merveilleuse et louable justice du prince ! Rien qu’en vertu du droit écrit il eût pu élever des murs et des fossés sur le terrain d’autrui pour l’utilité publique du royaume, préférant cependant l’équité au droit strict, il indemnisa sur son trésor les propriétaires pour les dommages qu’il causait ».


Rue Galande (angle Rue Galande et Rue du Petit Pont, 5e)

Ancienne voie médiévale, elle tire son nom d’Etienne de Garlande, favori du roi Louis VI le Gros, qui y possédait un clos de vignes. Lotie après sa disgrâce (1127), elle devient très commerçante : sur le registre des impositions de 1292, cinquante imposés notables y figurent, représentant seize métiers différents. Bordée au XIIIe siècle par cimetière juif, elle garde quelques maisons à pignon, et des fragments de la chapelle Saint-Blaise, qui recevait la confrérie des maçons et charpentiers. Elle devient misérable au cours du XIXe siècle avec une population famélique et des bouges douteux, repaires de gueux et d’alcooliques, tels le Château rouge ou la crèmerie Alexandre décrits par J.-K. Huysmans dans « la Bièvre et Saint-Séverin ».


Rue Mouffetard (67 Rue Mouffetard, 5e)

Ancien chemin apparu dès l’ère néolithique, elle côtoyait le mont Cetardus, qui la baptise : au XVIIe siècle, sa dénomination reste rue Mont-Cétard. Amputée en 1868-1869 d’une moitié de son parcours, qui s’étendait jusqu’à la place d’Italie, étroite et sinueuse, elle est bordée de demeures dont les plus anciennes s’échelonnent de la fin du XVIe siècle au début du XIXe. A l’angle de la rue du Pot-de-Fer, la fontaine date de 1671. Quelques enseignes subsistent : « à la Maison du Vieux-Chêne », un rarissime exemple de bois sculpté, marquait l’emplacement d’un club révolutionnaire en 1848, transformé en bal public sous le Second Empire (au n°69), ou « la bonne source », reflet de l’humour d’un marchand de vins de 1592 (au n°122).


Saint-Benoît le Bétourné (52 rue Saint-Jacques, 5e)

En 1431, maître Guillaume de Villon, répétiteur de droit canonique, devient le chapelain de cette église aujourd’hui disparue, dont le chœur, orienté à l’ouest, justifie le nom de « mal tournée ». Cette année-là naît François de Montcorbier : orphelin, pauvre, entré à six ou sept ans au service du bon chapelain, le futur poète en garde le souvenir attendri d’un père adoptif, dont il rendra le nom célèbre. D’abord enfant de chœur, reçu bachelier à 18 ans, et licencié es-arts en 1452, il passe ici le « temps de sa jeunesse folle », plus attiré par les tavernes et les filles que par la vie scolastique. De rixes en chapardages, il doit s’exiler de la capitale, et sa trace se perd après 1463 : ‘Frères humains, qui après nous vivez, N’ayez le cœur contre nous endurci… »

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