CINQUIEME
ARRONDISSEMENT
Ampère
découvre l’électrodynamique (29 bis Rue Monge, 5e)
Né
près de Lyon en 1775, André-Marie Ampère est professeur d’analyse à l’Ecole
polytechnique depuis 1809 lorsqu’il assiste à l’expérience d’Oersted sur la
déviation de l’aiguille aimantée par un courant électrique : il en
construit la théorie en quelques jours et pose ainsi les bases de
l’électrodynamique. Dès 1821, il émet l’hypothèse que les molécules des corps
sont l’objet de « courants particulaires » dirigeables par
l’aimantation. Il invente aussi le galvanomètre et le premier télégraphe
électrique. Membre de l’Académie des Sciences en 1814, il est élu à la chaire
de physique du Collège de France en 1824. Entre 1818 et sa mort, en 1836,
Ampère habite cette maison, qui lui sert également de laboratoire.
Ancienne
Ecole polytechnique (5 rue Descartes, 5e)
Fondée
en 1794 par la Convention, elle fut d’abord logée à l’hôtel de Lassay,
aujourd’hui résidence du président de l’Assemblée nationale. Les élèves étaient
alors externes. Napoléon Ier lui attribua en 1805 les locaux des anciens
collèges de Navarre (fondé en 1315), Boncourt et de Tournai. La chapelle, la
salle des actes, le pavillon de théologie, qui dataient du Moyen Age, furent
détruits de 1836 à 1875. En 1936, l’aménagement du pavillon Joffre a supprimé
d’autres constructions du XVIIIe siècle : seul subsiste, en façade, un
avant-corps de 1738. En 1977, la
décentralisation a transféré l’Ecole polytechnique à Palaiseau. Ses bâtiments
ont été affectés au ministère de la Recherche et de l’Espace, et au Collège de
France.
Bibliothèque
Sainte-Geneviève (10 place du Panthéon, 5e)
Construite
par Labrouste de 1844 à 1850, elle occupe l’emplacement d’un des plus célèbres
collèges de la montagne Sainte-Geneviève, connu surtout pour la sévérité de sa
règle ; au collège de Montaigu, fondé au XIVe siècle, Erasme, Calvin et
Ignace de Loyola firent une partie de leurs humanités. Derrière sa façade très
austère se cache une vaste salle de lecture à deux vaisseaux supportés par une
arcature métallique, préfiguration de la salle des Imprimés de la Bibliothèque
nationale. La bibliothèque conserve des fonds précieux, hérités de l’ancienne
abbaye des génovéfains, sa voisine, actuellement lycée Henri IV :
manuscrits et partitions musicales uniques du Moyen Age au XVIIIe siècle.
Charles
Péguy (21 rue des Fossés Saint-Jacques, 5e)
Né à
Orléans le 7 janvier 1873, Charles Péguy, après être passé par l’Ecole Normale
supérieure de la rue d’Ulm et avoir suivi les cours de Bergson, est un
dreyfusard militant lorsqu’il crée ici, le 5 janvier 1900, ses Cahiers de la
Quinzaine. Entouré de collaborateurs tels Romain Rolland, Julien Benda ou
Georges Sorel, il fait paraître 229 numéros jusqu’en juillet 1914, où il publie
l’essentiel de ses œuvres en prose, dont « Notre jeunesse » en 1910.
« Lourde, répétitive, obstinée, la pensée se forme en même temps qu’elle
se fait »… Après avoir retrouvé la foi catholique, et accompli plusieurs
pèlerinages à Chartres, Péguy meurt au front en 1914.
Collège
des Ecossais (65 rue du Cardinal Lemoine, 5e)
L’immeuble
sur rue a été construit de 1662 à 1665 par Robert Barclay qui dirige le collège
et le séminaire des Ecossais. Achevée en 1672, la chapelle possède un mausolée
où repose dans une urne en bronze doré, le cerveau de Jacques II d’Angleterre,
mort à Saint-Germain-en-Laye en 1701. Transformé en prison sous la Terreur, le
collège fut rendu à l’église anglaise en 1806, et loué par un établissement
d’enseignement de 1815 à 1914.
A la suite de la rectification de la pente de la rue en
1685, le rez-de-chaussée de la façade sur rue devint premier étage. Mais la
façade sur jardin est restée intacte.
Collège
des Grassins (16 Rue Laplace, 5e)
Fondé
en 1569 par un conseiller au Parlement du nom de Pierre Grassin, il est à
l’origine prévu pour abriter dix-huit boursiers originaires du diocèse de
Sens ; un siècle de prospérité lui permet de devenir l’un des
établissements les plus importants de la montagne Sainte-Geneviève, et l’un des
dix grands collèges de l’Université de Paris. Ses premiers bâtiments sont
édifiés grâce à Thierry Grassin, frère du fondateur, qui acquiert une partie de
l’ancien hôtel d’Albret, et deux maisons voisines, rue des Sept-Voies (actuelle
rue Valette). Quatre autres s’y ajoutent peu après, et la chapelle, dédiée à la
Vierge, est consacrée en 1578 par l’évêque de Digne. Au début du XVIIIe siècle
le Parlement doit intervenir pour mettre un terme aux dettes accumulées, mais
sa renommée se maintient : Chamfort y est élève en 1755. Des bâtiments
démantelés pour permettre, en 1844, l’ouverture de l’Ecole polytechnique,
subsiste cette porte du XVIIe siècle.
Collège
des Irlandais (5 rue des Irlandais, 5e)
En
1578, un prêtre irlandais du nom de John Lee vient à Paris avec quelques
étudiants : ils trouvent asile aux collèges de Montaigu, puis de Navarre.
L’institution, fondée officiellement en 1620, s’assure de la protection de
Louis XIV, accordée par lettres patentes de 1672, avant d’acquérir l’ancien
collège des Lombards, situé rue des Carmes : mais il s’y trouve vite à
l’étroit. En 1769, un arrêt royal autorise la séparation du séminaire et du
collège laïc des clercs, rendue nécessaire par les heurts entre les deux
communautés. L’architecte-paysagiste François-Joseph Bélanger (1744-1818)
édifie ici à leur intention de nouveaux bâtiments et une chapelle. Favorables à
la Révolution, les écoliers irlandais offrent à la nation leur argenterie et
les ornements sacerdotaux ; en 1795, Eugène de Beauharnais et Jérôme
Bonaparte figurent parmi les pensionnaires du collège, qui lègue en 1807 son
nom à l’ancienne rue du Cheval vert.
Collège
Sainte-Barbe (4 rue Valette, 5e)
En
1460, un ancien régent de grammaire au Collège de Navarre, Geoffroy Lenormant,
ouvre un établissement où viennent étudier Ignace de Loyola et François-Xavier,
futurs fondateurs de l’ordre des jésuites, et peut-être aussi Calvin. Le curé
de Saint-Hilaire, Robert Dugast, dote en 1556 ce collège des revenus
nécessaires à la subsistance de quatre boursiers, un principal, un économe et
un chapelain. Après des fortunes diverses, les bâtiments sont rachetés en 1798
par un ancien ecclésiastique rallié à la Révolution, Victor de Lanneau de Marcy
(1758-1830), qui rebaptise l’institution « Collège des Sciences et des
Arts, ci-devant Sainte-Barbe » et lui redonne un nouvel essor. Reçu à
l’agrégation en 1821, Michelet y enseigne l’histoire entre 1822 et 1826 ;
il prononce en 1825 un « Discours sur l’unité de la Science » resté
célèbre. Alexandre Labrouste dirige l’établissement de 1838 à sa mort, en 1866,
et ses frères édifient les bâtiments neufs, juste avant ceux de la bibliothèque
Sainte-Geneviève.
Cyrano
de Bergerac (9 Rue Jean-de-Beauvais, 5e)
Savinien
Cyrano de Bergerac (1619-1655) effectue ses études ici, au Collège de
Dormans-Beauvais, avant de s’illustrer au combat, où son ardeur lui vaut le
surnom de démon de la bravoure, et dans les polémiques littéraires.
Mousquetaire à 19 ans et duelliste intrépide, il quitte l’armée pour se
consacrer à l’écriture après une grave blessure à la gorge reçue au siège
d’Arras. Ce disciple de l’astronome Gassendi se fait connaître par une comédie,
« Le Pédant joué », qui inspire Molière ; après une
« Physique ou Science des choses naturelles », il donne libre cours à
sa fantaisie dans les « Histoires comiques des Etats et Empires de la lune
et du Soleil ». La veine burlesque de ces publications posthumes amuse,
mais leurs idées annoncent les philosophes des lumières : non content
d’imaginer la première montgolfière ou la rotations de la terre, Cyrano s’y
livre à une satire de la religion et de l’absolutisme pour exposer une
conception matérialiste de l’univers
proche de l’athéisme.
Dante
rédige la Divine Comédie (10 Rue Lagrange, 5e)
Depuis
1293, Florence est en proie à la lutte incessante des partis guelfe et gibelin.
Dante Alighieri, issu en 1265 d’une famille noble sans fortune, est proscrit en
1302, voué au bûcher s’il vient à être pris sur le territoire de la commune.
Tous ses biens sont confisqués, sa demeure brûlée : le poète mène alors
jusqu’à sa mort, en 1321, une vie errante, et s’attache à la rédaction de son
grand œuvre. De passage à Paris, il célèbre dans ses écrits le « vico
degli strami » (rue des fourrages) ; la rue tire en effet son nom des
bottes de foin utilisées comme siège par les étudiants. Peut-être les Mystères
représentés sur le parvis de Notre-Dame ont-ils contribué à nourrir
l’inspiration visionnaire des cercles de l’Enfer !
Ecole
Normale Supérieure (45 Rue d’Ulm, 5e)
Initialement
fondée par un décret du 9 Brumaire an III (30 octobre 1794), la première Ecole
normale, destinée à recevoir « de toutes les parties de la République des
citoyens déjà instruits dans les sciences utiles pour apprendre, sous les
professeurs les plus habiles dans tous les genres, l’art d’enseigner »,
tient alors au Jardin des plantes un trimestre de cours. Napoléon Ier reprend
l’idée lors de la réorganisation de l’Université, et installe en 1810les élèves
dotés d’un règlement d’inspiration militaire au Lycée impérial
(Louis-le-Grand). Figure la plus marquante de cette première promotion, Victor
Cousin, devenu ministre de l’Instruction publique, demande à l’architecte A. de
Gisors les plans d’un édifice à la sobriété monacale : sur d’anciennes
vignes du couvent des Ursulines, la nouvelle Ecole est achevée en 1847. Depuis,
ce « noble cloître intellectuel », selon le mot de Romain Rolland,
cultive toujours « le don magnifique que fait à des jeunes gens choisis
l’enseignement démocratique ».
Eglise
Saint-Etienne du Mont (Place Sainte-Geneviève, angle Rue Clovis, 5e)
Ses
origines se confondent avec celles de l’abbaye royale de
Sainte-Geneviève : d’abord simple chapelle dans une crypte, cette église
paroissiale accolée au mur nord de sa voisine, date de 1222. Devenue
insuffisante pour la plus grosse paroisse de l’Université, son chœur et son
clocher sont rebâtis à partir de 1492. La première pierre de la façade
occidentale est posée par Marguerite de Valois en 1610, et la dédicace célébrée
le 15 février 1626 par Jean-François de Gondi, 1er archevêque de
Paris. Elle possède le seul jubé monumental (1545) et le plus ancien buffet
d’orgues de Paris (1631), un fragment de la châsse de sainte Geneviève,
patronne de la ville, et un remarquable ensemble de vitraux (fin XVIe – XVIIe
siècle) dûs à la générosité de ses paroissiens. Consacrée temple de la piété
filiale sous la Révolution, restaurée sous le Second Empire par Baltard, elle
est le théâtre, le 3 janvier 1857, de l’assassinat de l’archevêque de Paris,
Monseigneur Sibour, par le prêtre interdit Jean Verger.
Eglise
Saint-Jacques-du-Haut-Pas (252 rue Saint-Jacques, 5e)
Sur
le chemin des pèlerins de Compostelle, la commanderie des Hospitaliers de
Saint-Jacques-du-Haut-Pas, ainsi nommés en souvenir de la bourgade d’Alto
Pascio, près de Lucques, avait fondé un hôpital dont la chapelle servait aux
paroissiens du faubourg Saint-Jacques. Une première église indépendante,
construite en 1584, se révèle vite insuffisante. Elle est remplacée en 1630 par
l’édifice actuel, dont la première pierre du chœur est posée par Gaston
d’Orléans, frère de Louis XIII. Interrompus faute de crédits, les travaux
reprennent grâce à la générosité d’Anne-Geneviève de Bourbon-Condé
(1619-1679) : la célèbre Frondeuse, sœur des princes de Conti et de Condé,
avait été élevée au couvent des carmélites voisin. L’architecte Gittard achève
en 1684 la nef de la façade.
Eglise
Saint-Julien-le-Pauvre (face au 14 Rue Saint-Julien-le-Pauvre, 5e)
Lieu
de sépultures mérovingiennes, cette chapelle, située au carrefour de deux voies
romaines stratégiques, est offerte, à l’état de ruines, par le roi Henri 1er
au chapitre de Notre-Dame en 1045. Vers 1120, elle devient un prieuré dépendant
de l’abbaye de Longpont, destiné à jouer un certain rôle dans la vie
intellectuelle du quartier. Les recteurs y sont élus, et les assemblées de
l’Université y siègent jusqu’au saccage de 1524. Affectée à l’Hôtel-Dieu en
1651, elle se trouve dans un tel état de dégradation que les bâtiments du XIIe
siècle sont en partie rasés, et très remaniés. Grenier à sel sous la
Révolution, elle est rouverte au culte en 1826, et affectée au rite catholique
grec byzantin en 1889 : une iconostase réalisée vers 1900 sépare le chœur
de la nef.
Eglise
Saint-Nicolas du Chardonnet (Angle rue Saint-Victor et rue Monge, 5e)
Une
première chapelle fut édifiée sur le clos dit du Chardonnet (les chardons)
rattaché à Paris au XIIIe siècle. Elle était parallèle à une ancienne
dérivation de la Bièvre. Son clocher fut reconstruit en 1625 et l’ensemble de
l’église rebâti entre 1656 et 1763. Seule la façade date de 1934. Parmi ses
paroissiaux célèbres, le peintre Charles Le Brun dessina le portail ouest du
transept, et le tombeau de sa mère, sculpté par Collignon ; le sien fut
commandé par sa veuve à Coysevox, et celui de Jérôme 1er Bignon,
grands maître de la Bibliothèque du roi, est l’œuvre de Girardon. Des tableaux
du XVIe siècle (école flamande), de Coypel, Restout, Natoire, Lagrenée, Corot
décorent l’église. Son buffet d’orgue date de 1725.
Emile
Durkheim (260 Rue Saint-Jacques, 5e)
Né à
Epinal le 15 avril 1858, reçu en 1879 à l’Ecole normale supérieure, Emile
Durkheim achève sa formation par un voyage d’études en Allemagne, et obtient
dès 1887 la création d’un cours de sciences sociales et de pédagogie à la
faculté des lettres de Bordeaux. Il se consacre alors à l’enseignement, sans
perdre de vue son idée directrice majeure : ériger la sociologie en
science autonome. En 1898 paraît « l’Année sociologique », qui fait
de lui un chef d’école incontesté, entouré de brillants collaborateurs. Appelé
à la Sorbonne pour occuper la chaire de science de l’éducation, il habite cet
immeuble entre 1902 et 1912. En 1913, sa chaire s’intitule enfin « Science
de l’éducation et sociologie ». Profondément affecté par la guerre, où il
perd son fils, Durkheim meurt le 15 novembre 1917.
Enceinte
de Philippe Auguste (5 rue Clovis, 5e)
En
1190, avant son départ pour la troisième croisade, Philippe Auguste demande aux
habitants de contribuer à la sécurité de la ville par la construction d’une
muraille d’environ 5 km,
achevée vers 1210. Cette courtine, haute de dix mètre et couronnée d’un chemin
de ronde crénelé, est percée d’une dizaine de portes. Bornée à l’ouest par la
forteresse du Louvre, édifiée pour la protéger dans les premières années du
XIIIe siècle, à l’est par la place de Grève, au nord par les Halles, et au sud
par le bourg Sainte-Geneviève, elle définit une capitale de 250 hectares :
désormais, le palais, le trésor et les archives s’y trouvent fixés à demeure,
même si le roi n’y réside pas toujours. Il s’agir de la première tentative
d’union des trois quartiers parisiens : la « Cité », cœur
religieux, administratif et judiciaire, la « Ville », pôle économique
situé autour des ports de la rive droite, et « l’Université »
naissante, rive gauche.
Faculté
de droit (12 place du Panthéon, 5e)
Construite
à partir de 1770, l’école de Droit s’inscrit dans le projet d’urbanisme des
abords de l’église Sainte-Geneviève confiée à Soufflot. Ouverte à la même
époque pour offrir une perspective sur le Luxembourg, la rue du
Panthéon-Français, baptisée Soufflot en 1807, est prolongée après 1846 de la
rue Saint-Jacques au boulevard Saint-Michel. La faculté, devenue mairie sous la
Révolution, reprit son affectation en 1805. Ses bâtiments furent
considérablement augmentés sur la rue Saint-Jacques aux XIXe et XXe siècles. Sa
façade, d’une pureté toute classique, a inspiré Hittorff pour la construction
symétrique, de l’autre côté de la rue Soufflot, de la nouvelle mairie du Ve
arrondissement (1844-1850).
Hôtel
de Laffemas (14 Rue Saint-Julien-le-Pauvre, 5e)
Messire
Isaac de Laffemas (1587-1657) est une créature de Richelieu : d’abord
maître des requêtes, puis intendant, il achève sa carrière comme lieutenant
criminel et civil, de 1637 à 1643. Dans « Marion Delorme », Victor
Hugo insiste sur la sombre réputation de ce personnage : « Démon,
j’ai dans tes yeux vu la sinistre flamme de ce rayon d’Enfer qui t’illuminait
l’âme ! » Disgracié à la mort de son protecteur, il ne cesse pourtant
de soutenir
Le
pouvoir royal, en particulier sous la Fronde, d’une plume restée alerte. En
effet, « dans toutes les besognes de haute et basse police, souvent assez
malpropres, qu’il accomplit pour le cardinal, il fut toujours soutenu par un
dévouement sincère à l’Etat ».
Hôtel
de Nesmond (55-57 quai de la Tournelle, 5e)
L’endroit
fut loti dès 1260. Résidence du panetier de Philippe le Bel au XIVe siècle,
puis du duc de Bar, l’hôtel et racheté en 1586 par Jacques Faye d’Espesse à
François de Bourbon, duc de Montpensier. En 1643, François-Théodore de Nesmond,
président au Parlement de Paris, lui donne son aspect actuel. Sa bru, fille de
Madame de Miramion, était assez vaniteuse pour faire graver son nom sur sa
porte cochère. Saint-Simon le signale dans ses « Mémoires » :
« On en rit, on s’en scandalisé, mais l’écriteau est devenu l’exemple de
ceux qui ont peu à peu inondé Paris ». Passé au XVIIIe siècle à Michel
Blondy, célèbre maître de danse, l’hôtel fut au XIXe siècle le siège d’une
distillerie d’absinthe qui le dénatura.
Hôtel
du duc d’Orléans (30 rue Descartes, 5e)
Né
le 4 août 1703, Louis d’Orléans est à la fois le petit-fils de Louis XIV (par
sa mère, Marie-Françoise de Bourbon, fille de madame de Montespan ; son
père devient Régent de France à la mort du Roi-Soleil) et l’arrière-grand-père
de Louis-Philippe. Plus intéressé par l’étude des sciences et des langues
anciennes que par les affaires du royaume, le premier prince de sang songe même
à se faire moine à Sainte-Geneviève à la mort de sa jeune femme, en couches, le
8 août 1726. En 1742, il achète un terrain contigu à l’enclos de l’abbaye et
s’y fait édifier une maison où installer sa bibliothèque, un laboratoire de
chimie et ses collections de pierres gravées et de médailles ; dans le
jardin poussent des plants médicinales exotiques. Epuisé par une vie de
privations, il meurt le 4 février 1752. Son hôtel, séquestré sous la Révolution,
sert désormais de presbytère à l’église Saint-Etienne du Mont.
Laboratoire
de physique de l’E.N.S. (24 rue Lhomond, 5e)
Originairement
installé à l’angle sud du quadrilatère de la cour des Ernests, rue d’Ulm, le
laboratoire de physique de l’Ecole normale supérieure s’installe ici en 1940,
pour prendre réellement son essor après la guerre, avec la nomination d’un
nouveau directeur, Yves Rocard. Plus spacieux, les locaux permettent alors la
venue d’un certain nombre de professeurs et de chercheurs, et une redéfinition
de la politique de recherche à un très haut niveau : des orientations
novatrices se dessinent vers les géophysique, la physique des solides et en
particulier les semiconducteurs, la radioastronomie et la physique des
particules et des hautes énergies. Dès les années 1950, l’extension de ce
laboratoire rend nécessaire son essaimage vers Orsay, Nançay, Meudon et
d’autres centres. Par le développement de ses ressources et son ouverture sur
l’extérieur, le laboratoire de l’Ecole normale supérieure a joué un rôle
considérable dans le renouveau de la physique française.
La
Fontaine Cuvier (20 rue Cuvier, 5e)
Le
23 août 1769, Georges Cuvier naît à Montbéliard, comté réuni à la France en
1793. Nommé professeur aux Ecoles centrales en 1795, élu membre de l’Institut,
il enseigne aussi l’anatomie comparée au Muséum, puis l’histoire naturelle au
Collège de France, où il succède à Daubenton en 1800. Nommé de surcroît
inspecteur général des études en 1802, il va fonder les lycées de Marseille et
de Bordeaux ; en 1808, devenu conseiller de l’Université, il s’occupe de
la réforme de l’enseignement supérieur, en France et dans les territoires
conquis. S’il refuse le ministère de l’Intérieur en 1818, il entre à l’Académie
française, et cumule les charges de chancelier de l’Université de 1821 à 1827,
et de grand-maître des facultés de théologie protestante à partir de 1822.
Malgré toutes ces fonctions administratives, le fondateur de l’anatomie
comparée, passionné de paléontologie, mène à bien ses recherches sur les
corrélations organiques ; il accomplit encore une œuvre d’historien des
sciences, en particulier dans les Eloges, historiques prononcés à l’Académie
française dont il est le secrétaire perpétuel dès 1803. Il meurt le 13 mai 1832
au n° 43 de cette rue (rue Cuvier), qui porte son nom depuis 1838.
La
Grande Mosquée de Paris (2 bis place du Puits de l’Ermite, 5e)
L’origine
en est la création en 1920 de l’Institut musulman dirigé par Si Kaddour ben
Ghabrit, président de la Société des Habous des lieux saints de l’Islam, sous
les auspices de la France qui participa au financement. Il s’y adjoignit le
projet de construire une mosquée. La Ville de Paris offrit le terrain de
l’ancien hôpital de la Pitié (75 000
m2). La Société des Habous choisit les architectes
Robert Fournez et Maurice Mantout, mais ce sont des artisans marocains,
algériens et tunisiens qui ont réalisé les revêtements de marbres, de faïences
polychromes, de stucs, les fontaines de porphyre et les portes de cèdre. La
mosquée, édifiée grâce à la générosité des pays arabes, a été inaugurée en
1926. Son minaret s’élève à 26
mètres.
La
Place Maubert (33 Place Maubert, 5e)
Son
appellation serait la corruption du nom d’Aubert, abbé de Sainte-Geneviève en
1161. Avant la création de la Sorbonne, elle fut un centre
d’enseignement : Albert, dominicain allemand, dit le Grand, y professa.
Marché au pain à la fin du Moyen Age, ce fut ensuite un lieu d’exécutions
publiques, surtout au XVe siècle : de nombreux protestants, dont le
libraire humaniste Etienne Dolet, y furent brûlés vifs. Au XIXe siècle, la
place abrite une myriade de petits métier : fripiers, rempailleurs de
chaises, fabricants d’arlequins, qui accommodaient les restes, chiffonniers,
qui faisaient commerce de tabac récupéré sur les mégots, ou ravageurs, qui
écumaient la boue des ruisseaux. Défigurée au XIXe siècle, elle garde quelques
maisons anciennes, à l’angle de la rue Frédéric Sauton.
La
porte Saint-Bernard (1 Quai de la Tournelle, 5e)
Un
peu au sud du château de la Tournelle et de la tour de l’enceinte de
Philippe-Aguste, la muraille est percée au XVe siècle d’une porte, baptisée en
souvenir de l’illustre abbé de Cîteaux, dont le collège s’élève à proximité.
Elle enjambe l’ancien chemin de halage, désormais lieu de promenades et de
baignades. Henri IV aimait venir y nager avec son fils, afin de
l’aguerrir ; il décide en 1606 de la faire reconstruire, sous la forme
d’un bâtiment carré surmonté d’un comble en pavillon. En 1674, pour remercier
Louis XIV d’avoir supprimé les taxes levées sur les marchandises qui arrivaient
au port Saint-Bernard, le prévôt des marchands et les échevins demandent à
François Blondel d’en faire un arc de triomphe à la gloire du monarque. La
présence de logements dans la partie supérieure de l’édifice conduit
l’architecte à percer deux arches basses jumelées, au lieu d’une seule grande
arcade. Sur les bas-reliefs, d’un côté le Roi-Soleil apporte l’abondance à la
Ville, de l’autre, vêtu à l’antique, il conduit la nef parisienne, flanquée de
néréides et de tritons. Le monument subsiste jusqu’en 1787.
La
porte Saint-Jacques (157 Rue Saint-Jacques, 5e)
Constituée
de deux tours jumelles et d’un passage sous arcade ogivale, la plus fréquentée
des portes de la partie méridionale de l’enceinte de Philippe-Auguste s’ouvrait
ici : située au débouché d’un grand axe de circulation quotidienne, elle
reliait la principale rue méridienne de l’Outre-Petit-Pont à la route d’Etampes
et d’Orléans. Il était donc vital de la maintenir ouverte, malgré les troubles
qui affectent la cité, de la mort de Charles V à celle du dernier Valois. Alors
que la plupart des autres sont régulièrement murées, la porte Saint-Jacques est
même dotée d’un pont-levis durant l’été de 1417, face à la menace
bourguignonne. Après les échecs essuyés par Jeanne d’Arc sur la rive droite,
c’est ici que les troupes de Jehan Villiers de l’Isle-Adam pénètrent dans la
ville à l’aube du 13 avril 1436. Grâce aux parisiens las de l’occupation
anglaise, Charles VII peut ainsi faire une entrée solennelle dans sa capitale
reconquise.
La
porte Saint-Victor (28 Rue du Cardinal Lemoine, 5e)
En
1992, la construction de cet immeuble sur le tracé de l’enceinte de
Philippe-Auguste, édifiée vers 1210 sur la rive gauche dans le dessein d’en
favoriser le peuplement, provoque la mise au jour d’importants vestiges de
l’arche qui permettait le passage de la Bièvre. Grâce à l’arbitrage de saint
Bernard de Clairvaux, l’abbé de Saint-Victor avait en effet obtenu en 1148 le
consentement du supérieur de Sainte-Geneviève, la plus puissante seigneurie du
quartier, pour dévier le cours de la rivière afin de faire tourner les pales de
ses moulins. La porte percée dans la muraille s’ouvrait à l’est sur la rue du
Faubourg Saint-Victor, qui desservait l’abbaye royale déjà clôturée d’une enceinte.
En 1368, un nouveau détournement de la Bièvre est rendu nécessaire par
l’aménagement décidé par Charles V de fossés à l’extérieur du rempart : la
rue du Cardinal-Lemoine s’appelle alors chemin des Fossés Saint-Victor.
La
Sorbonne (19 rue de la Sorbonne, 5e)
En
1254 Robert de Sorbon, chapelain de saint Louis, fonde rue Coupe-Gueule un
collège destiné non seulement à l’enseignement de la théologie, mais aussi à
l’hébergement et l’entretien des « pauvres maîtres et escholiers ».
L’établissement croît, en taille et en prestige, jusqu’à la fin du Moyen Age.
De sa reconstruction sous Richelieu, seule subsiste la chapelle, œuvre de
Lemercier (1635-1642), qui abrite le mausolée exécuté par Girardon en 1694.
Fermée sous la Révolution, transformée en ateliers d’artistes sous l’Empire,
elle devient en 1822 le siège du Rectorat et des facultés des Lettres et
Sciences. Entièrement reprise de 1883 à 1901 sur les plans de l’architecte
Nénot, la « Nouvelle Sorbonne » a conservé son décor de fresques et
statues allégoriques.
La
tour de Calvin (21 rue Valette, 5e)
A
cet emplacement s’élevaient jusqu’au XIXe siècle les bâtiments du collège fondé
en 1394 par Pierre Fortet, chanoine de Notre-Dame de Paris. Il en subsiste, au
fond de la cour, une tour qui permit à Calvin, encore étudiant, de s’enfuir par
les toits des maisons voisines : en effet, il faillit être arrêté à la fin
de l’année 1533, à l a suite d’un
discours suspect de son ami Nicolas Cop, recteur de l’Université de Paris.
Réfugié à Nérac, auprès de la reine Marguerite de Navarre, sœur de François
Ier, il y prépara « l’Institution de la religion chrétienne ». En
1585, la Sainte Ligue est fondée au collège de Fortet, et donne naissance au
Conseil des Seize (quartier des Paris), responsable de la journée des
Barricades qui livre la capitale aux partisans du duc de Guise le 12 mai
1588.
Le
berceau de l’Université (angle Rue Lagrange et Rue Fouarre, 5e)
Ouverte
au début du XIIIe siècle sur l’ancien clos Garlande, la rue du Fouarre reliait
au Moyen Age la rue de la Bûcherie à la rue Galande. Devenue le siège de la
Faculté des Arts, elle tire son nom des bottes de foin utilisées comme siège
par les étudiants. Les cours sont d’abord professés en plein air, puis dans les
dix écoles baptisées d’après les anciennes auberges, du Cheval rouge ou de
l’Aigle d’or : quelques maîtres licenciés occupent les salles du bas, où
ils enseignent moyennant finances, et les étages sont loués à l’année pour y
loger les élèves. Dante y séjourne en 1304, et Buridan y professe la philosophie
vers 1330. En 1358, les désordres sont tels qu’elle est fermée la nuit par des
chaînes tendues à chaque extrémité !
Le
Château de la Tournelle (3 Quai de la Tournelle, 5e)
Entreprise
au début du XIIIe siècle, la partie méridionale de l’enceinte de
Philippe-Auguste, destinée à favoriser le développement démographique de la
rive gauche, s’achevait ici. Une tour faisait pendant à la tour Barbeau, et
chaque nuit, des chaînes tendues entre elles protégeaient la cité de toute
mauvaise surprise venue du fleuve. En 1369 un pont de bois, plusieurs fois
emporté par les crues jusqu’à sa reconstruction en pierre en 1656, relie les
deux rives ; une forteresse prévue pour sa défense, dite Château de la
Tournelle, s’adosse à la tour. A partir de 1632, grâce à saint Vincent de Paul,
elle sert à loger dans des conditions moins inhumaines les condamnés aux
galères jusque-là incarcérés à la Conciergerie. L’ensemble est démoli à la fin
du XVIIIe siècle.
Le
Collège de France (11 Place Marcelin Berthelot, 5e)
En
1530, François Ier, conseillé par Guillaume Budé et son entourage humaniste,
nomme six lecteurs royaux (deux pour le grec, trois pour l’hébreu, un pour les
mathématiques) indépendants de l’Université. ‘Basti en hommes, non en
pierres », le « Collegium regium Galliarum » voit sa
construction encore ralentie par l’assassinat de Henri IV : âgé de 9 ans,
Louis XIII pose en 1610 la première pierre d’un édifice, repris par Chalgrin en
1773. A
la fin de l’ancien régime, il compte une vingtaine de chaires, où trouvent
place tous les enseignements novateurs, au point de lui donner figure de modèle
pour la réorganisation de l’enseignement projetée sous la Révolution. Agrandi
au XIXe siècle, il s’étend de nouveau au XXe siècle pour faire face au
développement de ses laboratoires.
L’Eglise
Saint-Médard (141 rue Mouffetard, 5e)
Dès
1163, un religieux de l’abbaye Sainte-Geneviève desservait une chapelle dans la
« Ville Saint-Médard ». L’église actuelle date du milieu du XVe
siècle pour la nef et la façade, de 1560-1586 pour les bas-côtés. Le buffet
d’orgues date de 1647. En décembre 1561, l’église fut saccagée par les
protestants du quartier : c’est le « tumulte » Saint-Médard.
Entre 1728 et 1732, nouveaux « vacarmes », pèlerinages, guérisons
miraculeuses, et scènes d’hypnose collective, autour de la sépulture du diacre
janséniste François de Pâris. Sur la porte murée le 27 janvier 1732, une main
anonyme inscrivit : « De par le Roi, défense à Dieu de faire miracle
en ce lieu ».
L’Eglise
Saint-Séverin (1 rue des Prêtres Saint –Séverin, 5e)
Saul
rescapé du massacre perpétré par ses oncles Childebert et Clotaire en 524, le
dernier petit-fils de Clovis, Clodoald (futur saint Cloud) élevé dans un
monastère, devient le disciple de l’ermite Séverin. Une chapelle érigée à l’emplacement
de son oratoire devient paroisse au XIe siècle. L’église actuelle date du XIIIe
siècle pour le clocher et les trois premières travées de la nef, et de la
seconde moitié du XVe pour le reste. La décoration du chœur en placage de
marbre fut entreprise àpartir de 1684, grâce aux dons de la Grande
Mademoiselle, cousine germaine de Louis XIV. Le splendide buffet d’orgue date
de 1745. Au sommet de la flèche, dont la charpente fut achevée en 1487,
subsiste une très vieille cloche : Macée, fondue en 1412.
Le Jardin des Plantes (Angle rues Geoffroy-Saint-Hilaire et Buffon, 5e)
Sous
le patronage de Louis XIII, le médecin Guy de la Brosse fonde en 1633 le jardin
des plantes médicinales, ouvert au public dès 1645. Aux XVIIe et XVIIIe
siècles, on y professe l’anatomie, la botanique et la chimie. Buffon, intendant
de 1739 à 1788, agrandit le jardin jusqu’à la Seine, et Verniquet édifie le
belvédère en 1788 au sommet du labyrinthe. En 1793, Bernardin de Saint-Pierre
ouvre la ménagerie et Lakanal crée le Muséum d’Histoire naturelle, pourvu de
douze chaires illustrées par Cuvier, Lacépède, Lamarck. Sa célèbre bibliothèque
conserve la collection des vélins du roi légués par Gaston d’Orléans. Le jardin
a gardé l’érable de Tournefort (1702), le cèdre de Jussieu (1734) et l’if de
Buffon (1750).
Le
marché aux chevaux (5 rue Geoffroy Saint-Hilaire, 5e)
Ce
gracieux pavillon, de style Louis XV, édifié en 1760 sur l’ordre de Sartine,
lieutenant général de Police, était destiné à recevoir les contrôleurs du
marché aux chevaux, tout proche. Cette partie de la rue Geoffroy Saint-Hilaire
s’appelait alors rue du Marché. A côté, la rue Maquignonne, devenue rue de
l’Essai, rappelle le souvenir des essayages effectués avant tout achat.
Localisé au XVIIe siècle à la pointe de la rue Saint-Honoré, sur la rive
droite, ce marché émigre ensuite sur un espace d’abord destiné à la vente des
cochons, à la limite des Ve et XIIIe arrondissements actuels, avant de
disparaître lors des opérations d’urbanisme du XIXe siècle.
Le
Panthéon (place du Panthéon, 5e)
Guéri
en 1744 d’une grave maladie, Louis XV décide la construction d’une église
dédiée à sainte Geneviève. Soufflot en est l’architecte. Le chantier, commencé
en 1764, fut très long, et l’édifice faillit d’écrouler sous la Révolution. En
1791, on transforme l’église en Panthéon destiné à recevoir la dépouille des
grands hommes : Voltaire et Rousseau y sont transférés en grande pompe.
Rendu au culte sous le premier Empire, le Panthéon retrouve définitivement sa
vocation de nécropole à la mort de Victor Hugo, en 1885. Depuis 1907, y repose
également une femme : il s’agit de l’épouse de Marcelin Berthelot. Morts
le même jour, ils ont ainsi choisit de rester unis dans la tombe.
Le
Pont au Double (angle Quai de Montebello et Rue Lagrange, 5e)
Ce
pont présente l’originalité d’avoir été conçu, dès 1515, comme une sorte
d’annexe de de l’Hôtel-Dieu, afin de porter remède à son encombrement
perpétuel, encore aggravé en période d’épidémies. Le 5 août 1626,
l’autorisation de construire un ouvrage de pierre, aux frais de l’hôpital, lui
est enfin accordée pour le relier à ses nouveaux bâtiments de la rive gauche.
Au lieu d’habitations, les trois arches édifiées entre 1626 et 1632
supportaient deux grandes salles superposées destinées aux malades, malgré les
récriminations des riverains, qui voyaient les détritus déversés directement
dans le fleuve ! Le pont tire son nom du péage exigé des piétons jusqu’au
25 décembre 1789 : un double, c’est-à-dire un pièce de deux deniers ;
moyennant six deniers, les cavaliers reçoivent aussi un droit de passage, vite
révoqué : un tourniquet est installé pour barrer le passage aux chevaux.
Les salles du Rosaire et Saint-Louis sont enfin détruites entre 1824 et 1825,
et le pont lui-même, dont les piles gênaient la navigation, est abattu en 1847
pour laisser place à une seule arche de 31 mètres d’ouverture.
Les
Arènes de Lutèce (49 rue Monge, 5e)
Peut-être
dès la fin du 1er siècle après J.-C. fut construit un amphithéâtre à
simple appareil de pierres, sans aucun chaînage de briques. Ruiné par les
invasions barbares du IIIe siècle, ses matériaux sont remployés par les
Gallo-Romains, réfugiés dans l’île de la Cité. S’il laisse une trace dans la
topographie médiévale sous le nom de clos aux arènes, son emplacement exact
reste ignoré jusqu’en 1858. Redécouvert à l’ouverture de la rue Monge en 1869,
sur un terrain acquis par la Compagnie Générale des Omnibus pour y installer
ses véhicules et ses écuries, il est exposé à la démolition. L’opinion
publique, émue de l’affaire, ouvre une souscription pour son rachat, mais il
faut attendre 1917 pour le voir restauré dans son état actuel.
Les
avaleurs de nefs (2 Quai de la Tournelle, 5e)
Essentielle
pour l’activité économique de la capitale, et en particulier son approvisionnement,
la navigation fluviale était souvent difficile au Moyen Age : la Seine
était agitée de remous violents, prise de glaces, ou la proie de crues
catastrophiques. De surcroît, le chemin de halage s’interrompait en ville. Dès
le XIVe siècle, une corporation de mariniers chargés de diriger les bateaux
entre les arches des ponts fait son apparition. Les embarcations, parfois
rattachées les unes aux autres comme un train de péniches, n’étaient pas
autorisées à naviguer dans ces « avaleurs de nefs ». Au XVIII e
siècle, ils prennent le nom de « maîtres de ponts », puis de
« chefs de ponts » au XIXe siècle, jusqu’à leur suppression en
1854.
Les
Bateaux-Omnibus (angle Quai de Montebello et Pont au Double, 5e)
Les
embarcations gouvernée à la rame, à la voile et parfois halées par des chevaux
sont progressivement remplacées par des bateaux à vapeur. La première tentative
est effectuée le 9 août 1803 par l’ingénieur Robert Fulton, suivie des
expériences du marquis Jouffroy d’Abbans, en 1816-1817, avec le « Génie du
Commerce ». A partir de 1825 la navigation à vapeur se généralise, et deux
lignes régulières desservent en 1826 les trajets entre Paris et Saint-Cloud
vers l’aval, Paris et Montereau vers l’amont. A l’occasion de l’Exposition
universelle du Champs de Mars, un véritable service est organisé en 1867 et
confié à la compagnie des bateaux de Lyon, dite des Mouches. En 1873
apparaissent les Hirondelles, qui vont de Suresnes à Charenton, où se trouve
leur port d’attache. Le ministre des Travaux publics instaure la liberté de la
navigation sur la Seine et la Marne pour les transports de voyageurs en 1881,
et ce mode de locomotion reste très populaire jusqu’à la disparition des
bateaux-omnibus en 1934.
L’E.S.P.C.I.
(10 rue Vauquelin, 5e)
Depuis
les origines, la recherche scientifique est présente à l’Ecole supérieure de
Physique et de Chimie industrielles de la Ville de Paris, créée en 1882 afin de
concilier harmonieusement l’enseignement supérieur, la recherche fondamentale
et appliquée, et une vocation industrielle. Dès lors, l’école devient une
pépinière de chercheurs dans le domaine de la radioactivité, en même temps
qu’elle joue un rôle déterminant dans la formation des cadres de l’industrie
des radioéléments. Dotée d’un passé prestigieux, largement ouverte sur
l’extérieur, et résolument tournée vers l’avenir, elle voit à plusieurs
reprises les travaux de ses membres récompensés par un Nobel ; au
lendemain du prix qu’il partage en 1903 avec Marie Curie et Henri Becquerel,
Pierre Curie en témoigne : « Depuis plus de vingt ans je travaille à
l’Ecole supérieure de Physique et de Chimie dans un climat de grande liberté et
de passion communicative pour la science ».
Les
premiers bouquinistes (15 quai de la Tournelle, 5e)
Dès
1530, l’essor du livre contribue au rayonnement de la capitale. A côté des
grands libraires et imprimeurs établis au Quartier latin apparaissent très tôt
des colporteurs de gazettes et libelles : ils n’ont pas droit aux
boutiques et installent leurs fonds sur des tréteaux, voire des pièces toile
posées à même le sol, quand ils ne transportent pas leur marchandise dans un
panier d’osier suspendu à leur cou. Une sentence du bailli du Palais de
justice, datée de 1578, en autorise 12, contraints de se fixer deux par deux
sur 6 emplacements autorisés, aux alentours du pont Saint-Michel ou Notre-Dame.
Les autres subsistent dans l’illégalité, jusqu’en 1618, où ils sont tenus de
porter sur leur pourpoint une « marque ou écusson de cuivre ».
Les
premiers paratonnerres (46 Rue des Boulangers, 5e)
Sébastien
Mercier, témoin de la première apparition en 1782 de l’invention de Benjamin
Franklin, la décrit ainsi dans son « Tableau de paris » :
« Ces grands appareils sont rares dans la capitale. M. L’abbé Bertholon,
professeur de physique expérimentale des états généraux de la province de
Languedoc, est celui qui a montré le plus de zèle pour opposer les armes
merveilleuses de la physique aux surprises de la foudre. Il a dirigé la
construction des premiers paratonnerres de Paris. Le second est sur le couvent
des religieuses augustines anglaises de la rue des Fossés Saint-Victor. Il a 188 pieds de long ;
et la portion enfoncée dans la terre, qui se perd ensuite sous l’eau, est de 90
pieds : profondeur à laquelle nul autre paratonnerre de ce genre ne peut
être comparé ». Publiée par l’Académie des sciences à la requête du
ministère de l’Intérieur, la première instruction officielle sur la
construction des paratonnerres date seulement de 1823.
Les
Thermes du Nord (face au 35 rue du
Sommerard, 5e)
Il
s’agit du plus important ensemble gallo-romain de Paris, après la disparition
des thermes de l’Est (à l’emplacement du Collège de France) et du Forum (près
de la rue Soufflot). Edifiés par les nautes parisiens entre la fin du IIe
siècle et le début du IIIe, déjà ruinés par les barbares en 285, au XIIe siècle
leur gros œuvre était encore intact, et des jardins suspendus s’étageaient en
terrasses sur les voûtes romaines, jusqu’à provoquer leur écroulement en 1737.
D’après les substructions se dessinent un gymnase, une piscine, et trois
grandes salles destinées à la succession des bains froids, tièdes et
chauds : le Frigidarium, dont les voûtes d’arêtes retombent sur huit
consoles sculptées de proues de navires armés, le Tepidarium et le Caldarium.
Le Val
de Grâce (1 place Alphonse Laveran, 5e)
Après
l’Oratoire de Bérulle (1611-1616), Anne d’Autriche installe ici les
Bénédictines du Val-Profond. La reine s’y rendait pour correspondre avec sa
famille espagnole, et fit le vœu d’élever une église pour remercier Dieu de la
naissance d’un fils. Le 1er avril 1645, Louis XIV, âgé de 7 ans,
pose la première pierre de l’édifice, dont la construction, sur des plans de
François Mansart repris par Jacques Le Mercier, Pierre Le Muet et Gabriel Le
Duc s’achève en 1667. Michel Anguin et Philippe Buyster sont les auteurs des
sculptures. Le dôme est l’un des plus anciens de Paris, et le cloître date de
1655. Devenu en 1795 hôpital militaire, il abrite aussi l’Ecole d’Application
du Service de Santé depuis 1850.
L’Hôtel
des Abbés de Cluny (6 place Paul Painlevé, 5e)
Livré
à divers artisans au XVIIe siècle, confisqué à la Révolution, l’hôtel fut
racheté en 1812 par un libraire. En 1832, Alexandre du Sommerard y installe ses
collections du Moyen Age et de la Renaissance,déjà célèbres : Balzac
décrit cette tentative de reconstitution de la vie quotidienne dans une
atmosphère et un cadre saisissants de réalisme. Il meurt en 1842, et l’Etat
acquiert le bâtiment et les œuvres qu’il abrite : l’inauguration du musée,
le 17 mars 1844, est un triomphe et attire 12 000 visiteurs.
Considérablement enrichi dès l’époque de son premier conservateur, Edmond du
Sommerard, le dépôt est réservé aux objets du Moyen Age en 1945 (le château
d’Ecouen présente désormais les collections Renaissance) et s’accroît encore du
produit des fouilles du parvis Notre-Dame. Le pied-à-terre des abbés de Cluny
entrepris pour Jean de Bourbon dans la seconde moitié du XVe siècle et achevé
sous Jacques d’Amboise en 1498 reste un des rares témoins de l’architecture
civile médiévale à Paris. Sa chapelle, en particulier, est un chef-d’œuvre du
style gothique flamboyant.
L’Hôtel
de Scipion Sardini (13, rue Scipion, 5e)
Toscan
venu en France dans la suite de Catherine de Medicis, ce financier
« naguère sardine, aujourd’hui grosse baleine » amasse en quelques
années une fortune considérable. Il choisit alors d’établir sa résidence dans
ce quartier tranquille, constitué de vergers, de champs et de vignobles, et se
fait construire en 1565 un hôtel de pierre et de brique, premier exemple du
genre. Un étage et un comble bas reposent sur une galerie formée de larges
arcades en plein cintre, ornées de médaillons en terre cuite. Fort de la
confiance de la reine, il épouse en 1567 une de ses parentes éloignées,
Isabelle de Limeuil, membre du célèbre « escadron volant », qui
venait d’avoir un fils du prince de Condé. Chargé sous Henri III de la
perception de taxes impopulaires sur les auberges et les cabarets, il devient
baron et banquier du roi. Moins en faveur sous Henri IV, il se consacre aux
arts et aux lettres jusqu’à sa mort, en 1609. En 1614, son hôtel, dont les
jardins descendent jusqu’à la Bièvre, est transformé en hôpital Sainte-Marthe,
destiné à loger les pauvres ; sa propriété passe à l’Hôpital général en
1656, qui l’affecte en 1676 à la boulangerie des hospices civils de Paris.
Lycée
Henri IV (23 rue Clovis, 5e)
En
510, Clovis fonda ici un sanctuaire dédié aux apôtres Pierre et Paul, où il se
fit inhumer en 511, et sainte Geneviève en 512. Vers la fin du VIe siècle,
transformé en abbaye, il possède une grande partie du quartier au sud jusqu’à
Saint-Médard. De l’église, reconstruite vers 1180, reste la tour dite de
Clovis. Subsistent encore le réfectoire du XIIIe siècle, le cloître (1746), des
bâtiments et un escalier du XVIIIe siècle. Les 80 000 volumes et
2 000 manuscrits ont été transférés à la bibliothèque Sainte-Geneviève.
L’abbaye a été affectée à l’enseignement dès 1796 : lycée Napoléon (1804),
puis Henri IV (1815). Les fils de Louis Philippe, Musset, Scribe, Sainte-Beuve,
Viollet-Le-duc et Haussmann y ont été élèves.
Mairie
du Ve arrondissement (21 place du Panthéon, 5e)
Une
loi du 2 juillet 1844 décide, afin d’harmoniser la place du Panthéon, la
construction d’un bâtiment symétrique à l’Ecole de Droit ; en même temps,
le prolongement de la rue Soufflot jusqu’au boulevard Saint-Michel ouvrirait la
perspective sur le jardin du Luxembourg. Le gros œuvre est achevé en
1849 ; l’aménagement intérieur et les embellissements, confiés à Victor
Calliat, datent de 1866-1870. Mais les bâtiments se révèlent vite insuffisants,
et une campagne de reconstruction, retardée par la guerre, démarre en
1921 : elle donné à l’édifice son aspect actuel, au décor caractéristique
des années 1930. Le buste de la République en marbre blanc qui orne la salle
des Mariages est une œuvre de Wermare.
Paul-Louis
Courier (11 rue de l’Estrapade, 5e)
« Si
l’affranchissement complet du joug des conventions d’une époque peut être
regardé comme le principal caractère du talent, Paul-Louis Courier a été
l’écrivain distingué de ce temps ». Armand Carrel résume ainsi la carrière
du pamphlétaire assassiné le 10 avril 1825, d’un coup de fusil dont la bourre
était constituée de l’un de ses propres journaux. Déjà critique sous l’Empire
(« Etre Bonaparte et se faire sire… Il aspire à descendre ! »)
ce libéral anticlérical, indigné des abus de la Restauration, n’est toutefois
pas victime des « cagots », selon sa prophétie, mais de son
garde-chasse. Né à Paris le 4 janvier 1772, Courier est devenu officier
d’artillerie pour répondre au désir de son père, mais sa passion le porte
depuis l’enfance vers la philologie : à quinze ans il traduit Longus ou
Xénophor, et se soigne en lisant Hérodote. A 42 ans, il épouse Herminie
Clavier, fille d’un autre helléniste de ses amis, membre de l’Institut, dont il
brigue en vain la succession. Après cet échec, le peintre misanthrope des mœurs
politiques de son temps se retire sur ses terres et publie en 1824 son chant du
cygne, le « Pamphlet des pamphlets ».
Rue
de la Huchette (angle Rue de la Huchette et Rue du Chat qui Pêche, 5e)
Son
appellation vient d’une enseigne attestée à la fin du XIIIe siècle : la
Huchette d’or. Célèbre dès la fin du Moyen Age pour ses auberges, et au XVIIe
siècle pour ses rôtisseurs et ses cabarets, elle était aussi malfamée, et ses
coupeurs de bourses renommés. Les maisons anciennes y sont nombreuses. Au n°14,
à l’angle de la rue du Chat qui pêche, un médaillon plaqué sur la façade est
orné d’un Y, rébus pour « lie-grègues », lacets de fixation entre
culottes et hauts-de-chausses. La rue a retrouvé son activité bourdonnante du
Moyen Age avec l’implantation de nombreux restaurant méditerranéens ou
exotiques.
Rue
des Murs (9 Rue d’Arras, 5e)
Les
appellations anciennes de la rue d’arras, baptisée « des Murs » au
XIIIe siècle, « des Murs près le Champ-Gaillard » au XVIe puis
« des Murs dite du Puits d’Arras » au XVIIe, attestent bien de la
présence ici du rempart de Philippe-Auguste, édifié dans le dessein d’agrandir
la ville et d’inciter ses habitants à construire, à une époque où la rive
gauche est encore couverte de vignes. Le chroniqueur et chapelain du roi
Guillaume le Breton témoigne : « Philippe le roi magnanime entoura
tout Paris dans une enceinte de la partie méridionale jusqu’à la Seine des deux
côtés, afin que toute la cité paraisse remplie d’habitations jusqu’aux murs.
Merveilleuse et louable justice du prince ! Rien qu’en vertu du droit
écrit il eût pu élever des murs et des fossés sur le terrain d’autrui pour
l’utilité publique du royaume, préférant cependant l’équité au droit strict, il
indemnisa sur son trésor les propriétaires pour les dommages qu’il
causait ».
Rue
Galande (angle Rue Galande et Rue du Petit Pont, 5e)
Ancienne
voie médiévale, elle tire son nom d’Etienne de Garlande, favori du roi Louis VI
le Gros, qui y possédait un clos de vignes. Lotie après sa disgrâce (1127),
elle devient très commerçante : sur le registre des impositions de 1292,
cinquante imposés notables y figurent, représentant seize métiers différents.
Bordée au XIIIe siècle par cimetière juif, elle garde quelques maisons à
pignon, et des fragments de la chapelle Saint-Blaise, qui recevait la confrérie
des maçons et charpentiers. Elle devient misérable au cours du XIXe siècle avec
une population famélique et des bouges douteux, repaires de gueux et
d’alcooliques, tels le Château rouge ou la crèmerie Alexandre décrits par J.-K.
Huysmans dans « la Bièvre et Saint-Séverin ».
Rue
Mouffetard (67 Rue Mouffetard, 5e)
Ancien
chemin apparu dès l’ère néolithique, elle côtoyait le mont Cetardus, qui la
baptise : au XVIIe siècle, sa dénomination reste rue Mont-Cétard. Amputée
en 1868-1869 d’une moitié de son parcours, qui s’étendait jusqu’à la place
d’Italie, étroite et sinueuse, elle est bordée de demeures dont les plus
anciennes s’échelonnent de la fin du XVIe siècle au début du XIXe. A l’angle de
la rue du Pot-de-Fer, la fontaine date de 1671. Quelques enseignes
subsistent : « à la Maison du Vieux-Chêne », un rarissime
exemple de bois sculpté, marquait l’emplacement d’un club révolutionnaire en
1848, transformé en bal public sous le Second Empire (au n°69), ou « la
bonne source », reflet de l’humour d’un marchand de vins de 1592 (au
n°122).
Saint-Benoît
le Bétourné (52 rue Saint-Jacques, 5e)
En
1431, maître Guillaume de Villon, répétiteur de droit canonique, devient le
chapelain de cette église aujourd’hui disparue, dont le chœur, orienté à
l’ouest, justifie le nom de « mal tournée ». Cette année-là naît
François de Montcorbier : orphelin, pauvre, entré à six ou sept ans au
service du bon chapelain, le futur poète en garde le souvenir attendri d’un
père adoptif, dont il rendra le nom célèbre. D’abord enfant de chœur, reçu
bachelier à 18 ans, et licencié es-arts en 1452, il passe ici le « temps
de sa jeunesse folle », plus attiré par les tavernes et les filles que par
la vie scolastique. De rixes en chapardages, il doit s’exiler de la capitale,
et sa trace se perd après 1463 : ‘Frères humains, qui après nous vivez,
N’ayez le cœur contre nous endurci… »
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