jeudi 5 mai 2016

Quatrième arrondissement



QUATRIEME ARRONDISSEMENT



Bibliothèque de l’Arsenal (face au 17 boulevard Morland, 4e)

Dans la tour de Billy, située entre le quai Henri IV et le boulevard Morland actuel, se trouvait dès le XIVe siècle l’arsenal parisien du roi. Louis XII et François Ier y ajoutèrent des granges, Charles IX fit élever de nouvelles constructions, mais c’est à Sully, nommé grand maître de l’artillerie en 1599, que revint le mérite de la réfection générale de l’arsenal. Après l’incendie de 1716, l’architecte Boffrand opère sa reconstruction, élevant notamment le bâtiment qui abrite aujourd’hui la bibliothèque. La collection, constituée par René d’Argenson, est déclarée bibliothèque publique en 1797 ; sous la direction de Charles Nodier, elle fut le plus important cénacle de la vie littéraire romantique de 1824 à 1844.


Couvent des Célestins (18 boulevard Henri IV,  4e)

Le couvent des Célestins de Paris fut fondé en 1352 ; en 1365 fut posée la première pierre de leur église consacrée à l’Annonciation. Leur domaine était très vaste, s’étendant de la rue du Petit-Musc à la Bastille et à la Seine. Au milieu du XVIe siècle, le roi reprit aux religieux une partie des terrains pour y installer l’Arsenal. Le cloître fut reconstruit sous François Ier, et les autres bâtiments conventuels furent refaits au XVIIe siècle. Transformée en dépôt de bois durant la Révolution, l’église gothique fut ravagée par un incendie en 1795. Le cloître fut sacrifié à l’extension de la caserne pendant le Consulat, et les derniers bâtiments disparurent entre 1895 et 1901, lors de la construction de la nouvelle caserne.


Eglise Saint-Paul-Saint-Louis (99 rue Saint Antoine, 4e)

Le 16 mars 1627 Louis XIII pose la première pierre de l’église des Jésuites. Construite par le père François Derand sur les plans du frère Martellange, elle est consacrée le 9 mai 1941 sous le vocable de saint Louis. Célèbre pour ses prédicateurs, notamment Bourdaloue, elle possède un riche mobilier, et de nombreuses œuvres d’art en harmonie avec son style inspiré du baroque italien. La plupart ont disparu à la Révolution. A sa redécouverte, en 1802, l’église adopte le nom de Saint-Paul-Saint-Louis pour conserver le souvenir de l’église paroissiale Saint-Paul, située dans la rue du même nom et détruite en 1700.


Enceinte de Philippe Auguste (11 Rue Charlemagne, 4e)

Soucieux de ne pas laisser Paris sans protection au moment de son départ pour la croisade, Philippe Auguste fait commencer en 1190 la construction d’une enceinte sur la rive droite, suivie à partir de 1200 par sa réplique sur la rive gauche. Dessinant la forme d’un cœur, cette muraille englobe 253 hectares dont beaucoup d’espaces inhabités, champs, prés ou vignobles. Tous les 70 mètres, une tour renforce ce rempart, haut de 9 mètres et épais de 3 à la base. Des portes et poternes permettent l’accès à la ville. Rendues inutiles sur la rive droite par la construction, moins de deux siècles plus tard, de l’enceinte de Charles V, les fortifications de Philippe Auguste ont disparu, sauf en quelques endroits. Là se trouve le fragment le plus long et le mieux conservé de cette enceinte.


Hôtel de Mayenne (21 Rue Saint-Antoine, 4e)

Le 10 décembre 1605, Charles de Lorraine, duc de Mayenne, acquiert l’hôtel de Perusse des Cars, ancien hôtel de Pute y Musse ou du Petit Musc, et en confie la reconstruction à un architecte de la famille du Cerceau. Achevé en 1617, l’hôtel reste dans la famille de Lorraine plus d’un siècle et demi, avant d’être acheté par Lefèvre d’Ormesson. L’architecte Boffrand l’adapte à la mode nouvelle en 1709, en remplaçant les fenêtres du rez-de-chaussée par des arcades et en créant une mezzanine. Vendu en 1812 à Pierre Favart, l’hôtel est mutilé et transformé par lui en école des Francs-Bourgeois. Les frères des écoles chrétiennes ont repris l’établissement en 1870.


Hôtel de Sens (1 rue du Figuier, 4e)

L’archevêque de Sens avait l’évêché de Paris dans sa circonscription de Quatrième Lyonnaise et possédait une résidence dans cette ville depuis 1292. Devenu archevêque en 1475, Tristan de Salazar reconstruit dans le style flamboyant le plus beau des palais parisiens de cette époque. Paris est érigé en archevêché en 1622, et les archevêques de Sens cessent d’utiliser l’hôtel et le louent. De 1689 à 1743, il devient le siège des « Messageries, coches et carrosses de Lyon, Bourgogne et Franche-Comté ». D’autres entreprises de roulage leur succèdent, puis une conserverie, une fabrique de confitures, une verrerie, etc. La ville de Paris rachète l’hôtel de Sens en 1911, et le fait restaurer pour y installer la bibliothèque Forney.


Hôtel de Ville (Place de l’ Hôtel-de-Ville, côté Rue de Rivoli, 4e)

A l’origine de la municipalité parisienne se trouve le Parloir aux bourgeois, situé sans doute près de l’église Saint-Leufroi. En 1357, le corps de ville achète la Maison aux piliers, place de Grève, et s’y installe. En 1533, Dominique de Cortone, dit le Boccador, est chargé de la construction d’un hôtel de ville qui associe une riche décoration à l’italienne aux hautes toitures du nord de la Loire. Cet édifice prestigieux n’est achevé qu’en 1606. Il est agrandi à plusieurs reprises, notamment en 1803 et de 1837 à 1841, avant de disparaître, le 24 mai 1871, dans l’incendie allumé par la Commune, qui détruit aussi les archives et la bibliothèque de la ville. Edifié entre 1873 et 1883 par Ballu et Deperthes, l’actuel bâtiment s’inspire de l’œuvre de Boccador. 


Hôtel Fieubet (4 quai des Célestins, 4e)

A l’emplacement d’une partie de l’hôtel royal de Saint-Pol, cédée en 1519 oar François Ier au grand maître de l’artillerie Galiot de Genouillac, Raymond Phelypeaux, seigneur d’Herbault, fit construire sa demeure à la fin du XVIe siècle. Cet hôtel d’Herbault fut vendu en 1676 au chancelier de la reine Marie-Thérèse, Gaspard Fieubet, qui le fit rénover et décorer par Le Sueur et Vicotte suivant des plans de Jules Hardouin-Mansart. Admiré pour sa décoration et son jardin, l’hôtel fut bien entretenu jusqu’à sa transformation en raffinerie de sucre en 1816. En 1857, le comte de Lavalette l’acheta et le fit transformer par Jules Gros en un pastiche du baroque italo-espagnol. Depuis 1877, l’Ecole Massillon y est installée. 


Ile Saint-Louis (Quai de l’Archevêché, angle Pont Saint-Louis, 4e)

En 1614 début le lotissement et la construction de l’île par les soins de Christophe Marie (dont [un] pont a pris le nom) associé à Poulletier et Le Regrattier. Une voie centrale, deux série de quais et trois rues de traverse constituent le maillage de cet habitat régulier et homogène achevé vers 1660. Des hôtels somptueux aux maisons les plus modestes règne sur les façades une harmonieuse diversité, la profonde unité d’un style architectural annonce les réalisations du règne de Louis XIV. Restée à l’écart des bouleversements de la voirie et du tissu urbain des deux derniers siècles, l’île Saint-Louis a subi peu de mutilations et présente toujours l’aspect d’un paisible vaisseau de pierre ancré au milieu de la Seine. 


Jeu de Paume (54 Rue Saint-Louis en l’Ile, 4e)

Sous le règne de Louis XIII, le jeu de paume était très en vogue et l’on comptait près de 150 salles où s’y adonner à Paris. Poulletier obtint la concession de celle de l’Ile Saint-Louis et en entreprit la construction en 1634. Vaste salle rectangulaire à la toiture soutenue par de forts piliers en châtaignier, le jeu de paume était pavé de pierre, ses murs et ses piliers peints en noir afin que les joueurs puissent mieux voir la balle recouverte de cuir blanc. On y pratiquait la courte paume qui, avec une longue paume jouée en plein air, est l’ancêtre du tennis. Ce sport tombé en désuétude au  XVIIIe siècle, la salle ferma en 1750. Elle est la seule de Paris à ne pas avoir été détruite.


La Bastille (3 place de la Bastille, 4e)

Le 22 avril 1370, le prévôt Hugues Aubriot pose la première pierre d’un château fort destiné à protéger Paris vers l’est. Aux quatre tours de Charles V, s’ajoutent celles de Charles VI, puis un bastion orienté vers le faubourg sous Henri II. Dans ces tours étaient aménagées les cellules des prisonniers d’Etat qui valurent à la Bastille de devenir le symbole du despotisme monarchique : le 14 juillet 1789, les sept pensionnaires sont portés en triomphe. La rue Saint-Antoine était barrée par la forteresse et l’entrée dans la ville se faisait par la porte Saint-Antoine située au nord, rue de la Bastille. Reconstruite par Blondel en 1671, dans le style d’un arc de Triomphe, cette porte fut démolie en 1778.


L’Arche Marion (angle rue d’Arcole et quai de la Corse, 4e)

Dès les origines, le blanchissage du linge s’effectue en bord de Seine. Vers la fin du Moyen Age, il s’organise avec l’apparition des premiers bateaux-lavoirs, simples barges à fond plat protégées des intempéries par une toiture de planches ou de chaume, à des emplacements délimités par le Prévôt. Ils sont environ 80 à la veille de la Révolution, installés de préférence sur la rive droite, mieux exposée au soleil. Supprimés en 1805, sous prétexte qu’ils gênaient la navigation, les « bateaux-lessives » reparaissent plus nombreux sous la Restauration. Afin de lutter contre la concurrence des blanchisseries industrielles, ils accroissent leur capacité, jusqu’à devenir de véritables cités flottantes : les lavandières travaillent désormais au ras de l’eau, abritées par des auvents ; à l’étage, au-dessus, de vastes salles couvertes accueillent le linge prêt à sécher. Le plus imposant d’entre eux est l’Arche Marion, formé de 12 barges et long de 200 mètres, amarré entre le pont d’Arcole et le pont Notre-Dame : 250 personnes peuvent y travailler ensemble.


La tour Barbeau (32 quai des Célestins, 4e)

Ici s’élevait la tour Barbeau, où s’achevait pour la rive droite l’enceinte de Philippe Auguste, édifiée aux frais des bourgeois de la ville avant le départ du roi pour la croisade (1190). Par temps de troubles, elle était reliée à une autre tour, dite Loriaux, située dans l’île, et elle-même reliée à la Tournelle, sur la rive gauche, par des chaînes qui reposaient sur des bateaux amarrés à des pieux profondément enfoncés dans le fleuve. Lorsque Charles V décide au XIVe siècle la construction de nouveaux remparts afin d’assurer la sécurité des quartiers neufs de la ville marchande, dont l’expansion économique et démographique a été rapide depuis Philippe Auguste, la tour Barbeau, restaurée, en constitue l’appui. Au XVIe siècle, le Jeu de Paume de la Croix-Noire s’établit à cet endroit, adossé au soubassement de la muraille ; Molière à ses débuts y installe son Illustre Théâtre, de décembre 1644 au mois d’août 1645.


Le Pletzl (angle Rue Ferdinand-Duval et Rue des Rosiers, 4e)

Fuyant les persécutions, les Juifs ashkénazes commencent d’affluer en France à partir de 1881. Ils se logent à Paris auprès de leurs coreligionnaires établis surtout dans le Marais. En 1900, environs 6000 personnes sont arrivées de Roumanie, Russie et d’Autriche-Hongrie. 3000 autres jusqu’en 1914. Installés en nombre dans les rues de Ecouffes, Ferdinand-Duval (nommée rue des Juifs jusqu’en 1900) et des Rosiers, ils y constituent le « pletzl », la « petite place » en yiddish, et créent l’Ecole israélite du travail au 4 bis rue des Rosiers. La vie de cette communauté a été évoquée dans ‘les Eaux mêlées » de Roger Ikor. Plus de la moitié d’entre eux ont péri dans les camps de concentration nazis.


Les feux de la Saint-Jean (Angle Place de l’Hôtel de Ville et Quai de l’Hôtel de Ville, 4e)

La veille du solstice d’été était jour de liesse pour les parisiens. Les magistrats faisaient édifier sur la place de Grève un vaste bûcher, garni d’un mât haut de vingt mètres et couronné de fleurs. Des fusées et des pétards s’accrochaient en grappe autour d’une statue placée au centre de cette montagne de combustible. Le Bureau de la Ville s’avançait sur la place, une torche de cire jaune à la main, et présentait au roi une autre torche, blanche, ornée de poignées de velours rouge. Aussitôt le feu allumé, vingt couleuvrines rangées en bord de Seine tiraient trois salves consécutives ; archers et arquebusiers avaient peine à contenir les badauds, qui se ruaient sur les collations et même sur les cendres les tisons, considérés comme des talismans ! Toute la nuit, les bouquetières parcouraient la ville, criant à tue-tête « Des bouquets pour Jeannot-Jeannette ! » Même si les rois cessent peu à peu d’y assister, ces réjouissances populaires demeurent très vivantes jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.


Libération de Paris (15 août – 23 août 1944) (7 boulevard du Palais, 4e)

Ce bâtiment, siège de la Préfecture de Police, a été, le samedi 19 août 1944, le lieu du déclenchement de l’insurrection des Parisiens contre l’armée d’occupation allemande à l’initiative des mouvements de résistance de la police. Pendant plusieurs jours, des combats meurtriers se déroulèrent autour de cet immeuble et dans les rues de Paris où policiers, sapeurs-pompiers et gardes républicains, avec leurs camarades FFI et FTP, combattent l’occupant. 167 policiers perdent la vie lors de ces combats. Alors que la révolte est au bord de l’asphyxie, un appel à la résistance parisienne est lancé, dès le 23 août, auprès du commandement allié pour aider le soulèvement parisien. Sur ordre du général Eisenhower, commandant suprême des forces alliées, et à la demande expresse du général de Gaulle, le général Leclerc, commandant de la 2ème DB, marche sur Paris. Le 24 août, il adresse un message, largué par avion, aux insurgés : « Tenez bon, nous arrivons ». Dans la soirée du 24 août et au matin du 25, la 2ème DB entre dans Paris, le général Leclerc arrive à la Préfecture de police déjà libérée. A 15h30, le général von Choltitz, commandant du « Gross Paris », se rend à la préfecture de Police où il signe la convention de reddition des forces allemandes de Paris avec le général de division Leclerc en présence de MM. Chaban-Delmas, Rol-Tanguy et Kriegel-Valrimont, représentant la Résistance. Cet acte de capitulation est rendu public en fin d’après-midi à la gare Montparnasse devant une foule enthousiaste. Par leur action, leur courage et leur sacrifice, les hommes et les femmes de la Résistance ont facilité la progression des éléments de la 2ème DB et de la 4ème division d’infanterie américaine pour la libération de la Capitale.

Probablement le plus long texte de toutes les bornes (34 lignes sur la borne).


L’orme de Saint-Gervais  (angle Place Saint-Gervais, rue François Miron, 4e)

La place située devant l’église Saint-Gervais s’est longtemps appelée Carrefour de l’orme : depuis le Moyen Age, en effet, un arbre multiséculaire en occupait le centre. Les habitants du quartier avaient coutume de s’y assembler, en particulier pour le règlement de leurs créances, d’où le dicton « Attendez-moi sous l’orme ! » Chaque année, la Fabrique de Saint-Gervais dégageait une somme destinée à l’entretien de l’arbre, dont les représentations peintes ou sculptées fleurissaient nombreuses. Elles subsistent encore dans les stalles de l’église, ou sur les balcons du bâtiment voisin, édifié sous Louis XV, du 2 au 14 rue François Miron.


Lycée Charlemagne (101 rue Saint Antoine, 4e)

En 1580,le cardinal Charles de Bourbon offrit aux Jésuites l’hôtel de la Rochepot qui devint leur maison de profès, dite couvent des Grands Jésuites. Il l’embellirent et l’agrandirent progressivement jusqu’à la rue de Jouy, aujourd’hui Charlemagne. Le 6 août 1762, le Parlement  de Paris prononça l’expulsion de cet ordre, et la maison fut attribuée aux Génovéfains du prieuré voisin de Sainte-Catherine-du-Val-des-Ecoliers, établi de l’autre côté de la rue Saint-Antoine. Le 22 octobre 1797, l’une des trois écoles centrales de Paris y fut installée ; elle devint en octobre 1804 le lycée Charlemagne.


Place de Grève (Place de l’Hôtel-de-Ville, côté rue de Rivoli, 4e)

La chute de l’empire romain et le déclin de la vie économique entraînèrent la fin de l’entretien des routes et la prédominance des voies fluviales. Sur un terrain sablonneux bordant la Seine, la grève, était débarqué l’approvisionnement des habitants de Paris. Sur cette place de Grève avaient lieu les exécutions capitales aussi bien que les réjouissances populaires, notamment les feux de la Saint-Jean. Sous Henri IV, le gibet fut remplacé par une fontaine. La guillotine y fut utilisée pour la première fois le 25 avril 1792. C’est là que se réunissaient les ouvriers sans travail, d’où l’expression « faire la grève ». Jusqu’au XIXe siècle, la place de Grève représentait seulement le quart de l’actuelle place de l’Hôtel-de-Ville.


Place des Vosges (angle Place des Vosges et Rue des Francs Bourgeois, 4e)

A cet endroit se trouvait l’une des plus belles demeures des rois de France, l’hôtel des Tournelles. Possession de Charles VI à partir de 1407, elle fut le séjour parisien favori des Valois. Catherine de Médicis la fit démolir en 1563, et installer à son emplacement un marché aux chevaux. Henri IV décide d’édifier une place Royale dont il se réserve un côté, des spéculateurs lotissent et construisent les trois autres dès 1604. La place Royale est inaugurée par Louis XIII, le 5 avril 1612, lors de la célébration du mariage de sa sœur Elisabeth avec l’infant d’Espagne. Résidence à la mode au XVIIe siècle, la place est rebaptisée en 1800 place des Vosges, en l’honneur du premier département à payer ses impôts.

Port de l'Arsenal (face au 37 boulevard Bourdon, 4e)

Lorsque Louis XIV décida en 1670 la suppression de l’enceinte de Charles V et son remplacement par des boulevards plantés d’arbres, le fossé situé entre la Bastille et la Seine ne fut pas comblé. Depuis 1826, les eaux du canal de l’Ourcq l’empruntent pour relier les Pays-Bas et la France du Nord à la Seine. Le petit Arsenal, fabrique de poudre depuis l’explosion en 1538 de la tour de Billy, bordait ce fossé. Vendu en 1788 et détruit, il fut remplacé en 1808 par le grenier d’abondance ou de réserve : long de 350 mètres, constitué de 5 bâtiments de 25 mètres de large sur 25 de haut, destinés aux approvisionnements de la capitale, il est icendié sous la Commune en mai 1871.


Préfecture de Paris et Ile Louviers (17 boulevard Morland, 4e)

Le boulevard Morland occupe l’emplacement d’un petit bras de la Seine séparant de la rive droite une île dite aux Javiaux puis Louviers, du nom de son propriétaire au XVe siècle. Annexe du port Saint-Paul, l’île devient en 1700 propriété de la Ville de Paris, louée à des marchands de bois qui en font un entrepôt de bois de charpente et de menuiserie, puis de bois à brûler jusqu’en 1841. La Ville la récupère alors et fait combler le bras d’eau en 1843. Le quai Henri IV est aussitôt construit, mais le percement et le lotissement des rues Agrippa d’Aubigné et de Shomberg ne se fait que sous le Second Empire. Une caserne puis les bâtiments de la préfecture de Paris ont occupé une grande partie de cette île disparue.


Prisons de la Force (22 Rue Mahler, 4e)

Entre la rue du Roi-de-Sicile et l’hôtel de Lamoignon, du 12 au 22 de la rue Pavée, s’étendait l’hôtel d’Henri-Jacques Nompar de Caumont, duc de la Force. Achevé vers 1559 et embelli au début du règne de Louis XV par des financiers, les frères Pâris, l’hôtel de la Force fut achevé en 1754 par le ministère de la Guerre et transformé en 1780 en maison de détention divisée en deux prisons : la Grande Force, et la Petite Force, destinée aux femmes et contiguë à l’hôtel de Lamoignon. La princesse de Lamballe y fut massacrée le 3 septembre 1792 en compagnie d’une centaine d’autres personnes. Les deux prisons de la Force furent démolies en 1845, et,il n’en subsiste qu’un pan de mur jouxtant la Bibliothèque historique de la Ville de Paris. 


Rue Quincampoix (angle Rues des Lombard et Quincampoix, 4e)

Attestée dès 1203, la rue Quincampoix est célèbre au Moyen Age pour ses merciers : leur corporation est établis au n°38 et 40. En 1719, elle acquiert une renommée nouvelle : la finance. John Law installe sa Banque générale dans l’hôtel de Beaufort, détruit lors du percement de la rue Rambuteau. La rue revient le théâtre de scènes de spéculation sur les billets de la Banque et les actions de la Compagnie des Indes, jusqu’à la faillite et la fuite de Law en décembre 1720. C’est au n°53, au cabaret de l’Epée de Bois, que le comte Antoine de Horn, parent du Régent, assassine un courtier pour le voler, le 20 mars 1720. Il est roué le 26 mars, sur ce refus du Régent de lui épargner ce supplice infamant : « Quand j’ai du mauvais sang, je me le fais tirer ».


Rue Saint-Antoine (137 rue Saint-Antoine, 4e)

C’est la voie romaine de Paris à Melun, dallée et surélevée au-dessus du marais environnant, qui a servi de socle à la rue Saint-Antoine. Elle s’étendait, par l’actuelle rue François Miron, jusqu’au pont Notre-Dame, emplacement probable du pont romain qui reliait l’île de la Citéà la rive droite. Exceptionnellement large pour son temps, cette rue était nommée cours Saint-Antoine et servait de terrain de jeu et de lieu de promenade. La Bastille la fermait à l’est et les demeures royales de l’hôtel Saint-Pol et des Tournelles, au voisinage de la forteresse, en faisaient un lieu de résidence privilégié. Le 30 juin 1559, un carrousel y fut donné pour célébrer la double union de la sœur du roi Henri II, Marguerite, avec le duc Emmanuel-Philibert de Savoie, et de sa fille, Elisabeth de France, avec Philippe II d’Espagne, gage de paix entre ces pays. Au cours de la troisième et dernière joute, le tronçon rompu de la lance en bois de Montgomery, capitaine de la garde écossaise, pénétra sous la visière du casque royal et s’enfonça profondément au-dessus de l’œil droit : Henri II en mourut après dix jours d’agonie.


Square Jean XXIII (angle rue du Cloître Notre-Dame et du quai de l’Archevêché, 4e)

C’est le plus ancien jardin public de quartier : créé en 1848, il précède les squares d’Haussmann. A son emplacement se trouvait le palais de l’archevêché, splendide édifice construit à partir de 1697, selon les instructions du cardinal de Noailles, et précédé à l’ouest par des vestiges de la demeure de Maurice de Sully, édifiée dans la seconde moitié du XIIe siècle et souvent remaniée. Pillé et incendié le 14 février 1831 lors d’une émeute, ce palais fut démoli et remplacé par un jardin public. Entre le chevet de Notre-Dame et la fontaine du square actuel s’élevait la petite église Saint-Denis-du-Pas, démolie en 1813.


Temple Sainte-Marie (17 Rue Saint-Antoine, 4e)

En 1628, l’ordre de la Visitation achète, rue Saint-Antoine, l’hôtel de Cossé et fait bâtir à sa place une église sous le vocable de Sainte-Marie-des-Anges. Conçue par François Mansart, elle est édifiée par Michel Villedo entre 1632 et 1634. Son dôme peut-être considéré comme une première esquisse de celui des Invalides. L’édifice se présente comme une rotonde flaquée de deux chapelles en ellipse, tandis que deux sacristies encadrent le chœur en trapèze. Le couvent des Visitandines fut confisqué et démoli à la Révolution. Depuis 1802, l’église est affectée au culte protestant.

Tribunal de Commerce (1 Boulevard du Palais, 4e)

A l’emplacement de l’actuel tribunal de commerce s’élevait l’église Saint-Barthélemy. Le vétuste édifice médiéval fut reconstruit à partir de 1772 et doté d’un portail classique, œuvre de Cherpitel.  A peine achevée, l’église fut détruite en 1791, et l’architecte Lenoir édifia à sa place une salle de spectacles, le théâtre de la Cité. En 1810, ces lieux furent aménagés en salle de bal, le Prado, où une clientèle d’assez mauvaise réputation dansait la polka. En 1860, le tribunal de commerce, auparavant situé place de la Bourse, fut installé ici. Derrière Saint-Barthélemy se trouvait une autre église, Saint-Pierre-des-Arcis, démolie en 1797 et remplacée par le marché aux fleurs de la place L. Lépine.

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